mercredi 25 septembre 2013

Deadgirl

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marcel Sarmiento et Gadi Harel. 2008. U.S.A. 1h41. Avec Shiloh Fernandez, Noah Segan, Michael Bowen, Candice Accola, Andrew DiPalma, Eric Podnar, Nolan Gerard Funk, Christina Blevins

Sortie salles France: 31 Janvier 2009 (DTV). U.S: 19 Septembre 2008

FILMOGRAPHIE: Marcel Sarmiento est un réalisateur, acteur, producteur, scénariste américain. 2003: It's better to be wanted for murder than not to be wanted at all. 2007: Toi, moi... et mon chien. 2008: Deadgirl.  2012: The ABCs of Death. Gadi Harel est un réalisateur et scénariste israélien, né le 16 Mai 1971. 2002: Operation Midnight Climax. 2008: Deadgirl (Co-réalisateur)


Teen movie au vitriol sorti directement en Dtv dans nos contrées, Deadgirl est un ovni putrescent difficilement digérable par son absence d'empathie pour les protagonistes et cette provocation jusqu'au-boutiste d'y distiller un malaise de manière irresponsable. Pour l'anecdote, le film est tiré d'un scénario de Trent Haaga, ancien membre de l'écurie déjantée Troma à qui l’on doit notamment Toxic Avenger 4 ainsi que de nombreux caméos dans diverses productions de la firme.

Le Pitch: Dans les sous-sols d'un hôpital abandonné, deux adolescents découvrent un cadavre humain dévêtu. Surgie de nulle part, cette femme en voie de putréfaction est une zombie enchaînée sur une table d'opération. Comment est arrivé ce cadavre moribond, par qui et depuis quand ? On ne le saura jamais ! De la même façon que ce chien cerbère surveillant les alentours comme s'il était voué à la protéger. L'un des deux étudiants décide alors de la violer et sombre dans le culte de la perversion. 

A la sortie de la projo de Deadgirl, il est un peu rigoureux de dévoiler ses chaudes impressions tant l'expérience immorale semble dénuée de raisonnement auprès des motivations putassières d'une bande de teenagers décomplexés. Avec une volonté évidente de choquer le spectateur et de l'entraîner dans un bad trip atypique (la situation de séquestration avec un cadavre mourant reste inédite dans les annales du Zombie movie), Marcel Sarmiento et Gadi Harel n'hésitent aucunement à renchérir dans le sordide à nous immerger au sein de leurs exactions sexuelles. 


Un gang-bang volontiers émétique à travers leurs échanges sexuels avec une esclave zombie. Epaulé d'une photo blafarde et de décors rubigineux, Deadgirl convoque donc un malaise persistant à nous étaler les états d'âme véreux d'une bande d'ados écervelés, influencés par les penchants nécrophiles de leur leader. Seul, l'acolyte de ce dernier restera l'élément le moins corruptible, parce que le plus sensé, bien qu'indécis à affirmer son refus d'obtempérer et extérioriser ces remords de culpabilité. Vivant reclus dans son foyer familial parmi l'absence récurrente de sa mère et la présence inhospitalière de son beau-père alcoolique, Rickie rêve de conquérir une lycéenne inabordable, puisque déjà sentimentalement engagée avec une "terreur" du lycée. Embarqué dans cette sordide histoire de viol collectif et incapable d'exprimer une autorité persuasive, le jeune garçon se réfugie après les cours dans les bas-fonds du sous-sol hospitalier pour témoigner d'abus sexuels nécrophiles. Ainsi, le climat nauséeux tangible qui y règne, l'ambiance de claustration qui émane de cette pièce calfeutrée auquel les lycéens s'y sont embrigadés nous convoquent un sentiment d'impuissance et de voyeurisme malsain. Sans issue de secours, les réalisateurs perdurent l'épreuve de force immorale avec parfois une ironie sardonique déconcertante (la tentative des deux étudiants de kidnapper une fille stoïque sur un parking) jusqu'à une conclusion nihiliste réfutant la rédemption de l'amour. On sort donc de l'expérience incongrue aussi étrangement fasciné qu'éprouvé avec le sentiment amer d'avoir participer à un délire scabreux dénué d'éthique.


l'Amour à Mort
Sous couvert de frustration sexuelle, de remise en question morale et d'émoi amoureux, Marcel Sarmiento et Gadi Harel traitent du malaise adolescent avec un parti-pris aussi radical que profondément dérangeant. Deadgirl s'apparentant alors à un Teen-movie nécrosé, véritable cauchemar existentiel d'une jeunesse dépravée totalement larguée par la décence de la tendresse sentimentale. Quoiqu'on en dise, l'expérience inquiétante a le mérite d'y réfuter les conventions standards de l'entertainment pour revendiquer son triste constat immoral en nous plongeant dans les abysses d'une horreur fétide difficilement oubliable.
A découvrir avec précaution...

*Bruno
25.09.13. 
15.01.24. 3èx

mardi 24 septembre 2013

CURSE OF CHUCKY

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloody-disgusting.com

de Don Mancini. 2013. U.S.A. 1h33. Avec Brad Dourif, Fiona Dourif, Danielle Bisuttin, A Martinez, Brennan Elliott, Chantal Quesnelle, Kevin Anderson.

Sortie salles France: 1er Novembre 2013 (DTV). U.S: 8 Octobre 2013 (DTV)

FILMOGRAPHIE: Don Mancini est un scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 25 Janvier 1963.
2004: Le Fils de Chucky
2013: Curse of Chucky



9 ans ! C'est le temps qu'il aura fallu à Chucky pour remonter les marches et se refaire une santé vers nos salles obscures, ou plutôt devant la lucarne de notre téléviseur puisque Curse of Chucky est directement passé par la trappe DTV ! Au vu du résultat désastreux du produit, on comprends aisément qu'une exploitation au cinéma aurait été une sacré prise de risque, voir un suicide commercial imparable. Alors pourquoi ce Dtv réalisé par le scénariste attitré de la saga, Don Mancini, (déjà responsable de l'excellent l'opus précédent, le Fils de Chucky), se vautre dans la banalité avec une telle insignifiance ? A cause d'un scénario inepte affligeant de bêtise, de comédiens stéréotypés dénués de toute psychologie et se situations rebattues de plus en plus lassantes.


Si le prologue futilement plaisant et son générique techniquement retors annonçait une éventuelle série B sympathique, la suite des évènements va prendre une tournure toujours plus conventionnelle quand Don Mancini tente de distiller un suspense lattent avant d'escompter les prochaines exactions de notre poupée de sang ! (la séquence du souper empoisonné s'avère un bon exemple pour la science de son intensité attendue !).
En guise de deuil, et avec l'aimable présence d'un prêtre, un trio d'amants vient rendre visite à Nica, jeune célibataire impotente vivant recluse parmi l'assistance de sa mère. Mais un mystérieux colis laissé par le facteur va transformer leur paisible existence en canular cauchemardesque !
Durant 45 minutes, on tente de s'attacher à nos personnages dans le huis-clos restreint de cette demeure familiale auquel une soeur cupide tente de négocier à son aînée handicapée la revente de la maison familiale depuis le décès accidentel de leur mère. Pour accentuer le côté manipulateur de la mégère, celle-ci fornique avec une femme de ménage topless ATTENTION SPOILER !!! alors que son mari suspicieux a déniché une trouvaille ingénieuse pour la surveiller (planquer une mini caméra dans la poche de vêtement de Chucky !). FIN DU SPOILER
Ce genre d'idées inutiles, Curse of Chucky en regorge, à l'instar de l'étroite relation que le réalisateur souhaite raccorder avec le premier volet de la saga initiée par Tom Holland. Avec une certaine prétention et refus d'ironie mordante, le réalisateur improvise une filiation parentale afin de justifier les nouvelles motivations vindicatives de Chucky, mais aussi démystifier l'handicap corporel de notre héroïne. Et à se prendre trop au sérieux, ce Dtv trivial est donc plombé par une quasi absence de délire sardonique et la fadeur de quelques meurtres routiniers, à deux exceptions près ! (ATTENTION SPOILER !!! la mort du prêtre et celle du mari FIN DU SPOILER). Même son épilogue à tiroirs, clins d'oeil caustiques aux deux récents épisodes, ne fait preuve d'aucune originalité pour tenter de nous surprendre avec l'apparition d'une icone sexuelle ! Sans vouloir faire preuve de mauvaise foi, j'ajoute enfin que notre poupée molle du genou fait ici pâle figure car elle semble fatiguée à daigner commettre ses nouveaux forfaits (le caractère haletant des dernières altercations est dénué de toute intensité) tout en tentant d'inculquer sa doctrine auprès d'une fillette (le rejeton docile de la soeur infidèle).  


Out of order
Par son absence totale de suspense, d'originalité, de terreur et de rythme alerte, Curse of Chucky s'avère le plus mauvais épisode de la saga, d'autant plus desservi par une facture télévisuelle blafarde (la plupart des séquences se déroulant le plus souvent dans une lumière nocturne). Et il faudra sans doute faire preuve d'indulgence pour trouver l'ensemble distrayant.

24.09.13
Bruno Matéï

                                     

jeudi 19 septembre 2013

Hostel, Chapitre 2 (Hostel: Part 2)

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Eli Roth. 2007. U.S.A. 1h35. Avec Lauren German, Bijou Philips, Heather Matarazzo, Jay Hernandez, Roger Bart, Vera Jordanova.

Sortie salles France: 11 Juillet 2007. U.S: 8 Juin 2007

FILMOGRAPHIE: Eli Roth est un réalisateur américain, né le 18 Avril 1972 à Boston.
2002: Cabin Fever. 2006: Hostel. 2007: Thanksgiving (faux trailer). 2007: Hostel 2. 2009: Nation's Pride - Stolz der Nation (trailer). 2013: The Green Inferno.


Rares sont les suites qui parviennent à supplanter leur modèle. Jubilatoire et fascinant autant qu'inquiétant et profondément dérangeant par son ultra perversité hallucinée.
Durant le phénomène du torture porn initié par Saw, Eli Roth nous offrit également sa copie avec un pur film d'exploitation moins roublard mais tout aussi hardcore, Hostel. Un an plus tard, il décide de  remettre le couvert avec ce second chapitre toujours produit par son compère Quentin Tarantino. Hostel 2 reprend donc le même concept linéaire auquel de traditionnels touristes égarés en Slovaquie deviendront les futurs cobayes de rupins assoiffés de sang et de perversité. Sauf qu'en l'occurrence, les victimes ne sont plus de jeunes dragueurs machistes mais trois fêtardes un peu trop influençables (tout du moins chez 2 d'entre elles). Avec sa photo saturée et l'aspect flamboyant de décors stylisés (la fête ésotérique au sein du village, la pièce des trophées où sont étagées les têtes décapitées, l'antichambre des tortures gérée à l'instar d'une forteresse), Eli Roth nous plonge dans un nouveau bain de sang où l'art du supplice est négociée aux enchères par la téléphonie mobile de riches notables. De par l'efficacité d'un suspense expectatif, Hostel 2 joue autant la carte de l'humour noir violemment sardonique que de la perversité innommable sous l'entremise de deux bourgeois en quête de plaisir morbide. En appréciant la méchanceté de son intensité dramatique en crescendo dénuée de concession. 


Alors que l'un s'excite à l'idée de commettre ses horribles méfaits sur une jolie étudiante, l'autre semble beaucoup plus distant et timoré à oser braver l'interdit. C'est dans la caractérisation de ces antagonistes maladifs, deux pères de familles aisés qu'Eli Roth prend soin de nous développer leur divergence morale. Roger Bart (découvert dans la série Desperate Housewives) insufflant une complexité psychologique dans son esprit introverti et refoulé, faute d'une mégère asexuelle, mais néanmoins rattrapé par ses pulsions misogynes. En père de famille contrairement serein et plein d'aplomb, Richard Burgi (également issu de la même série TV !) lui partage la vedette avec un cynisme pervers autrement assumé. La densité névrotique qu'ils véhiculent spontanément s'avère donc l'atout capital pour l'entreprise de ce second chapitre. Quand aux trois jeunes étudiantes, consécutivement endossées par Lauren German, Bijou Phillips et Heather Matarazzo, elles réussissent à nous retransmettre leur douleur morale et leur affres de la mort avec une fragilité féminine beaucoup plus empathique que nos machistes lubriques du précédant opus. En manipulatrice aguicheuse oh combien insidieuse, la sublime et longiligne Vera Jordanova impose l'antinomie d'une prédatrice vénale sous son regard noisette de louve mesquine.


Emaillé de séquences chocs douloureuses et radicales (le supplice du bain de sang inspiré par la comtesse Elisabeth Bathory est une scène d'anthologie à marquer d'une pierre blanche), non exempt d'humour potache vers son dernier quart d'heure festif (le dîner anthropophage que Ruggero Deodato pratique en autodérision, la partie de foot des orphelins avec une tête décapitée, l'émasculation risible), Hostel 2 bénéficie d'un savoir-faire infaillible auprès de son efficacité métronome culminant à l'horreur hardcore aussi incisive que dérangeante. Son constat social sur la cupidité démontrant aussi avec ironie mordante à quel point l'argent, la richesse, le pouvoir peuvent conditionner les bas instincts des fortunés les plus dépravés. Une séquelle supérieure à son modèle donc, techniquement mieux maîtrisée, formellement rutilante (avec un sens du détail constamment stylisé !), si bien que l'effet de surprise est (miraculeusement) renouvelé de par la densité psychologique des antagonistes et des victimes soumises s'efforçant de s'extirper de l'atrocité avec une force d'expression à la fois démunie et hystérisée. A ne pas rater, en le priorisant toutefois à un public aguerri (il est d'ailleurs interdit aux - de 16 ans). 

La Chronique de Hostel: http://brunomatei.blogspot.fr/2016/01/hostel.html

*Bruno Matéï
19.09.13. 
23.04.22. 3èx

mercredi 18 septembre 2013

Philadelphia Experiment. Meilleur Film au Fantafestival, 1985

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Stewart Raffill. 1984. U.S.A. 1h42. Avec Michael Paré, Nancy Allen, Eric Christmas, Bobby Di Cicco, Louise Latham, Stephen Tobolowsky.

Sortie salles France: 16 Janvier 1985. U.S: 3 Août 1984

FILMOGRAPHIE: Stewart Raffill est un réalisateur et scénariste américain, né le 27 Janvier 1942 au Royaume-Uni. 1971: The Tender Warrior. 1974: When the North Wind Blows. 1975: La Liberté Sauvage. 1976: Across the Great Divide. 1978: Les Naufragés de l'île perdue. 1981: Les Risques de l'Aventure. 1984: The Ice Pirates. 1984: Philadelphia Experiment. 1988: Mac et Moi. 1991: Mannequin: on the move. 1994: l'Ami Africain. 1994: Tammy and the T-Rex. 1998: Les Naufragés du Pacifique. 1999: Grizzly Falls. 2001: A Month of Sunday. 2005: Survie: les naufragés. 2007: Croc (télé-film). 2007: Bad Girl Island. 2010: Standing Ovation.


