mardi 27 août 2013

LE LABYRINTHE DE PAN (El laberinto del fauno)

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site locecine.info

de Guillermo Del Toro. 2006. Espagne/Mexique. 1h59. Avec Ivana Baquero, Doug Jones, Sergi Lopez, Maribel Verdu, Ariadna Gil, Alex Angulo.

Sortie salles France: 1er Novembre 2006. Espagne: 11 Octobre 2006. Cannes: 27 Mai 2006

Récompenses: Oscars de la meilleure Photographie, Meilleure Direction Artistique et Meilleurs Maquillages, 2006.
Meilleur Film et Meilleur Acteur (Sergi Lopez) à Fantasporto, 2007
Meilleur Film International, Meilleure jeune Actrice, Ivana Baquero, au Saturn Awards, 2007
Meilleur Film au NSFC Awards, 2007
Meilleur Long-métrage au Prix Hugo, 2007

FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique).
1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim.


Deux ans après l'adaptation du Comic Hellboy, Guillermo Del Toro renoue avec le fantastique intimiste qu'il avait préalablement abordé dans l'Echine du Diable sous un contexte politique franquiste. Conte onirique et drame de guerre ne cessent de se télescoper dans Le Labyrinthe de Pan avec une verdeur qui en aura brusqué plus d'un ! La faute en incombe notamment à l'aspect onirique de son affiche publicitaire suggérant une aventure fantastique éludée de violence acerbe. A contrario, Guillermo Del Toro n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer les horreurs du fascisme durant la guerre d'Espagne à tel point que le film s'avère constamment éprouvant, surtout devant le témoignage d'une môme désabusée. A travers ses yeux de rêveuse et afin de fuir la violence qui l'entoure, le réalisateur nous évade dans son monde onirique avec l'entremise de créatures hybrides sorties des contes obscurs. Avec sa fille Ofelia, Carmen part rejoindre l'armée de son mari tyrannique, le capitaine Vidal. Pour fuir la réalité d'une guerre sanglante et impitoyable auquel des résistants tentent de pourchasser Vidal et en attendant que sa mère enceinte se rétablisse, Ofelia se réfugie dans les contes de fée sous l'entremise d'un insecte. Avec l'étrange compagnie d'un faune, elle va devoir tenter de retrouver le labyrinthe lui permettant de se réincarner en princesse. Mais la condition est rude, sacrifier la vie de son futur petit frère afin de pouvoir bénéficier de la vie éternelle dans le monde souterrain ! 


Avec originalité et ambition personnelle, Guillermo Del Toro juxtapose ici l'aventure onirico-spirituelle et le drame cruel des exactions belliqueuses afin d'établir un contraste entre la chimère du rêve et la réalité d'une guerre sanguinaire. Pourvu d'un esthétisme flamboyant (le monde souterrain, le bois insolite habitée par des créatures hétérogènes) et ténébreux (le campement forestier de Vidal et l'isolement des prisonniers régi au sein d'une grange), Le Labyrinthe de Pan fait appel à l'imaginaire d'une fillette candide, désespérément esseulée d'un monde tyrannique où le fascisme tente d'inculquer son éthique (l'inégalité des ethnies pour valoriser la prépondérance de leur état). Avec l'apparition inédite de créatures difformes étonnamment expressives, nous allons suivre son cheminement fantasque avec une émotion endeuillée. Dans le sens où Guillermo Del Toro s'attache à retranscrire en parallèle les horreurs de la guerre sous le témoignage de partisans sévèrement molestés et d'une mère enceinte en perdition. Sans faire preuve d'indulgence, il souhaite nous ébranler pour dénoncer la barbarie du fascisme devant l'attestation de la maternité et de l'enfance galvaudée. Les scènes de violence frontale ou de tortures infligées dérangent et incommodent le spectateur avec une véracité nauséeuse pour mettre en exergue l'iniquité du sacrifice impartie aux souffre-douleur de la résistance. Alors que dehors, non loin d'une forêt insolite, Ofélia tente de rejoindre un monde souterrain où toutes formes de souffrance et de douleur en ont été bannies. Il en émane une émotion bouleversante par tant de sévice infligée mais aussi un lyrisme désespéré à tenter de nous réconforter avec la destinée enchanteresse d'Ofelia. 


