vendredi 30 septembre 2016

LES CICATRICES DE DRACULA

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"Scars of Dracula" de Roy Ward Barker. 1970. Angleterre. 1h36. Avec Christopher Lee, Dennis Waterman, Jenny Hanley, Patrick Troughton, Michael Ripper, Michael Gwynn, Wendy Hamilton.

Sortie salles Angleterre: 8 Novembre 1970

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010.
1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


6è volet de Dracula issu de l'illustre firme Hammer, Les Cicatrices de Dracula peut se targuer d'être le plus violent et dévergondé de la série dans son alliage d'érotisme polisson et de gore outrancier. A l'instar d'un homicide d'une rare sauvagerie intenté sur une victime féminine prise en flagrant délit d'adultère ! Même encore aujourd'hui, on se surprend du réalisme poisseux de la mise à mort que Dracula perpétue avec frénésie lorsque le poignard perfore à moult reprises la chair ensanglantée ! Outre le caractère graphique de ses séquences-chocs souvent impressionnantes (notamment le massacre dans l'église ou encore l'agression d'une chauve-souris !), Roy Ward Barker prend également soin d'instaurer un climat d'érotisme sulfureux (surtout pour l'époque !) en brossant les portraits décomplexés de personnages lubriques.


Tant pour la présence vénéneuse de Tania, maîtresse infidèle de Dracula, de Paul, séducteur invétéré au point de courtiser en un temps furtif trois paysannes impudentes, ou encore de Klove, l'assistant versatile de Dracula aux penchants sado-maso et fétichistes ! En dépit d'une intrigue au cheminement classique (épaulé de son épouse, Simon tente de retrouver son frère aîné au sein du château de Dracula, quand bien même ce dernier s'efforce de vampiriser sa partenaire), Roy Ward Barker parvient efficacement à captiver sans modération par la nervosité d'un récit fertile en rebondissements, situations fortuites et péripéties haletantes. Prenant soin de fignoler la forme gothique au sein de magnifiques décors domestiques comme le souhaite la tradition Hammer, Les Cicatrices de Dracula envoûte les sens sous l'impulsion de personnages perfides. Comme le prouve le serviteur de Dracula pétri de contradiction et de fourberie en dupant ses adversaires avec perversité exubérante ! Avec une cruauté escarpée, Roy Ward Barker n'hésite pas non plus à y sacrifier quelques victimes innocentes alors qu'une empathie venait de s'instaurer auprès de l'une d'elles depuis sa bravoure de prêter main forte à notre héros. Quant au personnage vicié que caractérise orgueilleusement Dracula, l'irremplaçable Christopher Lee magnétise l'écran à chacune de ses apparitions avec une classe impérieuse ! Au visage blême se succédant parfois un regard éraillé dans son désir de nuire à autrui pour le plaisir d'asservir sa proie !


Déclinaison couillue de la série des Dracula, les Cicatrices de Dracula s'affranchit de tout carcan afin d'extérioriser une atmosphère malsaine inhabituellement dépravée pour la firme. Par le biais d'une investigation périlleuse et du traditionnel jeu du chat et de la souris émane un habile exercice de style auquel se prêtent avec charisme infaillible la stature hiératique de Christopher Lee, des seconds rôles fielleux et un défilé de jeunes actrices somptueusement émoustillantes !  

B-M. 3èx

jeudi 29 septembre 2016

WOLF

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Mike Nichols. 1994. U.S.A. 2h05. Avec Jack Nicholson, Michelle Pfeiffer, James Spader, Kate Nelligan, Richard Jenkins, Christopher Plummer, Eileen Atkins.

Sortie salles France: 14 Septembre 1994. U.S: 17 Juin 1994

FILMOGRAPHIEMike Nichols, né Michael Igor Peschkowsky le 6 novembre 1931 à Berlin et mort à New York le 19 novembre 2014 (à 83 ans), est un réalisateur américain, d’origine russe et allemande. 1966 : Qui a peur de Virginia Woolf ? 1967 : Le Lauréat. 1970 : Catch 22. 1971 : Ce plaisir qu'on dit charnel. 1973: Le Jour du dauphin. 1975 : La Bonne Fortune. 1983 : Le Mystère Silkwood. 1986 : La Brûlure. 1988 : Biloxi Blues. 1988 : Working Girl. 1990 : Bons baisers d'Hollywood. 1991 : À propos d'Henry. 1994 : Wolf. 1996: Birdcage. 1998 : Primary Colors. 2000 : De quelle planète viens-tu ? 2004 : Closer, entre adultes consentants. 2007: La Guerre selon Charlie Wilson.


- Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous, dit la Belle, et je vous aime mieux avec votre figure que ceux qui, avec la figure d’homme, cachent un cœur faux, corrompu, ingrat.

Immense réalisateur révélé par Qui a peur de Virginia Wolf ? et Le Lauréat, Mike Nichols renoue avec le Fantastique après nous avoir déjà séduit avec l'émouvant (et méconnu) Le Jour du Dauphin. Prenant pour thème le mythe séculaire du loup-garou, Mike Nichols nous offre également avec Wolf une variation moderne de la Belle et la Bête que le duo Nicholson/Pfeiffer transfigure par le biais de leur romance en perdition. Après avoir été mordu par un loup un soir de pleine lune, Will Randall s'étonne de ses nouveaux dons olfactifs et auditifs. Licencié par son patron d'édition par la faute de son ennemi juré, l'opportuniste Stewart Swinton, il tente en désespoir de cause de renégocier son emploi au moment même où il rencontre incidemment la fille du boss, Laura Alden. Sensiblement attirés l'un pour l'autre, cette dernière s'efforce de soutenir les angoisses expansives de son compagnon persuadé qu'il est habité par un instinct primitif depuis sa morsure


Avec le brio d'une mise en scène classieuse, Mike Nichols renouvelle le mythe du loup-garou par le biais d'une trajectoire narrative prévisible mais constamment captivante. Si l'intrigue linéaire n'apporte rien de neuf, le cinéaste compte sur l'art de conter son histoire en prenant son temps à y poser les enjeux humains par l'entremise d'une étude caractérielle. Jack Nicholson et Michelle Pfeiffer formant sobrement le couple infortuné avec un humanisme et une pudeur fragile. Charismatiques en diable et plein de séduction dans leurs échanges amoureux, ces derniers portent le film sur leurs épaules avec une densité psychologique que Mike Nichols prend soin d'intensifier sans prétention. La belle, partagée entre l'optimisme et l'angoisse, s'efforçant sereinement de protéger la bête en proie à une contrariété davantage pesante. La force du récit émanant notamment de sa capacité à nous faire croire à l'improbable (la victime possédée par l'instinct lycanthrope) en optant également pour l'effet de suggestion si bien que les séquences véritablement horrifiques et homériques n'interviennent que durant le dernier tiers du film. Outre sa belle romance transcendée par l'aplomb de nos illustres comédiens, Mike Nichols en extirpe également en sous-texte social une satire sur l'arrivisme des financiers prêts à s'entretuer pour accéder en haut de la pyramide. Sur ce point, James Spader s'avère délectable de cynisme et de fourberie en endossant le rôle annexe d'un transfuge habité par l'appât du gain.


Si Wolf aurait mérité à être plus compact et surprenant si son cheminement narratif eut été plus original, Mike Nichols parvient néanmoins avec brio indiscutable à instaurer une acuité à travers la caractérisation contrariée des personnages combattant le Mal, entre foi amoureuse et espoir de rédemption. Habilement exploités car retardant au possible les métamorphoses spectaculaires, on peut enfin prôner le réalisme des maquillages à l'ancienne (aussi concis soient-ils et inspirés des travaux de la Universal !) ainsi que sa partition musicale qu'Ennio Morricone transfigure avec une émotion épurée ! (suffit de capter l'essence onirique de son épilogue élégiaque pour s'en convaincre !). 

B-M. 3èx

Récompense: Saturn Award du meilleur scénario par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur.

mercredi 28 septembre 2016

MAMBA / FAIR GAME

                                                                     Photo empruntée sur Google

"Fair Game" de Mario Orfini. 1988. Italie. 1h21. Avec Trudie Styler, Gregg Henry, Bill Moseley, John Randolph, Rene Auberjonois.

Sortie salles France: 28 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Mario Orfini est un réalisateur et producteur italien né en 1936 à Lanciano.
1978 : Noccioline a colazione. 1988 : Mamba. 1992 : Jackpot (classe spéciale). 1998 : L'anniversario.


Série B oubliée des années 80 malgré sa sélection officielle à Avoriaz en 1989, Mamba exploite le Snake movie en interne d'un huis-clos domestique de tous les dangers. Suite à leur rupture, un amant sans vergogne décide de comploter un jeu machiavélique auprès de son ancienne maîtresse. A savoir, introduire un Mamba noir en interne de son studio, serpent réputé comme l'un des plus dangereux du monde si la victime redouble d'adrénaline. A l'aide d'un ordinateur et d'une mini caméra de surveillance, il observe à l'instar d'un jeu-video les déplacements du reptile en espérant la mort brutale de sa compagne en un temps chronométré de 60 minutes. Seule et embrigadée contre son gré, Eva finit par se rendre compte du danger létal de la menace rampante ! Déterminée à ne pas se laisser intimider, elle tente par tous les moyens de se défendre contre l'intrus !


Modeste production réalisée par un cinéaste transalpin méconnu, comme le souligne sa filmographie malingre comprenant uniquement quatre longs-métrages, Mamba joue la carte du survival intimiste par le principe d'unité de lieu et de temps. L'héroïne confinée chez elle s'efforçant de se prémunir du danger par l'entremise de stratégies de défense que la caméra véloce exploite habilement en vue subjective ou en cadrages alambiqués. Si certaines péripéties sombrent un peu dans la facilité en forçant le trait d'effets de surprise en trompe l'oeil, la plupart des rebondissements qui intentent à la tranquillité de l'héroïne parviennent aisément à captiver en instaurant notamment une véritable efficacité par son climat d'angoisse oppressante que le mélomane Gorgio Moroder (La Féline, Midnight Express) exacerbe parmi un score haletant. Sur une durée minimaliste d'1h21 (générique en sus), Mario Orfini parvient donc à exploiter le cadre restreint du cocon domestique en relançant l'action dans de multiples directions. L'héroïne accourant tous azimuts dans les recoins de son studio afin de désorienter le serpent et le piéger à l'aide d'accessoires retors dont je tairais les noms.


Réalisé avec soin formel et habileté technique en distillant en intermittence de jolis moments de terreur viscérale, Mamba constitue une fort sympathique série B horrifique dans son jeu pervers d'épreuve de force impartie au survival. Le duo antinomique formé par Trudie Styler (épouse à la ville du chanteur Sting au jeu parfois outré) et Gregg Henry (Body Double, Scarface) assurant vigoureusement une confrontation (à distance) des plus sournoises comme le souligne aussi l'audace de son final sardonique ! (à une incohérence près qu'on peut juger grossière).

B-M. 3èx

mardi 27 septembre 2016

COBRA

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site tumblr.com

de George Pan Cosmatos. 1986. U.S.A. 1h26. Avec Sylvester Stallone, Brigitte Nielsen, Reni Santoni, Andrew Robinson, Art LaFleur, Val Avery, Brian Thompson.

Sortie salles France: 22 Octobre 1986. U.S: 23 Mai 1986

FILMOGRAPHIE: George Pan Cosmatos était un réalisateur et scénariste grec né le 4 janvier 1941 à Florence (Toscane, Italie), mort le 19 Avril 2005 à Victoria (Colombie-Britannique, Canada) d'un cancer du poumon.1973 : SS Représailles. 1971 : The Beloved. 1977: Le Pont de Cassandra. 1979: Bons Baisers d'Athènes. 1983: Terreur à Domicile. 1985: Rambo 2, la Mission. 1986: Cobra. 1989: Leviathan. 1993: Tombstone. 1997: Haute Trahison.


Petit succès commercial discrédité par les critiques de l'époque comme l'ont également attesté ses 6 nominations aux Razzie Awards en 1986, Cobra est la nouvelle association Cosmatos / Stallone après qu'ils eurent préalablement explosé le box-office avec Rambo 2, la mission. B movie d'action décérébré dans la structure triviale d'un scénario aussi prévisible que scolaire (Stallone en est lui même le signataire !), Cobra constitue d'une certaine manière un miracle du divertissement bourrin grâce au savoir-faire de son auteur. De par la nervosité du montage et d'un sens du découpage que George Pan Cosmatos a su maîtriser sous le pilier de gunfights et poursuites automobiles en règle. En prime, en introduisant quelques codes du cinéma horrifique hérité du Slasher, Cobra distille une ambiance cauchemardesque à la lisière du malsain, comme le souligne la brutalité des exactions perpétrées à la hache par des fanatiques fascistes (tuer les plus faibles afin d'accéder à la suprématie d'un nouveau monde !) ou à l'instar de séquences haletantes lorsqu'une rescapée est poursuivie dans un parking souterrain jusqu'aux corridors d'un hôpital !


