mercredi 25 septembre 2013

Deadgirl

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marcel Sarmiento et Gadi Harel. 2008. U.S.A. 1h41. Avec Shiloh Fernandez, Noah Segan, Michael Bowen, Candice Accola, Andrew DiPalma, Eric Podnar, Nolan Gerard Funk, Christina Blevins

Sortie salles France: 31 Janvier 2009 (DTV). U.S: 19 Septembre 2008

FILMOGRAPHIE: Marcel Sarmiento est un réalisateur, acteur, producteur, scénariste américain. 2003: It's better to be wanted for murder than not to be wanted at all. 2007: Toi, moi... et mon chien. 2008: Deadgirl.  2012: The ABCs of Death. Gadi Harel est un réalisateur et scénariste israélien, né le 16 Mai 1971. 2002: Operation Midnight Climax. 2008: Deadgirl (Co-réalisateur)

 
Teen movie au vitriol sorti directement en DTV dans nos contrées, Deadgirl est un ovni putrescent, difficilement digérable par son absence totale d’empathie envers ses protagonistes et cette provocation jusqu’au-boutiste distillant un malaise poisseux avec une irresponsabilité désarmante. Pour l’anecdote, le film est tiré d’un scénario de Trent Haaga, ancien membre de l’écurie déjantée Troma, à qui l’on doit notamment Toxic Avenger 4 et de nombreux caméos dans diverses productions de la firme.

Le pitch. Dans les sous-sols d’un hôpital abandonné, deux adolescents découvrent un cadavre dévêtu. Surgie de nulle part, cette femme en voie de putréfaction s’avère être une zombie enchaînée sur une table d’opération. Comment est-elle arrivée là, par qui, et depuis quand ? On ne le saura jamais. Pas plus que l’origine de ce chien-cerbère surveillant les alentours, comme voué à la protéger. L’un des deux étudiants décide alors de la violer, sombrant aussitôt dans un culte de la perversion.

À la sortie de la projo, il est presque indécent de dévoiler ses impressions tant l’expérience amorale semble dénuée de raisonnement, prisonnière des motivations putassières d’une bande de teenagers décomplexés. Avec la volonté évidente de choquer le spectateur et de l’entraîner dans un bad trip inédit (la séquestration d’un cadavre mourant restant un cas d’école dans les annales du zombie movie), Marcel Sarmiento et Gadi Harel n’hésitent jamais à renchérir dans le sordide, nous immergeant dans leurs exactions sexuelles.

Gang bang volontiers émétique à travers les échanges avec une esclave zombie. Épaulé par une photographie blafarde et des décors rubigineux, Deadgirl instille un malaise persistant en étalant les états d’âme véreux d’ados écervelés, galvanisés par les penchants nécrophiles de leur leader. Seul son acolyte restera l’élément le moins corruptible, parce que plus sensé, bien qu’incapable d’affirmer son refus ou d’extérioriser ses remords. Vivant reclus dans un foyer fracturé, entre l’absence de sa mère et la présence inhospitalière d’un beau-père alcoolique, Rickie rêve de conquérir une lycéenne inaccessible, déjà engagée auprès d’une “terreur” du lycée. Embarqué dans cette sordide spirale et incapable d’imposer une autorité, il se réfugie dans les bas-fonds de l’hôpital pour assister aux abus nécrophiles. Le climat nauséeux, l’ambiance de claustration, cette pièce calfeutrée où les lycéens s’embrigadent, convoquent un sentiment d’impuissance et de voyeurisme malsain. Sans issue, les réalisateurs prolongent l’épreuve de force immorale avec parfois une ironie sardonique déconcertante (la tentative grotesque d’enlèvement d’une fille stoïque sur un parking), jusqu’à une conclusion nihiliste, refusant la rédemption de l’amour. On sort de l’expérience incongrue aussi étrangement fasciné qu’éprouvé, avec l’amertume d’avoir participé à un délire scabreux dénué d’éthique.

L’Amour à mort.
Sous couvert de frustration sexuelle, de remise en question morale et d’émoi amoureux, Marcel Sarmiento et Gadi Harel dissèquent le malaise adolescent avec un parti pris aussi radical que profondément dérangeant. Deadgirl s’apparente alors à un teen movie nécrosé, véritable cauchemar existentiel d’une jeunesse dépravée, totalement larguée par la décence de la tendresse sentimentale. Quoi qu’on en dise, l’expérience a le mérite de réfuter les conventions de l'entertainment pour revendiquer son constat immoral, nous plongeant dans les abysses d’une horreur fétide difficilement oubliable.

À découvrir avec précaution.

— le cinéphile du cœur noir
25.09.13. 
15.01.24. 3èx

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