mardi 4 juillet 2017

REMO, SANS ARME ET DANGEREUX

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

"Remo Williams: The Adventure Begins" de Guy Hamilton. 1985. U.S.A. 2h01. Avec Fred Ward
Joel Grey, Wilford Brimley, J.A. Preston, George Coe, Charles Cioffi, Kate Mulgrew.

Sortie salles France: 19 Mars 1986. U.S: 11 Octobre 1985

FILMOGRAPHIEGuy Hamilton, né le 16 septembre 1922 à Paris (France) et mort le 20 avril 2016 à Majorque en Espagne, de parents britanniques, est un réalisateur britannique. 1952 : L'assassin a de l'humour (The Ringer). 1953 : Le Visiteur nocturne. 1954 : Un inspecteur vous demande. 1955 : Les Indomptables de Colditz. 1956 : Charley Moon. 1957 : Manuela. 1959 : Un brin d'escroquerie.
1959 : Au fil de l'épée. 1961 : Le Meilleur Ennemi. 1964 : L'Affaire Winston. 1964 : Goldfinger.
1965 : The Party's Over. 1966 : Mes funérailles à Berlin. 1969 : La Bataille d'Angleterre. 1971 : Les diamants sont éternels. 1973 : Vivre et laisser mourir. 1974 : L'Homme au pistolet d'or. 1978 : L'Ouragan vient de Navarone. 1980 : Le miroir se brisa. 1982 : Meurtre au soleil. 1985 : Remo sans arme et dangereux. 1989 : Sauf votre respect.


Film culte des années 80 ayant bercé toute une génération, à l'instar du tout aussi fun et débridé Commando, Remo sans arme et dangereux est un divertissement d'action follement réjouissant sous l'impulsion épique d'un thème électro de Craig Safan et Tommy Shaw aussi inoubliable. Et ce en dépit de l'aspect totalement improbable de l'entrainement rigoureux de Rémo entamant une initiation héroïque avec une agilité surréaliste (il faut le voir esquiver les balles par la seule vélocité de son corps ainsi que la force de son esprit !). Officiellement décédé après une interpellation musclée avec des malfrats, le policier Samuel Makin est en fait le jouet d'une organisation secrète délibérée à l'exploiter pour nettoyer la ville des dirigeants les plus véreux, notamment ceux appartenant à une base militaire. Avec l'aide d'un vieux chinois et durant une longue épreuve de force aussi bien morale et physique, Samuel devient Remo auprès de l'enseignement d'une bravoure sans armes. Truffé d'humour voir d'hilarité (parfois involontaire quant au caractère "hénaurme" de certains exploits physiques - Chiun accourant sur l'eau d'un lac à grandes enjambées - !), de bonne humeur et de chaleur humaine autour de la relation amicale que se partagent progressivement Remo et son mentor, Maître Chiun, Remo s'extirpe du ridicule, aussi naïf soit son concept singulier (un super-héros sans panoplie se défendant à mains nues contre les balles ennemies !). Dénué d'une once de prétention et assumant pleinement le côté saugrenu de ces péripéties au sein d'un schéma narratif somme toute classique, Guy Hamilton parvient pour autant à rajeunir le genre académique en cette époque sacro-sainte des Eighties grâce à la générosité de son action tantôt inventive, tantôt vertigineuse.