Dans la lignée de Nimitz, Retour vers l'enferPhiladelphia Experiment inverse sa situation temporelle pour confronter deux gabiers des années 40 dans l'époque contemporaine de 1984. Car suite à une expérience scientifique destinée à rendre invisible un navire de guerre des radars ennemis, nos deux matelots se retrouvent projetés 41 ans plus tard sur le même lieu de leur disparition. Au même moment, dans une base militaire, le Dr Longstrat s'aperçoit qu'une ville côtière a entièrement disparu ! Inspiré d'une légende urbaine fondée sur l'expérience de Philadelphie (Project Rainbow) qui aurait consisté à rendre invisible le navire USS Eldridge le 23 Octobre 1943, Philadelphia Experiment joue la carte de la série B en alternant fougueusement action, science-fiction et bons sentiments à rythme métronomique.  Nancy Allen / Michael Paré demeurant très attachants en héros de dernier ressort apprenant à se connaître pour finalement s'étreindre amoureusement au fil d'un cheminement investigateur fertile en mauvaises rencontres policières, courses poursuites (sur bitume et à travers champs) et revirements dramatiques (la disparition de son ami et surtout ses retrouvailles avec Jim et Pamela s'avérant les moments les plus poignants du film).


Ainsi, à travers sa folle histoire rocambolesque (estampillée John Carpenter) et sa mise en scène aussi modeste que scrupuleuse à l'écoute de ses personnages, Stewart Raffill combine avec réelle efficacité l'action trépidante (les diverses courses-poursuites de nos héros amorcées contre les forces de l'ordre, les quelques incidents mortels qui s'ensuivent, l'altercation dans l'hôpital) et l'anticipation technologique épaulée d'effets spéciaux assez crédibles (avec en sus, l'emploi de certaines images de synthèses) pour s'immerger avec volupté dans la brèche temporelle. Emaillé de surprenants soubresauts (la ville soudainement ensevelie dans l'espace temps) et d'idées pittoresques (le futur président Ronald Regan jouant les cowboys dans les westerns de série B, la diffusion des Monstres de la mer à la TV d'un bar que nos héros reluquent, les punks accoutrés de crêtes colorées, le travelo racolant David lors de sa garde à vue !), Philadelphia Experiment se décline en palpitant divertissement  plein de charme et de nobles sentiments qu'on ne retrouve guère aujourd'hui. L'humilité des protagonistes ainsi que la trogne affable des seconds rôles renforçant le charme rétro de ce voyage temporel inscrit dans la volonté d'y braver ses doutes et ses peurs en tentant de percer la vérité d'une expérience incongrue.


Rondement mené à travers une moisson de sentiments à la fois mélancoliques et exaltants, d'anticipation débridée et d'actions soumises au fil narratif, Philadelphia Experiment  demeure une réjouissante série B qui saura encore séduire la génération 80 la plus sensible. Si bien que son charme candide dénué de toute forme de prétention nous parait aujourd'hui encore plus probant (ou alors aussi expressif) au sein de notre époque davantage pisse-froid et obscurantiste, et ce à l'aide d'une pointe de nostalgie gratifiante. Au demeurant, je peux même prétendre aujourd'hui (passé le 4è visionnage !) qu'il s'agit d'une des meilleures séries B des années 80 (qui plus est beaucoup plus réussie, fascinante et captivante que son homologue Nimitz, retour vers l'Enfer). 

*Bruno
24.09.21. 4èx
18.09.13

Ci-joint la chronique video de Jean-Marc Micciche


lundi 16 septembre 2013

Le Facteur sonne toujours 2 fois

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

"The Postman always rings twice" de Bob Rafelson. 1981. U.S.A. 2h00. Avec Jack Nicholson, Jessica Lange, John Colicos, Michael Lerner, William Traylor, John P. Ryan, Angelica Huston.

Sortie salles U.S: 20 Mars 1981

FILMOGRAPHIE: Bob Rafelson est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 21 Février 1933 à New-York. 1968: Head. 1970: Cinq pièces faciles. 1972: The King of Marvin Gardens. 1976: Stay Hungry. 1981: Le Facteur sonne toujours 2 fois. 1986: La Veuve Noire. 1989: Aux Sources du Nil. 1992: Man Trouble. 1996: Blood and Wine. 1998: Poodle Springes (télé-film). 2002: Sans motif apparent.


