lundi 11 février 2013

Citadel. Prix du Public à South by Southwest.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ciaran Foy. 2012. Irlande/Angleterre. 1h24. Avec Aneurin Barnard, James Cosmo, Wunmi Mosaku.

Sortie salles U.S: 9 Novembre 2012

FILMOGRAPHIE: Ciaran Foy est un réalisateur, scénariste, monteur, acteur et producteur anglais.
2001: 1902. 2001: Wired. 2002: The Puppet. 2006: The Faeries of Blackheath Woods. 2007: Scumbot. 2009: Hotel Darklight (segment directeur). 2012: Citadel.


Dans la lignée des Révoltés de l'an 2000 pour son thème alloué à l'enfant martyr, cette modeste série B co-produite entre l'Irlande et la Grande Bretagne privilégie à point nommé un ton désenchanté pour établir un constat social sur la déliquescence des laissés pour compte. Le PitchSuite à l'agression mortelle de son amie par des enfants sauvages, un jeune père de famille sombre dans l'agoraphobie. Epié et menacé par ses meurtriers infantiles, il va tenter de transcender sa frayeur pour sauver sa vie ainsi que celle de son bambin. Imprégné d'une atmosphère à la fois anxiogène et dépressive, et renforcé de l'esthétisme blafard de ghettos défavorisés, Citadel est une oeuvre étrange d'une sensibilité prégnante. Un cauchemar urbain au cours duquel nous suivons l'introspection fébrile d'un jeune veuf traumatisé par la mort de sa compagne lors d'une violente altercation avec de jeunes agresseurs. Souffrant d'agoraphobie et totalement replié au sein de son appartement, Tommy sombre dans une grave paranoïa à force de daigner prémunir coûte que coûte l'existence de son enfant. Sa brève thérapie dans un centre spécialisé et l'aide amicale d'une amie de longue date lui apportent toutefois un frêle soutien, d'autant plus que les sauvageons semblent déterminés à l'appréhender. Mais ce n'est qu'avec l'entremise d'un prêtre accompagné d'un enfant aveugle que Tommy va pouvoir amorcer bravoure et courage afin de réprimer son inévitable frayeur.


Dominé par la prestance chétive de Aneurin Barnard habité par son expression névralgique, il parvient avec beaucoup d'humanisme désarmé à nous insuffler ces lourdes contrariétés au sein de sa solitude meurtrie. Cette ambiance dépressive émanant de sa psyché névrosée engendrant une inévitable empathie chez le spectateur, d'autant plus intrigué par l'hostilité meurtrière d'une bande organisée. En effet, nous ne saurons jamais dans quel but les enfants encapuchonnés atteints de cécité (on pense d'ailleurs aux mutants défigurés de Chromosome 3, tant pour leur apparence infiniment hostile que leur vocalité éraillée !) décident d'assassiner tous les adultes. Si ce n'est que seuls les quidams dominés par leur propre peur sont systématiquement identifiés et battus à mort. Spoil ! La cause de leur déficience mentale ainsi que leurs pulsions erratiques proviendraient d'une maladie infectieuse d'origine inconnue transmise par la mère de deux jumeaux Fin du Spoil. Sans fioriture, le film réussit avec réalisme cafardeux à y dépeindre un climat de peur palpable au sein d'une banlieue déserté de citadins, d'où seule plane la présence primitive d'enfants martyrs livrés à l'abandon. Son final particulièrement poignant véhiculant également une vibrante émotion pour la destinée précaire de nos héros, mais aussi celle des antagonistes infantiles, victimes malgré eux d'une société individualiste dénuée d'empathie.


Les Enfants du Silence
Réalisé avec autonomie au sein d'un climat malsain constamment éprouvant et dominé par une poignée de comédiens chargés d'humanisme torturé (ou altruiste), Citadel conjugue à travers son récit initiatique désespoir, angoisse et terreur quasi viscérales autour d'un constat social sur la délinquance juvénile. Y découle une oeuvre indépendante aussi fragile qu'austère, d'une efficacité constante (notamment pour l'habileté du réalisateur d'y entretenir le mystère jusqu'à mi-parcours du récit) et à la violence rugueuse, exacerbée d'une force émotionnelle désespérée. Un véritable must du genre, à réserver toutefois à un public averti de par son vérisme éprouvant imparti à l'innocence galvaudée.

*Eric Binford
24.12.21
11.02.13

RécompensesPrix du Public (Midnight Audience) à South by Southwest, 2012
Prix Narcisse au Festival de Neuchâtel, 2012
Méliès d'Argent au Festival de Neuchâtel, 2012
Meilleur réalisateur au Festival du film fantastique de Puchon, 2012
Meilleur son aux Irish Film and Television Awards, 2013

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