A l'instar de certaines séquences de haute voltige (l'épreuve d'acrobatie sur la grande roue, l'affrontement musclé du haut de la statue de la liberté en rénovation - l'escalade sur le tronc d'arbre déplacé dans les airs par un câble porteur) provoquant la sensation d'ivresse ! Nous sommes d'autant plus impressionnés par l'habileté de la réalisation et du montage n'en faisant jamais trop (ou alors si peu !) pour épater la vue avec souci artisanal du détail technique. Bref, une époque révolue donc conçue sur l'authenticité de cascades impeccablement coordonnées si bien que l'ère numérique n'en n'était pas encore à sa prémices. Au-delà de l'aspect fun des moments d'entraînements à la fois cocasses et improbables, et du passage à l'acte belliqueux de Remo sur le terrain militaire, Rémo renchérit son charme en la présence d'un trio pétulant militant les valeurs d'amitié et d'amour (et ce en dépit du machisme badin de Chiun !). Fred Ward incarnant sans nul doute son rôle le plus sympathique à l'écran dans celui du (super) héros infaillible si bien que l'acteur au charisme viril compte sur la dérision et la bonhomie de sa posture surhumaine afin de se démarquer de l'orgueil. Dans celui du manager placide plein de sagesse et de bons préceptes, Joel Grey lui partage la vedette avec davantage de cocasserie puis l'empathie progressive qu'il cultive auprès de son comparse avec poignante dignité (notamment ce final où perce une émotion sensible quant à l'éventuel sort dramatique de Chiun ou de Remo !). Enfin, affublée d'une robe militaire longiligne, la charmante et si rare Kate Mulgrew se fond dans la peau d'un major avec une innocence et un naturel fondés sur la noblesse de sentiments aussi sincères qu'amoureux.


Inévitablement naïf et à la limite du grotesque lors de certaines séquences homériques hallucinées, Remo, sans arme et dangereux s'extirpe miraculeusement du ridicule, voir de la série Z de luxe, grâce à sa cocasserie en roue libre monopolisant tout le cheminement narratif, à ses péripéties davantage explosives si je me réfère à la touche guerrière de la dernière demi-heure (ajoutez notamment l'aspect dépaysant du vaste cadre forestier magnifiquement filmé) et surtout grâce à la camaraderie de l'attachant trio héroïque débordant de spontanéité et chaleur humaine (j'insiste encore là-dessus !) pour nous combler de béatitude communicative ! 

Dédicace à Olivier Hancart, Ludovic Hilde, Abdala Bouzebiba
Bruno Dussart
3èx

lundi 3 juillet 2017

GHOST STORY

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr 

"Histoire de fantômes" de Stephen Weeks. 1974. Angleterre. 1h27. Avec Murray Melvin, Larry Dann, Vivian MacKerrell, Marianne Faithfull, Barbara Shelley, Anthony Bate, Leigh Lawson...

Sortie salles France: 22 Septembre 1976. Angleterre: 19 Mars 1974

FILMOGRAPHIE: Stephen Weeks est un réalisateur, scénariste et producteur anglais né en 1948 à Hampshire. 1984: The Bengal Lancers! 1984: L'épée du vaillant. 1976: Scars (TV Movie documentary). 1974: Histoire de fantômes. 1973: Gawain and the Green Knight. 1971: I, Monster.


Il y a des raretés dont on ferait mieux de ne pas exhumer de l'oubli.

Eric Binford

vendredi 30 juin 2017

L'AMBULANCE

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant à senscritique.com

"The Ambulance" de Larry Cohen. 1990. U.S.A. 1h35. Avec Eric Roberts, James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Janine Turner, Eric Braeden, Richard Bright.

Sortie salles France: 5 Juin 1991. U.S: 29 Mars 1990

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. 1995 Fausse identité (TV Movie) 1996: Original Gangstas. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Echec public aux States mais joli succès dans l'hexagone (notamment sous l'effigie de sa Vhs), l'Ambulance est une série B trépidante typiquement représentative de son auteur, l'illustre Larry Cohen. Créateur entre autre de la série Les Envahisseurs et de deux chefs-d'oeuvre du fantastique moderne, le Monstre est Vivant et Meurtres sous Contrôle. A partir d'un pitch aussi original que cocasse, l'Ambulance met en exergue une course-poursuite infernale entre un dessinateur de BD délibéré à appréhender une mafia médicale exerçant des trafics d'êtres humains afin de guérir les diabétiques. Dans le rôle (à contre-emploi) du méchant chirurgien, on est surpris de retrouver l'acteur Eric Braeden issue de la série TV Amour, gloire et beauté, se fondant ici dans la peau d'un savant fou moderne avec une dérision macabre gentiment convaincante. Et ce en dépit d'un cabotinage assumé que chaque acteur incarne avec aplomb enjoué afin d'accentuer le caractère débridé du contexte horrifique aussi bien singulier qu'improbable.