Contraints de la protéger depuis que cette dernière fut témoin des agressions meurtrières du leader de la secte, Marion Cobretti et son acolyte Gonzales vont tenter de la protéger alors que la confrérie se lancera à leurs trousses sans relâche, en véhicules et en motos ! Dominé par la présence inévitablement attachante de Sylvester Stallone roulant des mécaniques (allumette au bec, lunettes noires de soleil, flingue imprimé d'une esquisse de cobra !) avec une virilité imperturbable, Cobra est voué à sa fonction bankable dans sa posture réactionnaire d'inspecteur Harry de seconde zone. Secondé par la charmante Brigitte Nielsen (son épouse danoise à la ville et ancienne top-model internationale alors qu'il s'agit de sa 3è apparition à l'écran !), cette dernière parvient à susciter une certaine empathie dans sa stature fragile de victime molestée et pour son idylle entamée avec Cobretti. Dans un rôle subsidiaire de faire-valoir, Reni Santoni invoque lui aussi une belle sympathie pour son amitié échangée avec Cobretti (notamment leur divergence futile à propos de la malnutrition !). Enfin, l'impressionnant Brian Thompson se glisse spontanément dans la peau d'un maniaque patibulaire avec l'apparat de sa mâchoire carrée et d'un regard exorbité imprimé de démence !


Le crime est un poison, voici l'antidote !
Plaisir coupable du samedi soir voué au climat anxiogène d'une action inopinément horrifique sous l'efficacité d'un script linéaire féru de gunfights et poursuites jouissives (aussi improbables soient-elles !), Cobra s'extirpe de la médiocrité avec une vigueur émotionnelle inespérée, comme le scande le score entraînant de Jean Beauvoir (son fameux hit: Feel the Heat !).  

B-M. 4èx

lundi 26 septembre 2016

Maniac Cop 2

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de William Lustig. 1990. U.S.A. 1h26. Avec Robert Davi, Claudia Christian, Michael Lerner, Bruce Campbell, Laurene Landon, Robert Z'dar.

Sortie salles France: 18 Juillet 1990

FILMOGRAPHIE: William Lustig est un réalisateur américain né le 1er février 1955 dans Le Bronx à New York. Il est le neveu du boxeur Jake La Motta. 1980: Maniac. 1983: Vigilante. 1988: Maniac Cop. 1990: Maniac Cop 2. 1993: Maniac Cop 3. 1997: Uncle Sam.


Deux ans après Maniac Cop, William Lustig rempile pour une séquelle ludique encore plus nerveuse dans son concentré d'action et de poursuites sur bitume souvent fort spectaculaires. Ainsi, à travers une facture photogénique de B movie de samedi soir, Maniac Cop 2 n'affiche pas la redite inutile sous l'égide du même scénariste que son prédécesseur, l'illustre Larry Cohen. L'intrigue efficace jouant la carte du second degré avec un humour noir incisif alors que le cadre urbain imparti à sa scénographie new-yorkaise met en lumière (génialement nocturne) une atmosphère d'insécurité palpable. Le pitchMatt Cordell, flicard d'outre-tombe, continue de sillonner les quartiers en poursuivant ses exactions meurtrières auprès de citadins et forces de l'ordre. Mais une mission de plus grande ampleur l'attend bientôt ! Pénétrer dans l'enceinte de son ancien pénitencier afin de punir les responsables de son lynchage.


Efficacement structuré, ce pitch insolent regorge de péripéties et trouvailles durant sa trajectoire fortuite comme le souligne la présence complémentaire d'un maniaque sexuel venu aimablement épauler notre killer-cop. Ce dernier se concertant avec cet étrangleur d'effeuilleuses qu'un flic réac (le charismatique et buriné Robert David) et une psychologue (la sexy Claudia Christian préalablement entrevue dans Hidden !) s'efforceront également appréhender au fil de leurs pérégrinations. Mais bien avant ces chasses à l'homme perpétrées en plein New-York crépusculaire, Lustig fait preuve d'audace subversive quand au sort tragique de notre duo d'héros (Bruce Campbell / Lauren Landon) durant la première demi heure de métrage à la fois déconcertante et véritablement couillue. 


