Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Eric Bress, J. Mackye Gruber. 2004. U.S.A/Canada. 1h59 (Director's Cut). Avec Ashton Kutcher, Amy Smart, Melora Walters, Elden Henson, William Lee Scott, John Patrick, Amedori, Irene Gorovaia, Kevin Schmidt, Jesse James.
Sortie salles France: 10 Mars 2004 (Int - 12 ans). U.S: 23 Janvier 2004 (int - 17 ans)
FILMOGRAPHIE: Eric Bress, né à New-York, est un scénariste et réalisateur américain.2004: L'Effet Papillon. 2020 : Ghosts of War.
Jonathan Gruber, plus connu sous le nom de J. Mackye Gruber, est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 2004 : L'Effet papillon. 2006 : Kyle XY.
La Théorie du Chaos.
Film culte s'il en est, si bien qu'(au 3è visionnage) on se rend d'autant mieux compte à quel point il serait infaisable de nos jours (surtout en version Director's Cut, préparez vous au choc final contrairement traumatique !), l'Effet Papillon fait l'effet d'un uppercut émotionnel à travers sa dramaturgie escarpée d'une rigoureuse cruauté (euphémisme j'vous dit). Et si on peut toutefois se réconforter auprès de son épilogue rédempteur d'après le Director's Cut, Eric Bress et J. Mackye Gruber jouent audacieusement la carte tranchée de la demi-teinte quant à la destinée de notre héros juvénile voyageant péniblement dans le passé par autosuggestion épistolaire. Ainsi donc, renouvelant admirablement la thématique du voyage temporel au sein du contexte contemporain d'une bourgade ricaine faussement sereine, l'Effet Papillon s'édifie en effroyable descente aux enfers auprès des thématiques de la pédophilie, de la maltraitance, du bizutage, de la déchéance, de la toxicomanie, de l'inceste, de la prostitution et de l'enfance meurtrière à la suite d'un incident littéralement explosif. Et si, de base, nous avions bien affaire à un divertissement hollywoodien rondement mené car sans temps mort et incessamment surprenant jusqu'au vertige de l'effroi (3 séquences s'avèrent perturbantes quant aux retrouvailles d'Evan avec son père en prison, la condition estropiée du fils quelques instant plus loin et enfin son hallucinant épilogue mortifié d'autant plus déchirant), nos auteurs osent la gageure d'imbiber leur récit d'une atmosphère malsaine à la fois dérangeante, étouffante, malaisante qui ne lâchera pas d'une semelle le spectateur embarqué dans une course contre la montre temporelle sous l'impulsion du jeune Evan s'efforçant vainement de préserver la tranquillité de ses 3 amis.
Si bien que tout a une influence sur tout et que tout le monde affecte tout le monde. Le récit demeurant finalement un prétexte pour témoigner des conséquences parfois désastreuses de nos actions irréfléchies / irresponsables quelque soit notre âge. Même si en l'occurrence nous avions affaire à 2 évènements traumatiques impartis à une enfance galvaudée. "On se change les uns les autres" suggèrent ainsi les auteurs du point de vue démuni d'Evan au sein d'un récit dramatique infiniment cauchemardesque, et ce jusqu'au point de non retour. Outre l'incroyable noirceur du récit martyrisant le spectateur sans complexe aucun (citez moi un titre de film référentiel aussi sordide, violent, cruel et radical à travers la thématique du voyage temporel car personnellement je n'ai pas trouvé), l'Effet Papillon doit également beaucoup de sa dimension dramatique en la présence de ses attachants seconds-rôles d'une évidente fragilité torturée. Quand bien même Ashton Kutcher mène fébrilement le groupe avec une intensité expressive à la fois trouble, inquiétante, tourmentée, sensible quant à son désir irrépressible de sauver ses amis ainsi que sa mère impliquée dans un désarroi infortuné (euphémisme quand on comprend les tenants et aboutissants de cette étrange malédiction filiale dénuée d'explications - et c'est tant mieux afin de préserver son mystère irrésolu -).
Changer une chose... change tout.
Authentique classique du genre explosant les codes, son cadre solaire et l'évolution de ses personnages meurtris au gré d'une cruauté humaniste constante, l'Effet Papillon nous laisse un (inévitable) souvenir impérissable de par le parti-pris couillu des auteurs de se permettre l'immontrable dans leur incontournable Director's Cut inédit en salles. Et après visionnage aussi éprouvant, on comprends mieux pourquoi les producteurs ont préféré opter pour l'assurance d'un final plus doux et conventionnel en version salles afin de ne pas traumatiser le grand public balloté tous azimuts par cette effroyable odyssée temporelle. Si bien que derrière cette radicale noirceur s'y décline une réflexion (essentielle) sur notre destinée quant aux conséquences dramatiques de nos actions les plus graves, illimitées et irréfléchies, tant auprès de notre ego que de notre entourage le plus cher.
*Bruno
23.02.24. 3èx. Vostfr.
Récompense: Festival international du film fantastique de Bruxelles 2004 : Pégase - Prix du public décerné à Eric Bress et J. Mackye Gruber
ATTENTION ! SPOILERS EN PAGAILLE POUR ETABLIR LE DISTINGO ENTRE LES 2 VERSIONS !!!
Version director's cut
Le film existe en deux versions : La version cinéma incluant une fin « producteur », et la version director's cut incluant une fin « réalisateur », celle disponible sur le DVD du film. Voici les différents ajouts et modifications figurant dans la director's cut15,16.
Evan découvre que son grand-père avait le même don que lui, et a aussi été considéré comme fou, comme son père.
Evan et sa mère vont consulter une voyante. Cette dernière est horrifiée à l'idée de découvrir qu'Evan « n'a pas d’aura, pas d’âme » et qu’« il ne devrait pas être ici ».
Dans la scène suivante, la mère d'Evan, sous le choc, lui confesse qu'elle a eu deux fausses couches avant lui, et qu'elle a toujours considéré sa venue au monde comme un miracle.
Une scène de prison où les détenus lisent publiquement le journal intime d'Evan pour se moquer de lui.
Une scène de prison où les détenus viennent le violer pendant la nuit.
La scène de l'hôpital où Evan rend visite à sa mère malade est étendue.
Une fin alternative :
Dans la version cinéma, le film se termine après qu'Evan, revenu dans son enfance au moment de sa première rencontre avec Kayleigh, la menace violemment de mort pour être sûr qu'elle ne reste pas vivre chez son père pour lui. Dans la scène qui suit, Evan se réveille en compagnie de Lenny, et demande Kayleigh, mais Lenny lui répond qu'il ne connaît personne de ce nom. Huit ans plus tard, on retrouve Evan et Kayleigh devenus adultes se croisant dans une rue de New York au milieu de la foule et, selon la version — il y en a trois —, soit ils se parlent, soit ils s'évitent, soit Evan suit Kayleigh.
Mais dans le director's cut, une tout autre fin est disponible. Ici, Evan choisit de revenir dans le ventre de sa mère, et enroule le cordon ombilical autour de son cou, il se suicide avant de venir au monde et sauve ainsi tous les êtres qui lui sont chers. Le dialogue rajouté avec la voyante, et la confession de sa mère sur les deux fausses couches qu'elle a eues sont inclus en off pendant qu'Evan se laisse mourir, et sous-entendent qu'il n'est pas le premier enfant de sa mère à avoir fait ce sacrifice de renoncer à exister.
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