Sortie salles: 14 Décembre 2023
FILMOGRAPHIE: Stefano Sollima, né le 4 mai 1966 à Rome, est un cinéaste et réalisateur italien. 2012 : A.C.A.B.: All Cops Are Bastards. 2015 : Suburra. 2018 : Sicario : La Guerre des cartels (Sicario: Day of the Soldado). 2021 : Sans aucun remords (Without Remorse). 2023 : Adagio.
Maître du polar italien contemporain, Stefano Sollima ne déroge pas à la règle d'y transfigurer un nouveau morceau de cinéma à la fois substantiel et formel (quasiment chaque plan est soigneusement stylisé) comme on n'a plus coutume d'en voir de nos jours. L'histoire "contemplative" d'un jeune orphelin adopté par un père incapable de le choyer et qui, au fil d'un acte répréhensible est contraint de négocier une mission de filature avec la police au sein d'une boite de nuit. Or, se ravisant au moment d'y découvrir une caméra planqué au mur, Manuel demande l'aide de son père depuis qu'une police véreuse est à sa recherche pour l'occire. Splendide polar noir d'une dimension psychologique rigoureuse au fil d'un vénéneux récit impeccablement structuré, qui plus est prenant son temps pour y planter son univers mortifère (avec en filigrane un brasier métaphorique) et ses protagonistes auquel nous nous familiarisons auprès de leurs fêlures morales que Sollima délivre lestement au compte goutte, Adagio est une virée nocturne à la dramaturgie sobrement mise en place.
Renforcé de la présence infaillible d'authentiques gueules d'acteurs (ici sclérosés) accompagné d'un jeune paumé écarquillé traqué tous azimuts, Adagio n'a aucune peine pour nous immerger dans leurs conflits parentaux (avec une habile inversion des rôles anti-manichéens) à travers les thématiques de la culpabilité, de la trahison, de la corruption puis enfin de la rédemption de dernier ressort. Les personnages pourchassés demeurant aussi bien fascinants qu'empathiques lorsque deux pères s'efforcent in extremis de se remettre en cause pour tenter de réparer leur déroute d'un passé déloyal. Ainsi, vouant un amour immodéré pour sa mise en scène scrupuleuse et pour ses comédiens habités par l'amertume et la hantise de la faucheuse, Stefano Sollima transcende son récit nécrosé avec une rigueur émotionnelle intelligemment dépouillée. Truffé de détails techniques et narratifs inventifs, baroques, alambiqués afin de nous maintenir captivé tout le long de ce chemin de croix fataliste, Adagio se décline sans prétention en moment de cinéma crépusculaire auprès de son intimité psychologique latente toute à la fois mélancolique, meurtrie, désoeuvrée, sentencieuse au sein d'une capitale acrimonieuse.
*Bruno
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