Bien conscient de ses facilités qu'il empreinte durant un cheminement narratif à la fois homérique et pittoresque, Larry Cohen ne prend jamais au sérieux son argument sardonique et privilégie l'énergie de sa mise en scène maîtrisant efficacement rebondissements et imprévus avec une générosité en roue libre. L'Ambulance alternant sans temps morts investigation policière infructueuse (les flics stéréotypés en prennent plein leur grade dans leur posture décervelée !) et survival urbain que notre héros (formidablement campé par la verve amicale du fringant Eric Roberts swinguant dans une "cool attitude" !) encourt à perdre haleine, notamment afin de retrouver saine et sauve une jeune inconnue rencontrée plus tôt dans le centre-ville. Outre les présences très attachantes de nos principaux protagonistes s'évertuant à courser les malfrats en blouse blanche, on est également ravi de retrouver une foule de seconds-couteaux bien connus des amateurs de B movies (James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Richard Bright, Nicholas Chinlund), sans compter quelques caméos inopinés (Stan Lee en personne et Lou Ferigno !) se prêtant au jeu du pastiche avec bonhomie.


Pur divertissement de samedi soir fertile en frénésie visuelle (photo saturée en sus !) sous l'impulsion excentrique de comédiens s'en donnant à coeur joie dans les outrances gestuelles et verbales si bien qu'on les croiraient sortis d'une bande-dessinée, l'Ambulance est le prototype par excellence de la série B galvanisante (aussi naïve soit-elle !) dans son concentré d'humour, d'actions et de cascades aussi bien funs que décomplexés ! A redécouvrir avec un réjouissant sourire d'ado ! 

Bruno Dussart
3èx

jeudi 29 juin 2017

OKJA

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Bong Joon-ho. 2017. Corée du Sud/U.S.A. 2h01. Avec Ahn Seo-hyeon, Tilda Swinton, Paul Dano, Jake Gyllenhaal, Byeon Hee-bong, Steven Yeun, Lily Collins

Diffusé sur Netflix en Corée du Sud, États-Unis et France : 28 juin 2017 

FILMOGRAPHIE: Bong Joon-ho est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né le 14 septembre 1969 à Séoul. 2000 : Barking Dog. 2003 : Memories of Murder. 2006 : The Host. 2009 : Mother. 2013 : Snowpiercer, le Transperceneige. 2017 : Okja.


Bouleversant témoignage contre l'exploitation et la barbarie animale sans misérabilisme et encore moins de complaisance (en dépit de certaines séquences difficiles, notamment son éprouvante dernière partie qui arrachera des larmes aux plus sensibles !), Okja a de quoi remuer les consciences auprès des carnivores, complices malgré eux d'une inépuisable souffrance animale instaurée au sein d'abattoirs insalubres souillés par les larmes et le sang des victimes innocentes qui ne demandaient qu'à vivre dans la quiétude. Poème familial pétri de tendresse et d'humanité lorsqu'une jeune coréenne s'éprend d'amour auprès de son animal de compagnie, en l'occurrence un cochon génétiquement modifié, Okja nous relate un périple haletant pour la survie lorsque ce dernier embrigadé de force chez une multinationale est prochainement contraint de finir dans les assiettes du consommateur dupé par une propagande fallacieuse.