Généreux en diable à travers son panel de péripéties frénétiques, et nanti d'humour sardonique avec un second degré aussi provocateur qu'assumé, Maniac Cop 2 demeure une suite assez retorse sous l'impulsion de seconds couteaux attachants et du scénariste excentrique Larry Cohen (peu de le souligner).

*Bruno
26.09.16.
07.07.22. 4èx. Vostfr

                                       LA CHRONIQUE DE MANIAC COP 1

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de William Lustig. 1988. U.S.A. 1h25. Avec Tom Atkins, Bruce Campbell, Laurene Landon, Richard Roundtree, William Smith, Robert Z'dar, Sheree North.

Sortie salles France: 22 Juin 1988

FILMOGRAPHIEWilliam Lustig est un réalisateur américain né le 1er février 1955 dans Le Bronx à New York. Il est le neveu du boxeur Jake La Motta.
1980: Maniac. 1983: Vigilante. 1988: Maniac Cop. 1990: Maniac Cop 2. 1993: Maniac Cop 3.
1997: Uncle Sam.


Habile franc-tireur responsable du mythique Maniac et d'un classique de l'auto-défense, Vigilante, William Lustig continue de verser dans la série B horrifique avec Maniac Cop, d'après un scénario du célèbre Larry Cohen. Justement, c'est bien là la qualité première de cet efficace slasher dont l'intrigue adroitement écrite juxtapose judicieusement péripéties, course-poursuites, cascades, rebondissements en pagaille et crimes en série autour de l'itinéraire meurtrier d'un flic psychopathe. Qui plus est, pour intensifier l'enjeu dramatique, un faux coupable est sévèrement malmené par la police et le tueur afin que ce dernier puisse librement continuer ses exactions lors d'une unité de temps. En empruntant au thème du zombie inscrit dans notre réalité du quotidien, Larry Cohen réussit à crédibiliser son intrigue bâtie sur la vengeance meurtrière de l'officier Matt Cordel, préalablement condamné à tort pour abus de pouvoir et donc enfermé en prison parmi les assassins qu'il avait autrefois alpagué. Spoiler !!! Après avoir été laissé pour mort lors d'une sordide altercation dans les douches de la prison et après s'être échappé de la morgue, il décide d'accomplir une vengeance méthodique pour tenir lieu de son innocence auprès des citadins de son quartier. Maintenu en vie grâce à sa rancoeur et ses pulsions de haine, il est aujourd'hui incarné en monstre invincible sous une panoplie d'agent impérieux. Fin du Spoil


Avec une dose d'ironie macabre et d'humour potache, la première partie s'alloue d'un pied de nez intenté au corps policier lorsque ce flic déchu de ses fonctions se planque sous son insigne pour mieux se fondre dans la peau d'un psychopathe et semer une zizanie urbaine ! Du coup, les quidams gagnés par une paranoïa collective n'osent plus aborder l'insigne de l'ordre de peur de finir égorger, quand bien même certains d'entre eux finissent par se laissent gagner par une justice individuelle ! Car c'est affublé d'une arme blanche que le maniac accomplit ses méfaits en sillonnant les ruelles crépusculaires de New-York. Sur ce point, l'atmosphère d'insécurité qui émane des sombres quartiers renvoie un peu au climat envoûtant magnifiquement dépeint dans son premier chef-d'oeuvre, Maniac. Alors qu'aujourd'hui les actualités récentes nous énumèrent certaines bavures des forces de l'ordre intentées sur les noirs américains, on peut déceler dans Maniac Cop une métaphore sur la corruption policière lorsqu'un flic zélé n'hésite plus à sortir son arme pour abattre un quidam désarmé. Epaulé d'une poignée de comédiens de seconde zone, Tom Atkins et Bruce Campbell en tête, le film fait preuve d'une patine Bis dans la manière rustre et naïve dont les interprètes font preuve pour s'exprimer avec machisme. Du point de vue musical, William Lustig fait de nouveau appel à son compositeur fétiche, Jay Chataway, pour soutenir une partition tantôt percutante, tantôt entêtante dans sa mélodie lancinante se prêtant bien à l'onirisme-macabre reflétant les états d'âme du justicier d'outre-tombe rongé par la haine et l'injustice. 