Soutenu par l'inoubliable partition élégiaque de Javier Navarrete, le Labyrinthe de Pan fait office de chef-d'oeuvre du fantastique transgressif par son alliage peu commun d'horreur pure et de fantaisie féerique. La puissance émotionnelle qui émane de son lyrisme désenchanté et la verdeur autorisée à sa cruauté intolérable nous laisse dans un état de collapse. Une oeuvre dure et inconfortable mais saisissante de beauté métaphorique, car contrebalancée par une poésie libératrice où le sens du sacrifice prend toute sa dignité. 

27.08.13. 2èx
Bruno Matéï


lundi 26 août 2013

UN ELEVE DOUE (Apt Pupil)

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site dl-more.eu

de Bryan Singer. 1998. U.S.A/France. 1h50. Avec Brad Renfro, Ian McKellen, David Schwimmer, Ann Dowd, Bruce Davison, Elias Koteas, Joe Morton.

Sortie salles France: 20 Janvier 1999. U.S: 23 Octobre 1998

FILMOGRAPHIE: Brian Singer est un réalisateur et producteur américain, né le 17 Septembre 1965 à New-York aux Etats-Unis.
1993: Ennemi Public. 1995: Usual Suspects. 1998: Un Elève Doué. 2000: X Men. 2003: X Men 2. 2006: Superman Returns. 2009: Walkyrie. 2013: Jack, le Chasseur de Géants. 2014: X Men: Days of Future Past.


Trois ans après Usual Suspect, Brian Singer s'entreprend d'adapter une nouvelle de Stephen King (Différentes Saisons) pour retracer l'itinéraire sulfureux d'un jeune adolescent, fasciné par le Mal chez un ancien criminel de guerre. Son échec commercial et les critiques mitigées lors de sa sortie sont sans doute à reporter sur l'ambiguïté de son scénario couillu, le rapport masochiste qu'entretiennent les deux antagonistes et le climat malsain que Brian Singer distille sans complexe autour de leurs faits et gestes. Qui plus est, pour renforcer le malaise diffus, il ne décide à aucun moment de les juger et ne fait qu'explorer leur cheminement d'une conscience vénale subordonnée à l'arrivisme et la prépondérance. En situation inconfortable, le spectateur se sent d'autant plus complice et voyeur d'un duel psychologique intimement partagé avec deux monstres érudits.


Thriller psychologique austère par le rendu de son ambiance implacable, Un Elève Doué nous fait partager l'intimité d'un ancien criminel nazi, Kurt Dussander, contraint de collaborer avec l'un de ses jeunes voisins pour lui dévoiler le détail de ses exactions meurtrières durant le génocide juif. Fasciné par le Mal et la mort, Todd est un brillant étudiant ayant réussi après moult investigations personnelles à débusquer le visage de cet authentique monstre nazi. Il décide donc de le faire chanter afin de mieux connaître l'idéologie du meurtre et de la cruauté.
Dominé par les prestations autoritaires de l'illustre Ian McKellen et du jeune Brad Renfro (au jeu naturel terrifiant d'impassibilité !), Un Elève Difficile traite donc de l'influence du Mal par l'entremise d'un ancien bourreau SS. Cette relation singulière que le jeune Todd va entretenir avec son ascendant va peu à peu le plonger dans les racines du Mal et le déshumaniser de son entourage (échec scolaire, repli sur lui même et relation sentimentale amorphe). Mais leur liaison bâtie sur le mensonge, le chantage, la trahison et la manipulation est surtout un jeu d'asservissement pour la quête d'une domination individuelle et au final, une prémunition pour leur culpabilité !


Né pour tuer
Hermétique par l'aura de souffre qui se dégage de son climat malsain et sa déviance psychologique, Un Elève Doué provoque un malaise tangible durant cette rivalité de perversion entre deux générations distinctes. Porté à bout de bras par le couple Ian McKellen / Brad Renfro, leur confrontation intense nous dirige vers une réflexion sur la contagion du Mal, le désir de soumission et l'instinct cruel régi par la mégalomanie de l'homme. 

26.08.13. 2èx
Bruno Matéï





vendredi 23 août 2013

THE CONJURING

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site comingsoon.net

de James Wan. 2013. U.S.A. 1h52. Avec Vera Farmiga, Patrick Wilson, Lili Taylor, Ron Livingston, Mackenzie Foy, Shannon Kook-Chun, Joey King, Hayley McFarland.

