vendredi 10 mai 2024

Zombie / Dawn of the Dead

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de George A. Romero. 1978. U.S.A/Italie. 1h59 (version Européenne). Avec David Emge, Ken Foree, Scott H. Reiniger, Gaylen Ross, David Crawford

Sortie salles France: 11 Mai 1983 (Int - 18 ans). U.S: 2 Septembre 1979 (classé X)

FILMOGRAPHIE: Georges Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York. 1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 

 
"Romero dévore l’Amérique"
Mastodonte inégalé du film de morts-vivants contemporain, Zombie traumatisa de bonheur toute une génération 80, emportée par son déchaînement d'action non-stop, son ultra-violence documentaire et ses séquences de flippe qui irriguent le récit sans modération. Le tout baigne dans une patine réaliste, symptomatique des Seventies, que Romero et son complice Argento (pour la version européenne) transcendent, portés par un montage véloce, étourdissant d’intensité. Par instants, on ne sait littéralement plus où donner de la tête.

Et pour les critiques snobinards qui théorisent, post-facto, une satire de la société de consommation – à l’origine, comme pour La Nuit des Morts-Vivants, Romero n’a jamais cherché à s’éclipser derrière un discours politique. Car Zombie, avant tout, c’est un monument d’actionneur bourrin, d’une efficacité maximaliste. Et même après cinquante visions, cinquante ans plus tard, il reste fun, rageur et jubilatoire, de la première à la dernière bobine. Deux heures aussi lessivantes que capiteuses. Il faut le vivre pour mesurer l’impact qu’il continue d’exercer sur notre émotivité, avec une énergie (auto)destructrice.

Romero, en maître d’orchestre instinctif, nous immerge dans un hypermarché devenu forteresse assiégée, aux côtés d’un quatuor de survivants (trois hommes, une femme) venus s’y confiner, tentant de préserver un présent déjà rongé par le chaos. À ce titre, les séquences intimistes et mélancoliques, où affleurent leurs états d’âme sentencieux, demeurent d’une éloquence contenue, empreinte d’une pudeur contrariée.

Les zombies, grimés de fards bleuâtres aux maquillages modestes, n’en restent pas moins fascinants, inquiétants, hypnotiques. Leur démarche, génialement lymphatique – véritable chorégraphie commune –, couplée à leurs regards hagards, dénués d’expression, produit un effet immédiat : on y croit à fond, sans poser de questions. Leur menace est crédible. D’autant plus que les survivants, stoïques mais fragiles, sont rongés de l’intérieur. Ils contemplent, en direct, la déliquescence morale du monde. Folie, jouissance sadique, pensées suicidaires : l’humain s’effondre, contaminé de l’intérieur.

Le centre commercial, filmé sous toutes les coutures, devient un terrain de jeu paranoïaque. Romero en explore chaque recoin avec une inventivité débridée, notamment lors de séquences de défense aux stratégies aussi absurdes que brillamment percutantes.

Et que dire de cette pléthore d’effets sanglants, à n’en plus finir – aussi émétiques que jubilatoires ? Romero et Tom Savini s’en donnent à cœur joie dans la chair éclatée, les membres arrachés, les corps démembrés, les têtes explosées ou décapitées, avec un réalisme d’une crudité implacable. Car si Zombie dérange autant, c’est aussi par sa vérité nue : le portrait sans fard d’un égoïsme primaire, d’un instinct de possession féroce chez ces survivants repliés sur leur gâteau bientôt convoité par une horde de Hell’s Angels.

D’une ultra-violence à la fois cartoonesque et viscéralement éprouvante, Zombie parvient à être fun tout en restant profondément dérangeant, inquiétant, malaisant. Il déprime. Il secoue. Il exorcise. Ses actions sont animées par la folie, le goût du sang, le plaisir de tout foutre en l’air. Jusqu’à un final terriblement nihiliste.

 
"Zombie : l’apocalypse en boucle"
Chef-d’œuvre inextinguible d’horreur souveraine, au cœur d’une action dégénérée que nul cinéaste n’a su égaler, Zombie irradie une folie furibarde, une énergie primitive, malsaine, belliqueuse, mais étrangement fascinante. Il désarme. Il bouleverse. Par sa dérision sardonique, sa cruauté authentique (insalubre), il révèle que le pire ennemi de l’homme… c’est encore l’homme.

Un des plus grands films de l’histoire, porté par l’inoubliable partition électrisante des Goblin, qui scelle son impact émotif d’une manière dévastatrice. Un cinéma d’audace, de rage politique malgré lui, aujourd’hui tristement disparu.

*Bruno

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