jeudi 21 janvier 2016

Prison

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de Renny Harlin. 1987. U.S.A. 1h42. Avec Viggo Mortensen, Chelsea Field, Lane Smith, Lincoln Kilpatrick, Tom Everett, Tom Lister, Jr. , Kane Hodder.

Sortie salles France, uniquement à Avoriaz: Janvier 1988. U.S: 8 Décembre 1987

FILMOGRAPHIE: Renny Harlin (Renny Lauri Mauritz Harjola), est un réalisateur et producteur américain d'origine finlandaise, né le 15 mars 1959 à Riihimäki (Finlande).
1986 : Born American. 1987 : Prison. 1988 : Le Cauchemar de Freddy). 1990 : 58 Minutes pour vivre (Die Hard 2). 1990 : The Adventures of Ford Fairlane. 1993 : Cliffhanger. 1995 : L'Île aux pirates. 1996 : Au revoir à jamais. 1999 : Peur Bleue. 2001 : Driven. 2004 : Profession profiler. 2004 : L'Exorciste, au commencement. 2006 : Le Pacte du sang. 2008 : Cleaner. 2009 : 12 Rounds. 2011 : Etat de guerre. 2013 : Dyatlov Pass Incident. 2014 : La Légende d'Hercule. 2015 : Skiptrace.


Classique des années 80, Prison est l'initiateur d'un concept original que d'autres réalisateurs s'empresseront d'exploiter (à l'instar de Wes Craven pour Shocker, James Isaac avec House 3): celui des exactions revanchardes d'un détenu d'outre-tombe, faute d'avoir été autrefois injustement condamné à la chaise électrique. En l'occurence, alors que des prisonniers sont transférés dans une ancienne prison en témoignant des consignes totalitaires de leur directeur, d'étranges phénomènes meurtriers vont intenter à leur détention. Si bien que tapi derrière les cloisons des cellules, le fantôme d'un ancien détenu serait à l'origine de ses massacres en règle. Série B photogénique par sa facture formellement gothique exploitant efficacement un scénario linéaire autour d'un huis-clos rubigineux, Prison génère un plaisir ludique au rythme percutant de séquences chocs aussi inventives que spectaculaires. On peut d'ailleurs louablement saluer le travail artisanal des maquilleurs tant le réalisme imparti aux mises à mort fascine encore aujourd'hui le spectateur ébranlé par des visions de cauchemar inscrits dans la cruauté corporelle (pour ne pas dire SM !). Servi d'une attachante distribution de seconds-couteaux issus du ciné de genre, l'intrigue exploite quelques clichés du drame carcéral (la posture outrée du directeur abusif, les châtiments punitifs conférés à ses prisonniers quand bien même ces derniers finissent par nous traduire une certaine sympathie depuis leur fonction soumise) sans que le spectateur n'éprouve toutefois le sentiment de déjà vu. 


Une gageure engendrée par l'aura diffuse du climat oppressant en interne d'une prison décatie (en rappellant aussi que pour les besoins du tournage l'utilisation d'un authentique pénitencier laissé à l'abandon fut aimablement autorisé pour tenir lieu de réalisme 4 mois durant !) et par l'attachante stature de certains marginaux comme le souligne le détenu Crésus lié à un passé hélas galvaudé. Principalement le porte parole de la troupe, Burke (que le néophyte Viggo Mortensen endosse avec un charme preux), redoublant d'audace et bravoure à tenter d'extirper de la mort quelques codétenus. Secondé d'un antagoniste sournois avide de mégalomanie, l'excellent Lane Smith se prête au cabotinage avec une rigoureuse autorité derrière son regard impassible quasi métallique. Quant à la présence de l'entité spectrale, Renny Harlin cultive à tous prix la suggestion par le biais d'une lumière azuré aveuglante (à l'instar de La Forteresse Noire !) tout en parvenant à distiller un suspense anxiogène au fil de ses exactions macabres. Enfin, on peut aussi rappeler qu'au niveau des figurants, une dizaine de véritables détenus furent recrutés pour l'occasion cinématographique alors que certains géoliers en faction étaient réellement armés durant tout le tournage afin d'éviter le moindre incident ! Qui plus est, un autre détenu (jugé pour meurtre à la suite d'une bagarre dans un bar) tient d'ailleurs un véritable rôle narratif dans celui du mastard autoritaire proposant un compromis avec Bruke (Vigo Mortensen) à la suite de son héroïsme de dernier ressort.