Sortie salles France: 21 Août 2013. U.S: 19 Juillet 2013

FILMOGRAPHIEJames Wan est un producteur, réalisateur et scénariste australien né le 27 Février 1977 à Kuching (Malaisie), avant de déménager à Perth (Australie).
2004: Saw, 2007: Dead Silence, Death Sentence, 2010: Insidious. 2013: The Conjuring. 2013: Insidious 2.


Trois ans après l'épatant Insidious, déclinaison à peine déguisée de Poltergeist, James Wan renoue avec l'épouvante académique des esprits frappeurs et de la possession en rendant hommage cette fois-ci à Amityville et l'Exorciste (foi catholique à l'appui !). Précédé d'une réputation notable avant même sa sortie, The Conjuring est érigé sur un potentiel fait divers raconté par les enquêteurs du surnaturel, Ed et Lorraine Warren. Ce couple de chasseurs de fantômes est aujourd'hui contraint de prêter main forte à un couple et leurs enfants, pris à partie avec une entité diabolique dans leur nouvelle bâtisse poussiéreuse. Ce pitch symptomatique du thème de la hantise emprunte ici tous les clichés rebattus aux classiques du genre et aux Dtv de fond de tiroir. Seulement voilà, James Wan étant féru de films de demeure hantée et de possession démoniaque, il les connaît sur le bout des ongles et s'évertue de façon circonspecte à renouveler la trouille au cinéma. A l'instar du trépidant train fantôme Insidious, s'il n'hésite pas à déballer l'artillerie lourde de vieilles ficelles convenues, il va à nouveau affiner son savoir-faire technique pour provoquer les affres de la peur ! En l'occurrence, cette nouvelle mouture concoctée avec une vieille formule (même l'époque se focalise sur la période des seventies !) fonctionne à tel point que nous sommes persuadés que la demeure du couple Perron est habitée par le diable ! La peur irrépressible du noir, une porte qui grince ou qui claque, un saut dans le vide, trois claps de mains, un placard mesquin, des volatiles suicidaires, une poupée sardonique, une cave mortuaire et surtout, surtout, une entité maléfique que l'on redoute à sa prochaine résurgence !


Pour parfaire son intrigue surnaturelle parsemée de jump scares techniquement adroits (avec une impeccable gestion de l'attente préalablement distillée !) et rebondissements cinglants, James Wan prend d'abord soin de nous familiariser avec la vie conjugale des Perron mais aussi celle des Warren. Il entretient une inévitable empathie auprès de cette famille sévèrement molestée par le surnaturel, et peaufine en parallèle les rapports amoureux qui unissent le couple Warren. Cette étude de caractère est d'autant mieux retranscrite par la sobriété de chacun des comédiens qu'ils sont épris d'une fragilité émotive (les enfants persécutés sont sur ce point admirables de vérité prude). A tel point que l'on se surprend à éprouver une émotion poignante vers l'issue de leur destin. Au caractère crédible des personnages s'ajoute un argument informatif en la personne des Warren. Avec force et détails, James Wan prend soin de crédibiliser leur situation professionnelle avec un aspect parfois documentaire (images et vidéos d'archive à l'appui) et aussi une conviction spirituelle en leur foi catholique. Leur manière d'élucider le vrai du faux dans les affaires de possession ou de hantise, leur solidarité mutuelle pour résister aux forces imparables du Mal et surtout leur connaissance dans le domaine des affaires inexpliquées renforcent l'aspect érudit de leur profession. Jusque dans leur tanière où ont été prudemment regroupés dans une pièce secrète tous les objets maléfiques qu'ils ont pu récupérer chez autrui. Si la première heure sait habilement doser la suggestion d'une angoisse latente et une montée grandissante du suspense jusqu'au fameux rebond fortuit, la suite des vicissitudes s'avère de plus en plus spectaculaire, intense et éprouvante. A l'image de sa seconde partie orientée vers le thème de la démonologie avec l'improvisation d'un exorcisme fébrile aux visions d'effroi.


Avec la densité de ces personnages, James Wan accomplit avec The Conjuring un film d'épouvante rigoureusement efficace, affolant et maîtrisé (plan séquence d'ouverture, travellings aériens, cadrages alambiqués) en exploitant à merveille les sombres recoins d'une demeure gothique. Mais surtout, il invoque par intermittence des moments de peur tangible renforcés par un effet de surprise aléatoire sans une quelconque esbroufe sanguinolente. Car ici, on ne sait jamais dans quel cadre de la pièce la prochaine attaque aura lieu ni qui en sera la future victime ! Conçu comme un train fantôme, The Conjuring n'est donc pas vendu sur une vacuité mercantile pour tenir honorablement ses promesses de peur diffuse. On pardonne donc aisément son florilège de situations redondantes et l'aspect purement orthodoxe de son scénario.

La Chronique de The Conjuring 2: http://brunomatei.blogspot.fr/…/conjuring-2-le-cas-endfield…

24.08.13 (232)
20.06.16


                                       

DEAD SILENCE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site screen-play.fr

de James Wan. 2007. U.S.A. 1h31. Avec Ryan Kwanten, Amber Valleta, Donnie Wahlberg, Michael Fairman, Joan Heney, Bob Gunton, Laura Regan.
Sortie salles France: 21 Novembre 2007. U.S: 16 Mars 2007

FILMOGRAPHIE: James Wan est un producteur, réalisateur et scénariste australien né le 27 Février 1977 à Kuching (Malaisie), avant de déménager à Perth (Australie).
2004: Saw, 2007: Dead Silence, Death Sentence, 2010: Insidious. 2013: The Conjuring. 2013: Insidious 2.


Au 6è siècle avant J.-C., on croyait que les esprits des morts parlaient du ventre des vivants. 
Des mots latins VENTER: "ventre" et LOQUI: "parler" vient le mot VENTRILOQUE (ventriloquist)

Trois ans après le cultissime Saw, James Wan continue d'exploiter le filon horrifique pour rendre hommage cette fois-ci au conte d'épouvante avec Dead Silence. Un titre tout à fait judicieux puisqu'ici les victimes ne doivent pas exclamer le moindre cri avant de mourir mais plutôt garder le silence afin d'y survivre ! Après avoir été livré d'un colis anonyme comprenant une poupée, un couple est l'objet d'une diabolique machination. Avec la mort inexpliquée de sa femme, découverte la langue arrachée, Jamie Nash décide de mener sa propre enquête afin d'élucider ce meurtre. Son investigation le ramène dans son pays natal où le fantôme d'une certaine Mary Shaw semble terroriser la population. 


Le premier éloge que l'on peut concéder au nouveau prodige de l'horreur, c'est le soin esthétique imparti à sa scénographie gothique d'un raffinement classieux. Pourvu d'une photo désaturée contrastant avec un rouge rutilant, Dead Silence est un éblouissement pour les yeux tant James Wan sait peaufiner ses cadres dans un environnement nocturne avec une ambition picturale. Que ce soit au sein d'un amphithéâtre flambant neuf ou réduit à l'abandon, en interne d'un cimetière diaphane, d'une bâtisse architecturale ou d'un village fantôme. Cet atmosphère séculaire d'une épouvante gothico-onirique nous fascine d'autant plus que son pitch sait utiliser de bonnes vieilles ficelles pour réinventer l'angoisse (la peur du noir et du mutisme) sous l'entremise d'une mégère décatie accoutrée d'une poupée sardonique. A l'image de son prologue terrifiant, James Wan élabore un montage adroit pour distiller l'appréhension d'un danger indécis et exploite judicieusement un travail sur le son des plus acerbes. En jouant sur la peur enfantine d'une poupée impassible, le réalisateur déclare son affection à ces automates étrangement hagards, ici pourvus d'une entité démoniaque par l'entremise du fantôme revanchard. Avec une certaine originalité, il emprunte l'idée du spectre maudit sous l'apparence d'une sexagénaire hargneuse, délibérée à consigner les enfants insolents pour leur trancher la langue. Si Dead Silence est efficacement pensé pour rendre hommage à une épouvante archaïque, on n'en dira pas tant de son épilogue complètement dérisoire. Un rebondissement inutile surfant maladroitement sur l'effet de stupeur précédemment invoqué dans Saw, car sensé provoquer chez le spectateur un effet de stupeur ébouriffant !


Efficacement troussé dans une intrigue captivante et jalonné de moments parfois terrifiants (son préambule meurtrier, les diverses apparitions de Mary Shaw, la 1ère représentation théâtrale de Billy devant un public incommodé, le final confiné derrière la tribune poussiéreuse), Dead Silence sait jouer de dérision macabre et de soin formel pour contredire les sentiments anxiogènes du silence pesant et du cri horrifiant !

