de Charles Kaufman. 1980. 1h31. U.S.A. Avec Nancy Hendrickson, Deborah Luce, Tiana Pierce, Holden McGuire, Billy Ray McQuade, Robert Collins, Rose Ross.
Sortie salles U.S: Septembre 1980
FILMOGRAPHIE: Charles Kaufman est un réalisateur, producteur et scénariste américain. Il est le frère du producteur de la firme Troma. 1977: The Secret Dreams of Mona. 1980: Mother's Day. 1982: Ferocious Female Freedom Fighters? 1985: When Nature Calls. 1988: Jakarta.
Le pitch : trois amies célibataires s’offrent un week-end bucolique en camping sauvage. La nuit tombée, elles tombent sur une bande de rednecks affamés de violence. Surexcités par leurs trophées vivants, ces brutes les livrent aussitôt à leur génitrice.
D’entrée, le ton est donné : impossible d’oublier ce prologue goguenard, où un jeune couple paie le prix d’une panne simulée. À l’orée du sentier forestier, deux hommes masqués surgissent, les prennent en chasse : décapitation sèche du pauvre hère, passage à tabac de la fille sous nos yeux — et, face à cette tuerie, une mamie hilare applaudit, tout sourire, les exploits de ses rejetons. Fondu au noir : générique. Bienvenue chez Mother’s Day, dont le titre seul est déjà une blague de mauvais goût. Par le prisme du psycho-killer couplé au survival, Charles Kaufman orchestre une farce sanglante, bardée de clichés empruntés aux bandes déviantes seventies (Massacre à la Tronçonneuse, La Colline a des Yeux) et au phénomène Vendredi 13, sorti quatre mois plus tôt.
Si les personnages potaches (mais attachants) et les situations attendues foisonnent durant la première demi-heure, la suite bascule dans un spectacle cartoonesque, bête et méchant — pour ne pas dire jouissif. Héritier des séries B d’exploitation, Mother’s Day aligne viols, sévices et humiliations comme un calvaire grotesque pour nos trois héroïnes. Cloîtrées dans une bicoque infecte, noyée sous les télés, les déchets et la junk food, elles s’acharnent à s’évader, soudées par leur sororité. L’intrigue, classique, vaut surtout pour le portrait délirant du trio familial : deux crétins gavés de pub, de télé et de malbouffe, dressés à la dure par une rombière narcissique qui les mène à la baguette pour mieux sacrifier les égarés. Leur entraînement spartiate est d’ailleurs un sommet d’ironie crasse, quand ils rivalisent d’acrobaties sous l’œil humide de fierté maternelle.
Pour relancer le survival, Kaufman entremêle courses-poursuites dans les bois et bascule vers un rape and revenge émaillé de soubresauts empathiques (le sort tragique de l’une des victimes). À bout de nerfs et de chair, les filles organisent une vengeance d’une sauvagerie animale : hache dans les testicules, aiguille dans le cou, acide dans le gosier, téléviseur encastré dans la tronche, strangulation, charcutage au couteau électrique ! Autant dire que la cruauté fuse à un rythme de dessin animé furieux, jouant la catharsis à pleine puissance. Et dans ce déferlement, l’amitié brute, la rage sororale, la revanche viscérale se cristallisent en un dernier feu d’artifice de bestialité libératrice.
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