Remake du film homonyme de Tay Garnett, adapté du célèbre roman de James M. Cain, le Facteur sonne toujours 2 fois adopte une démarche plus sulfureuse sous l'influence du réalisateur Bob Rafelson de par l'audace d'un érotisme torride (l'étreinte sexuelle dans la cuisine restant dans toutes les mémoires !). Réunissant deux illustres acteurs incarnant avec passion un duo d'amants diaboliques, ce thriller habilement charpenté allie leur romance déchue avec une acuité émotionnelle élégiaque. Le pitchDans le Middle-West des années 30, deux amants paumés vont tenter de se débarrasser du mari gênant afin d'assouvir leur nouvelle relation. Mais rien ne se déroulera comme prévu... Auréolé d'une aura de scandale dès sa sortie internationale pour la verdeur érotique de sa séquence pré-citée, le Facteur sonne toujours deux fois continue toujours de surprendre à travers la violence ardente d'ébats passionnels ! Si bien que cette charge torride que Jessica Lange et Jack Nicholson retransmettent vigoureusement enveloppe tout le récit de par leur complicité faillible et leur désespoir amoureux à tenter de fonder une aubaine conjugale.


Sous le mode du thriller criminel au suspense sous-jacent et aux rebondissements fortuits (les magouilles de la jurisprudence sont édifiantes !), Bob Rafelson y transcende un drame passionnel pour sublimer le portrait subversif d'amants galvaudés par leur frustration sociale. De par l'aspect formel de sa mise en scène appliquée (reconstitution soignée de l'après crise de 1929 dans une photo aux teintes sépia), Le Facteur sonne toujours 2 fois nous ensorcelle auprès de son climat feutré où deux amants vont engendrer la déveine par leur démarche crapuleuse. En amant meurtrier, Jack Nicholson magnétise l'écran pour endosser de façon équivoque un personnage marginal plutôt flâneur et infidèle mais finalement délibéré à conquérir sa dulcinée. Paumée et effrontée mais débordante de fragilité amoureuse, Jessica Lange lui partage la vedette avec la complicité vénale d'une idéologie immorale. La beauté suave qu'elle dégage naturellement, la violente charge sensuelle qu'elle véhicule par son regard mesquin insufflent un jeu de séduction digne des grandes actrices fatales. Ces deux interprètes se livrant corps et âme afin d'y former un couple fébrile aussi désespéré que délétère. Ce qui contribue énormément à l'aspect envoûtant de leur névrose commune.


Déclinaison pleine de sensualité pour son aura érotique prédominante, son score mélancolique et l'alchimie du couple Nicholson / Lange transperçant l'écran de leurs rapports fusionnels, Le Facteur sonne toujours deux fois oppose le thriller érotique au drame romanesque avec une intensité émotionnelle finalement bouleversante. Un classique ambitieux et moderniste qui, à mon sens subjectif, transcende même son modèle notoire autrement prude et docile.

*Bruno
16.09.13. 3èx


vendredi 13 septembre 2013

LA COLLINE A DES YEUX (The Hills Have Eyes). Prix du Jury à Catalogne

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site thefilmpilgrim.com

de Wes Craven. 1977. U.S.A. 1h29. Avec Susan Lanier, Robert Houston, Martin Speer, Dee Wallace Stone, Russ Grieve, John Steadman, James Whitworth, Virginia Vincent, Lance Gordon, Michael Berryman.