23.08.13. 3èx
Bruno Matéï

jeudi 22 août 2013

TONNERRE DE FEU (Blue Thunder)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de John Badham. 1983. U.S.A. 1h49. Avec Roy Scheider, Warren Oates, Candy Clark, Daniel Stern, Paul Roebling, David Sheiner, Joe Santos, Malcolm McDowell.

Sortie salles France: 17 Août 1983. U.S: 13 Mai 1983

FILMOGRAPHIE: John Badham est un réalisateur et producteur britannique, né le 25 Août 1939 à Luton.
1976: Bingo. 1977: La Fièvre du samedi soir. 1979: Dracula. 1981: C'est ma vie après tout. 1983: Tonnerre de feu. 1983: Wargames. 1985: Le Prix de l'exploit. 1986: Short Circuit. 1987: Etroite Surveillance. 1990: Comme un oiseau sur la branche. 1991: La Manière Forte. 1992: Nom de code: Nina. 1993: Indiscrétion Assurée. 1994: Drop Zone. 1995: Meurtre en suspens. 1997: Incognito. 1998: Road Movie.

"IL" EST LA...
Pilotant l'arme la plus redoutable jamais conçue...
Le "TONNERRE DE FEU" !
En son pouvoir, une caméra infra rouge voit au travers des murs de votre chambre.
Un micro enregistre toutes vos conversations intimes.
Et un canon électronique, magnum de 20 mm à six barillets, peut transformer votre quartier en un véritable enfer d'apocalypse.
Il vole, LA, juste au dessus de vous !
Et SEUL, un homme peut l'empêcher d'être utilisé contre vous.



Réalisé John Badham, briscard du cinéma de genre, Tonnerre de Feu fit grand bruit lors de sa sortie en salles en 1983 pour la facture ultra spectaculaire de son action explosive et l'idée singulière d'un appareil de filature façonné pour l'espionnage. D'après un scénario de Dan O'Bannon, le film s'approprie d'un argument d'anticipation afin de mettre en garde les dérives des technologies modernes et les nouveaux procédés de surveillance à distance. En l'occurrence, John Badham imagine la conception révolutionnaire du Blue Thunder (en français: tonnerre bleue !). Un hélicoptère ultra perfectionné apte à espionner par caméra infrarouge à travers les murs, écouter et enregistrer les conversations indiscrètes à l'aide d'un micro, et tirer à canon électronique sur n'importe quelle cible. Cette arme ultra moderne étant principalement conçue pour mieux déjouer la violence urbaine et le terrorisme de grande ampleur à l'approche des jeux olympiques. Suite à l'agression meurtrière d'une militante contre la délinquance, Spoil ! l'officier Frank Murphy va découvrir que cet assassinat avait été prémédité par des dirigeants policiers et magistrats afin de vanter l'efficacité novatrice du Blue Thunder. Conscient de son utilisation illicite, Frank décide de dérober l'appareil et tente de dévoiler aux médias une conspiration politique. Fin du Spoil.


Avec sa mise en scène virtuose déployant des séquences homériques au souffle épique, Tonnerre de Feu coiffe au poteau la plupart des films d'action entrepris durant la décennie 80. Et il faudra attendre le maître étalon du genre, Die Hard de John Mc Tiernan pour retrouver une telle efficacité narrative et surtout une ampleur visuelle décoiffante imputée à sa pyrotechnie. Avec la présence attachante de trois gueules burinées invétérées (Roy Scheider magnétise l'écran avec son traditionnel charme viril, Warren Oates lui donne la réplique avec retenue et Malcolm McDowell excelle à les provoquer dans celui d'un traître sarcastique !), John Badham possède un don inné pour élaborer un spectacle attractif à partir d'une réflexion alarmiste sur la vidéosurveillance. Car il faut bien le dire, l'aspect fascinant de son argument en revient tout autant à la star charismatique du "Blue Thunder", engin aérien pourvu de gadgets indécents afin de prôner l'institution du "big brother". Il faut le voir se faufiler entre les buildings des cités urbaines pour contrecarrer moult poursuites endiablées parmi des avions de chasse ! A cet égard, durant ces 45 ultimes minutes, John Badham nous peaufine assidûment un spectacle ahurissant de haute voltige à la technicité fluide (looping à l'appui !). C'est simple, nous sommes véritablement immergés dans la peau d'un pilote d'aéronef survolant en plein ciel sa trajectoire avec la souplesse d'une action virevoltante (chassés croisés avec rivaux qualifiés pourchassant Murphy à l'aide de missiles orientés vers des tours d'immeubles !).


