vendredi 13 juin 2014

Une journée bien remplie

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemapassion.com

de Jean Louis Trintignant. 1973. France. 1h30. Avec Jacques Dufilho, Luce Marquand, Franco Pesce, Albin Guichard, Andrée Bernard, Louis Malignon, T. Requenae, Jacques Doniol-Valcr.

Sortie salles France: 8 Mars 1973

FILMOGRAPHIEJean Louis Trintignant est un acteur et réalisateur français, né le 11 Décembre 1930 à Piolenc. 1972: Une Journée bien remplie. 1978: Le Maître-nageur.


Illustre acteur de théâtre et de cinéma, héritier d'une filmo proéminente, Jean Louis Trintignant s'était notamment attelé à la réalisation à deux uniques reprises, quand bien même sa première oeuvre fit office de véritable coup de maître. Estampillé film-culte et ovni surréaliste au sein de notre patrimoine français, Une Journée bien remplie relate la virée meurtrière d'un père de famille accompagné de sa mère, communément installés dans un side-car afin de venger la mort de son fils. Durant leur itinéraire, ils sillonnent les contrées provinciales pour exterminer un à un le membres des jurés qui firent condamner un jeune matelot de 22 ans. Satire du dysfonctionnement judiciaire, farce macabre exploitant la loi du talion avec une dérision proprement irrésistible, Une Journée bien remplie peut servir de modèle dans les écoles de ciné pour son sens alloué à l'efficacité optimale. Or, sur une intrigue éculée où deux complices perpétuent le rituel meurtrier d'une implacable vengeance, comment ne pas lasser son public à force de répéter sans modération les traditionnelles exactions criminelles ?! 


En tablant sur l'effet du subterfuge (suggérer la présence du criminel alors qu'il s'agit d'un modeste quidam), sur la duperie du coupable mis en cause, sur la cocasserie des situations d'anxiété et sur l'inventivité du crime qui s'ensuit, quand bien même la posture studieuse du vengeur ironique s'y symbolise ange de la mort ! Mais ce n'est pas tout, car tout aussi inspiré et imaginatif qu'il soit, Jean Louis Trintignant peaufine sa réalisation en maîtrisant le montage (utilisation habile du fondu enchaîné pour amener la séquence suivante), en expérimentant des procédés visuels dissemblables (pause sur image afin d'alerter l'expression du danger, fouiner la cavité buccale d'une gorge asphyxiée, ou chorégraphier une harmonie musicale avant-coureuse du clip !) et en versant dans l'hommage emphatique (la représentation de Macbeth), burlesque (les influences de Chaplin et Tati sont de la partie !). Qui plus est, avec sa musique pittoresque variant parfois le ton d'une symphonie orchestrale, l'oeuvre marginale renforce son côté décalé pour y adopter une allure de conte désincarné baignant génialement dans l'extravagance. 


Hymne à l'imaginaire, une fête de cinéma de chaque instant.
Avec ses courses-poursuites rocambolesques (en voiture et à vélo svp), ses situations de danger incessantes et ses revirements aléatoires (après s'être trompés de victime et accomplis leurs méfaits à visage découvert, Jean Rousseau et sa mère doivent également affronter les forces de l'ordre déployées en masse !), Une Journée bien remplie impose le rythme alerte d'une réalisation littéralement prodigieuse. Enfin, les présences iconiques de Jacques Duffilo et Luce Marquand laissent en mémoire un duo de meurtriers désopilants dans leur posture flegmatique, à marque d'une pierre blanche. Tout bien considére, on peut prétendre que nous avons affaire à un chef-d'oeuvre d'humour noir incomparable dans le paysage français. 


*Bruno
2èx

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