mardi 31 janvier 2012

Le droit de Tuer / The Exterminator

                                                 Site empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de James Glickenhaus. 1980. 1h42. U.S.A. Avec Robert Ginty, Christopher George, Samantha Eggar, Steve James, Patrick Farrelly.

Sortie Salles U.S: 10 Septembre 1980. Interdit - 18 ans lors de sa sortie internationale.
Sortie salles France: 24 Février 1982.

FILMOGRAPHIE: James Glickenhaus est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 24 Juillet 1950 à New-york. 1975: The Astrologer. 1980: Le Droit de Tuer. 1982: Le Soldat. 1985: Le Retour du Chinois. 1988: Blue Jean Cop. 1991: Mc Bain. 1993: Le Triomphe des Innocents. 1995: Timemaster.


"A la guerre, vous tuez pour survivre... Dans les rues de New-York, c'est souvent pareil."
 Gros succès en salles aux États-Unis comme en France, carton VHS dans les rayons des vidéo-clubs, Le Droit de Tuer (ou The Exterminator selon son titre original) fut un véritable hit des années 80 sous la bannière d’Hollywood Vidéo ! Pourtant, ce film d’exploitation d’une rare violence s’attira les foudres de la censure. L’œuvre de James Glickenhaus va parfois très loin dans la brutalité expéditive, d’autant que son ambiance sordide accentue encore son caractère putassier. Pourtant, Le Droit de Tuer n’a rien perdu de sa puissance, tant par son sujet brûlant — la réinsertion impossible des déclassés post-Vietnam — que par son énergie explosive, nourrie d'une violence décomplexée.

Le pitch : John et Michael, deux amis de longue date, reviennent au pays après avoir subi l’enfer du Vietnam. Ouvriers sous-payés au service d’un patron véreux, ils tentent tant bien que mal de survivre dans une ville gangrenée par la délinquance. Lorsque Michael est agressé en tentant d’aider John, il finit à l’hôpital, tétraplégique. John décide alors de le venger. Une folie meurtrière s’empare de lui, bientôt médiatisée : l’Exterminateur est né.

Qui pourrait oublier ce prologue belliqueux — tourné en cinq jours avec 15 % du budget ! — situé dans un camp vietnamien, où deux soldats américains sont prisonniers ? Dès l’ouverture, le ton est donné : un soldat projeté dans le vide par une boule de feu, au ralenti, dans un plan d’une ampleur dantesque. Puis une décapitation hallucinante de réalisme (merci Stan Winston !), commise par un officier vietcong pour intimider John. Michael, entravé de barbelés, parvient à se libérer, égorge son bourreau, s’empare de son arme et déclenche un carnage. John s’interpose, l’affrontement s’intensifie. Ces séquences d’action, sauvages et minutieusement chorégraphiées, captivent un spectateur abasourdi par le montage nerveux et les effets gore.

De retour en Amérique, les deux vétérans errent sans repères, employés précaires dans une boucherie industrielle. Comme au Vietnam, une nouvelle rixe éclate : John est encerclé dans un entrepôt, Michael lui vient en aide. Les agresseurs, frustrés, décident de frapper fort : ils transforment Michael en légume, lui brisant la colonne à coups de fourche. John, brisé, prend les armes. La traque commence.


À l’instar de Death Wish, mais en poussant la violence jusqu’au-bout, Le Droit de Tuer est un vigilante movie profondément enraciné dans l’anarchie urbaine des années 80. Le carnage de John Eastland devient une réponse radicale à l’oubli dans lequel sont tombés les vétérans, sacrifiés sur l’autel d’une Amérique ingrate, dévorée par la corruption, sous l’ère Reagan. Glickenhaus ne fait pas dans la dentelle : la jungle urbaine qu’il décrit pullule de racisme, de drogue, de prostitution juvénile, d’exploitation de mineurs, de pédophilie, de politiciens pervers, d’agents de la CIA, de patrons mafieux... Ce climat d’insécurité suinte la sueur et la crasse, renforcé par des dialogues sommaires et des figures ternes. Mais la dimension humaine, tragique, des protagonistes issus du prolétariat, renforce ce tableau désenchanté. Le casting de seconde zone (Christopher George, Samantha Eggar, Steve James) confère une patine indépendante à l’ensemble, et offre à Robert Ginty un rôle pivot. Peu expressif, presque neutre, son visage lisse nous renvoie une image troublante, oscillant entre empathie et terreur silencieuse.


L'Amérique Interdite
Mis en scène avec un vrai sens du cadre et une brutalité sèche, Le Droit de Tuer demeure un sommet d’ultra-violence où certaines scènes secouent encore les entrailles : prostituée brûlée au fer à souder, mafieux broyé dans un hachoir, mutilation au tisonnier, pédophile brûlé vif… et une décapitation inégalée à la machette ! À la lisière d’un Taxi Driver sous amphétamines, ce brûlot nihiliste dresse le portrait d’une Amérique malade, où certains vétérans, rejetés, replongent dans la guerre intérieure. Malgré son montage heurté et sa psychologie superficielle, ce vigilante movie crache une rage viscérale, un pessimisme intransigeant sur la marginalité et le chômage de masse des années 1980–1982.
À ne pas mettre entre toutes les mains.

Pour info : caméo de Stan Getz, immense saxophoniste, dans son propre rôle. Il a aussi co-signé la bande originale avec Joe Renzetti.

Anecdote personnelle de Daniel Aprin: "ce film était à l'époque toujours réservé dans mon vidéo-club du coin. Tout comme moi, certains l'ont vu et revu indéfiniment ! Il fallait se battre pour arriver enfin à se le procurer ! De la folie de cinéphile insatiable !"
 
Bruno Matéï :
"Je confirme, j’ai vécu la même chose !"

Note subsidiaire :
Une suite nanardesque a vu le jour en 1984, Exterminator 2, réalisée par Mark Buntzman, avec Ginty et le cabotin Mario Van Peebles en punk leader. Une bisserie post-apo où le rire le dispute à la consternation, avec une candeur réjouissante. Ce qui, très franchement... ne me déplaît pas du tout.

*Bruno
31.01.12
09.11.22. 6èx



7 commentaires:

  1. salut bruno,
    revu hier en dvd (un dvd avec la qualité d'une vhs ! sauf pour le son, moins percutant que dans mes souvenirs, dommage pour la BO)
    Un de mes premiers films de vidéoclub (le deuxième que j'ai loué, enfin mon père, moi j'étais trop jeune)
    Le film m'a plu par nostalgie essentiellement parce que pour le reste, il est très Bis quand même ! Robert Ginty n'est pas toujours au mieux de sa forme (qui a dit comme souvent ?) la scène du Vietman est un peu longue...enfin je vais pas dresser la liste de tous les défauts de ce film parce que comme tout ce qui est cinéma Bis, il reste agréable à revoir et à savourer sans complexe même si par moments je trouve qu'on frise le nanar. Loin de l'aspect premier degré, ultraviolent et malsain que j'en avais gardé.
    Sinon pour finir, la jaquette VHS est une de mes préférée de l'époque, simple et efficace.
    A plus Bruno

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  2. Bonsoir Laurent, je comprends ton opinion qui est toute à fait justifiable. Perso j'ai une grande affection d'ordre nostalgique avant tout pour ce film d'exploitation. A privilégier tout de même en VOSTF, c'est beaucoup plus convaincant.
    A plus tard Laurent ^^

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  3. moi je suis tomber sur 2 dvd de ce film le 1er dvd avait l'image d'une vhs image bof
    et j'ai trouvé un autre dvd du film et l'image été remasterisé
    voila le visuel du dvd remasterisé qu'il faut prendre :
    http://nsa33.casimages.com/img/2015/03/11/150311110246512052.jpg

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  4. Le film est dispo en Blu-ray Franck, outre-atlantique et sur le net !

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  5. Je possède également le Dvd de la jaquette que tu as inscrit. Il était sorti chez les marchands de journaux.

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