vendredi 15 janvier 2016

Hostel

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

d'Eli Roth. 2006. U.S.A. 1h33. Jay Hernández, Derek Richardson, Eythor Gudjonsson, Barbara Nedeljakova, Jana Kaderabkova, Jan Vlasák, Jennifer Lim.

Sortie salles France: 1er Mars 2006 (mention: Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement : "De nombreuses images, d'une grande violence, peuvent impressionner les spectateurs".
Sortie U.S: 6 Janvier 2006.

FILMOGRAPHIE: Eli Roth est un réalisateur américain, né le 18 Avril 1972 à Boston.
2002: Cabin Fever. 2006: Hostel. 2007: Thanksgiving (faux trailer). 2007: Hostel 2. 2009: Nation's Pride - Stolz der Nation (trailer). 2013: The Green Inferno. 2015: Knock Knock.

Deux ans après le phénomène Saw, le débutant Eli Roth exploite à son tour le filon du Torture Porn, remis au goût du jour pour un public ado en quête de sensations hardcores. Devenu, comme son homologue, un petit film culte auprès de la génération 2000, Hostel s’inscrit dans la lignée du cinéma d’exploitation, celui qui sévissait autrefois sur les écrans crasseux des grindhouses, en particulier durant l’âge d’or des Seventies. À travers le thème du trafic d’humains orchestré dans les pays les plus défavorisés, Eli Roth s’épanche sur les bas instincts de rupins étrangers réunis en Slovaquie pour combler leur appétence morbide. 

Le Pitch: Trois jeunes étudiants américains font escale à Prague, attirés par l’adresse confidentielle d’un bordel clandestin. Après avoir fraternisé avec des call-girls à l’auberge, deux d’entre eux disparaissent mystérieusement. Paxton, le survivant, part à leur recherche...

Série B horrifique baignée dans une violence graphique parfois éprouvante, Hostel ne fait pas dans la dentelle pour dépeindre, avec un réalisme rugueux, les supplices infligés à des victimes capturées pour le bon plaisir de bourreaux pathologiques. Et on ne va pas s'en plaindre, du moins chez les initiés. 

Si la première partie, convenue, n’échappe pas aux figures imposées du teen movie, l’efficacité de la mise en scène et le soin accordé à la caractérisation des personnages (qu’il s’agisse de nos fêtards juvéniles ou des nymphettes aguicheuses) nous permettent de nous attacher à leur virée hédoniste entre sexe, suspicion et défonce. Outre l’érotisme stylisé des étreintes torrides, Roth instille par touches insidieuses un climat d’angoisse, une tension rampante au fil des disparitions. L’anxiété grimpe d’un cran lorsque Paxton, seul rescapé, commence à percer les rouages de cette machination ténébreuse, où les catins s’avèrent compromises dans un trafic aussi abject qu’organisé.

Par le prisme haletant du survival, la seconde partie bascule dans l’horreur pure lorsque Paxton se retrouve piégé dans une usine désaffectée, reconvertie en chambre des supplices. Roth fignole le cadre insalubre de cet antre rubigineux avec un certain stylisme — notamment les tenues fétichistes des tortionnaires, au charisme inquiétant. Hostel nous entraîne droit en enfer : chaînes, scies, pinces, scalpels, tout y est. La brutalité crue de certaines séquences (dont une fameuse énucléation) plonge le spectateur dans le dégoût, le malaise, une sensation d’inconfort physique. La victime, entravée, pantelante, nauséeuse, est contrainte d’endurer des sévices corporels sous l’œil concupiscent de bourreaux satisfaits. Le huis clos nous enferme, nous aussi, dans un univers olfactif suintant la rouille, le sang, le vomi, la sueur.

Pour culminer la tension, la dernière partie, centrée sur la condition esseulée de deux rescapés, embraye vers une traque homérique, avec l’appui d’enfants délinquants livrés à eux-mêmes. Roth en profite pour pointer du doigt la sauvagerie de cette marginalité infantile, tout en dénonçant la corruption policière et la prostitution mêlées à ce trafic d’êtres humains, nées de la décrépitude d’un monde laissé à l’abandon.


"Slovaquie Rouge Sang".
Efficace et tendu, éprouvant et parfois choquant par la crudité de ses effets gores, Hostel illustre à sa manière l’essence du divertissement horrifique : une série B d’exploitation nourrie à la transgression. Il en émane un bon moment de frousse à la fascination malsaine, dérangeante, où la bourgeoisie pervertie piétine toute morale pour assouvir ses fantasmes les plus déviants.

*Bruno

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