vendredi 29 mars 2013

ExistenZ. Ours d'Argent de la contribution artistique pour David Cronenberg.

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmebagarai.blogspot.com

de David Cronenberg. 1999. Angleterre/France/Canada. 1h36. Avec Jennifer Jason Leigh, Jude Law, Ian Holm, Willem Dafoe, Don McKellar, Callum Keith Rennie, Christopher Eccleston, Sarah Polley.

Sortie salles France: 14 Avril 1999. U.S: 23 Avril 1999

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage,1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.


Déprécié par une majorité de critiques de l'époque, eXistenZ a rapidement été considéré (à tort) comme une copie conforme du chef-d'oeuvre visionnaire Vidéodrome. Mise en abyme à travers l'altération du réel, eXistenZ s'avère une expérience émotionnelle inusité dans les annales du 7è art ! Si bien qu'en traitant des thèmes ludiques du jeu-vidéo et de la réalité virtuelle, David Cronenberg nous interroge sur le rapport addictif qu'un loisir lucratif peut susciter chez le consommateur et sur notre part de conscience sévèrement compromise par l'illusion de la réalité ! Le joueur néophyte atteint de paranoïa ou de psychose ne sachant plus discerner la part de réalité et de fiction ! Bienvenue dans le monde virtuel et organique d'eXistenZ ! Alors qu'un groupe de volontaires se portent garants pour participer au jeu révolutionnaire Existenz, sa conceptrice Allegra Geller est témoin d'un attentat terroriste en pleine séance. Contrainte de fuir ses meurtriers, elle quitte son séminaire avec le stagiaire Ted Pikul et se réfugient dans un motel. Afin de savoir si sa console pod (amphibien génétiquement modifié, relié au système nerveux du joueur par un cordon ombilical) n'a pas été contaminée, elle entreprend par la même occasion de l'initier au jeu. Pour cela il doit se faire implanter un bioport, c'est à dire se faire percer la colonne vertébrale au pistolet hydro-pneumatique ! Un "ombicordon" y est ensuite relié pour accéder à son système nerveux. La partie peut enfin débuter !


Avec sa narration sinueuse semée de déconvenues et fausses pistes, David Cronneberg nous confine dans un jeu d'espionnage géré par des protagonistes interlopes ainsi qu'une race d'amphibiens hybrides. Ainsi, le pouvoir de fascination hypnotique qu'exerce eXistenz auprès du spectateur s'avère une expérience corporelle, viscérale, sensitive de par cet univers malsain auquel notre psyché ne puisse y résister. Par le truchement du couple Allegra Geller / Ted Pikul, nous tentons de comprendre les tenants et aboutissants du jeu versatile conçu pour divertir en façonnant une seconde réalité. Pour ce faire, David Cronenberg dépeint avec dérision notre besoin intrinsèque de rêve et d'évasion afin d'échapper à la morosité de notre quotidien. Il nous interpelle sur le danger perfide de ces nouvelles technologies élaborées dans un premier temps pour nous amuser afin de mieux nous asservir. Il traite notamment du rapport affectif, voir obsessionnel de la passion lorsque le psychisme de l'utilisateur se retrouve plonger au coeur d'un univers chimérique plus vrai que nature, car beaucoup plus stimulant que l'ancienne réalité ! Outre les méfaits addictifs du jeu-vidéo, on peut aussi établir une analogie avec nos technologies actuelles parmi lesquelles le téléphone portable ou les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) afin de se rendre compte à quel point l'être humain peut facilement se laisser influencer, envahir par l'abstraction (cynique) du virtuel ! Enfin, on peut aussi suggérer une réflexion existentielle sur la nature réelle de notre destinée auquel un "créateur" aurait finalement matérialisé notre vie à l'instar d'un jeu ludique ! Nous serions alors que les pantins articulés d'un fondateur manipulateur observant durant notre existence notre manière de régir notre postérité ! Outre ses thèmes passionnants précités, David Cronenberg continue de concevoir des images de cauchemar (le revolver confectionné à partir d'ossements et de dents humaines !) en interne d'un univers indescriptible où technologie et biologie sont en symbiose organique !


