mardi 29 octobre 2013

IMPULSE (Pulsion Homicide)

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviescreenshots.blogspot.com

de Graham Baker. 1984. U.S.A. 1h31. Avec Meg Tilly,  Tim Matheson, Hume Cronyn, Bill Paxton, John Karlen, Claude Earl Jones.

Sortie salles U.S: 28 Septembre 1984

FILMOGRAPHIEGraham Baker est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
1981: La Malédiction Finale. 1984: Impulse. 1988: Futur Immédiat, Los Angeles 1991. 1990: The Recruit. 1991: Ni dieu ni maître (Born to Ride). 1999: Beowulf


Trois ans après la Malédiction Finale et pour une seconde fois Graham Baker renoue avec la série B fantastique militant ici contre la pollution chimique. Dans une petite ville bucolique, suite à un séisme, leurs habitants sont soudainement épris d'accès de démence incontrôlée ! Série B modeste ayant connu son petit succès auprès des vidéos-clubs des années 80, Impulse est notamment une nouvelle occasion pour Meg Tilly de renouer avec le genre après s'être fait remarquée un an au préalable dans Une Nuit trop noire et Psychose 2. Avec un pitch de départ accrocheur digne d'un épisode de la 4è Dimension, Graham Baker ne manque pas d'audace pour illustrer la lente dégénérescence "schizo" de citadins contaminés par un produit toxique. Ainsi, c'est à travers le personnage de Jennifer que nous allons suivre cette folie collective après qu'elle eut reçu un appel de sa génitrice. Dans des propos incohérents extrêmement virulents, cette dernière s'en prend violemment à elle pour lui reprocher d'être responsable de sa dépression. Quelques minutes plus tard, la mégère se tire une balle dans la tête mais y survit in extremis ! Avec l'aide de son mari, Jennifer retourne dans sa région natale pour se rendre à l'hôpital auprès d'elle afin de tenter de saisir les motivations de son suicide. Au même moment, d'étranges évènements surviennent auprès de la population, les habitants semblant épris de pulsions immorales !


Avec cet argument prometteur décuplant nombre d'incidents débridés, Impulse dégage un parfum de souffre assez fascinant du point de vue des protagonistes renouant avec leurs bas instincts ! A l'image de ce médecin délibéré à couper le tube d'oxygène d'une patiente de façon irrégulière pour mieux observer ses instants d'agonie ! Alors qu'un peu plus tard, le shérif régional ne vas pas hésiter à abattre d'une balle dans le dos un adolescent suspecté de vol à l'étalage ! Cette succession d'accidents volontaires dénués de raisonnement nous confine donc dans un cauchemar halluciné où notre pauvre Jennifer (Meg Tilly dégage une belle fragilité émotionnelle) tentera de préserver sa famille en guise de survie. Rehaussé du climat champêtre d'un soleil écrasant, Impulse insuffle des sentiments troubles d'inquiétude et de rire nerveux lorsque les victimes intoxiquées sont incapables de pouvoir réfréner leur accès d'irascibilité ! Cette psychose collective n'épargnant aucun citadin, Jennifer semble de plus en plus compromise à protéger ses proches, à moins que la résolution de cette pandémie n'y soit enfin divulguée. Que nenni ! Graham Baker réfutant le happy end salvateur et enfonçant le clou du nihilisme lors d'une conclusion glaçante Spoiler ! où les autorités du gouvernement seront directement mises en cause afin d'étouffer l'affaire ! Fin du Spoil


Série B fantastique écolo non dénuée de maladresses de par sa réalisation parfois hésitante et auprès des réactions parfois incohérentes des personnages, Impulse joue la carte du délire incongrue à travers son thème alarmiste lié à la pollution, et ce afin de mieux nous surprendre. Le caractère attachant des protagonistes (comédiens de seconde zone au visage familier !), son climat versatile et surtout l'audace impartie à certains moments scabreux (les échanges de regards lubriques entre un adulte et une adolescente) renforcent la nature saugrenue de cet ovni injustement méconnu. 

