mardi 3 janvier 2012

KILL BILL: volume 2


de Quentin Tarantino. 2004. U.S.A. 2h17. Avec Uma Thurman, David Carradine, Lucy Liu, Vivica A. Fox, Chia Hui Liu, Michael Madsen, Daryl Hannah, Michael Parks, Bo Svenson, Jeannie Epper, Stéphanie L. Moore.

Sortie en salles en France le 17 Mai 2004. U.S: 16 Avril 2004.

FILMOGRAPHIE: Quentin (Jérome)Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 Mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee.
1992: Réservoir Dogs. 1994: Pulp Fiction. 1995: Groom Service (segment: The Man from Hollywood). 1997: Jacky Brown. 2003: Kill Bill 1. 2004: Kill Bill 2. 2007: Boulevard de la Mort.
2009: Inglorious Basterds. 2012: Django Unchained (tournagé débuté en Mai 2011). 2014: Kill Bill: Volume 3


Second volet des vicissitudes flamboyantes de la mariée ensanglantée, Quentin Tarantino s'approprie cette fois-ci de l'univers aride du Western Spaghetti pour lui rendre un humble hommage. Avec un gout plus prononcé pour la verve de ces dialogues incisifs, l'action ébouriffante du premier volet laisse place à une sobriété mesurée afin de mieux exacerber le profil altéré de personnages iconiques en phase de déclin. Après avoir éradiqué de sa liste noire 5 membres des vipères assassines, la mariée entreprend sa dernière quête vindicative pour retrouver les trois derniers responsables du massacre commis dans la chapelle de Two Pines. Budd, Elle Driver et enfin Bill se préparent à l'affronter avec une certaine prévention. 
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Après une première partie généreusement axée sur la surenchère spectaculaire dans son hommage affecté au cinéma d'arts martiaux, place à une certaine sobriété pour cette seconde monture beaucoup plus centrée sur l'introspection de la mariée, alias Mamba Noir, dans sa relation affective préalablement établie avec son ancien leader Bill. Quentin Tarantino nous révélant enfin les véritables motivations qui ont conduit notre guerrière chevronnée à décimer un à un les membres des Vipères assassines pour mieux fustiger son impitoyable baron du crime. Nous allons apprendre aussi de quelle manière notre héroïne a réussi à enseigner la maitrise du Kung-Fu par la discipline drastique d'un vieux maître légendaire d'arts-martiaux, Pai Mei. Avec son habituelle culture cinématographique nourrie de références toutes azimuts, le réalisateur rend particulièrement hommage à Sergio Leone et Ennio Morricone pour les décors clairsemés de plaines asséchées par un soleil ardent et ses visages impassibles suintant la sueur et la poussière. Il adresse également un clin d'oeil sarcastique à Lucio Fulci pour se réapproprier d'une fameuse séquence de claustration auquel Catriona Mc Coll était enfermée en interne d'un cercueil dans le funeste Frayeurs. En dehors d'une séquence d'action extrêmement spectaculaire et furieusement cinglante, le réalisateur attache beaucoup plus d'importance à développer en l'occurrence le portrait caractériel de trois tueurs narcissiques experts en maniement du sabre. Mais c'est surtout le lien affectif alliant finalement notre couple maudit formé par Bill et Beatrix qu'on nous dessine avec poignante empathie, notamment parmi le compromis parental de leur progéniture. Tarantino dépeint avec beaucoup d'humanité fébrile le psyché tourmenté d'une ancienne tueuse à gage reconvertie par la cause de sa maternité. Le rôle capital d'une mère dévouée, destinée à rayer un trait sur son passé délétère, quitter un amant tributaire de sa corruption et ainsi offrir une vie équilibrée à sa future progéniture.

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Michael Madsen traîne son traditionnel charisme de cowboy apathique dans celui d'un videur de club de strip-tease avant d'exercer une dernière faveur pour son frère préventif Bill, craignant l'arrivée redoutée de la mariée. Darryl Hannah excelle et se voit carrément confier le rôle de sa vie dans celle d'une tueuse borgne odieusement perfide, perverse et sournoise. Ses exactions meurtrières audacieuses rivalisant de traîtrise en guise d'orgueil et de condescendance. Spoil ! A ce sujet, nous ne sommes pas prêt d'oublier la mort de Budd, mordu à trois reprises dans son camping-car par le venin du Mamba Noir, serpent réputé le plus venimeux au monde, après qu'il eut ouvert par inadvertance une valise remplie de dollars ! Fin du Spoiler. En leader de l'organisation secrète, David Carradine endosse le rôle majeur à la mesure de son talent pour extérioriser une rancune tenace envers sa liaison amoureuse qu'il avait préalablement établi avec la tueuse aux cheveux d'or. Enfin, Uma Thurman exprime une humanité plus équilibrée dans son personnage de vengeresse délibérée à abdiquer son rôle de tueuse à gage au profit de la postérité de sa fille. Leur règlement de compte salvateur nous valant une bouleversante confession engagée sur l'amertume du regret, la faiblesse de la rancoeur, la lâcheté de la haine au nom d'une candeur infantile.


Beaucoup plus substantiel dans les tenants et aboutissants des personnages tributaires de leur mentalité corrompue, Kill Bill: volume 2 déploie enfin toute l'essence de sa puissance dramatique confronté à une bouleversante romance en berne. De film d'action préalablement entamé dans le moule du divertissement jouissif, Quentin Tarantino en extrait dans son second volet une somptueuse tragédie humaine fondée sur la notion d'héroïsme et notre humanité fragilement compromise. D'une virtuosité technique perfectionniste sans surenchérir dans l'action orgasmique antécédemment entreprise, la quête rédemptrice de Beatrix Kiddo nous déploie sans prévenir toute son humanité au nom de l'amour maternel. Une épopée frénétique confinant au chef-d'oeuvre d'un réalisateur entièrement voué à son art (désincarné) du langage cinématographique. 

03.01.12
Bruno Matéï


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