Casse tête chinois pour autant intelligible mais resté en suspens, eXistenZ constitue une expérience de cinéma cérébral auquel chaque visionnage renouvelle son pouvoir ensorcelant en ayant la troublante impression d'assister à un spectacle manipulateur où la réalité reste en interrogation. La farce d'un rêve binaire en somme démystifié par le terrorisme d'une personnalité équivoque...
Maintenant, dites moi la vérité lecteurs, nous sommes encore dans le jeu ? 

* Bruno
29.03.13. (3è visionnage addictif)

Récompenses: 1999: Ours d'Argent de la contribution artistique exceptionnelle pour David Cronenberg.
1999: Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam
2000: Prix Génie du meilleur montage

jeudi 28 mars 2013

LE MYSTERE DU TRIANGLE DES BERMUDES (The Bermuda Triangle)

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site posterdb.de

de René Cardora. 1977. Mexique/Italie. 1h30 / 1h50. Avec John Huston, Claudine Auger, Marina Vlady, Gloria Guida, Ugo Stiglitz, Andress Garcia, Carlos Heast.

Sortie salles France: 14 Avril 1978

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: René Cardona Jr est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste mexicain, né le 11 Mai 1939 à Mexico, décédé le 5 Février 2003 à Mexico.
1972: La Nuit des 1000 chats. 1977: Tintorera. 1977: Le Mystère du Triangle des Bermudes. 1978: Cyclone. 1979: Guyana, la secte de l'enfer. 1980: Otages en Péril. 1985: Les Diamants de l'amazone.

La famille Marvin est à la recherche d'une ville engloutie dans le secteur du "triangle des Bermudes". Elle va se trouver confrontée à une série d'incidents de plus en plus inquiétants, les membres de la famille et de l'équipage disparaissant les uns après les autres. A terre, c'est la stupéfaction générale après les appels de détresse car ce bateau a disparu depuis 12 ans.

Définition de Navet:
Sens 1: Plante potagère à la racine comestible.
Sens 2: Oeuvre sans valeur

A vous de choisir !

28.03.13
Bruno Matéï


mercredi 27 mars 2013

SPHINX

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviecovers.com

de Franklin J. Schaffner. 1981. U.S.A. 1h58. Avec Lesley Anne Down, John Gielgud, Maurice Ronet, Frank Langella.

FILMOGRAPHIE: Franklin J. Schaffner est un réalisateur et producteur américain, né le 30 Mai 1920 à Tôkyô, décédé le 2 Juillet 1989 à Santa Monica. 1963: Les Loups et l'agneau. 1964: Que le meilleur l'emporte. 1965: Le Seigneur de la Guerre. 1967: La Griffe. 1968: La Planète des Singes. 1970: Patton. 1971: Nicolas et Alexandra. 1973: Papillon. 1976: l'Île des Adieux. 1978: Ces Garçons qui venaient du Brésil. 1981: Sphinx. 1982: Yes, Giorgio. 1987: Lionheart. 1989: Welcome Home.


Echec commercial et critique lors de sa discrète sortie en 1981, Sphinx fait aujourd'hui office de rareté oubliée chez les cinéphiles. D'ailleurs, il suffit de surfer sur le net pour s'apercevoir qu'aucune critique n'eut été commentée afin de nous éclairer sur sa potentielle valeur cinématographique. On comprends aussi la raison de son échec public puisque la même année sort sur les écrans internationaux l'immense succès populaire Les Aventuriers de l'Arche perdue ! Avec un réalisateur aussi briscard et réputé derrière la caméra (Franklin J. Schaffner) et des acteurs de renom (la présence inopinée de Maurice Ronet se partageant la vedette parmi Frank Langella !), nous étions en droit d'escompter un film d'aventure homérique éventuellement inspiré des vicissitudes bondissantes d'Indiana Jones ! Le premier point positif est d'avoir osé confier le rôle principal à une jeune actrice des années 70, la charmante Lesley Anne Down. Sans faire preuve d'une grande persuasion, faute d'un jeu outré, la comédienne possède surtout un atout physique attrayant pour incarner une égyptologue à la fois vaillante et pleutre dans sa conquête inespérée d'un mystérieux tombeau.