Psycho-killer surnaturel façonné à l'instar d'un train-fantôme pénitentiaire dénué de surenchère (en dépit du final explosif efficacement géré), Prison cultive une irrépressible fascination pour son climat feutré de claustration et sa variante de séquences-chocs aussi sanguines qu'homériques. Nanti d'un rythme sans faille culminant vers une ultime demi-heure haletante, Prison transfigure la série B à l'ancienne parmi l'originalité de son concept horrifique, et ce, en dépit d'une structure narrative convenue. Un régal d'efficacité au demeurant pour un amour de série B rétro. 

*Bruno
5èx. 28.02.24. Vostfr

mardi 19 janvier 2016

TRULY MADLY DEEPLY. Prix de la Critique, Avoriaz 92.

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de Anthony Minghella. 1991. Angleterre. 1h47. Avec Juliet Stevenson, Alan Rickman, Bill Paterson, Michael Maloney, Jenny Howe, Carolyn Choa, Christopher Rozycki.

Sortie salles France: 8 Avril 1992

FILMOGRAPHIEAnthony Minghella est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur britannique, né le 6 janvier 1954 sur l’île de Wight, décédé le 18 mars 2008.
1991: Truly, Madly, Deeply. 1993 : Mr. Wonderful. 1996 : Le Patient anglais. 1999 : Le Talentueux M. Ripley. 2003 : Retour à Cold Mountain. 2005 : Par effraction.


Célébré à Avoriaz par 2 récompenses (Prix de la Critique, Prix d'Interprétation Féminine), Truly, Madly, Deeply aura marqué une génération de spectateurs et vidéophiles en prime de son succès critique. Comédie romantique impartie à une ghost story naturaliste, cette première oeuvre d'un réalisateur néophyte distille un humanisme prude pour l'idylle amoureuse compromise entre une veuve et son mari défunt. Depuis la mort subite de son époux, Nina ne parvient pas à faire le deuil dans son inconsolable chagrin. Mais un soir, son amant réapparaît sous les traits d'un revenant afin d'apaiser sa souffrance morale. Au fil des jours, et depuis l'arrivée d'autres compagnons fantômes, une lassitude s'interpose entre eux.


Film d'auteur inscrit dans la pureté des sentiments, Truly, Madly, Deeply emprunte le conte moderne pour aborder le thème de la perte de l'être cher du point de vue d'une tragédie inéquitable. Sobrement réalisé parmi le parti-pris de ne jamais se soustraire au pathos, l'intrigue se focalise sur les rapports intimistes du couple en étreinte parmi l'intrusion cocasse de fantômes amicaux venus s'installer dans leur appartement afin de flâner devant la TV à dévorer des classiques en VHS. De par ses moments intenses de tendresse et ses situations pittoresques conçues sur la fantaisie de spectres impertinents émane un climat fantasmagorique inscrit dans un réalisme prégnant. A l'instar de la luminosité de sa photographie limpide et surtout du jeu spontané des comédiens exprimant leur tendresse commune avec une sensibilité tantôt bouleversante. Outre la présence à contre-emploi du regretté Alan Rickman en fantôme flegmatique délibéré à soutenir sa bien aimée pour l'inciter à renouer avec le bonheur, le film est transcendé par la prestance viscérale de Juliet Stevenson exprimant de manière éperdue des sentiments de fragilité, de crainte mais aussi de persévérance à s'efforcer de transgresser son insurmontable fardeau.


Hymne à la vie dans sa faculté à refonder un bonheur perdu, réflexion spirituelle sur l'au-delà, témoignage émouvant et plein de poésie sur le souvenir et la condition altruiste de nos défunts, Truly, Madly, Deeply délivre un message plein d'optimisme quant à la reconstruction sociale de l'héroïne convaincue que l'amour reste inaltérable avec l'appui d'un ange philanthrope inscrit dans la tolérance. Une oeuvre fastueuse particulièrement subtile dans son refus de fioriture, à redécouvrir avec beaucoup d'émotion sachant qu'Alan Rickman s'est aujourd'hui véritablement fondu dans la peau de son personnage mystique ! 