D'une efficacité optimale par sa densité narrative et sa puissance formelle, Tonnerre de Feu transcende le cinéma d'action sous l'impulsion d'un appareil de sécurité anti-terroriste apte à violer notre vie privée par le truchement de dissidents. Jouissif en diable, il demeure un grand spectacle de virtuosité technique d'un réalisme rigoureux et à la thématique visionnaire. 

22.08.13. 3èx
BM

mercredi 21 août 2013

THIRTEEN. Prix de la mise en scène à Sundance. Prix du Jury à Deauville.

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Catherine Hardwicke. 2003. U.S.A. 1h35. Avec Holly Hunter, Evan Rachel Wood, Nikki Reed, Jeremy Sisto, Brady Corbet, Kip Pardue, deborah Kara Unger.

Sortie salles France: 10 Décembre 2003. U.S: 21 Août 2003

FILMOGRAPHIE:  Catherine Hardwicke est une réalisatrice, scénariste et chef décoratrice américaine, né en 1955 à Cameron (Texas, Etats-Unis).
2003: Thirteen. 2005: Les Seigneurs de Dogtown. 2006: La Nativité. 2008: Twilight, chapitre 1. 2011: Le Chaperon Rouge. 2012: Plush.


Pour son premier long-métrage, la future réalisatrice du 1er tome de Twilight a entrepris avec Thirteen un véritable coup de maître en autopsiant l'adolescence en perdition face à une éducation parentale atone. A cause d'une mauvaise influence, une jeune collégienne de 13 ans sombre dans la marginalité et la drogue devant l'impuissance de sa mère. Filmé à l'arraché dans un souci documentaire, Thirteen est une oeuvre forte d'une fragilité acerbe pour souligner le malaise existentiel d'une jeune adolescente prise au piège de la mauvaise influence d'une camarade de lycée. Ensemble, elles décident de former un tandem d'allumeuses impertinentes pour draguer les beaux mâles du quartier tout en se livrant à une vie délinquante en commettant divers larcins dans les boutiques friquées. Tatouages et piercings imprimés sur leur corps dans des défroques aguichantes, ces dernières s'entreprennent de brûler leur vie sous l'influence du sexe, de la drogue et de l'alcool !


Face au laxisme d'une mère aimante et attendrissante, sa fille Tracy en profite pour dicter sa loi et sa rébellion mais ne peut refréner ses scarifications commises sur son poignet, faute d'un malaise existentiel toujours plus ingérable et du manque affectif d'un paternel inexistant. Dépassée par les évènements, la mère démunie éprouve une impuissance grandissante à tenter de renouer les liens familiaux. Sans misérabilisme ni pathos, Catherine Hardwicke suit la pénible dérive de cette mère et la descente aux enfers de ces deux adolescentes avec un souci de réalisme ardu pour mettre en exergue la responsabilité parentale bannie de sa notion enseignante. Si Thirteen s'avère aussi froid et bouleversant, il le doit notamment au talent de ces comédiennes d'une justesse confondante. Pour incarner une mère instable desservie par un récent divorce, Holly Hunter apporte une gracile dimension humaine pour tenter de raisonner sa fille plongée dans la spirale de l'insouciance. Pétillante d'énergie mais aussi démunie par sa fragilité morale, Evan Rachel Wood insuffle une contrariété latente vibrante de vérité pour retranscrire son désarroi existentiel d'une crise adolescente face à l'influence peu recommandable de son acolyte. Nikki Reed lui partage donc la vedette avec sournoiserie et désinvolture afin de souligner son caractère inconscient d'allumeuse dévergondée.


Moi, Tracy F... 13 ans, droguée et scarifiée
Ovationné et récompensé dans divers festivals, Thirteen marche sur les traces d'un Larry Clark pour mettre en relief le difficile cap de l'adolescence (en l'occurrence, du point de vue féminin !), compromis entre la fascination de l'interdit, le désir d'émancipation et l'influence des mauvaises fréquentations. Il en ressort une oeuvre bouleversante faisant office de véritable documentaire pour souligner l'introspection douloureuse d'une adolescente en crise existentielle, tout en s'attardant sur la remise en question parentale. 