Efficace et carré, nerveux et haletant, inventif mais aussi naïf, Maniac Cop assure le quota d'un psycho-killer de série B parmi l'originalité d'un script affûté et la sympathie attachante de seconds couteaux du ciné Bis. 

B-M
3èx

dimanche 25 septembre 2016

INSTINCT DE SURVIE

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site zone-telechargement.com

"The Shallows" de Jaume Colle Serra. 2016. U.S.A. 1h26. Avec Blake Lively, Óscar Jaenada, Sedona Legge, Brett Cullen, Angelo José Lozano Corzo.

Sortie salles France: 17 Août 2016. U.S: 24 Juin 2016

FILMOGRAPHIE: Jaume Collet-Serra est un réalisateur catalan, né le 23 Mars 1974 à Barcelone.
2005: La Maison de Cire. 2007: Goal 2: La Consécration. 2009: Esther. 2011: Sans Identité. 2014: Non-Stop. 2015: Night Run. 2016: Instinct de Survie.


                                             Une chronique de Jean-Marc Micciche

Vue l'accueil mesuré voire glacial de Instinct de survie, ben moi je monte au créneau pour défendre ce petit film certes n'échappant à des défauts d'écriture mais qui à mon sens remplit bien son cahier des charges. Le programme de Instinct de survie est dénué d'aucune autre ambition que de nous livrait un spectacle et des frissons. Le film débute de manière direct avec la présentation d'une jeune femme traversant la jungle en jeep accompagnée d'un guide pour l'amener sur une plage secrète. A travers une séquence toute en simpliste, le réalisateur impose un personnage, un cadre et un enjeu. Apres le départ de celui-ci, la jeune femme, une véritable déesse blessée dans son cœur commence un rituel propre au surfeur. Fétichisée, filmée avec un soupçon d'érotisme, la jeune femme s'impose dans ce paradis oublié dominé par un fantasme (la mère nourricière des rochers). Et puis arrive cette scène visuellement fabuleuse où la jeune femme semble dompter les vagues avec une grâce inouïe captée par la merveilleuse camera de Collet Serra. Un paradis bientôt souillé par une figure monstrueuse. Simplement, le réal impose une touche de danger, un bruit un regard et puis une vision, celle d'une baleine à l'agonie avec des plaies immenses.


La suite vous la connaissez, vous l'avez dans la bande annonce et c'est exactement ce qu'on va voir non sans que la virtuosité du réal éclate comme celle magnifique (mais que les défenseurs des belles images creuses de The Néon Démon oublient de célébrer), cette ombre menaçante apparaissant dans l'ombre de la vague au moment d'attaquer la jeune femme. Tout le reste du film consistera à mettre en place un programme narratif claire et minimaliste, la jeune femme est bloquée sur un rocher, tout l'intérêt du film consistera à voire comment le réal va établir un suspense non pas à travers un récit dont j'entrevois déjà les moqueries (ben on disait la même chose avec Gravity) mais vraiment à travers l'espace, donc de découpage, donc de cinéma. Limiter le film à ses défauts (certains font tout un plat avec cette mouette allant jusqu'à dire que ça prend tout le film alors que dans les faits, on a 5 minutes bout à bout c'est beaucoup). Donc oui le film a les défauts des séries B de films de monstres, l'intrigue et le cheminement du récit est prévisible, le sort du requin est expédié et certains fx sont discutables. Mais ces défauts véritables (je les nie pas) sont largement compensés par un sens de l'image et la capacité du réal à sublimer un corps blessés. Instinct de survie n'est pas un grand film mais le film recèle suffisamment de qualités pour être apprécié à sa juste valeur.

J.M



Un p'tit mot subsidiaire de Bruno Matéï:
Moi qui avais une petite appréhension après avoir découvert l'excellente petite surprise, In the deep, j'ai été également surpris par ce sympathique survival aquatique constamment efficace, assez tendu, visuellement splendide et bien rodé (même si l'héroïne pêche un peu par manque d'expressivité). Par contre, quant à la complicité amicale entamée avec la mouette, je cherche encore où le ridicule eut pu s'instaurer !

B-M

vendredi 23 septembre 2016

Le Survivant / The Omega Man

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.com

"The Omega Man" de Boris Sagal. 1971. U.S.A. 1h38. Avec Charlton Heston, Anthony Zerbe, Rosalind Cash, Paul Koslo, Eric Laneuville, Lincoln Kilpatrick.

