vendredi 5 février 2016

La Galaxie de la Terreur / Galaxy of Terror

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Bruce D. Clark. 1981. U.S.A. 1h21. Avec Edward Albert, Erin Moran, Ray Walston, Bernard Behrens, Zalman King, Robert Englund.

Sortie salles France: 16 juin 1982. U.S: Octobre 1981.

FILMOGRAPHIEBruce D. Clark est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur, né le 29 Juin 1945 à Christchurch, Nouvelle-Zélande. 1969: Les anges nus. 1971 Slalom aquatique. 1972 Hammer. 1981: La galaxie de la terreur.


"Monstres et mirages : la VHS comme chambre d’agonie".
Au même titre que le génialement pétulant Mutant d’Allan Holzman, La Galaxie de la Terreur est une production Roger Corman réalisée un an plus tôt. Film culte de l’ère VHS, dont l’affiche bigarrée reste l’une des plus belles offrandes iconographiques du cinéma horrifique, La Galaxie de la Terreur tire parti de son pouvoir d’attraction dans la scénographie littéralement envoûtante de sa planète inhospitalière. Largement influencé par Alien de Ridley Scott, Bruce D. Clark reprend une trame similaire : une poignée d’astronautes s’échoue sur une galaxie inconnue lors d’une mission de secours. En inspectant les lieux du vaisseau "Rebus", ils ne retrouvent aucun survivant. Attirés par l’aura mystérieuse d’une pyramide monumentale, ils s’y engouffrent à la recherche d’éventuels rescapés. Mais, sur place, ils deviennent la proie de monstres hybrides surgis des ténèbres. Dès lors, une lutte pour la survie s’enclenche dans un ballet d’horreur organique.

Épreuve de force menée la peur au ventre, La Galaxie de la Terreur déploie une atmosphère ombrageuse au cœur de décors baroques d’une photogénie hypnotique, où les trucages artisanaux — bien que souvent rudimentaires — contribuent à un esthétisme pictural et immersif. On salue l’efficacité des maquillages gores, débordants d’inventivité pour infliger aux victimes des sévices d’une cruauté brute. À ce titre, la séquence visqueuse du viol d’une astronaute par un ver géant reste un sommet d’abjection dérangeante, une scène d’anthologie aussi malsaine qu’imprimée dans la rétine. Fidèle à la tradition du slasher, l’intrigue suit les errances méthodiques de l’équipage, chacun inspectant les lieux avant d’être happé, un à un, par un ennemi aux pulsions meurtrières. Submergés par la peur de périr à chaque détour, certains opposent à la panique une vaillance tragique — mais tous, paradoxalement, persistent dans leur exploration comme poussés par une fatalité absurde.

Et malgré une narration balisée, Bruce D. Clark parvient à maintenir l’attention, dynamisant le récit par une suite de rebondissements horrifiques, jusqu’à un dénouement débridé, véritable justification du cauchemar vécu. Au-delà du plaisir ludique des déambulations dans des galeries hétéroclites, La Galaxie de la Terreur révèle une cocasserie involontaire, amplifiée par le cabotinage de seconds rôles hauts en couleur. Leur jeu outré, leur posture maladroite, dégagent une loufoquerie presque touchante, une solidarité houleuse où certains protagonistes versatiles brillent par leur zèle exubérant, leurs humeurs incohérentes — pour notre plus grand bonheur d’humour involontaire.


"Carnage sous les étoiles : hallucination VHS".
S’appuyant sur un jeu d’acteurs risible, mais livré avec un sérieux (génialement) imperturbable, La Galaxie de la Terreur joue pleinement la carte de la série B, avec une naïveté pittoresque. Grâce à cette facture bisseuse profondément attachante, Bruce D. Clark parvient à transfigurer la pauvreté des moyens pour esquisser un univers stellaire à la fois glauque, flamboyant et saturé d’ombres. Porté par un esprit ludique, sincère, et une dévotion totale à son imaginaire gore, La Galaxie de la Terreur s’impose comme l’une des perles hallucinées des années 80 — au même titre que Mutant ou Inseminoïd. Incontournable.

*Eric Binford.
29.04.24. 5èx. vf très bonne VF

Ci-joint la chronique video de Jean-Marc Micciche: 

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