de Jorge Grau. 1974. Espagne/Italie. 1h35. Avec Cristina Galbo, Ray Lovelock, Arthur Kennedy, Aldo Massasso, Giorgio Trestini, Roberto Posse, José Lifante, Jeannine Mestre.
Sortie salles : 28 Novembre 1974
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Jorge Grau est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 27 Octobre 1930 à Barcelone. 1973: Ceremonia sangrienta. 1974: Le Massacre des Morts-Vivants. 1959: Costa Brava. 1960: Sobre Madrid. 1960: Medio siglo en un pincel. 1961: Laredo, Costa Esmeralda. 1961: Barcelona vieja amiga. 1976: La Siesta. 1982: La Leyenda del tambor. 1983: Coto de Caza. 1987: El extranger-oh ! de la calle Cruz del Sur. 1990: La punyalada. 1994: Tiempos mejores.
A travers le thème du zombie transalpin, si Lucio Fulci nous offrit ses lettres de noblesses avec quatre fleurons inoxydables (l'Enfer des Zombies, Frayeurs, L'au-delà, La Maison près du Cimetière), un cinéaste espagnol tenta déjà en 1974 d'y dépoussiérer le genre avec une volonté outrancière de verser dans la tripaille. Retitré en France le Massacre des Morts-Vivants, cette production italo-hispanique à faible budget s'efforce à chambouler le paysage horrifique quand bien même La Nuit des Morts-vivants venait de graver une empreinte indélébile dans la mémoire d'une génération de spectateurs. Le pitch: Alors que des agriculteurs tentent d'éradiquer les insectes des champs à l'aide d'un procédé chimique de radiation, des nouveaux-nés d'un hôpital sont épris de violente agressivité. Mais le pire est à venir lorsque des cadavres d'une nécropole reviennent à la vie pour importuner les vivants. Un couple de touristes en subira les frais et n'aura de cesse d'essayer de se protéger indépendamment depuis que la police du coin les suspectent d'homicides. Avec ses dialogues sommaires et la prestance timorée d'acteurs cabotins, le Massacre des morts-vivants peut paraître de prime abord maladroit et peu crédible, alors que sa réflexion écolo sur les conséquences des insecticides semble être un prétexte pour y apporter une touche d'intelligence au projet. Pour autant, aussi perfectible soit-il de par certaines situations risibles et la présence outrancière d'un flic borné (sans doute l'un des policiers les plus crétins de l'histoire du cinéma !), ce film d'horreur typiquement transalpin bénéficie d'une ambiance putride aussi glaçante qu'ensorcelante.
Ainsi, avec beaucoup d'efficacité, Jorge Grau renouvelle la peur dans une forme viscérale terriblement inconfortable. Qui plus est, les décors bucoliques de vallées anglaises se prêtent admirablement au climat d'étrangeté de son environnement feutré dénué de toute vie animale. Et si la caractérisation des morts-vivants s'avère minimaliste à travers leur physionomie cadavérique (une teinture blême vite expédiée sur le visage !), ils provoquent chez le spectateur une véritable hostilité à chacune de leurs apparitions. A l'instar du premier zombie sortant des eaux d'une rivière face à une touriste horrifiée, ou lorsque le couple se retrouve piégé en interne d'une cave parmi trois macchabées. Des séquences de panique particulièrement haletantes et intenses à travers son sens adroit du cadrage et du montage ! Quand à l'attaque finale confinée au sein d'un hôpital, on peut suggérer que Lucio Fulci aurait pu s'en inspirer afin d'y parfaire la dernière partie de L'au-delà lors de ses péripéties sanglantes assénées au couple de survivants. En prime, les râles d'outre-tombe que nos zombies maronnent en titubant rappellent encore les spécimens du maître qu'une bande-son ombrageuse amplifie pour distiller la peur. Ainsi donc, cette montée de l'angoisse parfaitement gérée par un cinéaste avisé s'avère d'autant mieux structurée auprès d'un florilège de situations alarmistes que notre couple devra déjouer. Les évènements macabres s'enchaînant à la manière d'un cauchemar irrationnel où la réalité n'a plus lieu d'être, quand bien même la police impuissante a toujours une longueur de retard.
Hormis ses couacs précités vite pardonnés, Le Massacre des Morts-Vivants captive le spectateur impliqué dans un cauchemar sépulcral où la prémices d'une apocalypse semble s'y profiler. L'atmosphère d'angoisse et d'effroi particulièrement tangibles ainsi que la présence mortifère des cadavres croulants préfigurant le dessein de Fulci et ses illustres débordements sanglants. Tout bien considéré, cette véritable perle du genre n'a point à rougir de ses homologues ritals putrescents ! A redécouvrir d'urgence donc pour tous les amateurs d'ambiance putride, de gore faisandé et d'aura anxiogène littéralement palpable.
* Bruno
07.03.14
04.11.22. 6èx
04.11.22. 6èx
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