Dédicace à Nadine Izquierdo

Récompenses: Prix de la Critique, Prix d'Interprétation Féminine (Juliet Stevenson) à Avoriaz, 1992




lundi 18 janvier 2016

DHEEPAN

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Jacques Audiard. 2015. France. 1h58. Avec Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers, Marc Zinga, Tarik Lamli

Sortie salles France: 26 Août 2015

FILMOGRAPHIE: Jacques Audiard est un réalisateur, scénariste et monteur français, né le 30 Avril 1952 à Paris. 1994: Regarde les Hommes tomber. 1996: Un héros très discret. 2001: Sur mes lèvres. 2005: De battre mon coeur s'est arrêté. 2009: Un Prophète. 2012: De Rouille et d'Os. 2015: Dheepan.


Auréolé de la Palme d'Or en 2015, le nouveau film évènement de Jacques Audiard aborde le choc culturel et la violence urbaine sous le témoignage d'un trio de migrants issus du Sri Lanka. Fuyant la guerre civile de leur pays, Dheepan parvient à rejoindre la France avec l'appui d'une fille et d'une jeune femme dont il ignore leur identité (stratagème planifié à l'aide de faux papiers afin de franchir la douane). Logés à l'enseigne d'un quartier défavorisé où la violence urbaine est quotidienne, ils vont tenter de survivre pour s'y faire une place. Fort d'une mise en scène extrêmement appliquée et d'une habile construction narrative suggérant l'approche d'un danger, Dheepan parvient à nous immerger dans le désarroi de cette famille indienne au sein de leur intimité. Débarqués à l'improviste dans cette nouvelle terre d'accueil que symbolise la France, nos trois migrants vont tenter de s'adapter à leur situation précaire depuis les trafics de drogue perpétrés sous leur nez par des délinquants sans vergogne.


Pourvu d'un réalisme scrupuleux, que ce soit pour les séquences d'action percutantes prises sur le vif que de la caractérisation humaine des comédiens méconnus (le couple Antonythasan Jesuthasan / Kalieaswari Srinivasan entremêle pudeur et colère avec une intensité viscérale), Dheepan nous fait donc partager leur quotidienneté sous l'amertume contrariée d'un avenir aussi incertain. Sans effet de misérabilisme et de sinistrose, Jacques Audiard parvient à magnifier leur portrait moral avec souci de vérité d'ausculter leurs sentiments internes fondés sur le dépit, l'angoisse et la révolte. Dressant un tableau terrifiant sur la violence urbaine des ghettos défavorisés au sein de l'hexagone, l'intrigue établit un parallèle sur la situation autrefois vécue par le peuple Tamoul depuis leur traumatisme de la guerre. Constat amère d'une France gangrenée par le chômage et la violence, Jacques Audiard dénonce le laxisme de nos politiques à faire fi des quartiers défavorisés transformés ici en zone de non-droit. Récit initiatique pour une délicate insertion sociale et les rapports amicaux en ascension du couple de migrants, Dheepan nous alerte sur les conséquences de la violence urbaine lorsqu'un ancien belligérant se retrouve confronté à reprendre les armes afin de prémunir son foyer.


Mis en scène avec une virtuosité sans fard et superbement incarné par des comédiens d'une bouleversante humilité, Dheepan aborde l'apprentissage de l'amour, le machisme, l'émancipation féminine et la rébellion sous l'impulsion désoeuvrée d'une guerre urbaine juvénile. Un grand film plein de dignité pour la condition humaine des migrants autant qu'un cri d'alarme sur la situation inquiétante d'une France gangrenée par la violence des cités. 

B.M. 

vendredi 15 janvier 2016

HOSTEL

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

d'Eli Roth. 2006. U.S.A. 1h33. Jay Hernández, Derek Richardson, Eythor Gudjonsson, Barbara Nedeljakova, Jana Kaderabkova, Jan Vlasák, Jennifer Lim.

Sortie salles France: 1er Mars 2006 (mention: Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement : "De nombreuses images, d'une grande violence, peuvent impressionner les spectateurs".
Sortie U.S: 6 Janvier 2006.

