de Michael Armstrong et Adrien Hoven. 1970. Angleterre/Allemagne. 1h37. Avec Udo Kier, Herbert Lom, Olivera Vuco, Reggie Nalder, Herbert Fux, Michael Maien, Gaby Fuchs, Ingeborg Schöner, Adrian Hoven.
FILMOGRAPHIE: Michael Armstrong est un réalisateur et scénariste anglais, né le 24 Juillet 1944 à Bolton, Lancashire, Angleterre.
1969: The Haunted house of horror. 1970: La Marque du Diable. 1986: Screamtime
Avertissement: Il s'agit de la version intégrale inédite en France mais disponible aujourd'hui grâce à l'enseigne The Ecstasy of Films ! (la Vhs d'époque de René Chateau étant cut !)
"À vomir et à pleurer : La Marque du Diable".
Deux ans après le chef-d’œuvre inégalé Le Grand Inquisiteur de Michael Reeves, une production germano-britannique s’approprie à nouveau ce concept historique, avec une volonté féroce de surenchérir dans l’horreur sanglante. Pour preuve ultime : un sac à vomi était distribué à chaque spectateur, à l’entrée, pour flatter son instinct voyeur. Pitch: Dans une bourgade autrichienne, sous le joug de l’Inquisition, l’évêque Albino fait régner la terreur, perpétuant sa chasse aux sorcières avec une soif de sadisme inextinguible. Mais l’arrivée du juge Cumberland et de son jeune apprenti, Christian, vient troubler la quiétude de ses exactions. Témoignant, médusé, de ces rituels barbares, le candide Christian finit par s’éprendre d’une villageoise.
Série B d’horreur déviante, avant-coureuse du Torture Porn, La Marque du Diable s’érige en étendard d’un genre en pleine mue dans cette décennie charnière. Michael Armstrong y livre une orgie putassière presque inédite pour l’époque. Une plongée jusqu’au-boutiste dans l’enfer des tortures ancestrales, où des instruments rubigineux rivalisent d’ingéniosité pour briser l’hérétique. Sans répit, Armstrong (épaulé de Adrian Hoven) étale, à intervalles réguliers, toute une panoplie de sévices corporels, au nom hypocrite du clergé. Avec une volonté historique de dénoncer le fanatisme religieux et la corruption des notables (le juge lui-même cède à ses pulsions meurtrières et lubriques), il offre un constat féroce d’une société gangrenée par la superstition. Même les villageois, ivres de vengeance, n’hésitent pas à sacrifier un innocent pour abattre les sbires du dogme.
Si La Marque du Diable souffre parfois d’une mise en scène triviale — ces zooms insistants sur des trognes vicieuses, ce montage heurté —, il préserve une densité dramatique, tant pour les faits exposés que pour la romance contrariée de Christian et Vanessa. Le réalisme sordide, presque malsain, des supplices atteint une intensité émotionnelle rare : l’arrachage de langue, à lui seul, retourne les entrailles et précipite le spectateur dans un gouffre de cruauté pure.
Côté interprétation, le film s’en tire avec panache : l’apparence burinée de l’immense Reggie Nalder, baron pervers pétri de bestialité, hante la rétine, tout comme le juge endossé par Herbert Lom, massif et ténébreux, qui laisse suinter la pourriture de son âme. Udo Kier, en apprenti placide, peut agacer, mais son physique d’ange damné irradie un magnétisme troublant et arrache l’empathie, surtout dans sa romance blessée avec Vanessa — pulpeuse, frémissante de révolte et d’injustice.
"Orgie inquisitoriale : le supplice selon Armstrong".
Sommet d’horreur craspec, faux témoignage mais vraie dissection de la barbarie inquisitoriale, La Marque du Diable conserve intacte sa morsure graphique et nous entraîne dans une chute vertigineuse, portée par la caresse d’une mélodie lascive. Ruggero Deodato reprendra d'ailleurs cette note élégiaque pour distiller le malaise maladif de Cannibal Holocaust.
Dédicace à Christophe Cosyns
24.12.13. 3èx
24.12.13. 3èx
Bruno Matéï
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