vendredi 7 mars 2014

Le Massacre des Morts-Vivants

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant à Dead-movie

de Jorge Grau. 1974. Espagne/Italie. 1h35. Avec Cristina Galbo, Ray Lovelock, Arthur Kennedy, Aldo Massasso, Giorgio Trestini, Roberto Posse, José Lifante, Jeannine Mestre.

Sortie salles : 28 Novembre 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Jorge Grau est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 27 Octobre 1930 à Barcelone. 1973: Ceremonia sangrienta. 1974: Le Massacre des Morts-Vivants. 1959: Costa Brava. 1960: Sobre Madrid. 1960: Medio siglo en un pincel. 1961: Laredo, Costa Esmeralda. 1961: Barcelona vieja amiga. 1976: La Siesta. 1982: La Leyenda del tambor. 1983: Coto de Caza. 1987: El extranger-oh ! de la calle Cruz del Sur. 1990: La punyalada. 1994: Tiempos mejores.


A travers le thème du zombie transalpin, si Lucio Fulci nous offrit ses lettres de noblesses avec quatre fleurons inoxydables (l'Enfer des Zombies, Frayeurs, L'au-delà, La Maison près du Cimetière), un cinéaste espagnol tenta déjà en 1974 d'y dépoussiérer le genre avec une volonté outrancière de verser dans la tripaille. Retitré en France le Massacre des Morts-Vivants, cette  production italo-hispanique à faible budget s'efforce à chambouler le paysage horrifique quand bien même La Nuit des Morts-vivants venait de graver une empreinte indélébile dans la mémoire d'une génération de spectateurs. Le pitchAlors que des agriculteurs tentent d'éradiquer les insectes des champs à l'aide d'un procédé chimique de radiation, des nouveaux-nés d'un hôpital sont épris de violente agressivité. Mais le pire est à venir lorsque des cadavres d'une nécropole reviennent à la vie pour importuner les vivants. Un couple de touristes en subira les frais et n'aura de cesse d'essayer de se protéger indépendamment depuis que la police du coin les suspectent d'homicides. Avec ses dialogues sommaires et la prestance timorée d'acteurs cabotins, le Massacre des morts-vivants peut paraître de prime abord maladroit et peu crédible, alors que sa réflexion écolo sur les conséquences des insecticides semble être un prétexte pour y apporter une touche d'intelligence au projet. Pour autant, aussi perfectible soit-il de par certaines situations risibles et la présence outrancière d'un flic borné (sans doute l'un des policiers les plus crétins de l'histoire du cinéma !), ce film d'horreur typiquement transalpin bénéficie d'une ambiance putride aussi glaçante qu'ensorcelante.


Ainsi, avec beaucoup d'efficacité, Jorge Grau renouvelle la peur dans une forme viscérale terriblement inconfortable. Qui plus est, les décors bucoliques de vallées anglaises se prêtent admirablement au climat d'étrangeté de son environnement feutré dénué de toute vie animale. Et si la caractérisation des morts-vivants s'avère minimaliste à travers leur physionomie cadavérique (une teinture blême vite expédiée sur le visage !), ils provoquent chez le spectateur une véritable hostilité à chacune de leurs apparitions. A l'instar du premier zombie sortant des eaux d'une rivière face à une touriste horrifiée, ou lorsque le couple se retrouve piégé en interne d'une cave parmi trois macchabées. Des séquences de panique particulièrement haletantes et intenses à travers son sens adroit du cadrage et du montage ! Quand à l'attaque finale confinée au sein d'un hôpital, on peut suggérer que Lucio Fulci aurait pu s'en inspirer afin d'y parfaire la dernière partie de L'au-delà lors de ses péripéties sanglantes assénées au couple de survivants. En prime, les râles d'outre-tombe que nos zombies maronnent en titubant rappellent encore les spécimens du maître qu'une bande-son ombrageuse amplifie pour distiller la peur. Ainsi donc, cette montée de l'angoisse parfaitement gérée par un cinéaste avisé s'avère d'autant mieux structurée auprès d'un florilège de situations alarmistes que notre couple devra déjouer. Les évènements macabres s'enchaînant à la manière d'un cauchemar irrationnel où la réalité n'a plus lieu d'être, quand bien même la police impuissante a toujours une longueur de retard.


Hormis ses couacs précités vite pardonnés, Le Massacre des Morts-Vivants captive le spectateur impliqué dans un cauchemar sépulcral où la prémices d'une apocalypse semble s'y profiler.  L'atmosphère d'angoisse et d'effroi particulièrement tangibles ainsi que la présence mortifère des cadavres croulants préfigurant le dessein de Fulci et ses illustres débordements sanglants. Tout bien considéré, cette véritable perle du genre n'a point à rougir de ses homologues ritals putrescents ! A redécouvrir d'urgence donc pour tous les amateurs d'ambiance putride, de gore faisandé et d'aura anxiogène littéralement palpable.

* Bruno
07.03.14
04.11.22. 6èx

    jeudi 6 mars 2014

    Prophecy: le monstre / Prophecy.

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de John Frankenheimer. 1979. U.S.A. 1h42. Avec Robert Foxworth, Talia Shire, Armand Assante, Richard Dysart, Victoria Racimo, George Clutesi, Burke Byrnes.

    Sortie salles: 15 Juin 1979

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Frankenheimer est un réalisateur américain, né le 19 Février 1930 à New-York (Etats-Unis), décédé le 6 Juillet 2002 à Los Angeles (Californie). 1957: Mon père cet étranger. 1962: Le Prisonnier d'Alcatraz. 1962: Un Crime dans la tête. 1964: Le Train. 1966: Grand Prix. 1966: L'Opération Diabolique. 1968: L'Homme de Kiev. 1970: Les Cavaliers. 1975: French Connection 2. 1977: Black Sunday. 1979: Prophecy, le monstre. 1982: A Armes égales. 1986: Paiement Cash. 1992: Year of the gun. 1996: L'Ile du Dr Moreau. 1998: Ronin. 2000: Piège fatal. 2002: Sur le chemin de la guerre.


    Série B aujourd'hui sombrée dans l'oubli mais bien connue des vidéophiles des années 80, Prophecy, le monstre est la première incursion dans l'horreur de John Frankenheimer, aussi surprenante soit-elle.  Ainsi, sous couvert de divertissement frissonnant où plane l'ombre d'un monstre de légende (le Kathadin !), celui-ci aborde intelligemment le thème écolo de la pollution lorsqu'une usine de papiers déverse illégalement du mercure dans un lac. Par cette occasion alarmiste, il en profite notamment pour y dénoncer le racisme infligé à une nation indienne incriminée par des ricains méprisants à leur égard. Le pitchUn peuple amérindien vivant reclus dans la forêt subit les frais d'une contamination si bien que des malformations de nouveaux-nés, la taille anormale des poissons de rivière et l'état d'ébriété inexplicable de certains d'entre eux les contraignent à alerter le gouvernement américain. Or, ils doivent faire face à l'hostilité d'un agent de protection délibéré à les mettre sous les verrous depuis la macabre découverte de corps déchiquetés. Mais grâce au soutien d'un médecin philanthrope et de son épouse dépêchés sur place, les indiens vont pouvoir coopérer pour tenter de dévoiler au grand jour le scandale.


    Avec sa mise en scène solide proprement indiscutable et le jeu dépouillé des interprètes (le couple  Robert Foxworth Talia Shire apporte une réelle intensité sentencieuse à travers leur investigation scrupuleuse et leur mésentente conjugale compromis à la maternité), John Frankenheimer confectionne une série B de luxe adroitement troussée car privilégiant de prime abord l'épaisseur psychologique de ses personnages. Qui plus est, avec la qualité des effets spéciaux conçus par Tom Burman, Prophecy, le Monstre réussit à crédibiliser un animal colossal particulièrement rugissant et agressif (sorte d'ours mutant) lorsqu'il s'acharne sur ses victimes. Et à ce niveau, ses méfaits meurtriers font parfois l'objet d'instants de terreur aussi cinglants qu'inopinés ! En ce qui concerne la physionomie de la créature, et en dépit du latex imposé, elle s'avère aussi impressionnante que pathétique, car victime de la responsabilité de l'homme d'avoir avili sans vergogne son environnement naturel. D'ailleurs, bien avant les attaques récursives du monstre lors du final épique, le réalisateur aura pris soin de nous susciter l'empathie avec la découverte d'un bébé mutant moribond. Son aspect terriblement difforme, ses gémissements et ses braillements plaintifs s'avérant éprouvants pour le spectateur. Et si la dernière partie finit par surprise à céder à l'esbroufe horrifique dans son mode "survival", elle n'en demeure pas moins haletante, intense, terrifiante par son lot d'incessantes attaques surprises et de scènes-chocs sanglantes brillamment maîtrisées.  


    En accordant autant d'intérêt à l'aspect ludique du film de monstre impeccablement mené et à la réflexion écolo sur les conséquences désastreuses de la pollution infectant l'homme et l'animal (la nutrition par empoisonnement du poisson), John Frankenheimer confectionne une série B horrifique constamment captivante. Qui plus est, la conviction des comédiens (jusqu'aux seconds rôles fort attachants), l'esthétisme accordé à la beauté de ces paysages forestiers et l'ampleur de son score épique l'acheminent au classique du genre que la génération 80 pourra à nouveau redécouvrir avec un enthousiasme d'autant plus nostalgique. A réhabiliter d'urgence. 

    *Bruno
    22.04.22. Vostfr. 5èx

    mercredi 5 mars 2014

    BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Danny Boon. 2008. France. 1h46. Avec Kad Merad, Dany Boon, Zoé Felix, Anne Marivin, Line Renaud, Stéphane Freiss, Philippe Duquesne, Patrick Bosso, Michel Galabru

    Sortie salles France: 20 Février 2008 dans le Nord-Pas-de-Calais. 27 Février en sortie nationale

    FILMOGRAPHIE: Danny Boon (Daniel Hamidou) est un humoriste, acteur et réalisateur français, né le 26 Juin 1966 à Armentières (Nord). 2006: La Maison du Bonheur. 2008: Bienvenue chez les Ch'tis. 2011: Rien à Déclarer. 2014: Supercondriaque. 2017 : Raid dingue. 2018 : La Ch'tite famille


    Phénomène de société ayant engrangé plus de 20 489 303 entrées à travers la France, Bienvenue chez les ch'tis a même réussi à détrôner la place de La Grande Vadrouille pour devenir le plus grand succès français de tous les temps derrière Titanic (20 758 887 entrées). Ce triomphe fracassant est en parti redevable à l'intégrité de son réalisateur, scénariste et acteur Dany Boon puisque l'homme, natif du Nord, nous déclare ici sa vraie déclaration d'amour à une région mal perçue des étrangers. Pour rappel historique, le terme ch'ti (du picard "Ché ti ? / C'est toi ?) était un surnom attribué à la base chez les poilus de la première guerre mondiale originaires du Nord ou du Pas-de-Calais. Avec une tendresse immodérée pour ces "Ch'tis" indéfectibles, le réalisateur souhaite mettre un terme aux préjugés pour nous dévoiler au grand jour leur esprit chaleureux et leur générosité quand un étranger vient de débarquer chez eux à l'improviste. Avec le tandem impayable formé par Kad Merad et Dany BoonBienvenue chez les 'chtis renoue avec l'esprit bon enfant de la comédie franchouillarde lointainement héritée des facéties de De Funes et de Bourvil, voir aussi des Charlots et de Pierre Richard.


     Car on retrouve ici cette même bonhomie, cette humilité tendre où les acteurs entièrement impliqués s'en donnent à coeur joie pour provoquer rire et larmes ! En alternant la cocasserie, la tendresse (la relation maternelle avec la mère d'Antoine, son rapport amical avec Philippe !) et la romance (les déconvenues amoureuses vécues par nos facteurs avec leur compagne), on sent bien que le réalisateur souhaite ici renouer avec le spectacle typiquement populaire (et donc dénué de prétention !) dans un jeu de mots dialectiques imparti au patois. Ce langage particulier souvent dénigré car considéré comme trivial donne lieu ici à une accumulation de réparties irrésistibles quand un sudiste de la France essaie d'en déchiffrer le sens ! Ce qui donne lieu à un florilège de gags verbaux proprement hilarants (l'apprentissage du patois au restaurant devant le cuisto parisien !) et de situations débridées (l'accueil glacial établi par les ch'tis à la femme de Philippe au fin fond d'une cité minière), à l'instar d'une beuverie à bicyclette anthologique improvisée par nos deux lurons ! Avec une admiration sans borne pour le Nord de la France, Danny Boon filme avant tout avec son coeur pour rendre autant hommage à la simplicité de sa région et des citadins qui y résident, là où les baraques à frites, les corons, le maroilles, la bière et les tintements de carillon font partie intégrante du paysage nordiste !


