Sortie salles France: 29 Septembre 1971.
FILMOGRAPHIE: Robert Aldrich est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 9 août 1918 à Cranston (Rhode Island) et mort le 5 décembre 1983 à Los Angeles (Californie).1953 : Big Leaguer. 1953 : Alerte à Singapour. 1954 : Bronco Apache. 1954 : Vera Cruz. 1955 : En quatrième vitesse. 1955 : Le Grand Couteau. 1956 : Attaque. 1956 : Feuilles d'automne. 1956 : Racket dans la couture. 1959 : Tout près de Satan. 1959 : Trahison à Athènes. 1961 : El Perdido. 1962 : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? 1962 : Sodome et Gomorrhe. 1963 : Quatre du Texas. 1964 : Chut... chut, chère Charlotte. 1965 : Le Vol du Phœnix. 1967 : Les Douze Salopards. 1968 : Le Démon des femmes. 1968 : Faut-il tuer Sister George ? 1970 : Trop tard pour les héros. 1971 : Pas d'orchidées pour miss Blandish. 1972 : Fureur apache. 1973 : Plein la gueule. 1973 : L'Empereur du Nord. 1975 : La Cité des dangers. 1977 : Bande de flics. 1977 : L'Ultimatum des trois mercenaires. 1979 : Le Rabbin au Far West.1981 : Deux Filles au tapis.
Echec commercial à sa sortie alors que l'éminent Robert Aldrich fut contraint de revendre son studio à la suite de 3 antécédents échecs successifs, Pas d'Orchidée pour Miss Blandish est une sorte de conjugaison vitriolée de Bonnie and Clyde, Dilinger et de Bloody Mama de Corman (à revoir d'urgence celui-ci !) pour son contexte historique, pour ses profils meurtriers en roue libre et la brutalité âpre qui y émane avec un sens de provocation qui fit grand bruit à l'époque. D'une grande violence donc, alors que les années 70 s'autorisaient le plus souvent les audaces les plus couillues, cette oeuvre marginale préserve aujourd'hui son réalisme plutôt poisseux à dresser dans un climat solaire irrespirable (tous les personnages sont noyés de sueur tout le long de l'intrigue) le vil portrait d'une bande de malfrats dénués de morale. De médiocres kidnappeurs d'autant plus sales, vulgaires et ignorants ne comptant que sur le vice, la violence, la feinte, la lâcheté et surtout leur ego pour s'extirper de leur précarité. A l'exception toutefois du personnage psychotique de Slim, bien que le plus benêt de la bande mais aussi le plus fragile, névralgique et sensible au point de rigoureusement tomber amoureux de sa victime otage. Une jeune héritière bon chic bon genre aussi mal dans sa peau, faute d'un père psychorigide insensible au mal-être de sa progéniture baignée depuis son enfance dans le confort et l'assistanat parental.
C'est donc une descente aux enfers morale que nous illustre efficacement Robert Aldrich en filmant sa tragédie criminelle à l'instar des fameux films noirs des années 50 qui ont bercé notre passé cinéphile. Or, toutefois désireux de dépoussiérer le film de gangster, celui-ci s'approprie d'un climat plutôt malsain et d'une violence perpétuelle assez épineuse afin d'imprimer sa personnalité frondeuse n'épargnant personne (pas même la police - voir leur témoignage dans la chambre d'hôtel lorsqu'ils s'aperçoivent que la victime semblerait éprouver des sentiments auprès de son tortionnaire alors qu'à la base il ne s'agit que d'une simulation de survie -). Si bien que tous les personnages anti-manichéens qui traversent le récit demeurent peu recommandables, pathétiques, risibles, sans pitié ni empathie, à l'exception de notre duo infortuné toujours plus replié sur eux mêmes. Car des amants de fortune ayant comme point commun une démission parentale auprès de leur irrépressible désir d'aimer et d'être aimé que leur entourage (familial/amical) n'eut pu exaucer. Ce qui nous vaut d'ailleurs un final (de 20 minutes) aussi mémorable que poignant d'après son concentré d'ultra violence et d'étreinte amoureuse noyée de désespoir, de perte de repère, d'isolement; de désir d'en finir avec l'existence au demeurant.
Film de gangster à l'ancienne vitaminé de sa violence davantage hystérique, Pas d'orchidée pour Miss Blandish laisse un goût assez amer dans la bouche sitôt le générique clos d'avoir assisté à tant de déroute, d'acrimonie et de bassesse humaine au sein d'un climat tantôt poisseux, tantôt baroque (la rutilante chambre d'hôtel est à damner un saint) qu'Aldrich filme sous l'impulsion d'une dimension humaniste davantage éprouvante, sans aucune lueur d'espoir.
*Sam Malone
Remerciement à Atreyu.
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