FILMOGRAPHIE: Eli Roth est un réalisateur américain, né le 18 Avril 1972 à Boston.
2002: Cabin Fever. 2006: Hostel. 2007: Thanksgiving (faux trailer). 2007: Hostel 2. 2009: Nation's Pride - Stolz der Nation (trailer). 2013: The Green Inferno. 2015: Knock Knock.


Deux ans après le phénomène Saw, le débutant Eli Roth exploite à son tour le filon du Tortur'Porn remis au goût du jour pour le public ado en quête de sensations hardcores. Devenu comme son homologue un petit film culte auprès de la génération 2000, Hostel emprunte la démarche du film d'exploitation ayant préalablement sévi sur les écrans, particulièrement durant l'époque florissante des Seventies. A travers le thème du trafic d'humains négocié dans les pays les plus défavorisés, Eli Roth s'épanche sur les bas instincts de rupins étrangers partis se réunir en Slovaquie afin de combler leur appétence morbide. Trois jeunes étudiants américains décident de faire escale à Prague depuis l'adresse d'un bordel tenu secret. Ayant sympathisé avec des call-girls au sein de leur auberge, deux d'entre eux disparaissent après avoir flirté dans une boite. Paxton décide de partir à leur recherche... Serie B horrifique inscrite dans une violence graphique parfois éprouvante, Eli Roth n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dépeindre avec réalisme rugueux les divers supplices de victimes torturées pour le compte de bourreaux pathologiques.


Si la première partie éculée n'échappe pas aux inévitables conventions, l'efficacité de la réalisation et le soin imparti à la caractérisation des personnages (que ce soit nos fêtards juvéniles ou nos nymphettes aguicheuses) permettent de nous attacher à leur virée nocturne faite de sexe et de défonce. Outre l'érotisme stylisé des étreintes torrides, le cinéaste s'efforce par petites touches de distiller un climat d'angoisse sous-jacent au fil des disparitions inexpliquées des enlèvements. L'anxiété montant d'un cran lorsque le dernier survivant, Paxton, commence à percuter les tenants et aboutissants des catins compromises à une sombre association. Par le principe haletant du survival, la seconde partie redouble de rigueur horrifique lorsque ce dernier va se retrouver piégé à l'intérieur d'une usine désaffectée reconvertie en chambre des horreurs. Fignolant le cadre insalubre de cet entrepôt rubigineux avec un certain stylisme (notamment la tenue fétichiste des tortionnaires rehaussée d'un charisme patibulaire), Hostel nous emmène droit en enfer lorsque les victimes moribondes sont soumises aux divers instruments de torture. Non exempt d'un humour très noir, notamment au niveau des réparties de criminels excités à l'idée de passer à l'acte, la verdeur qui émane de certaines séquences chocs (particulièrement l'énucléation) provoque dégoût, malaise et sentiment d'inconfort lorsque la victime, embrigadée, enchaînée et en proie à la nausée, se retrouve impuissante à endurer les sévices corporels. Le mode claustro du huis-clos permettant notamment au spectateur de se confiner dans cet univers olfactif transpirant la rouille, le sang, le vomi et la sueur. Pour culminer la tension et la dramaturgie de la survie, la dernière partie allouée à la condition esseulée de deux rescapés nous engage vers une traque homérique parmi l'appui d'enfants délinquants livrés à eux mêmes. Au passage, Eli Roth en profite pour décrier la posture primitive de cette marginalité infantile quand bien même la corruption policière et la prostitution sont également mêlées au trafic d'êtres humains depuis la décrépitude de leur état.


Efficace et tendu, éprouvant et parfois choquant pour quelques effets gores démonstratifs, Hostel adopte le principe du divertissement horrifique par l'exploitation du Tortur'porn. Il en émane un petit moment de frousse à la fascination malsaine assez dérangeante, de par son contexte social où la bourgeoisie arbitraire est capable d'enfreindre sa morale pour assouvir ses fantasmes les plus déviants.  

La Chronique de Hostel 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/09/hostel-chapitre-2-hostel-part-2.html

B.M

jeudi 14 janvier 2016

La Place Sanglante (Uncut Version)

     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Blood Beach" de Jeffrey Bloom. 1980. U.S.A. 1h31. Avec David huffman, Marianna Hill, Burt Young, John Saxon, Darrell Fetty.