    Dérivatif anti-dépresseur, Bienvenue chez les ch'tis est un petit miracle de bonne humeur, d'éclat de rire, de fantaisie et de tendresse où l'émotion est entièrement dédiée au caractère chaleureux des gens de ch'nord ! Ce phénomène de société peut rejoindre sans rougir la liste prisée des classiques de la comédie populaire et redorer ainsi l'image d'une région minière trop souvent discréditée de son climat blafard. Car n'oubliez pas que "Quand un étranger vient vivre dans ch'nord, il brait deux fois: quand il arrive et quand il repart..."

    Bruno Matéï (natif du Nord, dans l'âme et le coeur)
    2èx

    mardi 4 mars 2014

    PHANTOM OF THE PARADISE. Grand Prix à Avoriaz, 1975

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site badazzmofo.com

    de Brian De Palma. 1974. U.S.A. 1h32. Avec Paul Williams, William Finley, Jessica Harper, George Memmoli, Gerrit Graham.

    Grand Prix au Festival International d'Avoriaz en 1975

    Sortie salles France: 25 Février 1975. U.S: 31 Octobre 1974

    FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
    1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted.


    Auréolé du prestigieux Grand Prix à Avoriaz quelques mois après sa sortie, Phantom of the Paradise a remporté tous les suffrages pour édifier le chef-d'oeuvre de De Palma au rang d'authentique film-culte ! Brassant tous les genres cinématographiques avec une harmonie miraculeuse, cette satire musicale sur le milieu du Showbizz s'avère un moment d'émotion d'une intensité vertigineuse. Tour à tour romantique, fantastique, horrifique, délirant et tragique, Phantom of the Paradise ne possède aucun code de conduite pour parfaire l'entertainment, à l'instar des styles musicaux hétéroclites qui émaillent l'intrigue et qui vont provoquer chez le spectateur un sentiment d'euphorie proche de l'hallucination. Avec un désir de bousculer nos habitudes conventionnelles, Brian De Palma réactualise le mythe de Faust et du Fantôme de l'opéra dans une forme contemporaine où l'extravagance est reine ! 


    Soutiré de son texte musical, un jeune compositeur de talent décide de se venger auprès de son producteur en semant la terreur à l'intérieur de son palais, le Paradise, un show musical où la mort fait partie intégrante de la scène ! A partir de ce postulat mainte fois adapté au cinéma, le réalisateur en extrait une frénésie visuelle où le délire satirique est une manoeuvre afin de dénoncer l'opportunisme dans le métier du spectacle. Un univers de paillettes entièrement bâti sur le profit, l'esprit de compétition et l'apparence car exploitant sans vergogne le talent d'artistes charismatiques en quête de reconnaissance. Les effets indésirables de la drogue sont notamment mis en exergue pour épauler le soutien moral de ces interprètes populaires réduits aux caprices d'une nouvelle vie dissipée. Bourré de clins d'oeil ironiques aux classiques du genre (le cabinet du Dr Caligari, Frankenstein, le Portrait de Dorian Gray, Psychose), Brian De Palma en profite pour y déclarer sa flamme avec le soutien de Winslow, fantôme déchu de ses écrits musicaux mais rendu fou amoureux de la douce voix de Phoenix ! Incarné par Jessica Harper, l'actrice nous dévoile ici ses talents de cantate avec une grâce épurée que le public aphone du Paradise écoute dans une vigilance troublée ! Quand bien même l'extravagant Beef venait de rendre l'âme sur l'autel de la scène rock dans une représentation gay de Frankenstein ! Quand à la noce du mariage inaugurée au sein du Paradise, De Palma l'organise à la manière d'une messe mortuaire que Winslow tentera de déjouer pour sauvegarder sa bien-aimée ! Cette conclusion tragique converge au paroxysme de la folie, à l'instar de la fougue erratique du public de la salle qui ira jusqu'à célébrer la mort dans une inconscience collective ! Ce moment de délire incontrôlé, nous le subissons de plein fouet par la force des images d'hystérie commune mais aussi par la compassion amoureuse qui unissent fatalement le couple maudit.  


    Souhaitant cristalliser un spectacle musical hors norme et décadent, Brian De Palma a transcendé avec Phantom of the Paradise un univers fantastique inoxydable (Faust lui même semble l'avoir diabolisé !) où la notion de cinéma ne possède plus de repère. A la manière d'un trip binaire, cet opéra rock versicolore incarne de manière effrontée une certaine idée du paradis, avant que l'amour et la mort nous rappelle à la raison d'une tragédie humaine ! 

    Bruno Matéï
    5èx

    lundi 3 mars 2014

    Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade)

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Steven Spielberg. 1989. U.S.A. 2h07. Avec Harrison Ford, Sean Connery, Denholm Elliott, Alison Doody, Michael Byrne, John Rhys-Davies.

    Sortie salles France: 18 Octobre 1989. U.S: 24 Mai 1989

    FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln.


    5 ans après le tour de montagne russe d'Indiana Jones et le Temple Maudit, Steven Spielberg renoue avec l'épopée épique de son modèle dans une nouvelle aventure où l'humour occupe une place de choix. Le pitchAprès avoir libéré son père des nazis au sein d'un château, Indiana Jones doit collaborer avec lui afin de retrouver un nouveau trésor, le fameux Graal ! Mais Donovan et sa troupe sont également de la partie pour s'approprier l'objet si convoité, une coupe mythique ayant la capacité d'offrir la jeunesse éternelle. Avec l'aimable participation de Sean Connery, ce 3è opus tire parti de son originalité grâce à son imposante présence si bien que ce dernier y endosse le rôle du père d'Indiana Jones, un briscard bourru assez piètre aventurier lorsqu'il s'agit de prêter main forte à son fils ! Leur rapport conflictuel aux réparties irrésistibles donnant lieu à de savoureux gags lorsqu'ils doivent s'allier pour se dépêtrer des situations les plus alarmistes. Si Karen Allen est encore exemptée de l'aventure, on peut compter sur le charme insidieux d'une jeune autrichienne (la jeune inconnue Alison Doody magnétise l'écran de par son regard azur perçant !) afin d'attendrir le professeur Jones ! 


    Démarrant comme de coutume sur les chapeaux de roue, Steven Spielberg utilise un flash-back judicieux pour nous remémorer un épisode de la jeunesse d'Indiana Jones. Un prologue d'anthologie levant un voile sur son instinct d'aventurier casse-cou, sur l'origine de son surnom mais aussi sur son influence vestimentaire (le choix symbolique alloué au chapeau et à l'ustensile du fouet), quand bien même sa frayeur des serpents nous sera dévoilé lors d'un concours de circonstances intempestives ! Reprenant la même topographie narrative que le premier épisode, Indiana Jones et la dernière croisade renoue avec l'esprit d'équipe conçu sur un duo impétueux (l'héroïsme imparti au père et au fils Jones !) et les divers traquenards imposés par les camps adverses afin d'empêcher nos aventuriers de s'approprier le trésor. Avec une efficacité toute aussi optimale, Spielberg élabore donc une nouvelle course contre la montre où les péripéties ne cessent de rebondir avec un sens de dérision plein d'éloquence. Ce dosage d'action spectaculaire et de loufoquerie irrésistible auquel la complicité amicale de nos héros renforcent la sympathie étant mené de main de maître où le sens du montage laisse une fois encore pantois ! (notamment celui de suivre de manière simultanée deux, voire trois bravoures distinctes !)


    Conduit à un train d'enfer à travers son alliage de péripéties homériques et de réparties cocasses, et rehaussé d'un scénario plus étoffé que le second opus, Indiana Jones et la dernière croisade boucle sa première trilogie avec un sens de la perfection aussi persuasif que le premier volet. Renouer avec le "chef-d'oeuvre" lorsque l'on façonne une troisième partie relève du miracle si bien qu'on ne peut qu'applaudir la perspicacité de Spielberg d'être parvenu à émuler son modèle sans une once de surenchère ostentatoire. 

    La critique des Aventuriers de l'arche perdue (les): http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/les-aventuriers-de-larche-perdue.html
    Indiana Jones et le temple maudit: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/indiana-jones-et-le-temple-maudit.html
    Indiana Jones et le royaume du crane de cristal: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/03/indiana-jones-et-le-royaume-du-crane-de.html

    Bruno Matéï
    3èx



    jeudi 27 février 2014

    MARTIN

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.com

    de George A. Romero. 1977. U.S.A. 1h35. Avec John Amplas, Lincoln Maazel, Christine Forrest, Elyane Nadeau, Tom Savini, Roger Caine.

    Sortie salles France: 5 Juillet 1978. Cannes: Mai 1977. U.S: 7 Juillet 1978

    FILMOGRAPHIE: George Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York.
    1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 2011: Deep Red.


    Martin est mon film favori. Ce fut l'unique fois où je pus exactement retranscrire à l'image ce qui était écrit dans le scénario. Je me rappelle également le plaisir que j'ai eu à le réaliser, épaulé par une équipe fantastique. Un moment très fort de ma carrière.
    George Romero.

    Considéré comme l'oeuvre la plus personnelle et préférée de son auteur, Martin emprunte le mythe du vampire avec une originalité sans égale. Baignant dans une atmosphère dépressive, le film illustre le cheminement mortuaire de Martin, un jeune homme timoré contraint de se nourrir de sang humain sans qu'il connaisse la véritable raison de son addiction. Afin de ne pas faire souffrir ses victimes, il les endort avec un sédatif avant de leur entailler les veines et ingurgiter leur sang. De retour dans sa région natale, Martin est froidement accueilli par son oncle, un vieillard intégriste persuadé que son neveu est l'incarnation de Nosferatu ! 


    Au niveau des meurtres sanglants qui émaillent le récit, ils s'avèrent plutôt crus dans leur réalisme que les FX conçus par le débutant Tom Savini vont renforcer avec une simple efficacité ! Outre le gore déployé, il en émane aussi une ambiance glauque et malsaine par son esthétisme blafard et ces décors restreints (le compartiment d'un train, le vase clos d'une maison) ou industriels (l'usine de Pittsburgh dégageant d'épaisses fumées de pollution). Filmé à la manière d'un documentaire, George Romero dépeint donc le constat d'un univers anxiogène où tous les personnages que l'on côtoie éprouvent un malaise existentiel au sein de leur société conformiste. Les thèmes de l'adultère, du fanatisme religieux et de la solitude sont largement mis en avant afin de dépeindre l'errance de citadins en manque de repères où ennui, incommunicabilité et chômage les confinent vers la sinistrose. En marginal criminel, Martin observe cette population avec amertume puisque incapable d'entamer une amitié durable avec ses proches SPOILER ! (sa cousine décide de quitter le foyer de son oncle pour rejoindre un amant infidèle, quand bien même la voisine avec qui il avait eu un rapport sexuel finit par se suicider) FIN DU SPOILER. D'un pessimisme radical, le film inspire aussi l'empathie vis à vis de ces citadins esseulés et auprès du triste destin de Martin (son châtiment cruel invoqué en guise d'expiation). Sa condition pathologique de vampire malgré lui nous décrivant une victime incapable de contenir ses pulsions tout en étant consciente qu'elle n'est en rien le monstre immortel mimé au cinéma. D'apparence blême et d'une timidité refoulée, on peut saluer l'interprétation viscérale de John Amplas, incarnant à merveille un tueur complexé par son instinct morbide et la crainte des femmes (outre sa coucherie avec Mme Santini, il les endort avant de les violer), faute d'une éducation parentale sectaire. 


    Désenchanté et mélancolique (l'élégie musicale de Donald Rubinstein y doit également beaucoup !), dérangeant et malsain, beau et fascinant, Martin renouvelle le mythe du vampire dans une vision personnelle afin de mettre en exergue l'aliénation d'une société anachronique. 

    Bruno Matéï

    mercredi 26 février 2014

    Quasimodo / The Hunchback of Notre Dame

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site thehunchblog.com

    de William Dieterle. 1939. 1h56. U.S.A. Avec Charles Laughton, Maureen O'Hara, Sir Cedric Hardwicke, Thomas Mitchell, Edmond O'Brien, Alan Marshal, Walter Hampden, Harry Davenport.

    Sortie salles France: 10 Septembre 1947. U.S: 29 Décembre 1939

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: William Dieterle est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur allemand, né le 15 Juillet 1893 à Ludwigshafen, décédé le 8 décembre 1972 à Ottobrunn (Allemagne).
    1921: Escalier de service. 1923: l'Expulsion. 1934: Les Pirates de la mode. 1934: Madame du Barry. 1935: Le Songe d'une nuit d'été. 1936: La Vie de Louis Pasteur. 1937: La Vie d'Emile Zola. 1939: Quasimodo. 1941: Tous les biens de la terre. 1948: Le Portrait de Jennie. 1952: Le Cran d'arrêt. 1953: Salomé. 1954: La Piste des Eléphants. 1955: Feu magique. 1957: Les Amours d'Omar Khayyam. 1960: Les Mystères d'Angkor. 1964: The Confession.


    Réalisé en 1939, cette septième adaptation cinématographique du roman de Victor Hugo est considérée à juste titre comme la plus emblématique. C'est d'autre part grâce à l'interprétation habitée de Charles Laughton que le film doit en partie sa renommée puisque l'acteur quasi méconnaissable insuffle une présence aussi impressionnante dans sa posture difforme qu'empathique pour son amour porté à Esmeralda. Son regard empli d'affection, de colère et de désespoir s'emparant de l'écran avec une vérité prude. On peut notamment saluer la perfection des maquillages auquel le noir et blanc accentue son caractère sinistre et pathétique. Secondé du charme si suave de Maureen O'Hara, la comédienne dégage une candeur angélique afin de symboliser la pureté d'une gitane éprise de compassion mais aussi de désespoir eu égard de sa condition criminelle. Le pitch: Au 15è siècle, après la guerre de 100 ans, une gitane et ses comparses s'introduisent à Paris malgré l'hostilité du gouvernement français. C'est là qu'elle rencontre Quasimodo, un bossu sonneur de cloche condamné au fouet après avoir été jugé pour troubles à l'ordre public. Epuisé et assoiffé devant une foule hilare, Esméralda décide de lui venir en aide pour lui ramener un peu d'eau. Réticent de prime abord, le bossu finit par se laisser border et tombe subitement amoureux de la jeune inconnue. Injustement accusée d'un crime qu'elle n'a pas commis, Quasimodo va à son tour tenter de la secourir et la protéger au sein de sa cathédrale.


    La passion amoureuse et le combat pour la liberté demeurent les thèmes universels intelligemment exploités dans ce drame historique quand bien même l'obscurantisme, l'intolérance, le racisme (la condition des roms en France, sujet plus qu'actuel) et les superstitions continuent d'empoisonner les mentalités rétrogrades. Mais c'est auprès de l'intervention de Frollo, évêque puritain subitement épris d'amour pour Esméralda que le réalisateur met en exergue les effets pervers du fanatisme religieux. Si bien que cet homme d'église empli d'égoïsme ira jusqu'à commettre la lâcheté d'un assassinat en guise de rancoeur et de jalousie, puis d'accuser de sorcellerie celle par qui l'amour osa le provoquer ! Observant les injustices d'un juge vénal, l'insolence d'une population arriérée et l'insurrection des mendiants pour sauvegarder la bohémienne, Quasimodo se porte en sacrifice pour témoigner de sa décence envers la belle Esméralda. Témoignage de tolérance pour le droit à la différence et de celle de la laideur physique, le film iconise le portrait d'un déficient d'apparence monstrueuse où la beauté du coeur finit par y dévoiler des trésors de vertu. Enfin, le réalisateur met également en parallèle le cheminement évolutif d'une société en mutation (le roi finit par céder aux exigences des mendiants) où les écrits d'un texte sont perçus avec plus de bon sens chez le lecteur dans cette nouvelle forme de liberté d'expression qu'incarne l'invention de l'imprimerie. 


    Histoire d'un amour impossible entre un héros ignorant au grand coeur et une bohémienne victime de son élégance physique, Quasimodo s'érige en fable humaniste pour témoigner de l'intolérance des hommes et de l'injustice de l'amour. Un classique destiné à perdurer pour le traitement accordé à ces thèmes d'actualité auquel la prestance inoubliable de Charles Laughton renforce son climat (monochrome) irrésistiblement fascinant.  

    Bruno
    12.07.23. 4èx

    lundi 24 février 2014

    INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT (Indiana Jones and the Temple of doom)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site seri-z.blogspot.com

    de Steven Spielberg. 1984. U.S.A. 1h58. Avec Harrison Ford, Kate Capshaw, Jonathan Ke Quan, Amrish Puri, Roshan Seth, Philip Stone.

    Sortie salles France: 12 Septembre 1984. 23 Mai 1984

    FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln.


    Trois ans après les Aventuriers de l'Arche perdue, Steven Spielberg nous offre une préquelle encore plus vertigineuse que son modèle, les nombreuses péripéties s'enchaînant avec une générosité sans limite. Cette fois-ci, afin de sauver une population hindou de la famine et pour libérer leurs enfants de l'esclavage, Indiana Jones doit retrouver une pierre sacrée dérobée par le tyran Mola Ram, un prêtre de magie noire. Avec l'aide d'une star du music-hall et d'un garçonnet chinois, ils se dirigent vers le palais de Pankot et sont fraîchement accueillis par un enfant maharadjah.


