mercredi 13 février 2013

LE LOCATAIRE (The Tenant)



                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinecube.wordpress.com
de Roman Polanski. 1976. France. 2h05. Avec Roman Polanski, Isabelle Adjani, Melvin Douglas, Shelley Winters, Bernard Fresson, Claude Dauphin, Jo Van Fleet, Rufus, Josiane Balasko, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Bernard Pierre Donnadieu.

Sortie salles France: 26 Mai 1976 (interdit - de 18 ans). U.S: 11 Juin 1976

FILMOGRAPHIERoman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais
1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer 2011 : Le Dieu du carnage.


Troisième film consacré au cycle des appartements, le Locataire est la dernière denrée du fantastique paranoïaque dominée par la prestance (erratique) du réalisateur himself, Roman Polanski. D'après le roman Le Locataire chimérique écrit par Roland Topor en 1964, cette descente aux enfers d'un résident gagné par la folie ne cesse d'interroger le spectateur par son ambiguïté rationnelle et surnaturelle. Alors que l'ancienne locataire s'est défenestrée du 3è étage, un jeune célibataire timoré loue son appartement malgré l'exigence du voisinage réfractaire au moindre potin. Peu à peu, l'homme constamment épié et réprimandé par ses occupants sombre dans une paranoïa schizophrène. Ambiance feutrée au sein d'un immeuble hermétique rempli de vieillards acariâtres, le Locataire nous plonge dans la lente dégénérescence paranoïaque d'un locataire introverti, incessamment persécuté par son entourage. En dehors du suicide inexpliqué de Madame Choule et du harcèlement quotidien de ces occupants, la découverte d'une dent encastrée dans la brèche d'un mur, la réception d'une carte postale et l'inscription de symboles égyptiens sur le muret des toilettes vont être les éléments déclencheurs pour la dérive schizophrène de Trelkovsky.


De prime abord, Roman Polanski utilise la dérision pittoresque afin de brimer son locataire, constamment critiqué par des sexagénaires renfrognés incapables de supporter tout vacarme. A cause de sa timidité et de son absence d'aplomb, Trelkovsky sera notamment contraint de supporter l'impertinence de ces amis (la fiesta improvisée au sein de son appartement) au péril de sa bonne foi à daigner respecter la tranquillité des voisins. Par le biais d'une photo désaturée et d'une mise en scène avisée, le réalisateur entretient un climat d'étrangeté particulièrement insolite au sein d'un bâtiment archaïque où des silhouettes de vieillards semblent figées par derrière leur fenêtre ! Au fil de ces contrariétés grandissantes, davantage angoissé par le comportement étrange et l'intolérance drastique de certains voisins (sans compter l'influence du tenancier lui suggérant de boire un chocolat et fumer des marlboros comme Madame Choule l'eut sollicité chaque matin !), Trelkovsky finit par se convaincre qu'il est victime d'un complot meurtrier. Peu à peu, l'angoisse et la terreur vont finalement intenter à sa psychologie régressive !


Chargé d'inquiétude et d'étrangeté dans son climat de claustration, la densité psychologique du Locataire réside par ailleurs dans cette faculté que Polanski, réalisateur, entreprend pour nous faire douter de la pathologie mentale de son protagoniste. S'agit-il de l'influence (diabolique) de l'ancienne locataire suicidée, ou celle, tyrannique, des voisins bourrus ? L'appartement est-il maudit par une malédiction égyptienne lors d'un voyage entrepris par Mme Choule ? Ou n'est-ce que la simple dérive paranoïde d'un homme esseulé, incapable de réfréner ses névroses et obsessions ? Par le truchement d'hallucinations, le réalisateur improvise des séquences cauchemardesques particulièrement délirantes et cruelles afin de mettre en exergue la folie aliénante de son locataire (les voisins sont caractérisés par des reptiles démoniaques et organisent un spectacle théâtral afin de prôner sa future mort !). Une victime martyrisée par l'affres de la frayeur, littéralement envoûtée par la personnalité trouble de Mme Choule, et donc contraint de se travestir en femme Spoiler !!! pour éventuellement finir par se jeter par la fenêtre ! Fin du Spoil.


Effrayant par son réalisme obscur mais aussi débridé par son caractère sardonique, le Locataire fait presque office de documentaire pour ausculter l'introspection mentale d'un schizophrène rongé par sa paranoïa. En tant qu'acteur, Roman Polanski détonne et réussit à donner chair à son personnage torturé avec une dimension humaine toute en pudeur. Tandis que l'ambiance opaque qui émane des parois de cet immeuble sclérosé laisse en suspens une énigme aussi indécise qu'irrésolue !

13.02.13. 4èx
Bruno Matéï

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