mercredi 4 juin 2014

TOAD ROAD

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Jason Banker. 2012. U.S.A. 1h16. Avec Sara Anne Jones, James Davidson, Whitleigh Higuera, Jamie Siebold.

Récompenses: Meilleur long métrage, au Festival de Lausanne métro Film and Music, 2012
Prix ​​du meilleur réalisateur et Prix du Meilleur Acteur au Festival Fantasia, 2012

FILMOGRAPHIE: Jason Banker est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
2012: My name is Faith (Documentaire). 2012: Toad Road. 2013: Squatter (Documentaire - post-production). 


Objet expérimental et métaphysique, Toad Road nous décrit sous une forme documentée la quotidienneté de jeunes adolescents livrés à leur défonce d'alcool et de drogues hallucinogènes telles que acides et LSD. Si je me réfère à la véritable définition de "Found Footage" (littéralement "enregistrement trouvé"), terme désignant la récupération de pellicules impressionnées dans le but d'enregistrer un autre film, Toad Road se rapproche plus du docu-fiction (le réalisateur avait déjà tâté du documentaire !), sachant qu'en prime, aucun acteur ne porte traditionnellement la caméra à l'épaule pour témoigner en direct des vicissitudes de ses compagnons. Incarné avec conviction par des comédiens non professionnels, la mise en scène studieuse de Jason Banker recherche à tous pris le réalisme du direct lorsque les protagonistes semblent véritablement épris d'ivresse ou d'étourdissement lors des prises d'alcool et de drogue. Sans parler des exhibitions explicites ou de l'épreuve des coups de poing que Slacker acceptera en guise d'expiation ! 


Cette dynamique de groupe sujette aux expériences les plus extatiques s'avère d'autant plus crédible dans leur état second et complicité de camaraderie qu'ils finissent pas nous immerger dans leur intimité de débauche. La première partie nous illustre donc leur virée dans les bois ou leur isolement au domicile afin de consommer régulièrement nombre de drogues synthétiques. Parmi eux, la nouvelle du groupe, Sara, se rapproche du leader, Slacker, et finit par entamer une liaison futilement amoureuse. Désireuse de goûter elle aussi au plaisir des drogues, elle finit par s'en accoutumer puis propose à son compagnon de franchir les portes de l'enfer. Cette épreuve est en faite inspirée d'une légende urbaine désignant le passage de 7 portails dans la contrée forestière de Toad avant de culminer en enfer. C'est à ce moment qu'intervient la seconde partie du récit focalisée sur l'escapade du couple parti en forêt pour consommer des acides, quand bien même Sara tentera d'influencer vainement son compagnon à expérimenter les 7 portails. C'est la qu'un drame inexpliqué va sévèrement fustiger l'inconscience de Slacker ! 
Ovni aussi réaliste que désincarné, Toad Road tente de plonger le spectateur dans une expérience psychédélique particulièrement diaphane, celle de confronter l'existence au repos de l'enfer. Hymne à la mort ou au repos éternel si j'ose dire, selon l'interprétation personnelle du spectateur, Toad Road s'avère d'autant plus obscur et hermétique qu'il bénéficie d'une aura toute particulière, sachant que l'héroïne principale est décédée dans les mêmes circonstances que ce que l'oeuvre laisse sous-entendre. Connaissant de prime abord son triste sort, on découvre alors le film sous un aspect spirituel d'autant plus immersif que le fantôme de Sara semble inscrire la pellicule. Ce sentiment de solitude et de néant que l'héroïne nous déclare en voix-off s'avère d'autant plus dérangeant qu'elle semble véritablement éprise d'une attirance et d'un apaisement pour l'absence de l'existence ! 


Avec son score envoûté et sa photo naturaliste chargée de couleurs vives pour sensibiliser l'écologie, Toad Road attise la nonchalance, provoque la perplexité face au mystère irrésolu et nous interpelle sur l'intérêt de notre existence sans repère. Austère, fragile et inquiétant, ce bad-trip porte finalement en témoignage le deuil précipité d'une jeune fille de 24 ans, Sara Anne Jones, disparue le 4 Septembre 2012. Un drame survenu quelques semaines à peine avant la première du film...

A Sara...
Bruno Matéï


Sara Anne Jones est née en Février 1988 à Baltimore, Maryland, États-Unis. Elle était une actrice connue pour son rôle dans Toad Road. Elle est décédée le 4 Septembre 2012 à New York, USA.


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