de Bong Joon-ho. 2017. Corée du Sud/U.S.A. 2h01. Avec Ahn Seo-hyeon, Tilda Swinton, Paul Dano, Jake Gyllenhaal, Byeon Hee-bong, Steven Yeun, Lily Collins
Diffusé sur Netflix en Corée du Sud, États-Unis et France : 28 juin 2017
FILMOGRAPHIE: Bong Joon-ho est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né le 14 septembre 1969 à Séoul. 2000 : Barking Dog. 2003 : Memories of Murder. 2006 : The Host. 2009 : Mother. 2013 : Snowpiercer, le Transperceneige. 2017 : Okja.
Bouleversant témoignage contre l'exploitation et la barbarie animale sans misérabilisme et encore moins de complaisance (en dépit de certaines séquences difficiles, notamment son éprouvante dernière partie qui arrachera des larmes aux plus sensibles !), Okja a de quoi remuer les consciences auprès des carnivores, complices malgré eux d'une inépuisable souffrance animale instaurée au sein d'abattoirs insalubres souillés par les larmes et le sang des victimes innocentes qui ne demandaient qu'à vivre dans la quiétude. Poème familial pétri de tendresse et d'humanité lorsqu'une jeune coréenne s'éprend d'amour auprès de son animal de compagnie, en l'occurrence un cochon génétiquement modifié, Okja nous relate un périple haletant pour la survie lorsque ce dernier embrigadé de force chez une multinationale est prochainement contraint de finir dans les assiettes du consommateur dupé par une propagande fallacieuse.
Car dénonçant la cupidité et la corruption des lobbys et de l'agroalimentaire impliqués dans la pratique des OGM, Bong Joon-ho traduit son histoire avec pudeur (notamment sa première partie affichant avec poésie un panorama naturel idyllique) et pincée d'humour (l'incroyable course-poursuite perpétrée à travers ces centres commerciaux puis culminant sur l'autoroute !). Car dosant habilement, et avec brio technique bluffant de réalisme (notamment le design détaillée de la créature plus vraie que nature !) action inventive inscrite dans la fantaisie (les bravoures étant transfigurées avec l'hallucinante fluidité d'une caméra formaliste !) puis enchaînant doucement avec le drame et l'horreur, le réalisateur télescope les genres parmi l'efficacité d'un cheminement narratif à l'issue indécise. Certes un chouilla prévisible avouons-le mais pour autant truffé d'inventions (visuelles) et d'adrénaline lorsque des militants de la cause animale s'efforcent de prêter main forte à notre héroïne exploitée à des fins mercantiles face à une population ricaine lobotomisée par la pub. D'une riche intensité quant à sa douloureuse progression dramatique et le jeu profondément humble des protagonistes en quête désespérée de bravoures, Okja déploie une palette d'émotions lyriques derrière son manifeste pour le droit de vie animale lorsque ceux-ci sont envoyés dans des camps d'extermination après y avoir été maltraités en labo expérimental.
Un cri d'alarme contre la corruption agroalimentaire et la barbarie des abattoirs
Evitant manichéisme et pathos grâce à sa modestie d'illustrer sans fioriture ni effet de manche (en dehors des discours volontairement empathiques de la multinationale mégalo) sa fragile histoire d'amour entre une fillette et un cochon, Okja laisse surtout en mémoire l'effroyable constat d'un intolérable génocide animalier afin d'éveiller notre part de responsabilité hantée par le remord. Au rythme d'une partition aussi discrète que gracile y émane un conte désenchanté aussi bien dur que dérangeant mais profondément tendre et humaniste dans son message (désespéré) de tolérance envers la candeur animale.
Bruno Dussart.
Ci-joint la critique de Gilles Rolland : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-okja/
Bruno Dussart.
Ci-joint la critique de Gilles Rolland : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-okja/
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