Car dénonçant la cupidité et la corruption des lobbys et de l'agroalimentaire impliqués dans la pratique des OGM, Bong Joon-ho traduit son histoire avec pudeur (notamment sa première partie affichant avec poésie un panorama naturel idyllique) et pincée d'humour (l'incroyable course-poursuite perpétrée à travers ces centres commerciaux puis culminant sur l'autoroute !). Car dosant habilement, et avec brio technique bluffant de réalisme (notamment le design détaillée de la créature plus vraie que nature !) action inventive inscrite dans la fantaisie (les bravoures étant transfigurées avec l'hallucinante fluidité d'une caméra formaliste !) puis enchaînant doucement avec le drame et l'horreur, le réalisateur télescope les genres parmi l'efficacité d'un cheminement narratif à l'issue indécise. Certes un chouilla prévisible avouons-le mais pour autant truffé d'inventions (visuelles) et d'adrénaline lorsque des militants de la cause animale s'efforcent de prêter main forte à notre héroïne exploitée à des fins mercantiles face à une population ricaine lobotomisée par la pub. D'une riche intensité quant à sa douloureuse progression dramatique et le jeu profondément humble des protagonistes en quête désespérée de bravoures, Okja déploie une palette d'émotions lyriques derrière son manifeste pour le droit de vie animale lorsque ceux-ci sont envoyés dans des camps d'extermination après y avoir été maltraités en labo expérimental.


Un cri d'alarme contre la corruption agroalimentaire et la barbarie des abattoirs
Evitant manichéisme et pathos grâce à sa modestie d'illustrer sans fioriture ni effet de manche (en dehors des discours volontairement empathiques de la multinationale mégalo) sa fragile histoire d'amour entre une fillette et un cochon, Okja laisse surtout en mémoire l'effroyable constat d'un intolérable génocide animalier afin d'éveiller notre part de responsabilité hantée par le remord. Au rythme d'une partition aussi discrète que gracile y émane un conte désenchanté aussi bien dur que dérangeant mais profondément tendre et humaniste dans son message (désespéré) de tolérance envers la candeur animale.   

Bruno Dussart.

Ci-joint la critique de Gilles Rolland : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-okja/

mercredi 28 juin 2017

Le Bazaar de l'Epouvante

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site ilaose.blogspot.fr

"Needful Things" de Fraser Clarke Heston. 1993. U.S.A. 2h01. Avec Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J. T. Walsh, Ray McKinnon.

Sortie salles France: 13 Juillet 1994. U.S: 27 Août 1993

FILMOGRAPHIE: Fraser Clarke Heston est un réalisateur et scénariste américain, né le 12 février 1955 à Los Angeles. 1990 : L'Île au trésor (téléfilm). 1991 : Sherlock Holmes et la croix de sang (téléfilm). 1993 : Le Bazaar de l'épouvante. 1996 : Alaska. 2011 : The Search for Michael Rockefeller (documentaire).


Discrédité dès sa sortie et occulté depuis, le Bazaar de l'épouvante est une sympathique adaptation d'un roman de Stephen King au pitch original mais inévitablement sans surprise et redondant. Son ambiance familiale d'une bourgade côtière résidée par d'aimables habitants découlant au fil du récit alarmiste vers une intéressante réflexion sur l'emprise du Mal lorsqu'un antiquaire décide d'y semer le chaos parmi les citadins victimes de vendetta. Emaillé de séquences chocs parfois impressionnantes de par leur parti-pris réaliste (l'agression à l'arme blanche entre les 2 voisines fait froid dans le dos), le Bazaar de l'Epouvante  est servi des interprétations spontanées de Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia et Amanda Plummer ajoutant un peu de densité au récit tracé d'avance. C'est ce qui pose problème avec cette aimable série B dénuée de suspense en dépit de la bonne volonté du réalisateur Fraser Clarke Heston (fils de Charlton Heston) à tenter de susciter une fascination délétère auprès du personnage sournois de Max Von Sydow plutôt honnête dans sa posture cruelle mais pas aussi magnétique qu'escompté en démon impérieux.  

