vendredi 31 août 2018

Descente aux Enfers / Vice Squad

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site four-tous.blogspot.com

de Gary Sherman. 1982. US.A. 1h37. Avec Gary Swanson, Wings Hauser, Season Hubley, Pepe Serna, Nina Blackwood, Beverly Todd, Lydia Lei, Joseph DiGiroloma.

Sortie salles France: 4 Août 1982. U.S: 22 Janvier 1982

FILMOGRAPHIE: Gary A. Sherman est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1943 à Chicago dans l'Illinois. 1972: Le Métro de la mort, 1981: Réincarnations, 1982: Descente aux enfers, Mystérious Two (TV film), 1984: The Streets (TV film), 1987: Mort ou Vif, 1988: Poltergeist 3, 1990: Lisa, After the Shock, 1991: Murderous Vision (TV film).


Remarqué auprès de son premier long, le Métro de la mort, puis révélé avec le bijou d'humour macabre, Réincarnations, Gary Sherman exploite en 1982 le thriller à travers la série B teigneuse Descente aux Enfers. Le PitchAprès être parvenu à s'échapper une seconde fois au moment de son arrestation, un tueur misogyne s'efforce de retrouver une jeune prostituée, l'indic ayant permis à la police de l'appréhender. L'inspecteur Tom Walsh et ses adjoints (déguisés en civils) tentent de retrouver ses traces avant qu'il n'assassine la prostituée en guise de vengeance. Baignant dans un vénéneux climat nocturne afin de mettre en exergue une faune urbaine aliénée (tant auprès d'une clientèle lubrique machiste que des trafiquants en tous genres), Descente aux Enfers joue la carte du divertissement pour adultes, de par son environnement souvent glauque et son langage cru particulièrement rustre n'ayant pas froid aux yeux.


Ainsi, si l'intrigue sommaire ne se focalise que sur l'efficacité d'une chasse à l'homme rondement menée (actions, agressions, poursuites en règle), Descente aux Enfers maintient d'autant mieux l'intérêt grâce à l'implication des comédiens habités par une frénésie collective à s'efforcer de localiser et appréhender un tueur dégénéré littéralement increvable. On peut d'ailleurs s'amuser de 1 ou 2 rebondissements improbables lorsque celui-ci parvient une énième fois à échapper à ses rivaux avec une insolence racoleuse. Or ici, l'invraisemblable demeure tout à fait crédible de par les réalisme des situations remarquablement mises en scène par le dynamisme du montage et l'impulsion dégénérée des protagonistes à bout de souffle. On y croit donc en étant rivé à notre fauteuil par son intensité impromptue. Gary Sherman y injectant d'ailleurs une certaine dérision à travers quelques situations sciemment grotesques, de par la posture erratique d'olibrius en mal de notoriété (le vieux chinois adepte du kung-fu, le vieillard en berne et sa mise en scène nécrophile). Ainsi, fort d'une solide distribution (Gary Swanson en flic irascible bafouant ses règles déontologiques, la néophyte Season Hubley en catin au grand coeur à bout de souffle crève l'écran), Descente aux enfers gagne en rigueur sous l'impulsion ébaubie de Wings Hauser littéralement habité en maniaque stoïque au regard écarquillé ! A eux trois, ils forment un trio belliqueux aussi impressionnant que névrosé à arpenter une métropole urbaine en ébullition si bien que la marginalité est reine.


Hollywood Night vitriolé.
Sans révolutionner le genre mais tenant louablement la dragée haute à ses homologues (New-York 2h du matin, l'Ange de la Vengeance, Cruising), Descente aux Enfers est suffisamment nerveux, alerte, violent (tant les gestes que la parole), coloré (superbe photo éclairée de néons gélatineux), immersif, forcené pour scander un modèle de série B dressant en background un tableau assez inquiétant d'une Amérique interdite en proie à une misanthropie galopante. A revoir d'urgence si bien qu'il n'a pas pris une ride grâce en priorité à la nervosité de sa mise en scène souvent inventive et à son réalisme décomplexé. 

* Bruno
26.03.23. 3èx
31.08.18. 
03.03.11

jeudi 30 août 2018

LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site jambo-congo.net

"Non si sevizia un paperino / Ne torturez pas le caneton" de Lucio Fulci. 1972. Italie. 1h48. Avec Barbara Bouchet, Tomas Milian, Florinda Bolkan, Marc Porel, Ugo D'Alessio, Georges Wilson,  Irene Papa.

Sortie salles Italie: 29 septembre 1972. France: 22 mars 1978 (Int - 18 ans)

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988: Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


Le Village des Damnés
Un an après Le Venin de la PeurLucio Fulci emprunte à nouveau la voie du thriller. Non pas le Giallo comme aiment à le souligner certains critiques spécialistes si bien que selon mon raisonnement personnel nous n'avons pas ici affaire au traditionnel tueur ganté décimant à l'arme blanche de charmantes demoiselles dénudées dans un stylisme charnel typiquement latin. On peut d'ailleurs préciser que son titre franchouillard mercantileLa Longue Nuit de l'Exorcisme, fut simplement exploité pour concurrencer le phénoménal succès de l'Exorciste de Friedkin. Et donc on lui préfèrera son titre initial beaucoup plus subtil et insolite traduit en français par "Ne torturez pas le caneton". Bizarrement, le film ne sortira chez nous que 6 ans après sa sortie officielle, en 1978. Dans un village Sicilien, une série d'infanticides sans mobile apparent ont lieu. La police dubitative des agissements du meurtrier enquête vainement avant de s'orienter vers un présumé coupable, un demeuré attardé. La population davantage contrariée ne tarde pas à s'envenimer alors qu'un autre potentiel suspect, la "sorcière" du village, est devenue leur nouvelle cible. Avertissement aux âmes prudes ! La Longue Nuit de l'Exorcisme aborde le thème brûlant de l'infanticide parmi l'audace d'un climat à la fois redoutablement pervers et licencieux ! Et ce sans se vautrer dans la complaisance (si on écarte la séquence discutable - chez certains - du lynchage puissamment tragique ou de la victime dévalant une falaise !). Ca démarre fort avec la découverte incongrue du vestige d'une sauvageonne  exhumant le cadavre d'un squelette infantile. On enchaîne ensuite avec une éventuelle partie de jambes en l'air négociée entre adultes consentants au sein d'une grange, alors que l'idiot du village tente de les zyeuter par des volets entrebâillés. On témoigne ensuite d'une allusion "pédophile" entre une jeune femme aguicheuse entièrement nue et un enfant à peine âgé de 12 ans. Une situation éhontée quant aux provocations verbales de la pécheresse intimidant le marmot devenu voyeur malgré lui, car aussi gêné qu'attiré par son anatomie sexuelle. Cette séquence subversive profondément dérangeante mais entièrement soumise au pouvoir de suggestion (notamment à travers les échanges de regards complices pleins de contradiction et de complexité) aurait sans doute rencontré aujourd'hui de sérieux problèmes avec dame censure ! D'ailleurs à sa sortie, un esclandre éclata si bien que que l'actrice accusée de détournement de mineur fut convoquée par le parquet afin de prouver durant une scène de nue qu'il s'agissait d'un nain filmé de dos lorsque celui-ci lui ramène une boisson.


Ainsi, c'est à travers le climat solaire d'un paysage rural de l'Italie profonde que Lucio Fulci nous dépeint son histoire soigneusement structurée. Une investigation de longue haleine où chacun des protagonistes pourrait être le suspect idéal. En pourfendeur, le cinéaste brasse des tabous afin de dresser le tableau peu reluisant d'une population métayère intolérante, rétrograde et xénophobe envers l'étranger natif de l'urbanisation. Il pointe du doigt le fanatisme d'une religion sectaire endoctrinée dans le rigorisme et donc abrutissant sa population effrayée par le progrès car préférant s'isoler dans les superstitions afin d'excuser des strangulations commises sur leurs enfants. L'incroyable séquence de lapidation à coups de triques et de chaîne démontre bien avec un réalisme insupportable l'animosité de ces esprits archaïques dans leur justice expéditive déliquescente. Cette agression gratuite d'une cruauté inouïe (et anticipant la torture du peintre crucifié de l'Au-dela) s'avérant à la fois insoutenable et bouleversante. Fulci prenant soin de scander ce lynchage de groupe d'une mélodie élégiaque accentuant le caractère pathétique de leur acte d'une impardonnable lâcheté. Quand bien même la victime moribonde se traînera le corps jusqu'à proximité d'une autoroute alors qu'aucun automobiliste n'aura le réflexe de lui prêter main forte. Abrupt et nihiliste jusqu'au bout des ongles ! Pendant ce temps, le coupable sans visage court toujours et poursuit ses odieux méfaits en toute tranquillité ! Et ce avant qu'un journaliste et la donzelle pédo ne se concertent pour mieux mener l'enquête. Quand au dénouement à la fois inquiétant, trouble, haletant puis intense, notamment dans les confrontations musclées, il ne déçoit pas quant à l'identité du coupable et la tare cérébrale de son mobile. Niveau casting, la sublime  Barbara Bouchet casse son image glamour pour incarner une allumeuse cynique tributaire de son addiction pour la drogue et de ces fantasmes pédophiles. Le spectateur étant autant séduit par sa silhouette sexy qu'évidemment dérangé par son immoralité  condamnable.  Secondé par Tomas Milian (l'homme au 1000 visages !) lors d'un second chapitre narratif aussi vicié que captivant, l'acteur impose son charisme viril pour incarner un journaliste avisé délibéré à démystifier cette sombre histoire d'infanticide en menant indépendamment ses propres recherches. Pour parachever ces éminentes têtes d'affiche parmi une présence iconique, je déclare ma flamme à la beauté si contrariée de Florinda Bolkan se glissant dans le corps névrotique d'une sorcière superstitieuse traumatisée par son deuil infantile puis ensuite lynchée dans un fracas de violence putassières ! Une séquence extrême donc d'une intensité dramatique inégalée pour les amateurs d'horreur crapoteuse franchement gênés par une bestialité sans retenue !


Les Enfants de la perversion. 
De par son atmosphère malsaine subtilement méphitique et sa galerie indécente de personnages ignares sombrant dans la corruption, voir le meurtre chez certains, La Longue nuit de l'exorcisme  transfigure le thriller rural sous le pilier d'une intrigue couillue aussi pestilentielle qu'étonnamment poignante. Fulci soulignant avec fougue et émotion (on sent que le sujet lui tient particulièrement à coeur) une diatribe contre l'obscurantisme, le fanatisme et les superstitions au rythme mélancolique de l'inoubliable tube d'Ornella Vanoni ! Un chef-d'oeuvre marginal inscrit dans la douleur et les larmes d'une innocence pervertie par son idéologie rétrograde. 

Note (wikipedia): À cause de son pitch critiquant l'Église catholique, le film fut inscrit sur liste noire et ne connu qu'une faible exploitation à travers l'Europe. Avant l'arrivée d'un DVD en 2000, il n'était jamais sorti aux États-Unis.

* Bruno
30/08/18. 4èx
18.01.11.  475 vues

mercredi 29 août 2018

Puppet Master 2

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David William Allen. 1990. U.S.A. 1h24. Avec Steve Welles, Elizabeth Maclellan, Michael Todd, Julianne Mazziotti, Collin Bernsen, Gregory Webb.

Sortie Video U.S: 7 Février 1991.

FILMOGRAPHIE: David Allen est un réalisateur américain, né le 2 Octobre, 1944 à Los Angeles, Californie, décédé le 16 Août 1999. 1990: Puppet Master II. 1984: Ragewar (segment "Stone Canyon Giant").


Si l'habile artisan David Schmoeller a cédé sa place au néophyte David Allen, Puppet Master 2 ne déçoit pas vraiment, aussi malingre soit son intrigue prémâchée et stéréotypés ces protagonistes dénués de charisme. Pour autant attachants, ces dernières méconnus du public parviennent à instaurer un climat bonnard de par leur naïve innocence au niveau des romances conjugales ou des relations familiales, et leur gentille maladresse à se confronter à plus petit que soi. A savoir, des poupées diaboliques toujours aussi charismatiques dans leur morphologie inusité que David Allen filme avec une attention à la fois  circonspecte et artisanale (stop-motion probant). Tant auprès de leurs déplacements parfois (gentiment) furtifs que de leurs vilenies sournoises exécutées avec une certaine inventivité gorasse (même si on aurait pu s'attendre à plus d'effets-chocs spectaculaires). 


Hommage accort à l'épouvante de la Universal (André Toulon dans une défroque opaque héritée de L'Homme Invisible alors qu'il tente de ressusciter sa défunte épouse en référence à James Whale) et à Ray Harryhausen (les séquences en stop motion donc, le flash-back exotique en Egypte), Puppet Master 2 s'avère même un tantinet mieux rythmé que son modèle même si la gratuité de certaines scènes chocs pâlie son absence de suspense. Et si le cheminement vindicatif de Toulon, exhumé d'entre les morts grâce aux poupées, s'avère majoritairement routinier dans une posture (agréablement) emphatique, le final inopinément surprenant fait basculer l'intrigue dans une dimension fantastique intelligemment onirique. On peut d'ailleurs évoquer au gré de ses trouvailles surnaturelles rappelant un certain Tourist Trap une mise en images d'autant plus soignée et colorée pour l'expérimentation du couple hybride sur le point de s'éveiller ou encore à travers le ciel azur de son paysage côtier que les protagonistes arpentent à proximité de leur immense hôtel bâti en amont d'une falaise.


Conte horrifique mineur pour autant ludique et sensiblement fascinant sous l'impulsion de la mélodie infantile de Richard Band, Puppet Master 2 tire parti de son charme Bis grâce à l'insolence des poupées insidieuses que David Allen filme avec une scrupuleuse tendresse. De par leur étrange mutisme où plane l'occultisme et leurs exactions fielleuses à nuire à la tranquillité des locataires avec une ambition outre-mesure. Or, un peu dommage que le récit soit aussi mal structuré que peu intense auprès de l'évolution atone de personnages bonnards. Mais le charme et la sympathie d'une série B sans prétention opèrent encore avec une efficacité timorée pour autant agréable à suivre. 

*Bruno
15.03.23. 4èx

Ci-joint la chronique du 1er opus: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/07/puppet-master.html

mardi 28 août 2018

LES INSECTES DE FEU. Licorne d'Or, Paris 1975.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site seriebox.com

"Bug" de Jeannot Szwarc. 1975. U.S.A. 1h40. Avec Bradford Dillman, Joanna Miles, Richard Gilliand, Jamie Smith Jackson, Alan Fudge, Jesse Vint, Patricia McCormack, Brendan Dillon.

Sortie salles France: 28 Janvier 1976

FILMOGRAPHIE: Jeannot Szwarc est un réalisateur français, né le 21 Novembre 1939 à Paris.
1973: Columbo: adorable mais dangereuse, 1975: les Insectes de Feu, 1978: Les Dents de la mer 2, 1980: Quelque part dans le temps, 1983: Enigma, 1984: Supergirl, 1985: Santa Claus, 1994: La Vengeance d'une Blonde, 1996: Hercule et Sherlock, 1997: Les Soeurs Soleil.


Une pierre angulaire de l'horreur catastrophiste héritée du réalisme malsain des Seventies ! Glaçant !
A l'aube d'une riche carrière éclectique alternant le meilleur et le pire, le français Jeannot Szwarc  réalise en 1975 un de ses meilleurs films, une série B horrifique matinée de science-fiction et de catastrophe alors en vogue. Produit et co-scénarisé par William Castle, en collaboration avec la Paramount depuis le prodigieux succès de Rosemary's BabyLes Insectes de Feu est également tiré d'un roman de Thomas Page: The Hephaestus Plague, publié en 1973. Un séisme ravage une région bucolique des Etats-Unis libérant par l'occasion d'étranges insectes capables d'incendier la nature environnante au contact de leur abdomen. Peu à peu, d'étranges incidents surviennent auprès des citadins, les arthropodes agressant leurs victimes au contact du feu. Un professeur universitaire retranché chez lui décide de les étudier depuis la mort de son épouse causée par eux. Récompensé à Catalogne et au Rex à Paris si bien qu'il remporte la fameuse Licorne d'Or, Les Insectes de Feu  demeure un délicieux cauchemar si représentatif des Seventies avec son réalisme aussi âpre que terrifiant. Et pour cause, son sujet traité avec le plus grand sérieux exploite des séquences horrifiques proprement viscérales et remarquablement efficaces, de par leur impact aussi inédit que spectaculaire et la qualité consciencieuse des trucages (récompensés à Catalogne). En l'occurrence, les victimes insidieusement molestées par les blattes tentent désespérément de fuir la menace du feu si bien que ces dernières sont capables d'incendier leur victime au contact de leur abdomen. Les citadins se transformant en torches  humaines après que l'insecte eut parvenu à produire de la chaleur combustible au contact tactile ! Des visions d'effroi, malsaines, impitoyables et dérangeantes que Szwarc parvient à mettre en exergue avec un brio technique avisé !


Ces séquences s'avèrent d'autant plus réalistes lorsque les victimes accourent dans l'intensité de l'affolement, quand bien même Jeannot Swarc y injectait plus tôt un suspense parfois oppressant quant à l'expectative de leur prochaine agression. Ainsi, la fascination répulsive exercée sur ses diaboliques invertébrés, délibérés à dominer le monde faute d'un chercheur endeuillé, réussit à nous convaincre de leur dangerosité grâce à leur véracité corporelle. Repoussantes par leur aspect métallique si j'ose dire (leur carapace s'avère souple et rigide), ses dernières crèvent l'écran avec un réalisme inusité sachant que l'auteur se refuse à désamorcer l'horreur des situations par une dérision macabre. Qui plus est, celui-ci utilise habilement son savoir-faire technique par l'entremise d'une partition musicale quasi expérimentale, une photo solaire et crépusculaire et de nombreux zooms auscultant l'anatomie de ces blattes dévoreuses de cendre ! La seconde partie beaucoup plus sobre mais cauchemardesque et résolument inquiétante par son aspect documenté exploite le huis-clos étouffant à travers les agissements scientifiques du biologiste obsédé à l'idée d'exterminer les insectes depuis que sa femme en fut l'une des victimes. Sous le principe du reportage animalier, ce second acte réussit à captiver à travers une succession d'épreuves scientifiques qu'effectue ce dernier subitement animé par une forme de dépression mégalo à daigner accoupler ensuite ces arthropodes (hérités de la préhistoire !) avec une autre race d'insectes ! Terré dans l'insalubrité de sa demeure et perdant peu à peu tous repères  avec la réalité, James Parmiter joue aux apprentis sorciers au péril de sa vie et de son entourage.  Spoiler!!!  Ce qui nous amène à une conclusion cruelle d'autant plus terrifiante de nihilisme pour la prescience d'une éventuelle apocalypse éludée de lueur d'espoir Fin du Spoiler.


Efficacement mené et résolument fascinant de par l'aspect réaliste de cette menace animale plus vraie que nature, Les Insectes de Feu constitue une oeuvre charnière de l'épouvante des Seventies. Ainsi, à travers son passionnant thème écolo (la quête de pouvoir entre l'homme et l'insecte), on est d'autant plus alerter de témoigner de l'arrogance du chercheur autiste obsédé à l'idée de dompter une mutation carnivore pour une cause révolutionnaire (voire mégalo selon moi). Sa solide distribution  (Bradford Dillman très investi en savant borderline en perte de moralité), les séquences chocs très impressionnantes qui ponctuent (sans gratuité) l'intrigue et son score dissonant confirment que ce classique de l'horreur vérité n'a rien perdu de sa vigueur malsaine.   

* Bruno
28.08.18. 5èx
13.06.11

Récompenses:
Prix des meilleurs effets spéciaux pour Phil Cory, lors du Festival du film de Catalogne en 1976.
Prix du Public et Licorne d'Or au Rex à Paris en 1975.

lundi 27 août 2018

MUTANT

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Bud Cardos. 1984. U.S.A. 1h26. Avec Wings Hauser, Bo Hopkins, Jody Medford, Lee Montgomery, Marc Clement, Cary Guffey.

Sortie salles France: Inédit. U.S: 24 Août 1984

FILMOGRAPHIE: John 'Bud' Cardos est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 20 Décembre 1929 à Saint Louis, Missouri. 1970: The red, white, and black. 1971: Drag Racer. 1971: The Female Bunch (non crédité). 1977: L'Horrible Invasion. 1979: The Dark. 1979: Le Jour de la fin des temps. 1984: Mutant. 1988: Act of Piracy. 1988: Skeleton Coast. 1988: Les Bannis de Gor.


Spécialiste de séries B horrifiques surfant souvent avec le nanar (même si on lui doit l'Horrible Invasion, meilleur film d'agression arachnide jamais réalisé), Mutant ne déroge pas à la règle. Plaisir coupable à privilégier un samedi soir, l'intrigue relate la visite impromptue de 2 frères dans une petite bourgade ricaine à la suite d'un accident de voiture causé par des rednecks du coin. Le soir même, ils parviennent à trouver refuge dans un hôtel. Mais le lendemain, le frère cadet a subitement disparu. Josh s'efforce alors de le retrouver en se liant d'amitié avec une tenancière. Mais les cadavres s'accumulent si bien que l'invasion des zombies ne fait que s'amorcer ! Bourré de clichés, de situations éculées et de personnages génialement stéréotypés dans leur surjeu risible (notamment un "méchant" persifleur aussi casse-couille que récalcitrant !),  Mutant parvient donc à distraire en terrain connu même si le minimum syndical est de rigueur. Les 3 premiers quart-d'heure jouant gentiment la carte de l'expectative auprès de notre héros investigateur.


Tant auprès de la recherche de son frère que de la raison inexpliquée à laquelle les citadins se transforment en zombies (encore un coup des déchets toxiques industriels !). Baignant dans une chaude atmosphère rurale et relativement sympathique grâce à son casting de seconde zone et à son rythme soutenu, Mutant s'avère correctement efficace, quand bien même la réalisation maladroite de John Bud Cardos parvient à distiller un charme Bis dans sa sincérité à exploiter le filon du zombie à l'aide de maquillages cheap néanmoins soignés. Outre la posture ballot des comédiens à la trogne parfois charismatique (le shérif local amicalement incarné par Bo Hopkins), on s'amuse surtout du cabotinage de l'acteur impayable Wings Hauser (Descente aux enfers/Vice Squad de Gary Sherman) dans celui de l'aimable touriste au regard tantôt ébaubi, tantôt écarquillé. La dernière demi-heure fertile en agressions horrifiques (notamment au sein d'un huis-clos exigu que le couple tente de barricader) l'incitant à jouer les héros avec une sobriété aussi bien cocasse. Quant aux zombies erratiques à la trogne grand-guignolesque (ils sont grimés d'une sorte de cirage blanc puis noir aux contours des yeux), là aussi ils valent leur pesant de cacahuètes lorsqu'il tentent fébrilement de provoquer l'effroi à l'aide d'une gestuelle outrancière ! Sympatoche j'vous dis !

* Bruno
2èx

    vendredi 24 août 2018

    LA MAISON DU DIABLE

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site horreur-web.forumactif.com

    "The Haunting" de Robert Wise. 1963. Angleterre. 1h51. Avec Julie Harris, Claire Bloom, Richard Johnson, Russ Tamblyn, Fay Compton, Rosalie Crutchley, Lois Maxwell, Valentine Dyall, Diane Clare, Ronald Adam.

    Sortie en salles en France le 4 Mars 1964. U.S: 18 Septembre 1963.

    FILMOGRAPHIERobert Wise est un réalisateur, scénariste, producteur, monteur né le 10 Septembre 1914, décédé le 14 Septembre 2005 à Winchester (Indiana). 1944: La Malédiction des Hommes Chats, 1945: Le Récupérateur de cadavres, 1948: Ciel Rouge. Né pour Tuer. 1949: Nous avons gagné ce soir. 1952: La Ville Captive. 1952: Le Jour où la terre s'arrêta. 1954: Les Rats du Désert. 1957: Marqué par la Haine. 1958: l'Odyssée du sous-marin Nerka. 1962: West Side Story. 1963: La Maison du Diable. 1966: La Mélodie du Bonheur. 1967: La Canonnière du Yang-Tsé. 1972: Le Mystère Andromède. 1975: L'Odyssée du Hindenburg. 1977: Audrey Rose. 1980: Star Trek. 1989: Les Toits. 2000: Une Tempête en été (télé-film)


    Réalisateur prolifique dans sa diversité des genres, Robert Wise s'inspira en 1963 d'un roman de Shirley Jackson pour tenter d'authentifier un cas de demeure hantée chez La maison du Diable. Passionnante psychanalyse sur la psychose de nos angoisses les plus préjudiciables, ce chef-d'oeuvre inégalé laisse planer le doute quand à l'intrusion du surnaturel, et ce afin de nous entraîner dans le vertige d'une interrogation irrésolue. Un professeur en parapsychologie rassemble trois auxiliaires autour d'un cas de maison hantée dans la célèbre demeure de Hill House. Eleanor, la femme la plus susceptible, semble aussi attirée que terrifiée par la présence spirituelle de la maison. Bientôt, sa vie va basculer dans la paranoïa et la névrose, faute de son angoisse accablée par le récent décès de sa mère et de cette vaste bâtisse exerçant une occulte influence. Modèle de suggestion d'une infinie richesse dans sa démarche thérapeutique pour la névrose de l'héroïne en proie à une paranoïa dépressive, La Maison du Diable constitue une ultime expérience avec la peur du désagrément. Le réalisateur illustrant avec subtile émotion le portrait introspectif d'une femme esseulée, profondément accablée par une existence de déréliction. Faute de supporter sa relation orageuse avec une soeur autoritaire auquel elles ont choisi de vivre communément en collocation d'un appartement,  Eleanor est d'autant plus assaillie par la culpabilité du décès de sa mère impotente. Car un soir, alors que celle-ci, mourante, lui suppliait de lui rapporter ses médicaments, Eléanor omis involontairement de lui porter assistance.


    En conteur circonspect, Robert Wise nous ausculte ici les tourments cérébraux d'une célibataire aguerrie. Une jeune femme particulièrement susceptible des mesquineries de sa collègue de chambre désireuse de la provoquer pour mieux la confronter à sa bêtise paranoïaque. Au climat d'insécurité instauré à travers les diverses pièces baroques (l'immense escalier en colimaçon, le jardin de statues de pierre), Eleanor étourdie d'un environnement trop spacieux perçoit une aura maléfique en se laissant influencer par son imagination anxiogène. Les premiers phénomènes inexplicables étant causés par un assourdissant tambourin raisonnant derrière la porte de la chambre auquel nos deux héroïnes s'y sont cloîtrées. Plus tard, des voix infantiles ou caverneuses, des bruits de pas diffus, une porte douée de vie car palpitant sa respiration, vont une nouvelle fois tourmenter les esprits (influençables) de la confrérie en quête de sensationnalisme. Ces séquences percutantes à l'angoisse palpable ou oppressante sont admirablement suggérées par un montage nerveux multipliant cadrages alambiqués face au témoignage déconcerté de nos témoins. L'implacable force du récit émanant prioritairement de l'esprit susceptible d'Eleanor témoin d'évènements potentiellement paranormaux à moins qu'il ne s'agisse de sa fragilité névralgique convergeant à la psychose. Le pouvoir mystique de la maison pourrait enfin acquérir cette faculté irrationnelle de matérialiser les angoisses des esprits introvertis les plus fragiles et réceptifs. Faute de leur psychologie filandreuse d'autant plus incapable de s'affirmer en toute autonomie. Comme quoi, la peur du noir, de la mort et de l'inconnu, le doute de soi, le manque de confiance, le manque de personnalité peuvent facilement nous mener à l'aliénation lorsqu'un esprit névrosé ne trouve pas matière à réprimer ses affres d'un passé traumatique (ici la hantise d'une culpabilité d'avoir involontairement laissé pour morte une matriarche !).


    La Locataire.
    Sommet d'angoisse sous-jacente, de tension oppressante et de mystère insondable, La Maison du Diable constitue la clef de voûte de l'épouvante gothique par le biais d'une passionnante étude sur la névrose et l'auto-suggestion engendrant chez les esprits les plus susceptibles une paranoïa aliénante. Car à travers la hantise d'une demeure gothique (superbement photographiée dans des éclairages monochromes habilement contrastés), Robert Wise nous transcende la psychanalyse d'une patiente déchue et éperdue, entraînée (malgré elle ou avec son consentement) par une délivrance morbide afin de pallier sa solitude invivable. Alors que paradoxalement, le doute reste ouvert quant à la véracité potentiellement irrationnelle de cette bâtisse aux secrets résolument indéchiffrables. La maison du diable jouant alors avec une rare intelligence et pouvoir de fascination prégnant avec la suggestion d'une énigme laissée en suspens, faute d'une entité véreuse à la limite du perceptible. Pour parachever, la force d'expression de son casting hors-pair (un quatuor à marquer d'une pierre blanche !) enrichit constamment l'intensité dramatique du dédale narratif aussi bien diaphane que profondément dérangeant.   

    * Bruno
    24.08.18. 5èx
    27.09.11. 337 vues

    jeudi 23 août 2018

    LUNA

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Elsa Diringer. 2017. France. 1h33. Avec Laëtitia Clément, Rod Paradot, Lyna Khoudri, Julien Bodet, Frédéric Pierrot, Juliette Arnaud.

    Sortie salles France: 11 Avril 2018

    FILMOGRAPHIEElsa Diringer est une réalisatrice et scénariste française née en 1982 à Strasbourg. 2017: Luna.


    "Le pardon ne change pas le passé; il élargit les horizons du futur." 
    Douloureux drame social dénonçant le viol d'après l'influence du harcèlement et des brimades collectives, Luna y développe une superbe histoire d'amour entre la victime et l'une des coupables secrètement hantée de honte et de remord. Première réalisation d'Elsa Diringer dirigeant son récit avec une sensibilité jamais ostentatoire (on écarte donc toute forme de pathos surtout dans le cadre de la romance expansive), Luna parvient à cultiver une sincère émotion sous l'impulsion du couple Laëtitia Clément (son tout 1er rôle à l'écran !) / Rod Paradot (révélé par la Tête Haute et récompensé pour l'occasion du César du Meilleur Espoir masculin). Car outre l'intelligence de la réalisatrice à transcender les clichés grâce à la fraîcheur des acteurs (la plupart) amateurs et à son réalisme naturaliste (notamment dans sa manière de photographier une campagne solaire à l'expressivité sereine), Luna captive infailliblement grâce à l'osmose progressive des deux acteurs d'une attachante complicité.


    L'intérêt du récit émanant du profil torturé d'une jeune fille instable en initiation mature. Car facilement influençable auprès d'un bad-boy sans vergogne et de sa bande délinquante, Luna va pour autant parvenir à s'extraire des mauvaises fréquentations grâce à la rencontre impromptue avec sa victime autrefois traumatisée par une agression aussi lâche que sordide (la séquence empruntant le hors-champs s'avère malgré tout assez crue et dérangeante). De prime abord lâche, couarde, menteuse et perfide, Luna va peu à peu s'écarter de ses malsaines influences, s'y remettre en question puis accuser le remord grâce à son idylle naissante avec Alex. Quant à ce dernier rongé par l'impuissance, l'injustice, la haine et la vengeance, Rod Paradot compte sur l'intégrité de son jeu naturel si dépouillé afin de nous provoquer une empathie jamais démonstrative. Sa manière humble de jouer l'acteur, entre fragilité, perspicacité et fébrilité, provoquant chez nous une émotion toujours plus intense au fil de son cheminement sinueux. Le couple formant à l'écran une complicité amoureuse bipolaire eu égard de la tournure houleuse des révélations lorsque la vérité est mise à nu pour tenter de se libérer du poids de la culpabilité.


    Baignant dans le doux climat solaire d'une Province estivale, Luna invoque au fil de son récit précaire une soif de liberté et de joie de vivre de la part de blessures humaines en quête de rédemption. Constamment captivant grâce à la maîtrise personnelle de sa réalisatrice néophyte, parfois même capiteux auprès de ses plages musicales envoûtantes, Luna doit pour autant beaucoup à l'alchimie du couple (sobrement) scintillant Clément / Paradot communément partagé entre le désagrément, le mal être et la rage d'aimer. Et ce jusqu'à nous bouleverser vers une ultime étreinte infiniment symbolique... 

    * Bruno

    mercredi 22 août 2018

    L'EMPRISE DES TENEBRES

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

    "The Serpent and the Rainbow" de Wes Craven. 1988. U.S.A. 1h38. Avec Bill Pullman, Cathy Tyson, Zakes Mokae, Paul Winfield, Brent Jennings, Conrad Roberts.

    Sortie salles France: 11 Mai 1988. U.S: 5 Février 1988

    FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio, décédé le 30 Août 2015. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


    Dans les croyances vaudou, le serpent symbolise la terre et l'arc en ciel le paradis.  Les créatures qui vivent entres les deux vivent, puis meurent. L'homme, dôté d'une âme, peut-être piégé dans un univers impitoyable où la mort n'est qu'un début. L'histoire qui suit s'inspire de faits réels. 

    On a beau juger Wes Craven comme un réalisateur inégal capable du meilleur comme du pire, il nous aura tout de même légué une poignée de perles décoiffantes dont l'Emprise des Ténèbres s'y porte en digne étendard. Car il s'agit probablement selon mon jugement de valeur de son oeuvre la plus aboutie et maîtrisée, la plus trouble et terrifiante (avec peut-être les Griffes de la nuit auquel il entretient quelques points communs, telle la démarche oscillatoire de cauchemar et réalité). Tiré d'une histoire vraie, aussi improbable que puisse paraître son concept incongru, l'Emprise des Ténèbres gagne en force dramatique et climat terrifiant au fil d'une investigation endurante qu'un anthropologue obtus s'efforce d'achever afin d'obtenir une poudre ayant le pouvoir de ressusciter un mort. Car ce produit, la tétrodotoxine, pourrait être autrement fructueux entre de bonnes mains afin de sauver des vies lors d'opérations anesthésiques. Sachant qu'aux Etats-Unis 40 000 à 50 000 patients meurent chaque année sur la table d'opération. Non pas à cause de l'intervention mais faute du choc anesthésique ! Après des études poussées, cette poudre pourrait donc sauver 50 000 vies rien qu'aux Etats-Unis s'exclamera un négociant pharmaceutique ! Abordant le thème sulfureux de la magie noire du Vaudou avec un réalisme étonnamment documenté (notamment au niveau des composants de la poudre à Zombies, de la religion haïtienne et de son contexte politique dictatorial en compromis avec une police véreuse), Wes Craven s'avère sacrément inspiré pour nous entraîner dans une descente aux enfers tropicale (décors naturels tantôt édéniques, tantôt oniriques auprès d'une nécropole ornementale) d'une aura méphitique.


    Dans la mesure où je me réfère à la trajectoire morale de l'anthropologue ne parvenant plus à distinguer la réalité de ses hallucinations. Wes Craven utilisant judicieusement le surnaturel vaudou par le biais de visions horrifiques aussi bien dérangeantes que terrifiantes que la victime endure dans sa condition humaine puis zombie (notamment l'incroyable séquence de claustration au fin fond d'un cercueil !). Et ce même si on peut déplorer un ultime rebondissement horrifique aussi vain que grotesque à renchérir dans l'horreur festive. Mais c'est bien là le seul reproche que j'appliquerai à cette passionnante intrigue tant Wes Craven, en pleine possession de ses moyens, maîtrise à merveille appréhension et commotion (notamment durant l'agression d'un dîner dandy) avec un réalisme perturbant (les tortures inquisitrices, si viscérales, que perpétue la police lors d'interrogatoires forcés !). Quand au casting 3 étoiles, on y côtoie l'incroyable charisme patibulaire de Zakes Mokae en leader bicéphale sans vergogne, l'élégante Cathy Tyson en faire-valoir sentimentale ou encore l'excellent  Brent Jennings en margoulin sournois faussement avenant mais pour autant solidaire, voir même loyal. Mais c'est bel et bien Bill Pullman qui rafle la mise avec sa spontanéité burnée eu égard de ses prises de risques résolument suicidaires de par ses enjeux à la fois héroïques et cupides si j'ose dire (celui d'exporter la poule aux oeufs d'or d'une poudre miracle révolutionnaire).


    Tour à tour étrange, inquiétant, trouble et fascinant, l'Emprise des Ténèbres déstabilise en crescendo à distiller un malaise tangible au fil d'un onirisme macabre déconcertant car abordant lestement le surnaturel sous couvert de poison hallucinogène. D'un réalisme documenté saisissant (le film fourmille en prime de détails visuels saillants), tant auprès de son contexte politique en proie à la sédition que de ses situations d'effroi où l'irruption du cauchemar le plus licencieux s'accapare de la réalité, l'Emprise des Ténèbres est notamment scandé du score si percutant de Brad Fiedel. A redécouvrir fissa si vous daignez vous injecter une bonne dose de (vrais) frissons, notamment pour confirmer aujourd'hui (et donc à la 5è revoyure !) que Wes Craven a bel et bien accomplit ici son oeuvre la plus maîtrisée et cauchemardesque (à 2/3 couacs grand-guignolesques près). 

    * Bruno
    5èx

    "La poudre à zombies et son principe actif, la tétrodotoxine, font  l'objet de recherches scientifiques approfondies en Europe et aux Etats-Unis. A ce jour, son mode d'action reste un mystère." 

    mardi 21 août 2018

    LA FETE EST FINIE. Salamandre d'Or, Festival du film à Sarlat.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Marie Garel-Weiss. 2017. France. 1h33. Avec Zita Hanrot, Clémence Boisnard, Michel Muller, Christine Citti, Marie Denarnaud, Pascal Rénéric.

    Sortie salles France: 28 Février 2018

    FILMOGRAPHIE: Marie Garel-Weiss est une réalisatrice, actrice et scénariste française.
    2017: La Fête est finie.


                                 "Tu t'en rappelleras toute ta vie d'ça. Et ça s'ra jamais plus pareil." 
    Passé inaperçue à sa sortie salles, la Fête est finie est la première oeuvre indépendante de la réalisatrice Marie Garel-Weiss traitant du thème de la toxicomanie sans pathos ni sinistrose. J'insiste fissa à prévenir les indécis qui soupçonneraient le énième drame social se fourvoyant dans les bons sentiments et les conventions sur un sujet aussi tabou et rebattu. Le métrage parfaitement maîtrisé privilégiant l'hyper vérisme d'un cadre thérapeutique auquel les seconds-rôles aussi criants de vérité que les héroïnes cultivent une émotion névralgique tantôt poignante, à contre emploi du pessimisme outrancier. Décrivant le parcours ardu de deux filles toxicomanes comptant sur leur solidarité amicale afin de s'extraire de leur assuétude au sein d'un centre de désintoxication, La Fête est finie provoque une émotion candide sous l'impulsion névrosée du duo Zita Hanrot / Clémence Boisnard communément habitées par leurs postures d'écorchées vives. Zita Hanrot incarnant avec plus de retenue et de maturité une fille sentencieuse au tempérament contre-intuitif, quand bien même sa partenaire Clémence Boisnard crève l'écran lors de ses interventions spontanées en toxicomane instable et rebelle, en quête éperdue de sens existentiel et de fureur de vivre.


    A travers leurs caractères contradictoires émaillés de prises de bec, de réconciliation,  de désillusion mais aussi de joie de vivre, d'espoir et de pugnacité, Marie Garel-Weiss nous entraîne dans un tourbillon d'émotions la plupart du temps délicates. Cette dernière n'appuyant donc jamais sur la corde sensible (j'insiste) afin de rendre dignement hommage à ces toxicomanes sur le fil du rasoir mais pour autant assez déterminés dans leur désir de s'extraire d'une sordide routine, aussi indécises et fébriles soient leurs projets et décisions. On peut d'ailleurs relever certaines séquences fortes, aussi concises soient-elles, lorsque Sihem et surtout Céleste éprouvent en intermittence un manque psychologique difficilement gérable dans leur centre d'une discipline drastique, ou leur défonce subsidiaire lors d'une rechute extatique. Leur cheminement bipolaire alternant le chaud et le froid avec une appréhension parfois inquiétante eut égard de leur humeur versatile et de leur furieux désir d'émancipation (surtout Céleste réfractaire à être exploitée en ouvrière). Et donc si la narration déjà vue n'accorde que peu de surprises (bien que l'esprit le plus résilient n'est pas celui que l'on pense au départ), la personnalité intègre de l'auteur et la force d'expression des deux comédiennes transcendent les facilités. Notamment à travers le pilier d'une redoutable histoire d'amitié de prime abord pointée du doigt par le corps thérapeutique mais finalement fructueuse eu égard de son dénouement précaire pour autant conciliant.


    Que la fête commence !
    Dirigeant admirablement ses comédiennes juvéniles mises à nu face à une caméra jamais voyeuriste, Marie Garel-Weiss nous livre dans son parti-pris optimisme un témoignage documenté sur la toxicomanie. A savoir, dresser sobrement les profils hétéroclites de malades quasi incurables animés par une étincelle de vie à arpenter un parcours du combattant, aussi endurant soit leur ultime périple. Doublé d'une superbe histoire d'amitié où pointe la tolérance du saphisme, La Fête est Finie se clôt magistralement sur la tendresse de deux sourires complices avec une acuité musicale capiteuse. Tant et si bien que cette dernière image, incandescente, aphone, candide, nous transperce  le coeur et la mémoire dans la pureté de leur lueur sentimentale. 
    Juste un dernier mot, retenez bien le nom de la nouvelle grande actrice Clémence Boisnard.

    A Pascal et Poto...

    * Bruno

    Récompenses:
    Salamandre d'or, Prix du Public, Double prix d'interprétation Féminine
    Festival de Sarlat / Festival de Saint Jean de Luz

    lundi 20 août 2018

    JERSEY AFFAIR

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    "Beast" de Michael Pearce. 2017. Angleterre. 1h47. Avec Jessie Buckley, Johnny Flynn, Geraldine James, Shannon Tarbet, Trystan Gravelle.

    Sortie salles France: 18 Avril 2018. Angleterre: 27 Avril 2018

    FILMOGRAPHIEMichael Pearce est un réalisateur et scénariste anglais.
    2017: Jersey Affair.


    Superbe drame psychologique transplanté dans le cadre du thriller, Jersey Affair nous relate une romance vitriolée où la passion des sentiments s'oppose à l'appréhension du doute, de la colère et du désarroi. Issue d'une famille autoritaire, Moll profite de sa rencontre amoureuse avec le jeune marginal Pascal pour fuir le cocon. Alors que des meurtres en série ont lieu dans la région, les soupçons se reportent rapidement sur Pascal depuis son casier judiciaire à sinistre réputation. Pour une première mise en scène plutôt maîtrisée, Michael Pearce surprend beaucoup par sa faculté à instiller une atmosphère diaphane autour de deux amants communément épris de sentiments mais peu à peu gagnés par la crainte de l'échec suite à la potentielle culpabilité de celui-ci. Prenant beaucoup de soin à magnifier un superbe portrait de femme écorchée, faute de ses timides rapports avec sa famille condescendante et surtout de son passé perturbé (sa violente agression contre une de ses camarades de collège), Michael Pearce compte sur le jeu dépouillé de l'étonnante Jessie Buckley pour exacerber sa fébrilité ambivalente.


    D'une beauté naturelle singulière auprès de sa rousseur et de son regard indicible, elle parvient à enrichir l'intrigue de par son indépendance pugnace à tenter de démêler le vrai du faux au moment d'y supporter les sermons de son entourage. Car outre l'expectative d'identifier le vrai coupable (et ce jusqu'aux toutes dernières minutes riches en rebondissements successifs), le réalisateur radiographie son portrait fragile sous couvert de l'intolérance d'une population réactionnaire adepte des préjugés. Superbement photographié autour des paysages ouatés d'une nature aphone, Jersey Affair distille une vénéneuse atmosphère d'inquiétude et d'amertume autour des échanges sentimentaux des amants en perdition. On peut également compter sur le jeu inévitablement équivoque de Johnny Flynn se fondant dans le corps d'un marginal braconnier à la fois discret, laconique et empathique, mais aussi instable, voir même violent. Tant auprès de l'entourage local lorsqu'il s'y montre un peu trop menaçant que de sa compagne éperdue se rattachant pour autant sur la valeur de la confiance afin de se préserver contre les esprits contradictoires.


    Atmosphérique, envoûtant, cruel et désespérément noir, Jersey Affair nous évoque avec une intensité toujours plus dramatique la sombre romance de deux marginaux exclus de la société et du cocon familial. Un couple introverti qui plus est discrédité par toute une population, et donc communément contraint de se battre contre leur propre morale afin de ne pas céder au Mal. Ou plutôt afin de ne pas réveiller la bête qui est en soi ! Les démons du passé étant difficilement gérables et oubliables faute de pulsions fielleuses incontrôlées. Une oeuvre forte et douloureuse, remarquable de dimension psychologique scabreuse, car éludé de tout manichéisme!

    * Bruno

    La critique de Frederic Serbource.
    Les derniers instants de "Jersey Affair" nous renvoient encore bien plus explicitement à son ouverture et à son monologue de départ sur la fascination pour les orques de son héroïne. En effet, ce premier film de Michael Pearce s'ouvre sur le jour de l'anniversaire de Moll sur l'île de Jersey. Juste avant de descendre rejoindre les convives, la jeune femme se scrute devant un miroir comme si elle recherchait un défaut susceptible de la trahir. Et il est bel et bien là, représenté par un poil qu'elle arrache, une dernière trace de son véritable "moi". Tout en rejoignant la fête en son honneur, Moll nous explique que les orques la passionnent depuis toute petite à cause de leurs sourires inscrits de façon permanente sur leurs visages mais aussi par leur volonté de l'effacer de la manière la plus brutale qu'il soit pour échapper à une captivité les conduisant à la folie.
    Une fois parmis les invités et avec son entourage mis en relief, Moll nous apparaît effectivement comme ces orques qu'elle décrit : en captivité. Sous le joug d'une mère psychorigide et d'une soeur qui lui vole la vedette le propre jour de son anniversaire, prisonnière d'un père souffrant de démence et d'une nièce sur lequels on l'oblige à veiller en permanence, bridée par un job de guide qui la condamne à parler inlassablement d'un environnement qu'elle ne supporte plus et, enfin, subissant les avances d'un ami d'enfance policier pour qui elle n'a aucun sentiment, Moll est tout simplement au bord de la rupture. Elle décide alors d'effacer son sourire de façade et fuit soudainement de chez elle, de ce monde qui cherche à annihiler ses aspirations profondes...
    Après une nuit libératrice dans une boîte de nuit, cette Alice des temps modernes fait la rencontre de Pascal, son Lapin Blanc, un artisan ironiquement adepte de la chasse aux lapins, celui-ci va la guider dans le Pays des Merveilles d'une liberté tant désirée et de l'amour, le grand, le vrai dans lequel Moll va enfin pouvoir s'épanouir pleinement... dans un premier temps du moins. Car, en parallèle, une affaire de meurtres de fillettes secoue Jersey et, dans la paranoïa ambiante insulaire, les soupçons se portent peu à peu sur Pascal...

    Bien plus encore que le clin d'oeil évident à l'oeuvre de Lewis Caroll et comme son titre original "Beast" l'indique (également une référence à la célèbre affaire de "la Bête de Jersey"), "Jersey Affair" est avant tout une relecture moderne du conte de fée "La Belle et la Bête". Mais une relecture qui en reprend certains fondamentaux pour s'amuser à les tordre et les explorer dans leurs méandres psychologiques les plus noirs et inattendus à l'aune d'un contexte contemporain. Le côté thriller de "Jersey Affair" ne sera finalement en aucun cas le sujet principal, il s'agira plutôt d'une toile de fond ayant une importance capitale pour créer les enjeux bouleversant la relation Moll/Pascal, le véritable coeur du film.

    En premier lieu, il y a évidemment cette Belle (la révélation Jessie Buckley, fantastique) qui nous est d'abord présentée aussi innocente que la figure du conte. Son besoin d'émancipation apparaît on ne peut plus logique au vu de l'étouffement permanent exercé par ses proches sur elle, la rencontre avec Pascal (Johnny Flynn, charismatique au possible) est donc cette éclaircie qu'elle attendait depuis si longtemps dans son existence. Même si l'ombre des meurtres reste pesante, l'amour naissant entre Moll et Pascal illumine la première partie du film (magnifiée par la caméra de Michael Pearce et la photographie de Benjamin Kracun), la jeune fille revit enfin au contact de ce que son entourage considère comme la fameuse Bête car non-conforme à leurs idéaux sociaux. L'intrusion de Pascal dans le quotidien de Moll se teint même de légèreté lorsque l'homme remet de façon rustre les membres de sa famille choqués par ses manières.À ses côtés, Moll s'affirme de plus en plus mais ne s'épanouit par pour autant totalement car, toute Belle qu'elle est, elle n'en est pas moins elle-même habitée par une noirceur de Bête, venue de son passé et qui ressurgit le temps de quelques rêves...

    Lorque les accusations contre Pascal prennent des proportions de plus en plus importantes dans un deuxième temps, l'émancipation de la jeune fille rime désormais avec la lutte du couple contre la vindicte populaire (les habitants de l'île prenant les traits des villageois du conte prêts à condamner tout ce qui leur apparaît différent). La tempête dans laquelle se trouve prise Moll la fait plonger dans une quête de ses blessures les plus profondes pour comprendre sa véritable nature, son isolement à la fois voulu et contraint en devient ainsi jusqu'au-boutiste face la colère globale (à l'image, elle en viendra à se fondre à la nature elle-même pour se retrouver). L'acceptation de son passé par la jeune femme et leurs conséquences en viendront incidemment à nous faire remettre en perspective le comportement de ses proches depuis les premiers instants : au fond, n'étaient-ils pas le couvercle qui empêchait la cocotte-minute Moll d'imploser face à une introspection qu'elle ne pourrait supporter ou, même pire, dans le cas contraire ?

    Lorsque l'émotion de la masse de la population insulaire retombera quelque peu, le fameux poil évoqué au début aura repoussé comme un symbole et, dans une dernière partie certes plus faible dans son déroulement (les rebondissements annexes sont toujours prévisibles) mais passionnante au regard de l'ampleur qu'elle fait prendre à la relation du couple, Moll devra faire un choix crucial.
    La question sera de savoir si, en dehors d'un dépassement mutuel, une ombre peut en accepter une autre bien plus grande ou si elle doit nécessairemment s'en détacher pour ne pas s'y perdre ? Jusqu'à sa conclusion, "Jersey affair" fera douter le spectateur, pris sous le poids anxiogène de la décision de Moll à venir...

    Michael Pearce revisite donc de manière quasi-psychanalytique "La Belle et la Bête" à travers la relation d'un couple mis au ban de la société pour sa différence. En détournant les ressorts du matériau de base pour en faire un duel littéral de noirceurs dans un cadre contemporain policier un poil prévisible (seule petite ombre au tableau sans mauvais jeu de mots), il livre un premier film réussi et simplement passionnant à suivre au vu du chemin parcouru par la mèche allumée du bâton de dynamite issue de la rencontre de ce couple fascinant.

    vendredi 17 août 2018

    Mutant / Forbidden World. Grand Prix du Public, Prix des Effets-Spéciaux au Rex de Paris.

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site lesineditsvhs.blogspot.com

    d'Allan Holzman. 1982. U.S.A. 1h17 (1h22, Director's Cut). Avec Jesse Vint, Dawn Dunlap, June Chadwick, Linden Chiles, Fox Harris. Produit par Roger Corman.

    Sortie salles France: 15 Décembre 1983

    FILMOGRAPHIEAllan Holzman est un réalisateur, monteur, producteur, scénariste américain né en 1946 à Baltimore, Maryland, U.S.A. 1982: Mutant. 1985: Out of Control. Grunt ! The Wrestling Movie. 1987: Programmed to kill. 1991: Intimate Stranger (télé-film). 1996: Survivors of the Holocaust (télé-film). 1998: Old Man River. 2002: Sounds of Memphis (télé-film). 2003: JonBenet Messages from the Grave. 2004: Invisible Art/Visible Artists. 2007: Gullah. 2009: C-C-Cut. 2009: My Marilyn. 2010:  Invisible Art/Visible Artists. 2011: Sheldon Leonard's Wonderful Life.


    1980/1981, Contamination et Inseminoid se disputent successivement la mise sur les écrans afin de concurrencer le succès de Ridley ScottAlien. En 1981, Roger Corman, déjà producteur de la très sympathique Galaxie de la terreurrenoue avec la science-fiction horrifique en recrutant un jeune réalisateur néophyte, Allan Holzman. Présenté au Festival du film fantastique de Paris, Mutant  remporte au final le Grand Prix du Public et celui des Effets-spéciaux, quand bien même au fil des ans cette série B au budget limité et incarnée par des acteurs de seconde zone gagne rapidement la ferveur du public au point de le sacrer meilleur ersatz d'Alien ! Le PitchDans une galaxie lointaine, très lointaine... A bord d'un vaisseau spatial, une équipe de scientifiques tentent de combattre un métamorphe carnivore fruit de leurs expériences douteuses pour préserver la Terre de la famine. Changeant d'apparence corporelle au fil de son évolution, le spécimen Subject 20 devient de plus en plus hostile envers ses accueillants si bien que les cadavres s'amoncellent sans répit.


    Revoir Mutant quelques décennies plus tard dans une version HD immaculée relève d'une aubaine inespérée tant cette production intègre accumule généreusement les situations cauchemardesques avec une fulgurance formelle ensorcelante. Et donc comment réussir une production fauchée par le biais d'un scénario éculé, qui plus est incarné par des acteurs cabotins à la trogne pour autant aimable ? Melting-pot de références empruntées aux succès horrifiques des années 70 et 80, Mutant séduit sans modération à travers un cache-cache insolent entre une équipe de scientifiques (au rabais) et un monstre hybride tapi dans les corridors de leur cocon spatial. Ainsi, avec peu de moyens, Allan Holzman  réussit l'exploit de transfigurer son métrage tant et si bien que rien n'est laissé au hasard à travers son souci du détail aussi bien technique que visuel. Tant auprès de sa photo flamboyante tout droit sortie d'une BD indocile, de ces têtes d'affiche irrésistiblement stéréotypées, de ces décors futuristes évocateurs, de sa partition entêtante au synthé (transcendant au passage un superbe clip érotique) que de ses effets gores très soignés déployant toujours plus de séquences hard à faire rougir  nos artisans transalpins. Arrosez le tout d'une ambiance davantage glauque eu égard des exactions du métamorphe affamé de chair humaine, et vous obtenez un trépidant survival qu'une poignée de scientifiques tente de déjouer avec une sobriété irrésistiblement cocasse.


    Or, si le scénario prosaïque n'invente rien, la mise en scène à la fois maladroite et inspirée réussit le prodige de scander chaque situation de danger avec un goût pour la provocation d'une horreur tantôt scabreuse (l'idée démentielle d'exterminer la créature à l'aide de cellules cancéreuses, il fallait oser !). Et donc à travers son rythme vigoureux oscillant action, érotisme léché et horreur gorasse  sous l'impulsion de protagonistes bonnards enchaînant les bourdes, Mutant euphorise sans lâcher prise. Et pour parachever, le final incongru se décline en anthologie lorsque le chercheur azimuté (mon personnage attitré de par sa verve et sa gestuelle à grossir le trait caricatural !) Spoil ! se sacrifie afin d'annihiler le monstre. Par conséquent, atteint d'une tumeur inopérable, ce dernier sollicitera l'un de ses adjoints de lui éventrer l'estomac (sans anesthésie s'il vous plait !) afin de lui soutirer son cancer pour le bazarder dans la gueule du métamorphe ! Une séquence ubuesque hallucinée générant autant le dégoût par son gore crapoteux que l'hilarité pour son sarcasme aléatoire ! Fin du Spoil.


    Condensé de science-fiction horrifique exploitant lestement les grands succès de l'époque (même Star Wars y est singé en prologue !), Mutant demeure le prototype idéal de la série B du samedi soir. De par son (très) attachant casting entouré de comédiennes dénudées (anciens modèles du mag  Penthouse !), son gore décomplexé cracra et ses péripéties débridées toujours plus folingues ! On est d'autant plus sensible à sa beauté plastique un brin baroque qu'Allan Holzman est parvenu avec autant d'habileté que de savoir-faire à nous dépayser à travers une scénographie stellaire de bric et de broc. Pétri d'affection pour le genre, Mutant est un amour de série B comme on n'en fait plus à l'ère du tout numérique ! Et bon sang que ce genre de pépite nous manque !

    * Bruno
    21.08.23. 5èx. Vostfr. 473
    17.08.18. 
    27.01.12. (387)

    La Chronique de la Galaxie de la Terreurhttp://brunomatei.blogspot.fr/…/la-galaxie-de-la-terreur.ht…
    La Chronique des Monstres de la Merhttp://brunomatei.blogspot.fr/…/06/les-monstres-de-la-mer.h…

    RécompensesGrand Prix du PublicPrix des Effets-Spéciaux au festival du film fantastique au Rex à Paris en 1982.