Sortie salles France: 29 Juillet 1981

FILMOGRAPHIE: Jeffrey Bloom est un scénariste, réalisateur et producteur américain, né le 4 Avril 1945. 1975: Dogpound Shuffle. 1977: The Stick Up. 1980: La plage sanglante. 1984 Jalousies (télé-film). 1985: L'étoile inconnue (TV). 1986: Le droit au meurtre (TV). 1987: Juarez (TV). 1987: Flowers in the Attic


Cette fois-ci, le danger ne vient pas de la mer ! 
Série B horrifique symptomatique des années 80 surfant sur la vague du "monstre aquatique" initié par les Dents de la Mer, La Plage Sanglante fait office d'ersatz amusé de par sa réalisation apathique et ces personnages niais dénués de psychologie. Les comédiens s'efforçant d'exprimer leur effroi ou leur désarroi face à la menace indicible avec une inexpressivité limite impayable. Le pitchDans une station balnéaire californienne, de jeunes vacanciers disparaissent mystérieusement sans laisser de traces. (Le spectateur assistant avec stupeur amusée à leur ensevelissement par une menace invisible tapie sous le sable). Dépêchés sur les lieux, la police et le chef de la brigade portuaire enquêtent sans parvenir à élucider cette vague morbide. Alors que les morts s'accumulent en intermittence et que les fouilles infructueuses piétinent, le spectateur contemple le suspense au second degré. Produit d'exploitation fallacieux si au premier coup d'oeil on se laisse aguicher par la fulgurance formelle de son affiche, La Plage Sanglante fait office de nanar bonnard au fil d'une intrigue atone incapable de progresser mais rehaussée d'un casting étonnamment attachant (le garde côte roucoulant avec sa compagne 1h30 durant tout en tentant vainement d'éclaircir l'enquête). 


La narration se condensant aux investigations policières rébarbatives et à l'éveil romanesque du couple d'amants (susnommé) au rythme de victimes absorbées par le sable. Si l'idée horrifique s'avère originale et alimente au départ une certaine curiosité quant à sa description spectaculaire et l'envie de démasquer l'identité du meurtrier et son éventuel mobile, la manière puérile dont Jeffrey Bloom exploite indéfiniment ces situations anxiogènes fait chavirer le navire vers la gaudriole. Et pour amuser la galerie, on peut également compter sur nos vénérables seconds rôles John Saxon et Burt Young s'opposant gentiment avec bonhomie, le caractère risible (et involontairement drôle) de leurs dialogues les contraignant à la caricature pittoresque. Incapable d'insuffler un suspense à travers une intrigue à bout de souffle, la Plage Sanglante demeure pourtant miraculeusement plaisant pour qui affectionne le ciné Bis (pour rire), et ce jusqu'au dénouement grotesque où l'apparition protéiforme du monstre nous plonge à nouveau dans une stupeur amusée. Cerise sur la gâteau, on peut également relever la partition métronomique de son score ombrageux limite auto-parodique à daigner provoquer une angoisse sous-jacente lorsque la présence hostile est sur le point d'alpaguer sa nouvelle proie.


Entre ces situations involontairement cocasses ou hilarantes (notamment grâce à la présence bourrue de Burt Young en flic génialement gouailleur) et ces quelques effets gores TRES timorés (en précisant qu'il s'agit ici de la version Uncut inédite en France !), La Plage Sanglante tente d'y façonner une intrigue scolaire plaisamment ubuesque. En mode bisseux, le divertissement ultra modeste parvient donc à séduire l'afficionados du genre de par le charme de ces interprètes assez attachants et son atmosphère horrifique (photo sépia à l'appui) symptomatique d'une époque révolue. 

*Bruno
05.10.20.
4èx

mercredi 13 janvier 2016

Electric Dreams. Prix du Public, Antenne d'Or A2, Avoriaz 85.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Steve Baron. 1984. U.S.A/Angleterre. 1h32. Avec Lenny Von Dohlen, Virginia Madsen, Bud Cort, Maxwell Caulfield, Wendy Miller, Don Fellows, Alan Polonski.