Dédicace à Christophe Colpaert
29.10.13
Bruno Matéï


lundi 28 octobre 2013

L'HOMME AU MASQUE DE CIRE (House of Wax)

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site fearsforqueers.blogspot.com

d'André De Toth. 1953. U.S.A. 1h28. Avec Vincent Price, Paul Picerni, Frank Lovejoy, Phyllis Kirk, Carolyn Jones, Charles Bronson.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: André De Toth (Endre von Toth) est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine austro-hongroise, né le 15 Mai 1912 à Mako (Csongrad), décédé le 27 Octobre 2002 à Burbank (Californie). 1942: Le Livre de la Jungle (réalisation de 2è équipe). 1944: Dark Waters. 1947: Femme de feu. 1947: l'Orchidée Blanche. 1951: Le Cavalier de la mort. 1952: Les Conquérants de Carson City. 1953: L'Homme au Masque de cire. 1954: Chasse au gang. 1955: La Rivière de nos amours. 1959: La Chevauchée des bannis. 1960: Contre-espionnage. 1961: Les Mongols. 1963: l'Or des Césars. 1968: Enfants de salaud.


"L'un des plus beaux films en couleurs dans l'histoire du cinéma d'épouvante", à découvrir impérativement en HD !

Remake d'un petit classique oublié des années 30, l'homme au Masque de Cire va largement dépasser son modèle sous la houlette d'André De Toth, cinéaste plus habitué aux westerns traditionnels que de l'épouvante gothique. Pourvu d'un Technicolor resplendissant et de l'interprétation magnétique du monstre Vincent Price, ce chef-d'oeuvre inspiré du Fantôme de l'Opéra suscite toujours la même fascination, sans tenir compte du procédé 3D révolutionnaire de l'époque. Le PitchRégisseur d'un musée de cire, Henry Jarrod voue un amour immodéré pour ses mannequins de cire. Un soir, son associé cupide décide d'incendier l'établissement afin de toucher une prime d'assurance de 25 000 dollars. Porté disparu, Henry élabore une vengeance diabolique au sein de ses nouvelles créations. 


Ainsi, à travers la vengeance morbide d'un sculpteur entièrement voué à sa passion, André De Toth livre un classique d'épouvante d'une santé florissante auprès de sa réalisation alerte prenant soin de tailler une carrure à ses divers personnages. Que ce soit notre "monstre au masque" accompagné de sbires disciplinés (dont l'un d'eux est incarné par le tout jeune néophyte Charles Bronson !), l'investigatrice Sue Allen (très convaincante dans son rôle de limier scrupuleuse !) et son fidèle amant, ou encore les policiers fureteurs aux réparties sarcastiques. Chacun de ces protagonistes s'impliquant dans l'action avec intégrité pour faire progresser les évènements dans une notion de suspense habilement dosée. L'amour désespéré que porte Henry pour son (nouveau) modèle féminin et l'enquête suspicieuse menée par cette dernière (Sue Allen) demeurant les principaux moteurs émotionnels où leur confrontation s'avèrera toujours plus intense et risquée ! Outre l'esthétisme raffiné imparti à sa scénographie gothique du musée de cire, l'Homme au masque de cire est donc rehaussé d'une intrigue solide (même si classique) alternant rebondissements horrifiques, humour noir et étude policière. Au delà de la prestance sacrée de Vincent Price, artiste maudit féru d'amour pour sa "Marie Antoinette", la fascination exercée est notamment décuplée par les mannequins historiques qui jalonnent le musée dans une reconstitution minutieuse afin de mieux coller à la réalité des faits exposés. Cette aura fantastique sous jacente qui enveloppe le récit est d'autant plus trouble quand on sait que sous l'apparence étrangement humaine de ces figures encaustiques s'y planque un cadavre humain !


Au-delà de son attrait irrésistiblement ludique, son incroyable rutilance formelle et la densité des personnages, l'Homme au Masque de cire aborde en sous-texte une réflexion sur l'art perfectible, la quête du sensationnalisme au sein de l'entertainment (le public en quête d'émotions toujours plus intenses !) et surtout la passion dévorante allant à l'encontre de la raison. Or, sous l'allégeance indéfectible de Vincent Price et de ces fameux mannequins de cire, cette vengeance macabre s'est également immortalisée en classique inoxydable !

*Bruno
29.02.24. 6èx
28.10.13. 


samedi 26 octobre 2013

TOP SECRET !

                                          Photo empruntée sur Google appartenant au site fan-de-cinema.com

de Jim Abrahams, Jerry et David Zucker. 1984. U.S.A/Angleterre. 1h30. Avec Val Kilmer, Lucy Gutteridge, Billy J. Mitchell; Christopher Villiers, Michael Gough, Sydney Arnold, Jim Carter, Omar Sharif, Peter Cushing, Jeremy Kemp.

Sortie salles France: 26 Septembre 1984. U.S: 8 Juin 1984


FILMOGRAPHIE: David Zucker est un réalisateur, producteur, scénariste, acteur, cascadeur américain, né le 16 Octobre 1947 à Milwaukee, Wisconsin (Etats-Unis). 1980: Y'a t-il un pilote dans l'avion ? 1984: Top Secret. 1986: Y'a t-il quelqu'un pour tuer ma femme ? 1988: Y'a-t'il un flic pour sauver la reine. 1991: Y'a t'il un flic pour sauver le président ? 1993: For Goodness Sake. 1998: BASEketball. 2003: Mon boss, sa fille et moi. 2003: Scary Movie 3. 2006: Scary Movie 4. 2008: An American Carol.
Jim Abrahams est un scénariste, réalisateur, producteur et acteur américain, né le 10 Mai 1944 à Shorewood. 1980: Y'a t-il un pilote dans l'avion ? 1984: Top Secret. 1986: Y'a t-il quelqu'un pour tuer ma femme ? 1988: uand les jumelles s'emmêlent. 1990: Roxy est de retour. 1991: Hot Shots ! 1993: Hot Shots 2. 1997: Au risque de te perdre. 1998: Le Prince de Sicile.
Jerry Zucker est un producteur, réalisateur, scénariste et acteur américain, né le 11 Mars 1950 à Milwaukee, Wisconsin. 1979: Rock 'n' Roll Hgh School. 1980: Y'a t-il un pilote dans l'avion ? 1984: Top Secret. 1986: Y'a t-il quelqu'un pour tuer ma femme ? 1990: Ghost. 1995: Lancelot. 2001: Rat Race.


Quatre ans après le succès phénomène Y'a t'il un pilote dans l'avion ?, le trio Jim Abrahams, David et Jerry Zucker récidive dans la parodie afin de rendre hommage en l'occurrence à l'espionnage et l'action belliqueuse. Pour anecdote, l'apparition clin d'oeil d'Omar Sharif (franchement à l'aise dans un rôle aussi grotesque !) est d'ailleurs une note d'intention au film d'espionnage homonyme de Black Edwards réalisé en 1974. Comédie débridée au non-sens que n'aurait pas renié les Monty Python, Top Secret brasse tous azimuts les classiques vintage des années 40/50 (la Grande Evasion, le Magicien d'Oz, l'Homme qui en savait trop, Stalag 17) et les produits modestes des années 80, à l'instar de l'inénarrable le Lagon bleu, gros succès "fleur bleue" des années 80. A travers la simplicité d'un scénario improbable (avec l'aide de résistants, un chanteur de rock va tenter de faire évader un savant notoire emprisonné en Allemagne de l'Est pour l'achèvement d'une arme secrète), nos réalisateurs perpétuent leur tradition du pastiche cartoonesque avec toujours autant de verve impayable.


En comptant un gag visuel ou verbal toutes les 15 à 20 secondes, Top Secret ne peut pas concourir à la perfection de l'hilarité. Mais l'abattage des comédiens (Val Kilmer en tête, imitant spontanément Elvis Presley dans la peau de Nick Rivers !), les numéros musicaux chorégraphiés avec entrain et sa frénésie visuelle lorgnant vers le fantastique (la démarche et le langage verso du bibliothécaire incarné par Peter Cushing, la scénographie d'un saloon subitement régie sous la mer !) nous plongent dans un délire anarchique où l'absurdité est à son apogée. Si les éclats de rire ne sont pas aussi probants que leur indémodable premier chef-d'oeuvre, les ZAZ ont tout de même procréé l'objet culte d'une farce impétueuse !

26.10.13
Bruno Matéï



vendredi 25 octobre 2013

LES REVOLTES DE L'AN 2000 (¿Quién puede matar a un niño? / Who can kill a child ?)

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinaff.com

de Narciso Ibanez Serrador. 1976. Espagne. 1h50. Avec Lewis Fiander, Prunella Ransome, Antonio Iranzo, Miguel Narros, Maria Luisa Arias, Marisa Porcel, Juan Cazalilla.

Récompense: Prix de la Critique à Avoriaz, 1977

Sortie salles France: 2 Février 1977. Espagne: 26 Avril 1976

FILMOGRAPHIE: Narciso Ibanez Serrador est un scénariste, producteur et réalisateur uruguayen, né le 4 Juillet 1935 à Montevideo (Uruguay).
1969: La Résidence. 1976: Les Révoltés de l'An 2000 



Longtemps resté inédit en Dvd en France, les Révoltés de l'An 2000 est une perle rare d'un cinéaste discret natif d'Espagne, bien qu'ayant déjà ébranlé les cinéphiles avec un premier chef-d'oeuvre de perversité gothique, la RésidenceSur une petite île, un couple de vacanciers doit affronter une ribambelle d'enfants tueurs. Cette trame aussi linéaire qu'improbable s'érige sous la caméra de Narciso Ibanez Serrador en acmé d'effroi de par sa tension éprouvante. La force incisive de ce cauchemar hermétique émanant de son thème lié à l'enfance meurtrie et de sa mise en scène alerte réfutant la moindre gaudriole grand-guignol ! A l'instar de son générique abominable laissant défiler des images d'archives de crimes de guerre perpétrés contre eux ! Cette introduction hautement dérangeante est une illustration barbare de ce que l'humanité peut envisager de pire sur leur progéniture en cas de génocide ! Passé cette turpitude, le film va y extraire une fable contestataire auprès de ces bambins motivés à passer à l'action du talion contre la cruauté de l'homme !


Quoi de plus banal qu'un garçonnet innocent batifolant avec ses fidèles camarades au sein d'une ruelle ! Sauf qu'en l'occurrence, leur environnement insulaire duquel ils sont originaires est épargnée de moindre présence parentale ! Ainsi, à travers un sens du suspense lattent et la confection avisée du climat de mystère, le réalisateur tisse une toile d'araignée autour d'un couple d'itinérants complètement désorientés par le mutisme pesant des citadins. Pour autant, c'est parmi le témoignage de deux survivants qu'ils vont pouvoir mesurer la gravité du danger ! Si bien qu'ici, les bambins fripons à la bouille angélique tuent sans la moindre hésitation tout étranger majeur ! Outre le fait que l'hostilité meurtrière provient de ces chérubins à tête blonde, aucune justification nous est divulguée pour leurs exactions vengeresses ! (même si on peut suggérer qu'ils se transmettent leur haine par télépathie). Ainsi, ce refus d'explication rationnelle augmentera le malaise diffus que le spectateur perçoit avec aigreur, quand bien même l'apparence "anodine" des enfants nous embrigade dans une situation de grande impuissance. Et donc, cet enjeu de survie que le couple devra déjouer désespérément s'avère d'autant plus malsain que la rigueur qui y émane les contraint de riposter avec une violence intolérable. Néanmoins, on en dira de même des enfants goguenards capables d'exercer des sévices indécents contre l'étranger (le vieillard battu à mort à l'aide d'un bâton, le jeu de la serpe sur cette même victime, la défunte déshabillée par des enfants ricaneurs, le lynchage collectif du père que sa fille eut provoqué). De par son âpre réalisme ainsi qu'une dimension psychologique davantage éprouvante, Narciso Ibanez Serrador y élabore une impitoyable descente aux enfers pour la frêle destinée de nos héros. A l'instar de son final nihiliste atteignant une intensité dramatique sans compromis !


Il est né l'enfant du miracle, Héritier du sang d'un martyr.
Inquiétant, dérangeant, effrayant et d'une cruauté inouïe, Les Révoltés de l'an 2000 constitue une épreuve de force d'une rare puissance émotionnelle et d'évocation (à l'image insensée du foetus exterminant de l'intérieur de l'abdomen sa propre génitrice, il fallait oser pareille idée tordue ! ). Ainsi, l'originalité burnée de son scénario, la rigueur de son climat désespéré et le jeu étrangement naturel des bambins n'auront jamais été aussi convaincants pour transcender la thématique de l'enfant tueur ! Et si un jour leur révolte aurait lieu, serions nous capables d'enrayer pareille menace planétaire ?

Note: Faute d'une violence jugée pénible, la Finlande et l'Islande ont interdit le film dans leur contrée.

*Bruno
25.10.13. 3èx

La critique de Mathias Chaputhttp://horrordetox.blogspot.fr/2011/07/les-revoltes-de-lan-2000-de-narciso.html
La critique deThierry Carterethttp://www.arkepix.com/kinok/DVD/SERRADOR_Narcisso/dvd_revoltesan2000.html


jeudi 24 octobre 2013

Le Blob / The Blob

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

de Chuck Russel. 1988. U.S.A. 1h35. Avec Kevin Dillon, Shawnee Smith, Donovan Leitch, Ricky Paull Goldin, Jeffrey DeMunn, Candy Clark, Joe Seneca, Del Close.

Sortie salles U.S: 5 Août 1988. France: 1er Février 1989

FILMOGRAPHIE: Chuck Russel est un réalisateur, producteur, scénariste américain, né le 6 Août 1952 à Highland Park dans l'Illinois (Etats-Unis). 1987: Freddy 3. 1988: Le Blob. 1994: The Mask. 1996: l'Effaceur. 2000: l'Elue. 2002: Le Roi Scorpion. 2014: Arabian Nights.


Remake d'un petit classique des années 50 incarné par le tout jeune débutant Steve McQueen, Le Blob revient 30 ans plus tard sous la houlette du néophyte Chuck Russel. Après avoir succéder à Wes Craven  et Jack Sholder pour l'entreprise du 3è opus de Freddy, cet habile faiseur de série B élabore avec son second métrage une réactualisation beaucoup plus stimulante que son ancêtre. Si bien que grâce aux incroyables effets spéciaux conçus en partie par la société Dream Quest Images, le Blob redouble de punch, d'intensité, d'efficacité d'élaborer des séquences cinglantes aussi inventives que spectaculaires. Or, dans un esprit cartoonesque parfois épaulé d'une dose de dérision sardonique, les attaques récurrentes de la fameuse gélatine organique s'avèrent redoutablement jouissives lorsqu'elle s'attaque aux quidams pour les ingurgiter. A l'instar de ce pauvre clochard ayant osé toucher la masse visqueuse à l'aide d'un bâton après avoir été témoin du crash d'un météore. 


Ainsi donc, avec originalité et une surprenante maîtrise au niveau du dynamisme du montage et de sa réalisation avisée allant droit à l'essentiel, Chuck Russel rivalise d'audaces à piéger les victimes au sein d'endroits familiers lors des confrontations avec la chose. Que ce soit à l'intérieur d'une cabine téléphonique ou d'une voiture, dans une chambre d'hôpital ou sous la bouche d'un évier, au plafond d'un cinéma ou encore dans les sous-sols de conduits, le Blob se faufile et s'infiltre dans chaque recoin avec une sagacité redoutable ! Car plus elle ingurgite de victimes, plus sa masse protéiforme s'amplifie ! Néanmoins, cette germe tueuse venue de l'espace par la faute de l'homme possède une faille, celle de ne pas supporter la température extrême du froid. Alors qu'un couple d'adolescents à la fois attachants, réfléchis et débrouillards (une fois n'est pas coutume au sein du moule de la série B de Samedi soir !) tentera d'avertir les autorités et la population du danger exponentiel, une équipe de confinement biologique (des bactériologues véreux) tentera de préserver la chose pour l'asservir en arme de guerre au péril des citadins.


Attention au Blob, ça colle !
De par sa mise en scène rigoureusement nerveuse et son intrigue efficiente multipliant courses-poursuites, action explosive et scènes gores inventives sous le pilier d'un monstre d'un réalisme visqueux à couper au rasoir, le Blob parvient à divertir avec un savoir-faire artisanal débordant de générosité. A l'instar de ces remarquables trucages (j'insiste) adroitement peaufinés afin d'y caractériser l'horreur graphique ainsi que l'aspect dévastateur d'une gélatine rose d'une redoutable voracité. Enfin, le duo fraternel formé par les deux amants pugnaces (Kevin Dillon n'est autre que le frère de Matt Dillon dans une sobriété héroïque jamais outrée) contourne le stéréotype du teenager écervelé avec une dose d'humanité lestement intègre. Un modèle de série B n'ayant pas pris une ride (à 2/3 plans cheap près).

*Bruno
26.04.23. 4èx
24.10.13. 

mercredi 23 octobre 2013

Mother's Day

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

de Charles Kaufman. 1980. 1h31. U.S.A. Avec Nancy Hendrickson, Deborah Luce, Tiana Pierce, Holden McGuire, Billy Ray McQuade, Robert Collins, Rose Ross.

