mardi 29 août 2017

BUSHWICK

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemamontreal.com

de Jonathan Milott et Cary Murnion. 2017. U.S.A. 1h34. Avec Dave Bautista, Brittany Snow, Angelic Zambrana, Jeff Lima, Paco Lozano, Christian Navarro.

Sortie France uniquement en VOD. U.S: 25 août 2017 (sortie limitée en salles et VOD)

FILMOGRAPHIE: Jonathan Milott est un réalisateur américain. 2014: Cooties. 2017: Bushwick
Cary Murnion est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2008: Jay vs Life (TV Movie). 2014: Cooties. 2017: Bushwick.


Dtv distribué par Netflix, Bushwick est la seconde réalisation du duo Jonathan Milott / Cary Murnion préalablement responsable d'une comédie horrifique, Cooties. Film d'action belliciste sur fond de crise politico-sociale, Bushwick (quartier de Brooklyn) relate le parcours de survie de Lucy prise à parti avec des tirs militaires et civils au sein de sa cité réduite à feu et à sang. Durant sa fuite, et après avoir échappée au viol par deux délinquants, elle est secourue par un mastard, Stupe, ancien infirmier ayant servi plus tôt dans la marine en Irak. Ensemble, ils tentent de regagner le foyer de la grand-mère de Lucy tout en essayant de saisir les tenants et aboutissants de l'insurrection urbaine livrée à l'auto-justice. Et ce en dépit de la potentielle loi martial soudainement décrétée pour un motif que l'on ne connaîtra qu'à mi-parcours de l'action. Filmé en temps réel sous le principe souvent subjectif, Bushwick joue la carte du divertissement belliqueux avec le parti-pris de privilégier/respecter le spectateur adulte au détriment de l'ado féru d'actionner bourrin. Dans une ambiance cauchemardesque particulièrement réaliste, les auteurs parviennent à nous immerger dans l'intensité de l'action sans jamais céder à une vaine esbroufe si bien que les divers déplacements de nos héros (faits de "chair et de sang", j'insiste !) nous paraissent crédibles quant à leurs efforts de survie à se dépêtrer des balles ennemies avec un humanisme poignant.


Nanti d'un score électro incisif et d'une mise en scène étonnamment maîtrisée (notamment au travers de plans séquences vertigineux ou lors de saisissants panoramas faisant office de fresque d'apocalypse !), Bushwick possède un style formel pas très éloigné du cinéma de John Carpenter (format scope en sus !). Notamment si je me réfère au charisme sans fard de vraies gueules d'acteurs qu'on ne retrouve plus (ou alors si peu) dans le cinéma d'action mainstream si lisse car trop conventionnel. Dave Bautista (très impressionnant de carrure trapue !) et Brittany Snow se partageant mutuellement la vedette avec autant de fragilité démunie (notamment cette superbe séquence finale où Stupe se confie sans complexe à elle sur son passé tragique) que de pugnacité couillue (l'un et l'autre vont apprendre à s'épauler durant leur traque et isolement et ainsi canaliser leur peur lors d'un héroïsme abrupte au risque de céder à des pulsions meurtrières punitives). Car il faut les voir accourir, faire profil bas dans les rues de Brooklyn pour tenter d'esquiver les balles provenant autant du haut des toitures que du bitume engorgé de carcasses de voitures incendiées ! De surcroît, le sentiment d'insécurité permanent et de danger létal émanent notamment de l'incapacité pour nos héros à pouvoir distinguer quel ennemi ils doivent combattre lorsque civils et militaires s'entretuent sans aucune morale avant d'y connaître l'instigateur ! (une révélation d'ordre politique faisant froid dans le dos !).


Solidement réalisé et interprété sous le pilier d'une intrigue ombrageuse évoquant le spectre de la guerre civile par le biais d'une dissidence politique, Bushwick parvient à faire naître l'appréhension en nous immergeant tête baissée dans un contexte réaliste de sédition plausiblement prémonitoire. En prime de l'efficacité des péripéties homériques et embûches insidieuses par le biais de rencontres impromptues, Bushwick oppose de poignantes intimités psychologiques avant de se clore (et donc pour mieux nous ébranler de sa déliquescence sociale !) sur le pessimisme d'une conclusion aussi radicale qu'effrayante ! Une bonne surprise d'une brûlante actualité métaphorique. 

Dédicace à Jean-Marc Micciche
Bruno Matéï

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