Sortie salles France: 20 Juin 1979. U.S: 22 Juillet 1977

Récompense: Prix du Jury au Festival International de Catalogne, 1977

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


"Ma première décision a été de filmer comme dans les actualités". Wes Craven
5 ans après le traumatisme La Dernière Maison sur la Gauche, Wes Craven renoue avec l'ultra violence en mode "docu vérité" avec La Colline a des yeux. Vaguement inspiré d'une légende écossaise du XVè siècle, le film retrace la survie d'une famille de vacanciers contre l'offensive d'une bande de cannibales en plein désert du Nouveau-Mexique. Non content d'avoir ébranler des millions de spectateurs à travers le monde avec son premier métrage, Wes Craven persévère dans l'horreur craspec avec ce survival explosif d'une rare intensité. De par son concept aussi original que débridé (planquée derrière leurs collines, une famille de rednecks sauvages s'en prennent aux vacanciers pour les bouffer), La Colline a des Yeux provoque une stupeur inédite ! D'autant plus que la trogne patibulaire des cannibales et leur défroque vestimentaire (ils sont accoutrés de moumoute en peaux de bête !) nous remémore l'époque de Néanderthal ! Ainsi, l'aspect préhistorique des collines rocailleuses renforce ce dépaysement insolite que le spectateur observe avec une fascinante anxiété. Sur ce point, Wes Craven réussit admirablement à insuffler dans sa première partie une atmosphère crépusculaire terriblement ombrageuse lorsque nos vacanciers désorientés visitent les alentours depuis que le père s'est trop longuement absenté. 


Passé cette première mise en place d'une angoisse tangible réellement inconfortable, Wes Craven laisse ensuite exploser une violence insupportable lorsque deux des cannibales ont parvenu à s'introduire dans l'habitacle de la caravane. Avec la verdeur d'une violence hyper réaliste, le déchaînement de brutalité qui y découle nous saisit à la gorge lorsque nos protagonistes sont sévèrement pris à parti par la barbarie des intrus ! Si bien que ce règlement de compte sanglant reste encore à l'heure actuelle d'une tension paroxystique, le spectateur impuissant subissant une violence gratuite insupportable de la part des demeurés incivilisés. D'autant plus qu'ici c'est la femme qui trinque alors qu'un bébé est également sur le point de trépasser ! La dernière partie, la plus incisive et efficace, se focalise enfin sur la partie revenge puisque dans un élan d'injustice, nos derniers survivants vont employer la manière forte et user de stratagèmes pour affronter physiquement ces autochtones d'un autre âge. A l'instar de La Dernière Maison sur la gauche, Wes Craven impose à nouveau sa réflexion sociale sur la vengeance et l'instinct primitif de l'homme capable de perpétrer une violence (encore plus) haineuse afin de réprimander son tortionnaire. Les réparties haletantes des altercations et la manière ultra efficace dont Wes Craven s'y emploie afin d'exacerber l'action nous implique comme les héros à travers une rancune barbare résolument malsaine. Tant et si bien que l'homme civilisé épris de pulsion vindicative s'avère donc aussi bestial que ces Néandertaliens.   


Quelques décennies après sa sortie, La Colline a des yeux n'a rien perdu de sa vigueur estomaquante et de son efficacité roublarde. Qui plus est, son esprit sardonique à l'humour vitriolé renforce l'originalité du concept à travers une dose d'ultra violence jusqu'au-boutiste. Une oeuvre culte puissamment éprouvante, probablement l'un des meilleurs films de son auteur si on excuse toutefois une certaine maladresse dans la réalisation. 

La Chronique de la Colline a des Yeux (2006): http://brunomatei.blogspot.fr/20…/…/la-colline-des-yeux.html

13.09.13. 6èx
Bruno Matéï

"Visiblement, ce film de Wes Craven est destiné à épouvanter. C'est surtout sa médiocrité qui fait peur"
Jean-Paul Grousset, Le Candard Enchaîné, 27 Juillet 1979

"C'est horrible et totalement abject." Jean Wagner, Télérama, 04 Juillet 1979

"Lorsque le réalisateur n'a d'autre préoccupations que de mettre en images un spectacle de violence complaisant flattant les plus bas instincts de racisme et d'intolérance, on n'obtient des films comme (...) l'odieux La Colline a des Yeux. (...) Par son efficacité et par son sens de l'effet immédiat, La Colline a des Yeux est, ni plus ni moins, une incitation au crime."
Gilles Gressard, Mad Movies, Juin 1980.

"La Colline a des yeux est le film le plus écoeurant et le plus estomaquant que j'ai vu de toute ma vie."
Sam Raimi.

