jeudi 21 janvier 2016

Prison

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de Renny Harlin. 1987. U.S.A. 1h42. Avec Viggo Mortensen, Chelsea Field, Lane Smith, Lincoln Kilpatrick, Tom Everett, Tom Lister, Jr. , Kane Hodder.

Sortie salles France, uniquement à Avoriaz: Janvier 1988. U.S: 8 Décembre 1987

FILMOGRAPHIE: Renny Harlin (Renny Lauri Mauritz Harjola), est un réalisateur et producteur américain d'origine finlandaise, né le 15 mars 1959 à Riihimäki (Finlande).
1986 : Born American. 1987 : Prison. 1988 : Le Cauchemar de Freddy). 1990 : 58 Minutes pour vivre (Die Hard 2). 1990 : The Adventures of Ford Fairlane. 1993 : Cliffhanger. 1995 : L'Île aux pirates. 1996 : Au revoir à jamais. 1999 : Peur Bleue. 2001 : Driven. 2004 : Profession profiler. 2004 : L'Exorciste, au commencement. 2006 : Le Pacte du sang. 2008 : Cleaner. 2009 : 12 Rounds. 2011 : Etat de guerre. 2013 : Dyatlov Pass Incident. 2014 : La Légende d'Hercule. 2015 : Skiptrace.


Classique des années 80, Prison est l'initiateur d'un concept original que d'autres réalisateurs s'empresseront d'exploiter (à l'instar de Wes Craven pour Shocker, James Isaac avec House 3): celui des exactions revanchardes d'un détenu d'outre-tombe, faute d'avoir été autrefois injustement condamné à la chaise électrique. En l'occurence, alors que des prisonniers sont transférés dans une ancienne prison en témoignant des consignes totalitaires de leur directeur, d'étranges phénomènes meurtriers vont intenter à leur détention. Si bien que tapi derrière les cloisons des cellules, le fantôme d'un ancien détenu serait à l'origine de ses massacres en règle. Série B photogénique par sa facture formellement gothique exploitant efficacement un scénario linéaire autour d'un huis-clos rubigineux, Prison génère un plaisir ludique au rythme percutant de séquences chocs aussi inventives que spectaculaires. On peut d'ailleurs louablement saluer le travail artisanal des maquilleurs tant le réalisme imparti aux mises à mort fascine encore aujourd'hui le spectateur ébranlé par des visions de cauchemar inscrits dans la cruauté corporelle (pour ne pas dire SM !). Servi d'une attachante distribution de seconds-couteaux issus du ciné de genre, l'intrigue exploite quelques clichés du drame carcéral (la posture outrée du directeur abusif, les châtiments punitifs conférés à ses prisonniers quand bien même ces derniers finissent par nous traduire une certaine sympathie depuis leur fonction soumise) sans que le spectateur n'éprouve toutefois le sentiment de déjà vu. 


Une gageure engendrée par l'aura diffuse du climat oppressant en interne d'une prison décatie (en rappellant aussi que pour les besoins du tournage l'utilisation d'un authentique pénitencier laissé à l'abandon fut aimablement autorisé pour tenir lieu de réalisme 4 mois durant !) et par l'attachante stature de certains marginaux comme le souligne le détenu Crésus lié à un passé hélas galvaudé. Principalement le porte parole de la troupe, Burke (que le néophyte Viggo Mortensen endosse avec un charme preux), redoublant d'audace et bravoure à tenter d'extirper de la mort quelques codétenus. Secondé d'un antagoniste sournois avide de mégalomanie, l'excellent Lane Smith se prête au cabotinage avec une rigoureuse autorité derrière son regard impassible quasi métallique. Quant à la présence de l'entité spectrale, Renny Harlin cultive à tous prix la suggestion par le biais d'une lumière azuré aveuglante (à l'instar de La Forteresse Noire !) tout en parvenant à distiller un suspense anxiogène au fil de ses exactions macabres. Enfin, on peut aussi rappeler qu'au niveau des figurants, une dizaine de véritables détenus furent recrutés pour l'occasion cinématographique alors que certains géoliers en faction étaient réellement armés durant tout le tournage afin d'éviter le moindre incident ! Qui plus est, un autre détenu (jugé pour meurtre à la suite d'une bagarre dans un bar) tient d'ailleurs un véritable rôle narratif dans celui du mastard autoritaire proposant un compromis avec Bruke (Vigo Mortensen) à la suite de son héroïsme de dernier ressort.


Psycho-killer surnaturel façonné à l'instar d'un train-fantôme pénitentiaire dénué de surenchère (en dépit du final explosif efficacement géré), Prison cultive une irrépressible fascination pour son climat feutré de claustration et sa variante de séquences-chocs aussi sanguines qu'homériques. Nanti d'un rythme sans faille culminant vers une ultime demi-heure haletante, Prison transfigure la série B à l'ancienne parmi l'originalité de son concept horrifique, et ce, en dépit d'une structure narrative convenue. Un régal d'efficacité au demeurant pour un amour de série B rétro. 

*Bruno
5èx. 28.02.24. Vostfr

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