Sortie salles U.S: Septembre 1980

FILMOGRAPHIE: Charles Kaufman est un réalisateur, producteur et scénariste américain. Il est le frère du producteur de la firme Troma. 1977: The Secret Dreams of Mona. 1980: Mother's Day. 1982: Ferocious Female Freedom Fighters? 1985: When Nature Calls. 1988: Jakarta.


"L'éducation consiste à nous donner des idées, et la bonne éducation à les mettre en proportion."
Hit vidéo des années 80, Mother's Day fit les beaux jours des fantasticophiles friands de bande horrifique décomplexée. Si aujourd'hui cette bisserie sponsorisée par le label Troma est un peu sombrée dans l'oubli, on se surprend toujours de l'efficacité du concept familial soumis au survival aussi brutal que sardonique. Attention ! Ca déménage en diable, sans restriction aucune ! Le pitchTrois amies célibataires décident de passer un week-end bucolique en pratiquant le camping sauvage. La nuit tombée, elles sont alpaguées par une bande de rednecks assoiffés de violence. Excités par leurs nouveaux trophées, ils s'empressent de les présenter à leur charmante génitrice. Démarrant sur les chapeaux de roue, personne ne peut oublier son prologue goguenard auquel un jeune couple fera les frais d'un stratagème criminel autour d'une fausse panne de voiture. Car à proximité d'un sentier forestier, deux hommes masqués font subitement irruption pour alpaguer les amants. Décapitation spectaculaire du malheureux puis surtout passage à tabac de la jeune fille sont sauvagement illustrés sous nos yeux avec une crudité tranchée. Quand bien même se réjouissant avec une bonhomie espiègle face à ce déchaînement de violence, une mamie applaudit les exploits sanguinaires de ses deux rejetons. Fondu au noir, le générique peut débuter ! Bienvenue chez Mother's Day dont le titre débridé est également à lui seul une plaisanterie de mauvais goût ! Ainsi, à travers le modèle lucratif du psycho-killer et du survival, Charles Kaufman complote une immense farce sanglante où les clichés orthodoxes sont directement inspirés des bandes déviantes des années 70 (Massacre à la Tronçonneuse, la Colline a des Yeux) ainsi que du phénomène symptomatique Vendredi 13 (sorti sur les écrans 4 mois au préalable !).


Et si nos personnages potaches (pour autant attachants dans leur esprit jouasse) et les situations convenues pullulent lors de sa première demi-heure, les évènements suivants convergent au spectacle cartoonesques infiniment bête et méchant, pour ne pas dire réjouissants ! De par l'efficacité d'une décharge d'ultra violence héritée des séries B d'exploitation des Seventies, Mother's Day accumule les séquences extrêmes où viols, sévices et humiliations seront le calvaire quotidien de nos trois étudiantes. Car embrigadées dans une baraque familiale insalubre encombrés de TV, déchets et malbouffe, elles tenteront désespérément d'y sortir en comptant sur leur sororité. Si l'intrigue conventionnelle ne fait preuve d'originalité, le portrait inouï alloué au trio familial éclabousse constamment l'écran avec une ironie galvanisante. Si bien que ces deux benêts sevrés aux séries TV, à la pub, à la malbouffe et tributaires d'une rombière narcissique sont éduqués dans une hiérarchie militaire afin de mieux martyriser les quidams égarés. Leur entrainement drastique s'avère d'ailleurs assez irrésistible de drôlerie lorsqu'ils s'opposent à la compétition sportive face à la fierté de leur maman ! En prime, afin de relancer le survival en lieu clos, Charles Kaufman enchaîne les courses poursuites à travers bois puis se rattache au sous-genre du rape and revenge avec une pointe d'intensité dramatique assez empathique ! (le sort tragique imputé à l'une des victimes). Les filles éreintées d'épuisement et de désagrément lors de leur évasion finissant ensuite par élaborer de terribles châtiments sur leurs agresseurs avec une hargne littéralement bestiale ! Coup de hache dans les testicules, aiguille plantée dans le cou, acide déversée dans le gosier, téléviseur encastré dans la tête, strangulation et charcutage au couteau électrique ! Autant dire que les effets-chocs terriblement cinglants s'enchaînent avec une efficacité effrénée ! Par le biais de ces héroïnes en herbe déterminées, on apprécie également le développement de leur esprit solidaire, rebelle et pugnace après avoir essuyé autant de souffrance morale et corporelle.


