jeudi 3 août 2017

ASYLUM. Licorne d'Or, Paris 73.

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.fr

de Roy Ward Baker. 1972. Angleterre. 1h28. Avec Peter Cushing, Britt Ekland, Herbert Lom, Patrick Magee, Barry Morse, Barbara Parkins, Robert Powell, Charlotte Rampling, Sylvia Syms, Richard Todd.

Sortie salles France: 8 Mai 1974 (Int - de 18 ans). Angleterre: Juillet 72

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010. 1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1967: Les Monstres de l'Espace. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


Produit par la célèbre firme Amicus d'après des récits de Robert Bloch, Asylum porte notamment la signature d'un petit maître en la matière, le réalisateur Roy Ward Baker (Les Cicatrices de Dracula, The Vampires Lovers, le génial Les Monstres de l'Espace et surtout son chef-d'oeuvre estampillé Hammer, Dr Jekyll et Sr Hyde). Prenant pour cadre un asile psychiatrique, un jeune médecin doit découvrir l'identité du Dr Star par le biais de 4 patients épris de démence. Un à un, ces derniers lui racontent leur récit personnel basé sur le surnaturel. Le 1er segment, agréablement conté par l'entremise d'un suspense inquiétant, repose sur le stratagème meurtrier d'un mari infidèle délibéré à supprimer son épouse afin de couler des jours paisibles dans les bras de sa maîtresse. Seulement, sa femme finira par lui réserver une diabolique surprise grâce à sa relation amicale entretenue plus tôt avec le Pr Kalanga (un sorcier vaudou). Délirant quant au retournement de situation macabre que le coupable doit endurer, l'intrigue amuse efficacement avec l'appui d'une réalisation avisée, d'effets spéciaux cheap plutôt soignés pour l'époque (aussi concis soient-ils !) et d'une distribution fort convaincante. Le second récit, le plus atmosphérique par son climat gothique envoûtant (candélabres en sus au sein d'une chambre vide !), s'intéresse au cas d'un couturier désargenté prochainement limogé par son propriétaire, faute de ne plus pouvoir payer son loyer. Seulement, un étrange individu (campé par le dandy Peter Cushing) vient frapper in extremis à sa porte pour lui suggérer de façonner un costume pour son jeune fils. En dernier ressort, le vendeur accepte selon le mode d'emploi draconien du client. A savoir, élaborer le costard entre 0h00 et 5h00.


Poétique et cruel, sournois et machiavélique, les rebondissements qui empiètent l'intrigue font preuve d'intensité et de réalisme afin de nous amener à côtoyer l'improbable. Car une fois de plus, Roy Ward Baker s'y prend avec savoir faire technique et souci formel Spoil ! lorsqu'un mannequin de vitrine va soudainement prendre vie sous nos yeux ! Fin du Spoil. La troisième histoire, plus conventionnelle, nous illustre les rapports fragiles entre un frère et une soeur si bien que cette dernière souffre de paranoïa. Remarquablement campé par Charlotte Rampling, celle-ci parvient à insuffler densité psychologique et angoisse sous-jacente durant son cheminement ambigu par un jeu trouble de schizophrénie que n'aurait pas renié Sir Alfred Hitchock quand on se remémore son chef-d'oeuvre Psychose. Sans surprise, voir prévisible, Roy Ward Baker parvient pour autant à insuffler un suspense assez prenant lors de sa trajectoire psychotique sans doute en proie au dédoublement de personnalité. A moins qu'il ne s'agisse du fantôme de sa meilleure amie ! Le dernier sketch nous relate en temps réel le discours délirant du patient Byron dans l'enceinte de l'asile (l'éventuel Dr Star !). Ayant confectionné des jouets plus vrais que nature, il est persuadé de donner vie à ses mini robots par la simple persuasion de son esprit. Outre la performance indiscutable des acteurs (Herbert Lom, Patrick Magee et Rober Powel se disputent la vedette à jeu égal) et ce souci formaliste récurrent imputé à la mise en scène et aux trucages rétros, cet ultime segment tire-parti de son caractère fascinant par la présence onirique de poupées diaboliques douées de vie. Sans doute l'épisode le plus fun et débridé du lot.


Efficace, atmosphérique, intrigant et fascinant sous la mainmise d'une distribution totalement impliquée (notamment la solide présence de Barry Morse en styliste malencontreusement cupide !) et l'originalité d'intrigues aux chutes sardoniques que le réalisateur relève plutôt brillamment, Asylum peut se targuer de faire parti du haut du panier sous la bannière Amicus. A ranger soigneusement à proximité d'Histoires d'outre-tombe, de Frissons d'outre-tombe, de La Maison qui tue et du Caveau de la Terreur.

Bruno Matéï
2èx

Récompenses:
Prix Interfilm et Prix OCIC, lors du Festival de Berlin en 1973.
Licorne d'or au Festival international de Paris du film fantastique et de science-fiction

1 commentaire: