mardi 21 août 2018

LA FETE EST FINIE. Salamandre d'Or, Festival du film à Sarlat.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marie Garel-Weiss. 2017. France. 1h33. Avec Zita Hanrot, Clémence Boisnard, Michel Muller, Christine Citti, Marie Denarnaud, Pascal Rénéric.

Sortie salles France: 28 Février 2018

FILMOGRAPHIE: Marie Garel-Weiss est une réalisatrice, actrice et scénariste française.
2017: La Fête est finie.


                             "Tu t'en rappelleras toute ta vie d'ça. Et ça s'ra jamais plus pareil." 
Passé inaperçue à sa sortie salles, la Fête est finie est la première oeuvre indépendante de la réalisatrice Marie Garel-Weiss traitant du thème de la toxicomanie sans pathos ni sinistrose. J'insiste fissa à prévenir les indécis qui soupçonneraient le énième drame social se fourvoyant dans les bons sentiments et les conventions sur un sujet aussi tabou et rebattu. Le métrage parfaitement maîtrisé privilégiant l'hyper vérisme d'un cadre thérapeutique auquel les seconds-rôles aussi criants de vérité que les héroïnes cultivent une émotion névralgique tantôt poignante, à contre emploi du pessimisme outrancier. Décrivant le parcours ardu de deux filles toxicomanes comptant sur leur solidarité amicale afin de s'extraire de leur assuétude au sein d'un centre de désintoxication, La Fête est finie provoque une émotion candide sous l'impulsion névrosée du duo Zita Hanrot / Clémence Boisnard communément habitées par leurs postures d'écorchées vives. Zita Hanrot incarnant avec plus de retenue et de maturité une fille sentencieuse au tempérament contre-intuitif, quand bien même sa partenaire Clémence Boisnard crève l'écran lors de ses interventions spontanées en toxicomane instable et rebelle, en quête éperdue de sens existentiel et de fureur de vivre.


A travers leurs caractères contradictoires émaillés de prises de bec, de réconciliation,  de désillusion mais aussi de joie de vivre, d'espoir et de pugnacité, Marie Garel-Weiss nous entraîne dans un tourbillon d'émotions la plupart du temps délicates. Cette dernière n'appuyant donc jamais sur la corde sensible (j'insiste) afin de rendre dignement hommage à ces toxicomanes sur le fil du rasoir mais pour autant assez déterminés dans leur désir de s'extraire d'une sordide routine, aussi indécises et fébriles soient leurs projets et décisions. On peut d'ailleurs relever certaines séquences fortes, aussi concises soient-elles, lorsque Sihem et surtout Céleste éprouvent en intermittence un manque psychologique difficilement gérable dans leur centre d'une discipline drastique, ou leur défonce subsidiaire lors d'une rechute extatique. Leur cheminement bipolaire alternant le chaud et le froid avec une appréhension parfois inquiétante eut égard de leur humeur versatile et de leur furieux désir d'émancipation (surtout Céleste réfractaire à être exploitée en ouvrière). Et donc si la narration déjà vue n'accorde que peu de surprises (bien que l'esprit le plus résilient n'est pas celui que l'on pense au départ), la personnalité intègre de l'auteur et la force d'expression des deux comédiennes transcendent les facilités. Notamment à travers le pilier d'une redoutable histoire d'amitié de prime abord pointée du doigt par le corps thérapeutique mais finalement fructueuse eu égard de son dénouement précaire pour autant conciliant.


Que la fête commence !
Dirigeant admirablement ses comédiennes juvéniles mises à nu face à une caméra jamais voyeuriste, Marie Garel-Weiss nous livre dans son parti-pris optimisme un témoignage documenté sur la toxicomanie. A savoir, dresser sobrement les profils hétéroclites de malades quasi incurables animés par une étincelle de vie à arpenter un parcours du combattant, aussi endurant soit leur ultime périple. Doublé d'une superbe histoire d'amitié où pointe la tolérance du saphisme, La Fête est Finie se clôt magistralement sur la tendresse de deux sourires complices avec une acuité musicale capiteuse. Tant et si bien que cette dernière image, incandescente, aphone, candide, nous transperce  le coeur et la mémoire dans la pureté de leur lueur sentimentale. 
Juste un dernier mot, retenez bien le nom de la nouvelle grande actrice Clémence Boisnard.

A Pascal et Poto...

* Bruno

Récompenses:
Salamandre d'or, Prix du Public, Double prix d'interprétation Féminine
Festival de Sarlat / Festival de Saint Jean de Luz

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