Là où le bas blesse, c'est dans la confection du scénario d'une platitude exaspérante. Tout le film se résumant à une chasse au trésor monotone par l'entremise de discrètes péripéties auquel des espions (et traîtres) criminels sont lancés à ses trousses. En prime, les nombreuses maladresses de son pitch sporadique, le caractère peu crédible des situations (les incessants aller-retour de l'héroïne égarée sous les grottes) et la pauvreté des dialogues acheminent l'entreprise vers une inévitable bisserie. Seule, la beauté esthétique des décors pyramidales du Caire en passant par la vallée de Louxor, ainsi que le caractère haletant de sa première demi-heure, laissent en éveil notre timide attention. Si le film se révèle donc indubitablement raté, faute d'une réalisation peu inspirée et d'un scénario aseptisé, le charme rétro qui en émane inspire néanmoins une futile sympathie, rehaussée de l'élégance sensuelle de Lesley Anne Down. Enfin, les vingts dernières minutes vigoureuses laissent place à une action gentiment spectaculaire, et ce juste avant de nous stupéfier lors d'une révélation finale onirique.


Avec ces défauts techniques et narratifs compromettants, Sphinx s'érige en nanar maladroitement conçu par un vétéran du cinéma en l'occurrence peu motivé (Patton, la Planète des Singes, Papillon et le méconnu Ces Garçons qui venaient du Brésil). Pour les amateurs de raretés introuvables, il reste malgré tout à découvrir d'un oeil aussi curieux que distrait. 

27.03.13
Bruno Matéï

lundi 25 mars 2013

JEREMIAH JOHNSON

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemovies.fr

de Sydney Pollack. 1972. U.S.A. 1h56. Avec Robert Redford, Will Geer, Stefan Gierasch, Josh Albee, Delle Bolton, Paul Benedict.

Sortie salles France: 15 Septembre 1972

FILMOGRAPHIE: Sydney Pollack est un réalisateur, acteur et producteur américan, né le 1er Juillet 1934 à Lafayette dans l'Indiana (Etats-Unis), décédé d'un cancer le 26 Mai 2008 à Los Angeles. Il avait 73 ans.
1965: The Slender Thread. 1966: Propriété Interdite. 1968: Les Chasseurs de Scalps. 1968: The Swimmer. 1969: Un château en enfer. 1969: On achève bien les chevaux. 1972: Jeremiah Johnson. 1973: Nos plus belles années. 1975: Yakuza. 1975: Les 3 jours du condor. 1977: Bobby Deerfield. 1979: Le Cavalier Electrique. 1981: Absence de malice. 1982: Tootsie. 1985: Out of Africa. 1990: Havana. 1999: l'Ombre d'un soupçon. 2005: l'Interprète. 2005: Esquisses de Frank Gehry.


