"E Dio disse a Caino..." de Antonio Margheriti. 1970. Italie/Allemagne de l'Ouest. 1h34. Avec Klaus Kinski, Peter Carsten, Marcella Michelangeli |
Sortie salles France: 30 Décembre 1970. Italie: 5 février 1970
FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.
Western mythique s'il en est, de par son atmosphère crépusculaire aux confins de l'horreur gothique et de la présence magnétique de Klaus Kinski d'un flegme imperturbable, Et le vent apporta la violence élève le film d'ambiance à son firmament. Après 10 ans de bagne, Gary Hamilton retrouve enfin sa liberté après avoir été gracié par la justice. Délibéré à se venger auprès des responsables de son injuste condamnation, il retourne dans son village pour abattre tous les sbires son ancien ami, Acombar, aujourd'hui ennemi juré d'une ignoble trahison. Baignant dans une délicieuse atmosphère d'étrangeté sous l'impulsion d'une tempête d'outre-tombe, second rôle éthéré de l'histoire, Et le vent apporta la violence nous immerge de plein fouet dans une ambiance d'isolation au sein d'un village maudit. De par la complicité vénale de tous les responsables de la réclusion d'Hamilton et de l'intrusion soudaine de ce dernier délibéré à les exterminer un à un. Abordant le thème de la vengeance dans sa représentation la plus véreuse si bien que dès le départ Hamilton autrefois innocent nous exprime ouvertement sa damnation depuis sa motivation punitive, Antonio Margheriti fignole le cadre sépulcrale de sa tragédie macabre.
En brossant également les profils des seconds-rôles couards davantage gagnés par la peur du trépas (notamment l'ancienne maîtresse d'Hamilton incapable de canaliser ses affres au moment des retrouvailles !), voir même le remord ostensiblement avoué chez l'un d'eux ou autrement tacite du point de vue d'Acombar hanté de culpabilité. Mais au préalable, Margheriti développe lestement le cas docile du fils de celui-ci s'efforçant de découvrir la vérité sur l'étranger depuis sa longue absence au village. Le seul personnage véritablement candide de l'histoire mais pour autant contraint de céder in extremis à la trahison et à la corruption afin de préserver l'honneur de sa famille. Cette intensité dramatique qui émane du désarroi d'antagonistes impliqués dans un redoutable enjeu de survie permet à l'intrigue de redoubler d'efficacité sous le pilier de leur psychologie fébrile. Quand aux somptueux décors domestiques d'un gothisme inopinément flamboyant, on se croirait dans une oeuvre baroque de Roger Corman durant sa période florissante des adaptations de Poe, quand bien même Kinski perdure à traîner sa dégaine rigide à l'instar d'un fantôme errant sous l'acuité du regard impassible ! (notamment ses jeux de miroir invoqués sur sa présence ubique lors d'une ultime confrontation à la lisière du surnaturel !)
Modeste série B transfigurée par la perméabilité de son esthétisme mortifère et l'intensité d'une intrigue vénéneuse auquel personne ne pourra accoster la rédemption, Et le vent apporta la violence confine au chef-d'oeuvre du western crépusculaire, poème tragique sur l'engrenage de la vengeance habité par un Kinski aussi bien hypnotique qu'étrangement ambigu.
Bruno Dussart
3èx
...Et Dieu dit à Caïn:
par ton crime tu as crée le mal
et le sang versé retombera sur toi
et sur ta descendance qui ira
errante et vagabonde sur la terre.
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