Eric Binford.
2èx

mardi 27 juin 2017

L'INVASION DES FEMMES ABEILLES

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Invasion of the Bee Girls" de Denis Sanders. 1973. U.S.A. 1h26 (Uncut). Avec Cliff Osmond, Wright King, Ben Hammer, William Smith, Anita Ford, Victoria Vetri.

Sortie salles France: 1er Juin 1973

FILMOGRAPHIE:  Denis Sanders est né le 21 Janvier 1929 à New York City, décédé le 10 Decembre 1987 à San Diego, California, USA. 1982: Computers Are People, Too! (TV Movie documentary).  1973 Invasion of the Bee Girls. 1971 The American West of John Ford (TV Movie documentary). 1971 Soul to Soul (Documentary). 1970 Elvis Show (Documentary). 1964 Shock Treatment. 1964 One Man's Way. 1962 La guerre est aussi une chasse. 1959 Crime & Punishment.


Drôle de curiosité indépendante que cette Invasion des femmes abeilles réalisée par Denis Sanders, spécialiste ricain de documentaires et séries TV ! Inédit en salles en France si je ne m'abuse et sorti il y a quelques années en Dvd chez Bach Films dans une édition somme toute passable (je vous recommande d'ailleurs de vous reporter vers la version HD 720 P dispo sur le blog Ciné-Bis-Art !), l'Invasion des femmes abeilles puise son charme par son irrépressible étrangeté émanant d'un cadre érotique teinté d'onirisme (la séquence raffinée du coït entre un sexagénaire et le Dr Harris) lorsqu'il ne s'agit pas de séquences chocs gentiment impressionnantes (le regard pénétrant des femmes abeilles aux yeux d'ébène, la métamorphose de l'une d'elles durant une expérimentation supervisée par Susan Harris !). Car ici point (ou si peu) d'effets-spéciaux visuels pour nous épater mais l'aura vénéneuse d'une ambiance fantasmatique plutôt insolite lorsque des femmes génétiquement modifiées s'entreprennent de séduire les mâles auprès d'ébats sexuels morbides Les victimes succombant à l'infarctus à la suite d'épuisement sexuel ! On peut d'ailleurs prêter une allusion à Frissons de Cronenberg pour son thème vénérien et l'intensité des ébats charnels appuyés d'une ambiance malsaine autrement sous-jacente !


Une séquence fort cocasse interviendra d'ailleurs un peu plus tard lorsque le maire de la ville annoncera à ses habitants d'interdire la copulation avec leur compagne lors d'un couvre-feu, quand bien même un des témoins de la salle protestera de vive voix (et avec fermeté !) d'imposer une décision aussi stupide et intolérante ! Durant ses meurtres à répétition, un inspecteur (campé par l'illustre William Smith - Le Riche et le Pauvre - New-York ne réponds plus -) s'efforce d'en élucider le mystère au moment même de s'éprendre d'une jeune assistante. Si l'intrigue minimaliste et nébuleuse s'avère plutôt tirée par les cheveux, et que la réalisation télévisuelle pêche d'un manque de maîtrise, Denis Sanders parvient toutefois à captiver et séduire grâce à l'aspect singulier de l'entreprise scientifique que dirige un défilé de jeunes mannequins étrangement sensuelles dans leur posture impassible ! Mention spéciale au charme indéfectible d'Anitra Ford crevant l'écran à chacune de ses apparitions félines ! D'autre part, on ne reste pas non plus insensible à la partition entêtante de l'illustre Charles Bernstein particulièrement inspiré par les sonorités Soul/Jazzy de Lalo Schifrin héritées de l'Inspecteur Harry. La photo colorée, contrastée et soignée rehaussant en prime l'aspect festif/bigarré/rétro d'une intrigue aussi déjantée dont quelques séquences indicibles marquent les esprits !