Western contemplatif entièrement tourné dans la contrée de l'Utah, Jeremiah Johnson retrace l'aventure initiatique d'un héros solitaire, délibéré à fuir la civilisation pour s'engouffrer vers une nature hostile. Inspiré de la vraie vie de John Johnson (le tueur de Corbeaux, ou Johnson, le mangeur-de-foie), ancien trappeur de la montagne de l'Ouest américain, Sydney Pollack nous invite à une aventure humaine inscrite dans le lyrisme. Sous un soleil radieux ou sous une neige abondante, les magnifiques paysages montagnards que traverse notre héros s'avèrent un hymne à l'écologie malgré la rudesse d'y subsister. Emaillé de péripéties impromptues entre l'hostilité des indiens et des grizzlys sauvages, Jeremiah Johnson va apprendre à survivre dans un milieu naturel dont il ne connaissait pas le codes de conduite. Au fil de ses diverses rencontres amicales avec divers pèlerins, il va notamment connaître la paternité avec un enfant abandonné ainsi que l'amour d'une jeune indienne en guise de transaction. Mais en portant assistance à une troupe de militaires égarés dans cette nature clairsemée, son destin va finalement le rappeler à la solitude pour s'exiler vers le Canada. Durant son long périple motivé par la vengeance et la bravoure de vaincre la rivalité des indiens Crows, Johnson apprend à vivre en toute autonomie dans un environnement qu'il réussit à apprivoiser ! Grâce à ces vicissitudes animées par un instinct de survie et une stoïcité à braver les dangers les plus fortuits, il devient aux yeux des citadins une véritable légende mystique !


Magnifiquement interprété par la présence humble de Robert Redford et sublimé par la mise en scène lyrique de Sydney Pollack, Jeremiah Johnson est une aventure humaine à la réflexion existentielle riche de considération. Parfois poignant dans ces tragédies imposées, souvent envoûtant et passionnant dans ces rencontres humaines et péripéties alertes, cet hymne à la liberté est une flamboyante odyssée sur la plénitude et le dépassement de soi. 

25.03.13. 2èx
Bruno Matéï

vendredi 22 mars 2013

Epouvante sur New-York /Q: The Winged Serpent

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Larry Cohen. 1982. U.S.A. 1h33. Avec Michael Moriarty, Candy Clark, David Carradine, Richard Roundtree, James Dixon.

Sortie salles France: 8 Septembre 1982. U.S: 8 Octobre 1982

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs. 1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3. - Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Jamais avare d'idées singulières effleurant parfois le ridicule sans jamais y sombrer (souvenez vous du bébé monstre ou de l'extra-terrestre hermaphrodite dans deux de ses pièces maîtresses !), Larry Cohen réalise en 1982 une modeste série B au concept saugrenu. Un gigantesque serpent ailé sème la terreur sous les toits de New-York. Au même moment, des sacrifices humains sont perpétrés par un dangereux psychopathe. Avec l'aide d'un loser affligeant de médiocrité, l'inspecteur Shepard tentera de mettre un terme à cette vague de meurtres. Petite précision en ce qui concerne la caractérisation de notre créature, et afin de mettre en exergue l'imagination débordante de Larry Cohen, le monstre en question se prénomme Quetzalcoatl (serpent à plume). Une divinité pan-mésoaméricaine (d'Amérique précolombienne) apparue à partir du 10è siècle au Mexique central. Et si Epouvante sur New-York pâtit d'une mise en scène un peu anarchique dans son montage maladroit, l'originalité de son scénario, aussi futile soit-il, les séquences chocs quotidiennes est surtout la caractérisation impartie au personnage principal, anti-héros dénué de valeurs humaines, rendent l'aventure tout à fait attractive. Ainsi, en rendant hommage à King-kong et aux créatures mythologiques du maître du stop-motion, Ray HarryhausenLarry Cohen emploie ici la même méthode archaïque afin de parfaire son monstre ailé se déplaçant au dessus des toits.