21.08.13.
2èx

Récompenses: Prix de la mise en scène au Festival de Sundance.
Léopard d’argent au Festival de Locarno, 2003.
Prix du jury au Festival du cinéma américain de Deauville.
Prix spécial décerné à Evan Rachel Wood pour sa prestation dans le film en 2003 au Bratislava International Film Festival

lundi 19 août 2013

The Woods

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site chuckpalahniuk.net

de Lucky McKee. 2006. U.S.A. 1h30. Avec Agnes Bruckner, Patricia Clarkson, Rachel Nichols, Lauren Birkell, Bruce Campbell, Emma Campbell, Marcia Bennett.

Sortie salles Amsterdam: 24 Avril 2006. Canada: 3 octobre 2006

FILMOGRAPHIELucky Mc Kee est un réalisateur américain né le 1er Novembre 1975 à Jenny Lind (Californie). 2002: All Cheerleaders Die (court). May. 2006: Master of Horror (un épisode). The Woods
2008: Red. Blue Like You. 2011: The Woman.


Tout le monde attendait au tournant le second film de Luckee McKee, réalisateur néophyte responsable d'un coup de maître avec son poème noir, May. Inédit en salles dans nos contrées, The Woods renoue avec la tradition d'un fantastique vintage. C'est à dire en privilégiant une atmosphère d'étrangeté tangible et l'étude caractérielle d'antagonistes particulièrement hostiles. Le PitchEn 1965, sous l'allégeance de ses parents autoritaires, une jeune fille est envoyée dans un pensionnat. Au sein de l'institut, d'étranges disparitions surviennent auprès de certaines pensionnaires, et la forêt située à proximité semble habitée par une présence maléfique. Joliment photographié et superbement éclairé en clair-obscur, Lucky McKee nous illustre un conte horrifique légèrement influencé par Suspiria (la hiérarchie castratrice des 3 sorcières, la scénographie inquiétante d'un établissement scolaire exclusivement féminin, le cheminement tortueux de l'héroïne impliquée dans des disparitions meurtrières) mais pourvu d'une ambition personnelle dans sa thématique du sortilège. 


Joliment photographié et superbement éclairé en clair-obscur, Lucky McKee nous illustre un conte horrifique légèrement influencé par Suspiria (la hiérarchie castratrice des 3 sorcières, la scénographie inquiétante d'un établissement scolaire exclusivement féminin, le cheminement tortueux de l'héroïne impliquée dans des disparitions meurtrières) mais pourvu d'une ambition personnelle dans sa thématique du sortilège. L'aspect fascinant et onirique émanant de l'esthétisme ténébreux de sa forêt hostile et de son internat régi par l'autorité d'institutrices perfides. Sur ce dernier point, le réalisateur a scrupuleusement choisi de recruter trois comédiennes au charisme terriblement expressif. Des sexagénaires longilignes tout en élégance hautaine vouées à sacrifier de jeunes internes au nom d'une divinité végétale.
Porté à bout de bras par la prestance renfrognée de la jeune Agnes Bruckner, The Woods nous décrit son cheminement indécis parmi l'amitié d'une souffre-douleur, la tyrannie d'une élève égotiste et la soumission de ses enseignantes impétueuses. Sujette à un don extralucide à travers ses songes nocturnes et d'un pouvoir inexpliqué (comme cette capacité surnaturelle de la lévitation des objets), notre jeune pensionnaire semble peu à peu se compromettre aux rites diaboliques d'une étrange communauté !
Et si le film s'avère tour à tour inquiétant, palpable et sait faire preuve d'intensité dans les incidents décrits, il est cependant loin de renouer avec les ambitions émotionnelles de May. Faute à un montage désordonné un peu maladroit et surtout à un final bâclé beaucoup trop vite expédié.


Si The Woods aurait dû être plus persuasif auprès de son point d'orgue concis, il reste captivant par son intrigue à suspense bâtie sur la photogénie d'une forêt belliqueuse et de sorcières invocatrices. L'attrait visuel de cet environnement crépusculaire, le caractère attachant de la très convaincante Agnes Bruckner et l'utilisation judicieuse de sa partition chorale les hissant bien au dessus de l'habituel DTV de consommation. Perfectible mais pour autant séduisant. 

19.08.13. 2èx
Bruno Matéï