La réception de la Colline a des yeux en France n'a rien de glorieux. Il sort discrètement durant le mois de Juillet 1979. Sans vraie promotion, le film est descendu en flèche par la majorité des critiques. Moins offensés qu'affligés, ils témoignent de leur consternation devant cette "chose" qu'ils ne comprennent pas. Seul, l'ECRAN FANTASTIQUE se fend, sur le tard, d'une critique élogieuse.

jeudi 12 septembre 2013

ATTENTION, LES ENFANTS REGARDENT

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Serge Leroy. 1978. 1h43. France. Avec Alain Delon, Sophie Renoir, Richard Constantini, Thierry Turchet, Tiphaine Leroux, Adelita Requena, Henri Vilbert.

FILMOGRAPHIE: Serge Leroy est un réalisateur français, né le 14 Mai 1937 à Paris, décédé le 27 Mai 1993.
1973: Le Mataf. 1975: La Traque. 1977: Les Passagers. 1978: Attention, les enfants regardent. 1981: Pause-café. 1982: Légitime Violence. 1983: L'Indic. 1985: Double Face (téléfilm). 1985: Le Quatrième Pouvoir. 1988: Contrainte par corps. 1989: Pause-café, pause tendresse. 1989: Une saison de feuilles (télé-film). 1991: Les Cahiers Bleus (télé-film). 1992: Maigret chez les Flamands (télé-film). 1992: Maigret et le corps sans tête (télé-film). 1993: Taxi de Nuit.


    Thriller à suspense méconnu car peu diffusé à la TV et occulté par une majorité de cinéphiles, Attention, les Enfants regardent est, à l'instar de Demain les Mômes, l'une des rares réussites françaises à avoir su traiter du thème de l'enfance diabolique. Avec la présence notable d'Alain Delon, en vagabond condescendant, et un quatuor d'enfants étonnamment crédibles, cette oeuvre dérangeante pointe du doigt les effets néfastes de la TV envers son jeune public, particulièrement l'influence de la violence complaisamment illustrée au cinéma.


    A la suite de la noyade de leur majordome, des enfants livrés à eux mêmes, car dispensés de l'autorité parentale, profitent de leur autonomie au sein d'une villa familiale. Mais un inconnu, préalablement témoin de l'accident meurtrier, décide de les faire chanter afin de pouvoir séjourner dans la maison.
    Avec réalisme et efficacité, le réalisateur de la Traque autopsie ici la dégénérescence morale d'une bande de marmots indisciplinés, car livrés à l'anarchie depuis que leurs parents ont plié bagage à l'étranger. Profitant d'une liberté totale, nos quatre bambins s'autorisent tous les excès afin de pouvoir s'épanouir dans les loisirs et refonder un semblant de vie quotidienne en s'inspirant de celle de leurs parents. Malencontreusement, ils vont devoir se mesurer à l'intrusion d'un étrange inconnu surgi de nulle part. Avec l'influence perverse de l'aînée autoritaire, les cadets vont peu à peu se laisser endoctriner pour tenter de commettre un assassinat. Déjà responsable de la mort accidentelle de la bonne, les enfants semblent de plus en plus détachés de leur nouveau train de vie pour oser commettre l'irréparable. Sous le mode du thriller psychologique, Serge Leroy allie le drame social tristement actuel puisqu'ici, des gosses de riches vont s'inspirer de la violence vue à la télé pour se débarrasser d'adultes autoritaires afin de prolonger leur libre indépendance.


    Carré blanc 
    Cri d'alarme envers la démission parentale auquel l'enfant indiscipliné, dénué de repère, n'a plus aucune notion du bien et du mal, Attention les Enfants regardent véhicule une inquiétude sous-jacente jusqu'au malaise éprouvé face à la culpabilité des médias. Avec une certaine audace, Serge Leroy façonne un curieux suspense psychologique, d'autant plus que l'innocence machiavélique des enfants insuffle une aura insolite au climat éthéré de la pellicule. 

    La Chronique de La Traque: http://brunomatei.blogspot.fr/2016/03/la-traque.html
    12.09.13. 2èx
    Bruno Matéï