Et on peut dire que ces apparitions dantesques fascinent autant qu'elles amusent par cette poésie naïve qui y émane. En prime, le film regorge de quelques séquences gores réussies (le dépeçage au couteau d'un visage humain révélé à deux reprises, l'apparition d'un cadavre putréfié ou les plans explicites accordés aux diverses décapitations). Sans se prendre au sérieux, le réalisateur injecte lors de certains dialogues (plutôt superficiels) un humour sarcastique pour les réparties échangées entre les flics et notre protagoniste risible. Enfin, pour rajouter un peu de dynamisme épique au récit, la confrontation finale localisée sur le toit d'un building entre le service d'ordre et le monstre ne manque pas de vigueur auprès des échanges de tirs et les attaques sanglantes qui s'ensuivent. Mais ce qui surprend surtout dans cette plaisante série B, c'est l'audace d'avoir attribué le rôle principal à cet antagoniste marginal complètement oisif, couard, égoïste, machiste, ingrat, abusif, et j'en passe. A cet effet, Larry Cohen a su faire preuve de bon sens pour porter son choix sur Michael Moriarty. Si bien que cet acteur de seconde zone endosse son rôle pathétique avec une aisance assez irrésistible lorsqu'il décide d'extorquer la police en jouant la star médiatique. En effet, sachant qu'il est le seul a connaître la véritable planque du monstre, notre malfaiteur en profite pour rameuter les médias et soutirer 1 million de dollars au commissaire de la ville. Cette astuce scénaristique permet au métrage de rehausser son efficacité avec dérision pour l'étude de caractère imparti à ce loser décomplexé pitoyable d'exubérance vaniteuse.

Modeste série B du samedi soir à savourer entre amis, Epouvante sur new-York n'a rien perdu de son charme (aujourd'hui rétro) et de sa loufoquerie d'avoir su nous élaborer sans prétention une petite bisserie insolite parmi l'aimable participation de David Carradine en flic déterminé.

*Bruno
02.08.23. 5èx
22.03.13.

jeudi 21 mars 2013

La Chasse / Jagten / The Hunter

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmofilia.com

de Thomas Vinterberg. 2012. Danemark. 1h55. Avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Annika Wedderkopp, Lasse Fogelstrom, Susse Wold, Anne Louise Hassing.

Sortie salles France: 14 Novembre 2012

FILMOGRAPHIE: Thomas Vinterberg est un réalisateur, scénariste et producteur danois, né le 19 Mai 1969 à Copenhague. 1996: Les Héros. 1998: Festen. 2000: The Third Lie. 2003: It's All About love. 2005: Dear Wendy. 2007: Un Homme rentre chez lui. 2010: Submarino. 2012: La Chasse.


14 ans après le foudroyant Festen, couronné du Prix du Jury à CannesThomas Vinterberg aborde à nouveau le thème de la pédophilie dans La Chasse, un drame psychologique d'une puissance dramatique difficilement gérable. Dans une école maternelle, l'éducateur Lucas est suspecté de pédophilie après les aveux équivoques d'une fillette avec qui il entretenait une complicité amicale. Rapidement, la rumeur se répand auprès des familles et l'homme va devoir faire face à un lynchage collectif. Avec la présence exceptionnelle de Mads Mikkelsen (la révélation de la trilogie Pusher), récompensé à juste titre du Prix d'interprétation à Cannes, La Chasse nous retrace le désarroi d'un père  injustement accusé de pédophilie. Littéralement transi d'affliction, partagé entre la honte, le désespoir et la dignité de braver l'injustice, l'acteur nous livre une performance viscérale à coeur ouvert !


Avec un réalisme glaçant incessamment dérangeant, nous suivons dans une chronologie détaillée son interminable calvaire à devoir accepter les multiples accusations puis survivre sous l'accablement de l'injustice. Réflexion sur le poids de l'affabulation, la persécution et la culpabilité, ainsi que l'esprit de persuasion impartie à la fragilité de l'enfant, Thomas Vinterberg dénonce ici l'intolérance d'une province réactionnaire persuadée de détenir la vérité par le témoignage infantile. La suspicion des habitants rendus paranoïaques cède vite à l'accusation quand la parole d'un bambin n'est jamais remise en cause. L'inconscient collectif, l'autosuggestion et la terreur épidermique de gamberger un abus sexuel chez son enfant vont être les catalyseurs d'une chasse où la haine et la violence vont s'extérioriser chez chaque citadin. L'extrême empathie éprouvée pour ce père divorcé ayant comme seul soutien la conviction de son fils nous laisse en état de collapse par leur densité psychologique allouée et cette confiance mutuelle qu'ils unifient.


