de Ken Russell. 1980. U.S.A. 1h45. Avec William Hurt, Blair Brown, Bob Balaban, Charles Haid, John Larroquette, George Gaynes, Olivia Michelle.
Sortie salles France: 30 Septembre 1981. U.S: 25 Décembre 1980
FILMOGRAPHIE: Ken Russell est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur, monteur et directeur de la photographie britannique né le 3 juillet 1927 à Southampton. 1967 : Un cerveau d'un milliard de dollars, 1969 : Love , 1970 : The Music Lovers, 1971 : Les Diables, 1971 : The Boy Friend, 1972 : Savage Messiah, 1974 : Mahler, 1975 : Tommy, 1975 : Lisztomania, 1977 : Valentino, 1980 : Au-delà du réel, 1984 : Les Jours et les nuits de China Blue,1986 : Gothic, 1988 : Salome's Last Dance , 1988 : Le Repaire du ver blanc ,1989 : The Rainbow ,1991 : La Putain, 2002 : The Fall of the Louse of Usher, 2006 : Trapped Ashes segment "The Girl with Golden Breasts".
Le pitch : enfermé dans un caisson d’isolation sensorielle, Edward Jessup libère ses fantasmes les plus enfouis sous l’effet d’une puissante drogue hallucinogène ramenée du Mexique. Hanté de visions mystiques, de figures divines et de ténèbres archaïques — avec en point d’orgue une imagerie infernale dantesque — il se lance dans une quête dévorante : atteindre l’origine de la vie par les tréfonds de sa propre conscience. Mais un jour, alors qu’il renouvelle l’expérience, son corps se met à régresser génétiquement, amorçant une transformation simiesque irréversible.
Trip sensoriel et expérimental, Au-delà du réel interroge avec furie l’essence même de notre existence — jusqu’à faire émerger l’amour comme unique lumière au bout du tunnel. Oscillant entre science-fiction, fantastique et romance, le film convoque un vertige digne d’un épisode fiévreux de La Quatrième Dimension.
Fascinant et fulgurant par ses thématiques abyssales, ce cheminement intérieur nous happe dans l’une des expériences ésotériques les plus insensées du cinéma. William Hurt, transi d’émotion en anthropologue possédé, devient le vecteur d’un récit inquiétant qui épouse peu à peu la forme d’un cauchemar éveillé. À mesure que son esprit chavire, son corps se plie aux hallucinations, jusqu’à muter. Réduit à l’état de primate velu, le voilà errant dans les rues nocturnes, traquant une biche dans l’instinctuel chaos. Mais cette drogue n’ouvre pas seulement la porte du divin : elle fait déborder l’au-delà sur notre monde, libérant un autre plan d’existence, régi par une énergie brute et sans nom. Vision du néant, lumière aveuglante, implosion du moi — Au-delà du réel devient une plongée dans l’abîme hermétique du tout début, là où naît l’effroi primitif de l’être.
À travers l’obsession d’un homme prêt à se perdre pour atteindre l’absolu, Ken Russell sonde aussi l’idée d’une révolution scientifique aux frontières de la folie, susceptible de réconcilier l’homme avec sa foi… ou de l’anéantir. Seuls l’amour, la tendresse et l’instant présent permettent, peut-être, de ne pas sombrer tout entier.
Car l’ultime vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité ultime.
L'ultime vérité, c'est qu'il n'y a pas de vérité ultime.
Au-delà du réel, au-delà de sa réflexion sur l’orgueil scientifique et son vertige métaphysique, s’érige aussi en poème d’amour. Celui d’Edward et Emily, deux âmes entremêlées dans la tempête. Débridé, ensorcelant, le film nous confronte à nous-mêmes — et grave dans notre « moi conscient » le souvenir d’une expérience inclassable.
*Bruno
4èx
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