de Chris Kentis. 2003. U.S.A. 1h19. Avec Blanchard Ryan, Daniel Travis, Saul Stein, Estelle Lau.
Sortie en salles en France le 11 Août 2004. U.S: 20 Août 2004.
FILMOGRAPHIE: Chris Kentis est un réalisateur, scénariste, monteur, directeur de la photo, né le 23 Octobre 1962 à New-York. 1997: Grind. 2004: Open Water. 2011: Silent House (remake)
Synopsis : En vacances aux Bahamas, Susan et Daniel participent à une sortie de plongée sous-marine, accompagnés d’autres binômes. À la remontée, chaque duo rejoint le bateau - sauf eux. Oubliés par le capitaine, Susan et Daniel se retrouvent livrés à eux-mêmes, contraints d’attendre les secours au beau milieu de l’océan, cernés par les requins.
Avec une économie de moyens, un script linéaire et deux comédiens méconnus confinés dans un décor marin anxiogène, Open Water tente de raviver un genre dévoré par des ersatz stériles. Pourtant, ce modeste métrage terriblement angoissant, malaisant, parfois terrifiant, transcende ses prédécesseurs grâce à une mise en scène fine et au pouvoir de suggestion, tout en apprivoisant le dépouillement limpide de son décor naturaliste. Ressenti comme une expérience immersive de par son caractère documentaire, le film partage l’horreur d’un couple abandonné en pleine mer, livré aux prédateurs d’un territoire qu’ils n’auraient jamais dû effleurer.
Ce qui rend cette dérive aussi délétère qu’étouffante, c’est sa manière ultra-réaliste d’aborder le sujet — sans effets, sans tape-à-l’œil - en laissant filtrer, sur les visages des deux naufragés, la peur muette, le désarroi montant, l’épuisement en crescendo. Ce sentiment d’isolement absolu face à l’immensité liquide, cette confrontation à un monde flottant et hostile où rode une espèce réputée pour sa dangerosité, voilà ce qui ronge. Voilà ce qui glace.
Le réalisateur accentue cette sensation de temps figé par une chronologie intermittente, rappelant l’attente interminable à laquelle le couple est acculé. Chaque heure devient un supplice. La banalité du présent se déforme sous l’effet de la peur, de l’espoir amaigri et de la conscience aiguë d’une mort suspendue. La menace croissante du squale, enfoui dans les ténèbres sous-marines, épouse la chute morale des deux protagonistes - jamais dans l’outrance, toujours dans la retenue. Et lorsque l’attaque surgit, puis que la nuit avale le jour, l’angoisse bascule dans une apnée terminale.
.
Avec cette troublante impression d’avoir été filmé en temps réel, Open Water parvient admirablement à provoquer la frousse par pure suggestion, sans jamais forcer le trait. La sincérité brute des comédiens, à l’humanité bouleversante, porte le film bien au-delà du simple exercice de style. Quant aux requins, silhouette mouvante d’un mal insidieux, ils parviennent à faire surgir l’effroi sans artifice - peut-être comme seul The Reef, son homologue aussi escarpé, l’aura fait depuis.
Traumatisant à ce point que, même au troisième visionnage, j’en ressors plus ébranlé encore.
Récompense : Prix de la Meilleure Actrice pour Blanchard Ryan, remis par l’Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur (2005).
— le cinéphile du cœur noir
10.01.25. 3èx. Vostf
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire