jeudi 19 janvier 2012

BLACK SUNDAY


de John Frankenheimer. 1977. U.S.A. 2h23. Avec Robert Shaw, Bruce Dern, Marthe Keller, Bekim Fehmiu, Fritz Weaver, Steven Keats, Michael V. Cazzo, William Daniels, Walter Gotell, Victor Campos.

Sortie en salles en France le 17 Août 1977.U.S: 11 Mars 1977

FILMOGRAPHIE: John Frankenheimer est un réalisateur américain né le 19 Février 1930 à New-York, décédé le 6 Juillet 2002 à Los Angeles.
1957: Mon père, cet étranger. 1961: Le Temps du châtiment. 1962: l'Ange de la Violence. Le Prisonnier d'Alcatraz. Un crime dans la tête. 1964: 7 Jours en Mai. Le Train. 1966: Grand Prix. l'Opération Diabolique. 1968: l'Homme de Kiev. 1969: Les Parachutistes arrivent. The Extraordinary Seaman. 1970: Le Pays de la Violence. Les Cavaliers. 1973: l'Impossible Objet. The Iceman Cometh. 1975: French Connection 2. 1977: Black Sunday. 1979: Prophecy le monstre. 1982: A Armes Egales. 1985: Le Pacte Holcroft. 1986: Paiement Cash. 1989: Dead Bang. 1990: The Fourth War. 1992: Les Contes de la Crypte (Saison 4, épis 10). 1992: Year of the Gun. 1996: l'Ile du Dr Moreau. 1997: George Wallace. 1996: Andersonville (téléfilm). 1998: Ronin. 2000: Piège Fatal. 2002: Sur le Chemin de la guerre.


Inspiré de la prise d'otages des Jeux Olympiques de Munich en 1972 et adapté du roman de Thomas Harris, John Frankenheimer nous concocte ici un thriller politique mâtiné de suspense catastrophiste dans sa dernière partie fertile en tension et spectacle dantesque. En l'occurrence, on peut s'étonner du caractère prémonitoire de son acte terroriste d'une aussi grande envergure puisque faisant écho aux attentats du 11 Septembre 2001. D'ailleurs, depuis cette date tristement commémorative, les chaînes américaines ont simplement décidé de bannir Black Sunday de leurs écrans TV. En prime, il reste encore aujourd'hui inédit sur n'importe quel support vidéo. Des terroristes appartenant au groupuscule palestinien du Septembre Noir prévoient de commettre un attentat sur le sol américain avec l'autorité d'une germano Palestienienne, Dahlia Lyad. Avec l'aide d'un ancien vétéran du Vietnam, ils vont tenter de faire exploser un dirigeable au dessus d'un stade attroupé de 82 500 personnes. Une brigade anti-terroriste israélienne ainsi que le FBI vont s'affilier pour entreprendre une traque infernale afin de déjouer ce complot démesuré. 


Parmi son casting de choix réunissant les solides trognes des seventies Robert Shaw (Jaws), Marthe Keller (Marathon Man) et Bruce Dern (Driver), Black Sunday attise l'attention dès son prologue spectaculaire illustrant assidûment l'embuscade savamment planifiée d'une brigade israélienne pour éradiquer l'ennemi terroriste planqué dans un quartier résidentiel. Epaulé par la puissante partition musicale de John Williams (après qu'il eut composé 2 ans au préalable le fameux thème des Dents de la mer), ce thriller haletant réussit le tour de force de nous maintenir en haleine 2h20 durant ! Dans un habile montage toujours plus assidu et incisif, l'intrigue nous familiarise avec un groupe de terroristes palestiniens délibérés à sanctionner les Etats-Unis pour leur soutien avec Israel. En particulier le profil d'un duo d'amants à la nationalité distincte. Dahlia Lyad, activiste d'origine germano-palestinienne résolue à venger la mort de sa famille exécutée par les israéliens quand bien même son comparse américain Lander est un ancien prisonnier de guerre traumatisé par le conflit vietnamien et abdiqué par sa propre patrie. Leur but: à l'aide d'un dirigeable bourré d'explosifs ils envisagent de projeter des milliers de fléchettes sur un stade sportif où seront réunis 82 500 spectateurs ! Avec une certaine audace, John Frankenheimer n'hésite pas à "humaniser" ses deux protagonistes pernicieux totalement voués à leur cause pour venger l'iniquité ricaine. La séquence dévoilant Lander s'apitoyer sur son sort devant sa concubine dépitée de ne pouvoir entreprendre sa besogne pour blâmer les américains provoquant par ailleurs une certaine empathie. Car cet ancien combattant détenu 6 ans au Vietnam dans des conditions inhumaines fut injustement discrédité par les siens au retour du pays, et ce en dépit de ses décorations. Pour autant, le réalisateur dévoile également le vrai visage du terrorisme et leur barbarie déployée afin de revendiquer leur idéologie politique en exécutant avec un sang-froid implacable de nombreux innocents. A cet égard, l'incroyable course-poursuite (à pied !) entamée avec un de leur collaborateur cerné par les forces de l'ordre démontre bien leur immoralité à tolérer le crime gratuit en tirant à l'aveuglette sur la foule en panique.


Sans jamais faire preuve d'esbroufe complaisante, le suspense maintenu sans relâche nous oriente peu à peu vers un final en apothéose d'une acuité émotionnelle aussi tendue qu'un arc de compétition.
45 minutes d'anthologie confinant au genre catastrophe en vogue avec une maîtrise technique et un sens du montage qui laisse sans voix ! L'entreprise périlleuse du chef des membres de la brigade israélienne (Robert Shaw, imperturbable !) déterminé à déjouer les exactions des terroristes Dahlia et Lander réfugiés à bord de leur dirigeable nous offre un florilège de séquences homériques d'une tension échevelée, nos nerfs étant mis à rude épreuve. A deux, trois effets spectaculaires cheaps (faute de temps et d'argent pour la finalisation des effets-spéciaux avouera le réalisateur !), ces séquences oppressantes remarquablement découpées nous laisse pantois de stupeur face au caractère si réaliste de l'évènement saugrenu ! Imaginez un gigantesque dirigeable fonçant tête baissée en interne d'un stade, car à deux doigts d'exploser sur des milliers de spectateurs présageant le danger in extremis !


Dominé par une solide distribution inscrite dans un charisme viril et réalisé avec un brio impressionnant, Black Sunday n'a en l'occurrence rien perdu de sa démesure et se révèle l'un des sommets du thriller des années 70, au même titre qu'un modèle du film catastrophe d'une rigueur technique ébouriffante. On peut notamment saluer la partition frénétique de John Williams orchestrée avec beaucoup d'efficience afin d'exacerber son implacable dramaturgie. 

Dédicace à Isabelle Rocton
19.01.12. 3èx
Bruno Dussart



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