En dépit de quelques clichés et situations potaches néanmoins funs, Mother's Day se savoure telle une friandise acidulée, de par l'esprit cartoonesque que la famille dégénérée insuffle en permanence et la cohésion désespérée de leurs victimes en proie à une aliénante rébellion. Méchamment irrévérencieux, mal élevé, subversif et immoral, Mother's Day est une inoubliable farce macabre, un cocktail survitaminé où l'audace incongrue fait constamment des étincelles sous l'impulsion d'une satire corrosive (euphémisme) contre la société de consommation. On peut d'ailleurs même prétendre qu'il s'agit là d'un des plus intelligents et originaux psycho-killer des années 80.  
A réserver toutefois à un public averti. 

Bruno
11/08/18. 6èx
23.10.13. 

Jaquette Vhs appartenant au site l'Antre de l'horreur

Gravity

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site comingsoon.net

de Alfonso Cuaro. 2013. U.S.A/Angleterre. 1h31. Avec Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris.

Sortie salles France: 23 Octobre 2013. U.S: 4 Octobre 2013

FILMOGRAPHIE: Alfonso Cuaro est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur mexicain, né le 28 Novembre 1961 à Mexico. 1991: Solo con tu pareja. 1995: Le Petite Princesse. 1998: De Grandes Espérances. 2001: Y tu mama tambien. 2004: Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban. 2006: Les Fils de l'Homme. 2013: Gravity.


Repoussant les limites du réalisme au cinéma, Gravity marque un nouvel échelon au sein du space opera dans une forme minimaliste réfutant la surenchère traditionnelle. Nous sommes donc ici à contre-emploi des blockbusters lucratifs conçus pour épater le public ado friand de batailles intergalactiques. Ici, c'est une invitation au voyage en apesanteur auquel nous participons de plein gré. Une contemplation de notre système stellaire tel que nous ne l'avions jamais observé auparavant ! Qui plus est, avec l'entremise du relief, ce procédé perfectible n'aura jamais été aussi inhérent afin de s'immiscer dans l'action où l'immensité de l'espace, la structure détaillée des navettes fissiles ainsi que les pluies fortuites de projectiles déploient une profondeur de champ irréelle !


Ainsi, à travers la survie d'une astronaute perdue au milieu de l'infini, sévèrement perturbée par moult incidents techniques et intempéries de particules, Alfonso Cuaro nous entraîne dans une dérive cauchemardesque où la tension s'avère toujours plus expressive ! Car 1h30 durant, nous sommes immergés dans la conscience fébrile de Ryan Stone, doctoresse préalablement meurtrie par le deuil accidentel de sa fille et prise de marasme lorsque le manque d'oxygène de sa combinaison s'y fait sentir. A travers son cheminement personnel partagé entre l'instinct de survie et le désir du sacrifice, le réalisateur célèbre le courage et le dépassement de soi. La capacité psychologique de pouvoir se relever en désespoir de cause et obstruer ses pensées les plus noires, notamment la dignité du baroud d'honneur pour la reconquête d'une vie terrestre. Bouleversante quand elle livre ses confidences morales face à notre témoignage ou devant son poste émetteur en guise de solitude, Sandra Bullock livre une interprétation viscérale à coeur ouvert. La puissance émotionnelle qui émane de son désespoir existentiel et sa volonté de déjouer son défaitisme nous accablant d'une manière d'autant plus intimiste que personne ne peut lui venir en aide au coeur de cet abyme mutique.


Alone
Prouesse technique et visuelle étourdissante de virtuosité à tel point que certaines images anthologiques confinent au vertige (les astronautes incessamment livrés au vide de l'apesanteur) ou à la claustration suffocante (l'intérieur des sas auquel Ryan est contrainte de se blottir), Gravity exalte le lyrisme poétique d'un cinéaste entièrement voué à l'humanité de son personnage. Confrontés à un enjeu de survie redoublant de vicissitudes mortelles, Alfonso Cuaro nous fait participer à une expérience cinématographique sensitive, nouveau langage expérimental établi via une caméra amovible. Et de porter à l'édifice un magnifique portrait de femme fragile où la dernière image, symbolique, nous déchire le coeur de par son onirisme naturaliste.  

23.10.13
Bruno Matéï