Effroyable descente aux enfers d'une intensité dramatique d'exception, La Chasse est un électro-choc émotionnel à la puissance psychologique proche du marasme. L'extrême rigueur d'une mise en  scène circonspecte réfutant le pathos et l'interprétation sensitive de Mads Mikkelsen convergent à un moment de cinéma inoubliable où le pardon reste encore une valeur noble.  

21.03.13
Bruno 

Récompenses: Festival de Cannes 2012: Prix d'interprétation masculine pour Mads Mikkelsen, Prix du Jury oecuménique.
Prix du cinéma européen 2012: Scénariste européen de l'année pour Thomas Vinterberg et Tobias Lindholm.
British Independent Film Awards 2012: Meilleur Film indépendant international.
Prix Vulcain de l'artiste technicien 2012: Charlotte Bruus Christensen, directrice de la photographie.
Festival international du film de Vancouver 2012: Rogers People's Choice Award

mercredi 20 mars 2013

Rush

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Lili Fini Zanuck. 1991. U.S.A. 2h00. Avec Jason Patric, Jennifer Jason Leigh, Sam Elliott, Max Perlich, Gregg Allman, Tony Frank, William Sadler.

Sortie salles France: 29 Avril 1992. U.S: 22 Décembre 1991

FILMOGRAPHIE: Lili Fini Zanuck est une productrice et réalisatrice américaine, née le 2 Avril 1957 à Leominster dans le Massachusetts. Il s'agit de l'épouse du producteur Richard D. Zanuck. 1991: Rush
1998: From the earth to the moon (Télé-film). 2005: Revelations (Télé-film). 


Polar dramatique rugueux illustrant sans fioriture la descente aux enfers de deux agents des stupéfiants infiltrés dans le milieu de la drogue, Rush relate leur parcours chaotique avec un réalisme implacable. Reposant sur les épaules du duo de choc Jason Patric et Jennifer Jason Leigh, le film met en exergue les ravages de la drogue quand un couple d'agents est contraint de se faire passer pour des junkies afin de faire tomber un gros bonnet. Or, pour paraître convaincants, Jim et Kristen doivent consommer diverses drogues dures face à la présence des dealers afin d'éviter toute suspicion policière. La force houleuse de la narration résidant dans cette épreuve de force qu'endurent ces infiltrés puisque rapidement tributaires du produit toxique. Ainsi, en évitant le piège de la complaisance, Rush dénonce avec tact et sans moralisme les effets cyniques de la drogue lorsque l'usager intoxiqué ne peut plus faire marche arrière. Par ailleurs, la réalisatrice en profite notamment pour aborder la corruption policière chez certains dirigeants peu scrupuleux. Avec une belle intensité dramatique, les interprètes Jason Patric et Jennifer Jason Leigh s'avèrent particulièrement poignants dans leur rôle versatile compromis à une déchéance aussi bien morale que physique. C'est par leur complicité amoureuse, leur soutien mutuel que le couple puisera la force morale de pouvoir se désintoxiquer. En prime, le final bouleversant surprend pas son nihilisme perfide afin d'enfoncer le clou dans cette déroute policière où personne n'en sortira victorieux.


Rythmé par la guitare acoustique d'Eric Clapton, Rush est un polar âpre d'un humanisme aigri, réquisitoire cruel sur le fléau universel de la drogue. Un film fort et poignant dans son ambivalence psychologique impartie aux protagonistes désespérés. Un couple en perdition engagé dans une lutte sans victoire où les notions de bien et de mal y sont galvaudées puisque contraints de braver l'autorité afin de subvenir à la victoire.  

30.03.13. 3èx
Bruno