de James Wan. 2013. U.S.A. 1h52. Avec Vera Farmiga, Patrick Wilson, Lili Taylor, Ron Livingston, Mackenzie Foy, Shannon Kook-Chun, Joey King, Hayley McFarland.
Sortie salles France: 21 Août 2013. U.S: 19 Juillet 2013
FILMOGRAPHIE: James Wan est un producteur, réalisateur et scénariste australien né le 27 Février 1977 à Kuching (Malaisie), avant de déménager à Perth (Australie).
2004: Saw, 2007: Dead Silence, Death Sentence, 2010: Insidious. 2013: The Conjuring. 2013: Insidious 2.
Trois ans après l'épatant Insidious, déclinaison à peine déguisée de Poltergeist, James Wan renoue avec l'épouvante académique des esprits frappeurs et de la possession en rendant hommage cette fois-ci à Amityville et l'Exorciste (foi catholique à l'appui !). Précédé d'une réputation notable avant même sa sortie, The Conjuring est érigé sur un potentiel fait divers raconté par les enquêteurs du surnaturel, Ed et Lorraine Warren. Ce couple de chasseurs de fantômes est aujourd'hui contraint de prêter main forte à un couple et leurs enfants, pris à partie avec une entité diabolique dans leur nouvelle bâtisse poussiéreuse. Ce pitch symptomatique du thème de la hantise emprunte ici tous les clichés rebattus aux classiques du genre et aux Dtv de fond de tiroir. Seulement voilà, James Wan étant féru de films de demeure hantée et de possession démoniaque, il les connaît sur le bout des ongles et s'évertue de façon circonspecte à renouveler la trouille au cinéma. A l'instar du trépidant train fantôme Insidious, s'il n'hésite pas à déballer l'artillerie lourde de vieilles ficelles convenues, il va à nouveau affiner son savoir-faire technique pour provoquer les affres de la peur ! En l'occurrence, cette nouvelle mouture concoctée avec une vieille formule (même l'époque se focalise sur la période des seventies !) fonctionne à tel point que nous sommes persuadés que la demeure du couple Perron est habitée par le diable ! La peur irrépressible du noir, une porte qui grince ou qui claque, un saut dans le vide, trois claps de mains, un placard mesquin, des volatiles suicidaires, une poupée sardonique, une cave mortuaire et surtout, surtout, une entité maléfique que l'on redoute à sa prochaine résurgence !
Pour parfaire son intrigue surnaturelle parsemée de jump scares techniquement adroits (avec une impeccable gestion de l'attente préalablement distillée !) et rebondissements cinglants, James Wan prend d'abord soin de nous familiariser avec la vie conjugale des Perron mais aussi celle des Warren. Il entretient une inévitable empathie auprès de cette famille sévèrement molestée par le surnaturel, et peaufine en parallèle les rapports amoureux qui unissent le couple Warren. Cette étude de caractère est d'autant mieux retranscrite par la sobriété de chacun des comédiens qu'ils sont épris d'une fragilité émotive (les enfants persécutés sont sur ce point admirables de vérité prude). A tel point que l'on se surprend à éprouver une émotion poignante vers l'issue de leur destin. Au caractère crédible des personnages s'ajoute un argument informatif en la personne des Warren. Avec force et détails, James Wan prend soin de crédibiliser leur situation professionnelle avec un aspect parfois documentaire (images et vidéos d'archive à l'appui) et aussi une conviction spirituelle en leur foi catholique. Leur manière d'élucider le vrai du faux dans les affaires de possession ou de hantise, leur solidarité mutuelle pour résister aux forces imparables du Mal et surtout leur connaissance dans le domaine des affaires inexpliquées renforcent l'aspect érudit de leur profession. Jusque dans leur tanière où ont été prudemment regroupés dans une pièce secrète tous les objets maléfiques qu'ils ont pu récupérer chez autrui. Si la première heure sait habilement doser la suggestion d'une angoisse latente et une montée grandissante du suspense jusqu'au fameux rebond fortuit, la suite des vicissitudes s'avère de plus en plus spectaculaire, intense et éprouvante. A l'image de sa seconde partie orientée vers le thème de la démonologie avec l'improvisation d'un exorcisme fébrile aux visions d'effroi.
Avec la densité de ces personnages, James Wan accomplit avec The Conjuring un film d'épouvante rigoureusement efficace, affolant et maîtrisé (plan séquence d'ouverture, travellings aériens, cadrages alambiqués) en exploitant à merveille les sombres recoins d'une demeure gothique. Mais surtout, il invoque par intermittence des moments de peur tangible renforcés par un effet de surprise aléatoire sans une quelconque esbroufe sanguinolente. Car ici, on ne sait jamais dans quel cadre de la pièce la prochaine attaque aura lieu ni qui en sera la future victime ! Conçu comme un train fantôme, The Conjuring n'est donc pas vendu sur une vacuité mercantile pour tenir honorablement ses promesses de peur diffuse. On pardonne donc aisément son florilège de situations redondantes et l'aspect purement orthodoxe de son scénario.
La Chronique de The Conjuring 2: http://brunomatei.blogspot.fr/…/conjuring-2-le-cas-endfield…
24.08.13 (232)
20.06.16
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