    Véritable archétype du grand spectacle familial, Indiana Jones et le Temple Maudit joue encore plus la carte du divertissement exaltant sous le concept d'une véritable fête foraine (à l'instar de l'époustouflante poursuite en wagonnet régie sous la mine !). Si le scénario s'avère moins étoffé que son prédécesseur et dénué de surprises, l'efficacité endiablée à laquelle Steven Spielberg coordonne ses morceaux de bravoure nous laisse pantois ! Tel un gosse émerveillé devant son jouet, ce second opus reproduit nos émotions d'antan par un enchaînement de situations alarmistes (une course contre la montre pour la survie !) que nos héros doivent défier de manière toujours plus démesurée ! Qui plus est, l'univers occulte dépeint au rez-de-chaussée du palais s'avérant plus sombre pour son thème invoqué à la magie noire et au personnage du prêtre Mola Ram (l'acteur Amrish Puri insuffle une présence impressionnante dans son charisme diabolique !). D'ailleurs, le cinéaste n'hésite pas à introduire quelques séquences horrifiques inopinées, tel le célèbre arrachage de coeur commis à mains nues (le film écopa Outre-atlantique d'une interdiction aux mineurs de moins de 13 ans !). Outre la rigueur de son montage millimétré et de sa réalisation virtuose, Spielberg réussit à nouveau à exploiter les audaces d'Indy par un parfait dosage d'humour et d'action. Quand bien même la complicité amicale de nos trois héros n'est jamais avare en réparties pittoresques (le duo formé par Indy et Willie Scott fait des étincelles dans leur opinion de contradiction !). Quand à l'enfant chinois souvent stéréotypé dans ce type de spectacle, il ne s'avère ici jamais agaçant dans sa maladresse car simplement sincère par sa démarche loyale de héros en culotte courte.


    Indiana Jones et le temple de la mort
    Ultra jouissif et d'une générosité sans égale, Indiana Jones et le temple maudit est le modèle absolu du cinéma d'action et d'aventures. La recette idéale d'avoir su combiner avec autant d'efficacité humour et action sans que la surenchère ne viennent s'y interférer. A l'instar du charme et de l'extrême sympathie invoqués à notre trio d'héros, Indiana Jones et le temple maudit fonctionne sur le dévouement, l'intégrité et l'amour d'un cinéaste totalement à l'écoute de son public familial. 

    La critique des Aventuriers de l'Arche perdue: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/les-aventuriers-de-larche-perdue.html
    Indiana Jones et la Dernière croisade: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/03/indiana-jones-et-la-derniere-croisade.html
    Indiana Jones et le royaume du crane de cristal: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/03/indiana-jones-et-le-royaume-du-crane-de.html

    Bruno Matéï
    5èx

                                           l

    vendredi 21 février 2014

    CHROMOSOME 3 (The Brood). Prix du Jury au Festival de Catalogne, 1981.

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    "The Brood" de David Cronenberg. 1979. Canada. 1h34. Avec Oliver Reed, Samantha Eggar, Art Hindle, Henry Beckman, Nuala Fitzgerald, Cindy Hinds, Susan Hogan.

    Sortie salles France: 10 Octobre 1979. Canada: 1er Juin 1979. U.S: 25 Mai 1979

    FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.


    Après 2 coups d'essai très remarqués auprès de la cinéphilie spécialisée (son diptyque underground  Frissons/rage), David Cronenberg frappe à nouveau un grand coup avec Chromosome 3. Un drame psychologique où l'épouvante vient s'instaurer de manière malsaine plus subtile qu'au préalable. Le pitch: Un psychiatre marginal prescrit à ses patients une nouvelle thérapie, le psychoprotoplasme en s'intéressant de plus près à traiter le cas d'une mère dépressive séparée de sa famille. Battue par sa génitrice durant son enfance, Nola Carveth extériorise sa haine en reproduisant la même violence sur sa propre fille Candy. Au moment où le Dr Raglan tente de la guérir avec sa nouvelle thérapie, un meurtre vient d'être commis sur la propre mère de Nola. Mais le coupable reste introuvable, jusqu'au jour ou Frank Carveth, l'époux de la patiente, découvre son identité après la découverte d'un second meurtre. Ce meurtrier appréhendé possède l'apparence d'un enfant difforme dénué de sexe, fruit d'une mutation génétique inconnue ! Avec plus de talent de par la maîtrise de sa mise en scène assidue et la sobriété imperturbable des comédiens (Oliver ReedSamantha EggarArt Hindle et la petite Cindy Hinds crèvent l'écran !), David Cronenberg  continue de perturber le spectateur par le biais d'une intrigue foutrement anxiogène. Des patients psychologiquement fragiles ou perturbés laissent transparaître sur leur corps des stigmates après avoir confier leur traumatisme moral au Dr Raglan  !


    Ainsi, le fait d'assister à la psychothérapie de ces individus en grande souffrance psychologique se répercute sur notre psychisme si bien que le cinéaste aborde les délicats problèmes du divorce, de la filiation, de la maltraitance infantile et de la dépression dans un souci d'intimisme. Qui plus est, avec le témoignage prude d'une fillette traumatisée par un meurtre, Cronenberg enfonce le clou pour mettre en exergue la fragilité de l'innocence lorsque celle-ci est livrée à une situation de grande violence. A l'instar de cet homicide crapuleux auquel l'institutrice y sera sacrifié par deux enfants mutants face au témoignage horrifié de ces élèves ! Cette scène éprouvante quasi insupportable serait aujourd'hui bannie de nos écrans tant Cronenberg n'a pas froid aux yeux pour projeter des images horrifiques assez crues mais toujours tributaires d'un scénario aussi original qu'intelligent. Car il explore notamment le danger des progrès de la médecine (le  psychoprotoplasme peut provoquer une tumeur !) pour y sous-entendre une analogie sur le cancer. Sur ce dernier point, le film met bien en valeur les effets indésirables de la souffrance psychologique au risque de se répercuter sur notre corps et développer ainsi une forme d'excroissance. Spoil ! Quand au point d'orgue traumatique, il faut avoir le coeur bien accroché pour découvrir l'horrible vérité lorsque la mère des abeilles dévoile à la base de son nombril un foetus ensanglanté pour le lécher délicatement ! Fin du Spoil.


    Profondément dérangeant et malsain, Chromosome 3 retransmet une émotion quasi dépressive par l'entremise de ces protagonistes instables en quête d'exutoire et nous plonge dans l'horreur cérébrale avec une transgression jusqu'au-boutiste. Le climat de malaise qui y émane est notamment renforcé par le score aigu de Howard Shore quand bien même Cronenberg achève sa conclusion sur une note d'autant plus nihiliste. Dans la mesure où il nous laisse sur le bord de la route avec la dernière apparition d'une fillette impassible, future martyr d'une maladie incurable.
    Du grand cinéma horrifique comme on en voit plus de nos jours, à réserver à un public averti

    Dédicace à Mylène Lam
    Bruno
    5èx

    RécompensePrix du Jury de la Critique Internationale au Festival International du film de Catalogne, 1981.


    jeudi 20 février 2014

    Le Moulin des Supplices / Il Mulino delle donne di pietra

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site creadoresimagenes.blogspot.com

    de Giorgio Ferroni. 1960. Italie. 1h35 (version italienne intégrale). Avec Pierre Brice, Dany Carrel, Scilla Gabel, Wolfgang Preiss, Herbert A. E. Bohme, Marco Guglielmi, Liana Orfei, Olga Solbelli.