Sortie salles France: 17 Avril 1985

FILMOGRAPHIE: Steve Barron est un réalisateur et producteur irlandais, né le 4 mai 1956 (59 ans) à Dublin (Irlande). 1984 : Electric Dreams. 1990 : Les Tortues ninja. 1992: ZZ Top : Greatest Hits (vidéo). 1993: Bowie : The Video Collection (vidéo). 1993 : Coneheads. 1996 : Pinocchio. 1998 : Merlin (TV). 2000 : Les Mille et Une Nuits (Arabian Nights) (TV). 2000 : L'Étrange histoire d'Hubert (Rat). 2001 : Mike Bassett: England Manager. 2003 : DreamKeeper (feuilleton TV). 2006 : Chocking Man. 2011 : Apocalypse 2.0 (Delete) (TV). 2012 : L'Île au trésor (Treasure Island) (TV).


Un miracle de romantisme fringant à la sauce informatique.
Film culte de la génération 80, Electric Dreams emprunte la comédie romantique sous couvert d'un argument débridé d'anticipation. A savoir, l'ordinateur domestique doué de vie et de sentiments après avoir été incidemment irrigué de champagne par son propriétaire. Ce pitch d'une naïveté fantaisiste, pour ne pas dire ridicule, est transcendé par le talent perfectionniste d'un surdoué issu du video-clip, Steve Barron. Sa réalisation hyper inventive insufflant une fraîcheur galvanisante auprès de la relation singulière du triangle amoureux impliqué dans des péripéties pittoresques. Car au moment d'installer son équipement informatique, Miles Hardings tombe sous le charme de sa voisine de palier, Madeline, violoncelliste de renom. Fasciné par ses compositions qu'elle répète au sein de son intimité, l'ordinateur s'initie également à la mélodie pour les mémoriser au moment de s'éprendre d'amour pour elle. Régissant tous les appareils domestiques de l'appartement de son propriétaire, l'ordinateur s'insinue dans leur vie privée avec une jalousie toujours plus envahissante.


Nanti d'une bande-son envoûtante de Giorgio Moroder et des tubes entraînants de Culture Club, P.P. Arnold, Jeff Lynne, Helen Terry et Heaven 17, Electric Dreams distille une incroyable bonne humeur fringante au rythme enivrant d'une fougue romantique. Steve Barron combinant avec beaucoup efficacité  et d'inspiration de mini-clips musicaux parmi le témoignage saugrenu d'un ordinateur en quête d'amitié et d'amour. Conte de fée moderne gorgé de bons sentiments pour son éloge à l'amour et à la tendresse, le cinéaste renouvelle le contexte éculé par l'entremise de cet ordinateur avide d'autonomie et de chaleur humaine auprès du corps charnel. Mais l'aspect si attachant de cette tendre comédie émane également du caractère effronté de ce dernier rivalisant d'espiègleries et de roguerie à importuner son adversaire avant de s'initier communément à l'amour des sentiments. Au-delà de l'aspect délirant de cette situation improbable où l'amour ne cesse de chavirer les coeurs, Electric Dreams est illuminé par le couple d'amants en ascension sentimentale. A travers son personnage d'architecte rivalisant de bévues et de naïveté à courtiser sa muse et à enquiquiner son entourage, Lenny Von Dohlen (sosie de Thierry Lhermitte !) insuffle une bonhomie candide irrésistiblement attachante. Secondé par la sensuelle Virginia Madsen, cette dernière diffuse une fraîcheur sémillante avec une légèreté d'humeur attendrissante.


Conte de fée romantique alimenté par la flamme de l'émoi amoureux, Electric Dreams préserve une fraîcheur intarissable au rythme d'une BO aussi galante que pétulante. En dépit de son cachet un peu désuet (essentiellement pour la morphologie académique de l'ordinateur), cette série B décomplexée parvient même à culminer une émotion poignante pour la destinée infortunée d'Edgar, machine électronique férue d'amour corporel. Techniquement inventif, notamment auprès de l'ultra dynamisme du montage inspiré du video-clip, il y découle un vrai bijou de charme et de tendresse parmi la légèreté d'humour et de poésie candide (les ordinateurs rêvent-ils de moutons électriques ?) que les nostalgiques reverront avec beaucoup d'émotions. 

