mardi 13 février 2024

Iron Claw / The Iron Claw

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sean Durkin. 2023. U.S.A/Angleterre. 2h13. Avec Zac Efron, Jeremy Allen White, Harris Dickinson, Holt McCallany, Lily James, Maura Tierney, Stanley Simons 

Sortie salles France: 24 janvier 2024. Canada: 22 Décembre 2023

FILMOGRAPHIESean Durkin, né le 9 décembre 1981 au Canada, est un réalisateur et scénariste américain. 2006 : Doris (court métrage). 2010 : Mary Last Seen (court métrage) (également scénariste et monteur). 2011 : Martha Marcy May Marlene (également scénariste). 2013 : Southcliffe (mini-série). 2019 : The Nest (également scénariste). 2023 : Iron Claw. 


"L'âme de la famille, c'est le nom que l'on porte pour l'honorer"
Uppercut tout en pudeur que nous livre là Sean Durkin en s'inspirant de l'histoire vraie de la famille Von Erich, 4 frères catcheurs que leur patriarche "inextinguible" poussa à la gloire sans modération aucune, Iron Claw est un grand moment de cinéma comme on n'en voit quasiment plus de nos jours, à quelques exceptions près dans l'évidence. Tant et si bien que l'acuité de son intensité dramatique et la pudeur de sa réalisation sciemment elliptique, car allant droit à l'essentiel pour se libérer des clichés éculés, m'a quelque peu remémoré l'inoubliable Voyage au bout de l'Enfer de Michael Cimino, toutes proportions gardées. Notamment à travers son refus d'une sinistrose complaisante que le réalisateur parvient facilement à bannir de son métrage voué à la psychologie torturée de ses 4 frères inséparables. J'aurai peut-être pu citer un ou deux autres exemples mais c'est précisément ce chef-d'oeuvre ultime qui m'est promptement venu à l'esprit, tel un écho, une hantise malaisante, tant l'oeuvre fragile de Sean Durkin m'a également impliqué dans une impuissance morale éprouvante eu égard de l'infortune en crescendo qui s'abat sur cette famille prolo dépendante d'un père castrateur dénuée d'amour, de discernement et encore moins d'indulgence auprès de sa filiation. 

Ainsi donc, à travers l'épreuve sportive du catch que nous illustre Sean Durkin avec un brio spectaculaire n'ayant rien à envier aux matchs cuisants de Rocky, Iron Claw sombre peu à peu (passée la 1ère heure tout du moins) vers une dramaturgie escarpée au point d'avoir les nerfs solides pour mieux redouter le pire. Magnifiquement interprété, (je pèse mes mots), c'est toutefois Zac Efron qui tire son épingle du jeu en frère aîné voué corps et âme à l'amour de ses frères avec une sensibilité infiniment fragile en dépit de sa corpulence mastard aux muscles d'airain si j'ose dire. Un acteur habité par l'expression de ses sentiments fragiles, touchant et émouvant par le regard sa grande innocence quasi infantile (la séquence finale est inoubliable lorsqu'il se livre à ses enfants), mais également inquiétant lorsqu'il se laisse guider par ses démons intérieurs pour autant désireux de s'extirper de l'infortune après avoir appris à gérer ses sentiments haineux pour y rejoindre la sagesse d'esprit. Outre sa présence à la fois démunie et acharnée à tenter de relever les défis sportifs impossibles et les drames qui l'étreigne, faute d'une éducation bigote où les valeurs chrétiennes, de la compétition et de l'élitisme lui ont été instruits dès la naissance, au risque d'y laisser sa peau, il faut évidemment prôner le jeu charismatique de Holt McCallany en paternel impitoyable n'ayant comme seul dessein d'y bâtir un empire en son propre patronyme. Un personnage vil, sournois, cupide, médiocre car d'un égoïsme préjudiciable impardonnable de soumettre ses rejetons à un épuisement physique, moral irréversible pour leur surentraînement à corps perdu. 


La véritable famille ne se détermine pas par le lien du sang mais plutôt par le choix du coeur.
Admirablement reconstitué au sein de la sacro-sainte décennie 80 en faisant preuve d'une incroyable pudeur pour raconter son récit dramatique jusqu'au-boutiste (alors que la réalité fut encore plus sombre !), Iron Claw transfigure son ambition biographique sous l'impulsion d'acteurs au firmament pour retranscrire sans fard la douleur interne, inconsolable, d'une fratrie superstitieuse soumise à une autorité paternelle déloyale. Dépressifs, s'abstenir toutefois, en gardant bien à l'esprit qu'il s'agit là d'un très grand drame familial digne du cinéma vérité des Seventies.

*Sam Malone
Vf. 

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