de Georges A. Romero. 1968. 1h36. Avec Duane Jones, Judith O'Dea, Karl Hardman, Marilyn Eastman, Keith Wayne, Judith Ridley, Kyra Schon, Charles Craig, S. William Hinzman, George Kosana, Frank Doak.
Sortie salles France: 21 Janvier 1970. U.S: 1 Octobre 1968
FILMOGRAPHIE: Georges Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York. 1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 2011: Deep Red.
Dans le "fantastique", jamais le cinéma n'avait été aussi loin... Il ne pourra jamais faire mieux...
Le pitch : dans un cimetière, Johnny et Barbara se recueillent sur la tombe de leur père lorsqu’un homme à la démarche chancelante surgit pour les agresser. Dans la lutte, Johnny meurt, la tête fracassée contre une stèle. Paniquée, Barbara fuit à travers la campagne jusqu’à une ferme abandonnée. Bientôt, un inconnu surgit pour s’y réfugier à son tour, tandis que dehors, des créatures hostiles commencent à encercler les lieux….
Dès les premières minutes, George Romero installe une atmosphère suffocante dont le spectateur, heurté de plein fouet, ne ressortira pas indemne. Des radiations venues d’une météorite auraient réveillé les morts, désormais affamés de chair humaine. Tourné comme un reportage d’urgence, sublimé par un noir et blanc funèbre et les performances sobres mais intenses d’acteurs amateurs, La Nuit des Morts-Vivants devient un modèle d'efficacité. Le huis clos est oppressant : une poignée d’êtres perdus se confronte autant aux monstres qu’à ses propres dissensions. Des personnages rudes, névrosés, nerveux, s’empêtrent dans leur incapacité à s’unir face à l’inimaginable. Le film radiographie avec lucidité nos réflexes xénophobes, notre égo, notre arrogance à imposer nos vues dans l’urgence de la survie.
C’est ce que cristallise la rivalité de deux hommes — l’un noir, l’autre blanc — opposant leur vision de la défense : barricader le rez-de-chaussée, ou se claquemurer dans la cave. Avec sang-froid et initiative, Ben, l’homme noir, tente de convaincre ses compagnons de privilégier l’étage, avec l’appui de Tom. Ce dernier, jusqu’ici soumis à l’autorité du patriarche Harry Cooper, était relégué à la cave avec sa compagne. Mais la peur, la lâcheté et la paranoïa deviennent les catalyseurs de leur défaite. Chacun campant sur ses positions, la cohésion vole en éclats.
Dans ce climat de tension constante, Romero s’attache à renforcer l’effet de réalité : interventions télévisées crédibles, voix-off journalistiques, et un usage du son d’une véracité glaçante. Ses zombies ne sortent pas de contes gothiques : ils puent la terre et les viscères. Et côté transgression, il ose.
Citons cette séquence fétide où, accroupis dans l’herbe, les morts s’arrachent les organes de deux corps calcinés dans une orgie nécrophage.
Près de 60 ans après, ce film reste, à mes yeux, le plus réaliste de tous les zombie movies. Le plus cru. Le plus humain. Le plus prophétique.
*Bruno
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