    Sortie salles France: 5 Septembre 1962

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Giorgio Ferroni (né le 12 avril 1908 à Pérouse et mort le 17 août 1981 à Rome) est un réalisateur et scénariste italien. 1939: Terre de feu. 1946: Sans Famille. 1960: Le Moulin des Supplices. 1961: La Guerre de Troie. 1961: Les Bacchantes. 1963: Hercule contre Moloch. 1964: Le Colosse de Rome. 1965: Le Dollar Troué. 1968: 2 pistolets pour un lâche. 1971: La Grande Chevauchée de Robin des Bois. 1972: La Nuit des Diables. 1975: Le dur... le mou... et le pigeon.


    Grand classique transalpin à la croisée de l'Homme au masque de cire et des Yeux sans Visage, le Moulin des Supplices est un bijou gothique aussi raffiné que les célèbres illustrations de Bava. Le pitch: Hans, apprenti sculpteur, part à Amsterdam pour rencontrer le professeur Wahl. L'homme est propriétaire d'un moulin reconverti en musée de cire et cohabite avec un médecin et sa propre fille. Gravement malade, cette dernière ne peut supporter la moindre contrariété au risque d'en perdre la vie. Depuis l'arrivée du jeune inconnu, elle jette son dévolu sur la passion amoureuse. Mais leur relation va vite se transformer en cauchemar depuis que Hans éprouve des sentiments pour une autre femme. Futur réalisateur d'un autre classique aussi flamboyant (la Nuit des Diables), Giorgio Ferroni prouva déjà avec le Moulin des Supplices qu'il fut capable de transcender l'épouvante à travers un esthétisme gothique macabre. Car en affiliant la tragédie, la romance impossible et l'horreur séculaire, le réalisateur peaufine au possible une ambiance aussi mélancolique que doucereusement étrange (à l'instar des sculptures de pierre qui ornent le moulin).


    Qui plus est, avec l'apparition ensorcelante de la comédienne italienne Scilla Gabel littéralement habitée par ses expressions d'angoisse et de crainte, le film adopte des allures de conte élégiaque. Car dans la peau de Elfie, elle nous révèle ici une sombre présence de trouble beauté en suscitant une aura magnétique lorsqu'elle s'enflamme à déclarer son amour pour l'être aimé. Mais son engagement auprès du jeune Hans découle d'une profonde souffrance impartie à sa solitude dans l'antre du moulin, notamment sa maladie incurable dont elle ignore les aboutissants. Si la première partie du film laisse transparaître une romance envoûtée, les choses vont rapidement dégénérées lorsque Hans deviendra le pion d'une terrible machination. Ainsi, en combinant hallucinations et réalité, le réalisateur sème le doute dans l'esprit du spectateur depuis que notre héros n'est plus apte à discerner la part de vérité. Passé ce suspense latent admirablement entretenu durant plus de la moitié du film, les révélations vont enfin pouvoir nous dévoiler l'étrange collaboration que préserve le professeur avec son adjoint médecin. Et donc en abordant les thèmes de l'amour possessif, de l'obsession et de la folie, Giorgio Ferroni y  structure une magnifique tragédie d'épouvante à la fois désespérée et morbide de par sa scénographie de mannequins putréfiés et son intensité dramatique en crescendo, quand bien même l'archétype du savant fou y renoue ses exactions lors d'accès de démence davantage ingérables. 


    Classique impérissable de souche italienne où l'amour fou se mêle à la cruauté morbide, Le Moulin des Supplices honore l'épouvante gothique à travers sa mise en scène attentionnée, ses éclairages sépia au climat mortifère et le jeu transi d'émoi de sa distribution photogénique. Un Chef-d'oeuvre au sens épuré. 


    *Bruno
    13.01.20.
    09.06.23
    5èx

    mercredi 19 février 2014

    TWELVE YEARS A SLAVE

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site theartscentregc.com.au

    de Steve Mc Queen. 2013. U.S.A/Angleterre. 2h13. Avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Lupita Nyong'o, Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Paul Giamatti, Brad Pitt, Alfre Woodard.

    Sortie salles France: 22 Janvier 2014. U.S: 8 Novembre 2013

    FILMOGRAPHIE: Steve Rodney McQueen est un artiste et réalisateur anglais, né le 9 Octobre 1969 à Londres.
    2008: Hunger. 2011: Shame. 2013: Twelve years a slave.


    La publication de la terrible histoire de Solomon Northup, Douze ans d'esclavage, a donné lieu à des questionnements quant à la véracité de son témoignage. Pour l'édition de 1968 des mémoires, les historiens Sue Eakin et Joseph Logsdon ont authentifié les faits mentionnés par Northup. Plusieurs historiens s'accordent à dire que Douze ans d'esclavage est le témoignage le plus authentique jamais écrit par un esclave.

    Tiré de l'autobiographie de Solomon Northup, Twelve years a slave retrace sa longue descente aux enfers avec un souci de réalisme éprouvant. Après sa rencontre avec deux artistes sans vergogne, Solomon Northup est soutiré à sa famille pour être kidnappé afin de devenir l'esclave d'un propriétaire de coton. Uppercut émotionnel d'une intensité dramatique parfois insupportable (le châtiment du fouet infligé à Patsey nous bouleverse jusqu'à la gêne !), Twelve years a slave retrace la captivité et l'épreuve de force d'un esclave noir, soumis à l'autorité de deux riches titulaires. 


    Avec souci de vérité, Steve Mc Queen reconstitue l'époque de l'esclavage du 19è siècle, juste avant que la guerre de sécession n'y mette un terme ! Durant plus de 2h15, nous sommes témoins des conditions inhumaines infligées à une poignée d'esclaves de la Nouvelle-Orléans, vulgairement traités comme du bétail par des propriétaires racistes assoiffés de haine. Steve Mc Queen s'attarde donc à retranscrire leurs conditions de survie, en particulier celui d'un charpentier afro-américain aujourd'hui réduit à la soumission mais prudemment studieux afin de mieux s'adapter à sa misère. Avec crudité et souci de vérité historique, le réalisateur dénonce l'horreur de l'esclavage dans sa forme physique et psychologique. Celle de paisibles africains soutirés à leur famille du jour au lendemain car condamnés à l'allégeance de riches capitalistes motivés par l'économie. Des africains dénués d'une moindre considération car exploités à s'épuiser dans les champs pour la cueillette du coton. Et si l'un d'entre eux n'apporte pas la quantité journalière espérée, le châtiment du fouet leur est systématiquement imposé. Pire encore, pour un motif dérisoire ou inconnu, d'autres se retrouvent même pendus sous la corde d'un arbre de la manière la plus archaïque, quand bien même, les plus désespérés songent au suicide afin d'épargner leur labeur.   
    Avec ces personnages orduriers remplis de fiel et de lâcheté, vautrés dans leur égocentrisme et leur confort, le réalisateur met en exergue leur idéologie raciste dans sa forme la plus amorale. Le fait d'observer quotidiennement l'endurance de survie de ces domestiques, incessamment confrontés aux humiliations, viols, tortures et travaux forcés, nous confine dans le nihilisme du désespoir. Qui plus est, l'environnement solaire dans lequel ils évoluent laisse transparaître une aura malsaine où la sueur, le sang et la mort se sont emparés de l'atmosphère ! 


    Réquisitoire cinglant contre l'esclavagisme et l'intolérance du racisme, Twelve Years a slave est un moment de cinéma à rude épreuve, le genre d'expérience émotionnelle où il est impossible d'en sortir indemne. Témoignage de survie pour Solomon Northup et hommage plein d'humilité à la communauté noire (12 millions d'africains ont été concernés par l'esclavagisme !), Twelve Years a slave est un document essentiel sur une période honteuse de l'Amérique. 

    Bruno Matéï

    mardi 18 février 2014

    EXCALIBUR

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Fan-de-cinema.com

    de John Boorman. 1981. U.S.A/Angleterre. 2h21. Avec Nigel Terry, Helen Mirren, Nicol Williamson, Cherie Lunghi, Nicholas Clay, Paul Geoffrey, Robert Addie, Gabriel Byrne, Patrick Stewart.

    Sortie salles France: 27 Mai 1981. U.S: 10 Avril 1981

    Récompense: Prix de la Contribution Artistique au Festival de Cannes, 1981

    FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni). 1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.


    Le Graal est un objet mythique de la légende arthurienne, objet de la quête des chevaliers de la Table ronde. À partir du XIIIè siècle, il est assimilé au Saint Calice (la coupe utilisée par Jésus-Christ et ses douze disciples au cours de la Cène, et qui a recueilli le Sang du Christ) et prend le nom de Saint Graal. La nature du Graal et la thématique de la quête qui lui est associée ont donné lieu à de nombreuses interprétations symboliques ou ésotériques, ainsi qu'à de multiples illustrations artistiques.

    Film d'aventures épiques, récit fantastique imprégné de mythologie, Excalibur allie la chevalerie, la féerie et la sorcellerie avec une alchimie éthérée. Splendeur esthétique où l'époque médiéval n'a jamais paru aussi baroque et fantasmagorique, Excalibur s'érige en fresque majestueuse sous l'allégeance d'Arthur, Merlin, Lancelot, Perceval, Guenièvre, Morgane et Mordred. Les personnages les plus héroïques étant ici contraints de s'affronter pour le sens de l'honneur et de la loyauté, quand bien même leur faiblesse humaine extériorisera au terme des sentiments d'orgueil, de trahison, de colère et de lâcheté. Le scénario irracontable se condensant autour d'Arthur et de sa requête éternelle pour l'épée Excalibur afin de rebâtir un nouvel empire plus serein et prospère. Mais faute d'une trahison d'adultère commise par Guenièvre et Lancelot, et d'un sortilège invoqué entre Arthur et Morgane, le roi se réunit autour de la table parmi ces chevaliers afin de partir à la conquête du Graal. Un objet de sacre autrement plus mythique pour lui permettre de renouer avec sa dignité ! 


    Ainsi, à travers les personnages symboliques de Merlin et de Morgane, John Boorman oppose les forces du Bien et du Mal de manière équivoque puisque Merlin lui même n'est pas à proprement parler un exemple d'intégrité (il soutire un bébé à sa mère en guise de chantage, celui là même qui deviendra plus tard le roi Arthur !). Leur confrontation sournoise (Morgane use de sa séduction pour gagner la confiance de Merlin) est notamment un prétexte, une épreuve de force pour Arthur et ses complices afin de comprendre la notion du sacrifice lors des combats barbares, mais aussi saisir les valeurs du pardon et de la rédemption lorsque l'amour en était la cause. Quant à l'épée prodige tant convoitée, elle désigne à elle seule l'ultime pouvoir et la puissance physique uniquement pour le chevalier qui saura l'utiliser à bon escient. De par son ambiance ésotérique littéralement ensorcelante, Excalibur nous projette alors dans un monde médiéval obsédant où la nature écologique n'aura jamais paru aussi fantasque et épurée ! Crépusculaire également, quand la malédiction perpétrée par Morgane et son fils laisse une forêt en berne, à l'instar des pendus et cadavres putrescents jonchant les branches d'arbres, quand bien même les paysans affamés sont confrontés à la précarité de leur survie ! 


    Une épée... Forgée par un dieu, ferment de l'avenir, force vive d'un roi !
    Grandiose, onirique, étrange, baroque, envoûtant, Excalibur relève de l'exploit filmique d'avoir su illustrer avec autant de lyrisme et de sauvagerie la légende d'Arthur et ces chevaliers de la table ronde. Extrêmement ambitieux, John Boorman a donc su consolider un univers aussi enchanteur qu'obscur parmi lesquels ses personnages torturés n'ont eu de cesse de combattre leur dualité afin de retrouver l'équilibre de l'équité. Un chef-d'oeuvre vertigineux étourdissant de beauté funèbre, à l'instar des accents épiques imposés par le thème de Wagner, et une source d'inspirations pour d'autres classiques à venir !

    Bruno
    3èx