Sortie salles France: 24 Novembre 1971. U.S: 1er Août 1971

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Boris Sagal est un réalisateur et producteur américain né le 18 octobre 1923 à Ekaterinoslav (Ukraine), décédé le 22 mai 1981 à Portland (Oregon). 1963 : Le Motel du crime. 1965 : La Stripteaseuse effarouchée. 1971: Le Survivant. 1978: Angela. 1982: La 3è guerre mondiale (télé-film).


Seconde adaptation de Je suis une Légende, célèbre roman de Richard Matheson publié en 54, Le Survivant reste le film le plus célèbre de Boris Sagal, réalisateur prolifique ayant surtout oeuvré pour la TV avec diverses séries et télé-films durant les années 50 à 80. Car c'est en 1981 que Boris Sagal tire sa révérence lors du tournage de son dernier film, La 3è guerre mondiale, après avoir été décapité par le rotor de queue d'un hélicoptère. Petit classique post-apo des Seventies, Le Survivant relate la confrontation belliqueuse entre un praticien (unique survivant immunisé contre une épidémie mondiale), et une communauté sectaire atteint d'albinisme après avoir été frappés par le virus. Vivant reclus dans un palais de justice et ne sortant que la nuit du fait de leur hyper sensibilité à la lumière, ces derniers multiplies les stratégies d'attaques afin de nuire à la tranquillité de Robert Neville. Mais un soir, retenu prisonnier par ses membres prénommés "la famille", il est sauvé in extremis par une afro-américaine. Ensemble, ils partent rejoindre un autre clan de survivants quand bien même Neville tentera de les immuniser contre la maladie en recréant un vaccin à partir de son sang. Série B efficacement menée dans son schéma narratif extériorisant un sentiment d'isolement tangible entre deux accalmies romanesques (la relation entre Robert et Lisa peut toutefois céder à l'ennui) et confrontations homériques, Le Survivant n'a pas l'ambition de révolutionner le genre par son intrigue un chouilla redondante et sans surprises (si on épargne la découverte des nouveaux rescapés et la noirceur de son final assez cruel).


Conçu comme un divertissement d'anticipation dénué de prétention car modestement haletant, Le Survivant distille un charme vintage, Seventie oblige, par son ambiance réaliste de désolation (les cités urbaines chargées de silence et évacuées de vies humaines nous ensorcellent la vue) et par la présence secondaire de personnages attachants servant de faire-valoir au briscard Charlton Heston. Ce dernier endossant avec son charisme viril le rôle pugnace d'un médecin militaire partagé entre le devoir de préserver sa vie et celle de ses nouveaux acolytes. On peut également intenter une certaine ambiguïté dans sa posture opiniâtre à refuser de porter assistance à "la famille" qu'il pourrait sans doute guérir depuis l'élaboration du nouveau vaccin. On apprendra néanmoins plus tard que son égoïsme et son intolérance étaient justifiées quant au comportement obscurantiste et psychotique des mutants renouant avec une foi primitive du fait de leur dégénérescence cérébrale. Ces derniers encapuchonnés de vêtements noirs et portant des lunettes de soleil s'avérant par ailleurs photogéniques dans leur stature ténébreuse héritée de l'inquisition. Là encore, le Survivant marque quelques points par son pouvoir de fascination formel si bien que ces antagonistes font office d'icone horrifique, quand bien même nous serons notamment décontenancés d'apprendre que leur comportement rétrograde et meurtrier émane de la nocivité cognitive du virus (Spoiler !!! ceci expliquant sans doute pourquoi Lisa semble subitement possédée d'un comportement hostile après avoir été frappée par le virus Fin du Spoiler).


A partir d'une histoire simple efficacement contée dans ces enjeux de survie se disputant les notions de progressisme et d'obscurantisme, Boris Sagal parvient avec sincérité à nous immerger dans sa scénographie dystopique sous l'impulsion attachante de personnages héroïques et d'un climat urbain sensiblement feutré. En dépit de son rythme défaillant à mi-parcours il y émane un sympathique divertissement, notamment auprès de son charme rétro, que Charlton Heston porte sur ses larges épaules, entre aplomb et spontanéité. A privilégier toutefois à la génération 80. 

B-M. 4èx
02.06.23.