Jamais ennuyeux et plutôt amusant sous l'impulsion décomplexée d'un pitch aussi bien saugrenu que débridé, l'Invasion des femmes abeilles demeure une fort sympathique curiosité tirant parti de son charme au travers de curieuses séquences baroques (notamment cette rixe musclée entre l'inspecteur Agar et les violeurs de sa compagne) où science-fiction, érotisme et horreur s'entrecroisent de manière aléatoire !

Bruno Matéï
2èx

jeudi 22 juin 2017

FRANKENSTEIN CREA LA FEMME

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Frankenstein Created Woman" de Terence Fisher. 1967. 1h28. Angleterre. Avec Peter Cushing, Robert Morris, Susan Denberg, Thorley Walters, Barry Warren, Duncan Lamont.

Sortie salles France: 31 Octobre 1967. Angleterre: 18 Juin 1967

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Quatrième volet de la saga Frankenstein que Terence Fisher reprend sous ses ailes après le sympathique essai de Freddie Francis, Frankenstein créa la femme serait l'un des épisodes les plus réussis et controversés selon l'éditeur Seven 7. Pour ma part, même si j'ai plus d'affection et de considération pour Frankenstein s'est échappé, la revanche de Frankenstein, le Retour de Frankenstein et Frankenstein et le monstre de l'enfer; Frankenstein créa la femme parvient sans peine à me fasciner pour m'immerger dans sa romance empoisonnée. De par la structure ciselée de son scénario original et la caractérisation de personnages infortunés (les amants) ou dépravés, tel ce trio d'aristocrates détestables auquel l'innocence en paiera le lourd tribut. Car prenant pour thèmes l'amour, la vengeance et la mort du point de vue d'amants d'outre-tombe, Terence Fisher en extirpe un jeu de séduction mortelle sous l'impulsion d'une Némésis étrangement séduisante et candide. Cette dernière n'étant que le jouet cérébral de son amant préalablement guillotiné pour un crime qu'il n'a pas commis.


Un peu plus tôt, Terence Fisher aura pris soin de nous familiariser avec l'étreinte amoureuse que se partagent secrètement l'assistant Hans et la serveuse Christina, du fait de son visage défiguré sur l'hémisphère gauche. Mais trois gentlemans sans vergogne et impudents vont littéralement faire voler en éclat leur liaison passionnelle avec une cruauté sournoise. Pendant ce temps, le baron et son adjoint Hertz mettent au point une nouvelle expérience de résurrection où l'âme pourrait voguer d'un corps à un autre ! Captivant et passionnant, Frankenstein créa la femme insuffle une belle intensité dramatique sous couvert d'une vendetta singulière inscrite dans le surnaturel, et ce en suggérant au possible les séquences-chocs avec dérision macabre. Quand bien même Terence Fisher privilégie l'audace d'inverser les codes par le biais d'une créature "féminine" nouvellement fringante car auparavant estropiée et vitriolée. Néanmoins complice car aussi inconsciemment avide de rancoeur punitive, cette dernière insuffle une inquiétante emprise sensuelle à travers sa devise criminelle de châtier non seulement les responsables de la condamnation de son compagnon mais aussi de son propre Spoiler ! suicide ! Fin du Spoil. Le baron et son adjoint adoptant pour le coup une posture de culpabilité si bien qu'ils vont tenter de réparer leur tort en tentant d'alpaguer Christina victime de dédoublement de personnalité. Cette idée astucieuse de lui draper juste après son décès une faste apparence dans un nouveau corps et de lui permettre d'accomplir une vengeance surnaturelle parmi une complicité spirituelle renforçant la nature insolite du mélo en berne.


Etrange, envoûtant, sensuel et cruel, Frankenstein créa la femme ne manque pas d'aura subtilement vénéneuse pour réactualiser la saga avec l'originalité d'un script assez audacieux (d'où son éventuelle controverse à sa sortie !) et l'inspiration de sa mise en scène estampillée Fisher brossant d'autant mieux sa distribution charismatique.

Dédicace à Eric Draven
Eric Binford.
2èc