* Bruno
12.06.23. 5èx. Vostfr

Récompenses: Prix du Public, Antenne d'Or A2 au Festival du film fantastique d'Avoriaz, 1985.

mardi 12 janvier 2016

FRISSONS D'OUTRE-TOMBE

                                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Arte.tv

"From beyond the grave" de Kevin Connor. 1973. 1h37. Angleterre. Avec Ian Bannen, Ian Carmichael, Peter Cushing, Ian Ogilvy, Angela Pleasance, Diana Dors, Donald Pleasence, Nyree Dawn Porter, David Warner.

Sortie salles France: Mars 1974. Angleterre: 23 février 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.


En plein essor du film à sketchs inauguré par la célèbre firme Amicus depuis le Train des Epouvantes, Frissons d'outre-tombe renoue avec la qualité d'Histoires d'Outre-tombe réalisé 2 ans au préalable. Kevin Konnor, habile faiseur de séries B à qui l'on doit le bijou d'humour macabre, Nuits de Cauchemar, ainsi qu'une pléthore de fantaisies mythologiques (Le 6è Continent, Centre Terre, septième continent, Le Continent Oublié, Les 7 cités d'Atlantis, Le Trésor de la Montagne Sacrée), nous concocte avec soin quatre sketchs relativement surprenants ou tout du moins ludiques dans son lot de circonstances débridées auquel des protagonistes chapardeurs vont s'y retrouver mêlés. Un miroir, une médaille, une tabatière et une porte vont servir d'éléments perturbateurs avec l'au-delà depuis que des clients se sont empressés de les négocier auprès d'un vieil antiquaire (Peter Cushing se prêtant au jeu du vendeur sénile avec une ironie insidieuse). Servi par une pléiade d'acteurs notoires et de seconds couteaux bien connus des amateurs du genre (Donald Pleasance, David Warner, Ian Carmichael, Peter Cushing, Ian Ogilvy, Angela Pleasance, Diana Dors, Nyree Dawn Porter), Frissons d'outre-tombe tire parti de son capital sympathie grâce à la modeste élaboration de sa réalisation où rien n'a été laissée au hasard.


Que ce soit au niveau de l'efficacité des intrigues aussi amusantes qu'intrigantes dans leur invention machiavélique, de la caractérisation mesquine des personnages n'hésitant pas à frauder la mise de l'objet convoité, que de l'ambiance tout à fait envoûtante que Kevin Konnor fignole parfois par le biais d'éclairages saturés (la dernière anthologie renouant avec l'aspect gothique d'un Bava). Outre les composantes traditionnelles du film à sketchs (dérision, épouvante et suspense), la chute sardonique reste à nouveau tributaire d'ultime estocade pour la victime sévèrement châtiée, quand bien même l'une d'elle bénéficiera d'une faveur d'indulgence. Grâce à la volonté intègre de son auteur à tenter d'émuler son homologue notoire (Histoire d'outre-tombe), Frissons d'outre-tombe attise un pouvoir de séduction émanant d'une ambiance mortuaire délicieusement archaïque. Principalement le premier et le dernier sketch où des revenants tentent de s'extraire d'outre-tombe par le biais d'un miroir ou d'une porte en tourmentant l'esprit de leurs propriétaires. L'humour noir ne cessant de ricocher au fil du comportement versatile des ces derniers attirés dans un univers fantasmagorique sensiblement démoniaque. Prenant pour thème le vaudou par le biais d'une médaille militaire, le second segment ne manque pas non plus de fantaisies et de rebondissements quant à la destinée infortunée du mari préalablement molesté par une épouse abusive. Si le troisième sketch (la tabatière) manque un peu de densité et de surprises par son cheminement prévisible, l'humour cocasse acheminé autour d'un exorcisme et de l'entité indicible permet de transcender ses carences avec un soupçon de méchanceté sarcastique (sa chute espiègle).


Nanti de sketchs (futilement) inégaux mais toujours amusants, insolents et irrésistiblement ensorcelants (j'insiste sur l'ambiance spectrale qui irrigue de son empreinte chaque récit !), Frissons d'Outre-tombe honore le genre d'épouvante sans esprit de prétention et avec l'aimable autorité de comédiens en posture indélicate (mention spéciale au sourire livide de l'étonnamment trouble Angela Pleasance dans le 3è segment). Un petit fleuron d'épouvante archaïque à redécouvrir car d'une fraîcheur insoupçonnée !  

B.M.
2èx