de Julien Carbon et Laurent Courtiaud. 2009. France/Hong-Kong. 1h41. Avec Carole Brana, Carrie Ng Ka-Lai, Frédérique Bel, Jack Kao Kuo-Hsin, Kotone Amamiya, Maria Chan Chai-ïng, Stephen Huynh, Tony Ho Wah-Chiu.
Sortie en salles en France le 27 Avril 2011.
2011: Les nuits rouges du bourreau de Jade.
Hommage subjectif d'un puriste amateur de Giallo.
Julien Carbon et Laurent Courtiaud sont deux français passionnés de cinéma de genre qui ont réussi à fonder avec leur leader Christophe Gans une revue de cinéma asiatique, parue en France (HK Orient Extrême). Ils se sont ensuite exilés à Hong-Kong afin d'occuper le poste de scénariste pour le compte de la société de Tsui Hark, Film Workshop. Ils peaufinent donc communément l'écriture de films comme Running out of the Time, Black Door, Black Mask 2 ou encore le Talisman.
En 2007, ils se mettent à leur propre compte pour ériger une maison de production, Red East Pictures, en collaboration avec la réalisatrice Kit Wong, et ainsi pouvoir réaliser leurs propres longs.
Dans le Hong-Kong contemporain, Carrie est à la recherche d'un fameux élixir au poison létal que le Bourreau de Jade détenait à l'époque du 1er empereur de Chine. Il torturait ainsi ses victimes paralysées à l'aide de griffes fourchues, en guise de douleurs incommensurables. Catherine, une jeune française recherchée par la police possède ce venin également convoité par un groupe de mafieux régit par Mr Ko. Avec la complicité de Sandrine, la fugitive va tenter de rencontrer la prêtresse de la douleur sensitive pour conclure un juteux marché.
Ca démarre fort avec une séance érotico morbide d'une chétive sensualité formelle. Une jeune asiatique d'une beauté gracile affinée est volontairement soumise pour subir les caprices masochistes de Carrie, une femme fascinée par les exactions meurtrières du bourreau de jade. Derrière ce mythe d'une époque ancestrale, cet homme puissant pratiquait sur ses victimes des tortures insensées après les avoir paralysé à l'aide d'un puissant poison inhalé, décuplant ainsi la souffrance offerte aux victimes. Après une mise en scène emphatique savamment concoctée pour séduire les sens corporels d'une jeune désireuse, celle-ci est finalement recouverte sur toute la partie du corps d'un film de latex couleur corbeau. Après avoir à une nouvelle reprise enveloppé la témoin de cette combinaison caoutchouteuse, Carrie décide de passer au stade supérieur en obstruant la respiration de la victime et ensuite l'éventrer à l'aide de griffes aussi aiguisées que des lames de rasoir. Le sang velouté s'échappant ainsi douceureusement du corps opaque de la victime transie, livrée à sa guise ! C'est ensuite qu'apparaît Catherine, blonde pulpeuse suspicieuse depuis qu'elle est recherchée pour meurtre par la police hongkongaise. Après avoir dérobé un mystérieux objet dans une antiquité, celle-ci ne soupçonne à aucun moment que le produit en question se révèle être la potion tant fantasmée par la pêcheresse éhontée et certains individus véreux. Dans une ville nocturne fantasmagorique, les deux femmes opiniâtres et pugnaces vont se croiser, se heurter et s'affronter pour une quête suprême et lucrative.
Dans une structure narrative quelque peu désordonnée, voire hésitante, Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade est avant tout un spectacle esthétique d'une beauté atypique ! Somptueux décors baroques et variante de couleurs criardes réunies dans un même décor renvoient bien évidemment au cinéma d'Argento ou de Bava alors que les protagonistes majeurs semblent hérités d'Alfred Hitchock ou Jean Pierre Melville. Blonde fatale, tueuse sadienne à la perversité sans limite et mafieux sans pitié vont s'affronter dans un jeu de cache-cache nocturne à travers une ville tentaculaire pour le plaisir masochiste du meurtre stylisé. On peut aussi songer dans les péripéties accordées aux serials d'antan, à Fu-Manchu et aux polars hongkongais majestueusement chorégraphiés (comme ce final aléatoire où les ripostes de gunfight sont vigoureusement échevelées et chevronnées). On sera aussi admiratif devant la poésie morbide qui émane de certaines scènes gores d'une nuance érotique sous-jacente. Où les corps dénudés, frêles et dociles sont offerts à la guise d'une mégère délétère au sadisme épuré. La réalisation virtuose est précise, consciencieuse, immaculée dans l'art pictural de filmer des séances masochistes inscrites sur une facture flamboyante et baroque.
On peut saluer la prestance caustique de Carrie Ng Ka-Lai (The Lovers, City on Fire) qui envoûte aisément l'écran à chacune de ses exactions perpétrées pour la quête du plaisir pervers et sadique. Ou quand l'acte meurtrier se révèle sous son esprit incongru et son charme vénéneux comme un art suprême à part entière. La ravissante Frédérique Bel en blonde pulpeuse tout droit sortie d'un suspense Hitchcockien possède un charme et une présence charismatique assez particulière dans sa posture élevée. Mais la manière dont elle gesticule ses tirades verbales nuit un peu de sa prestance honorable, injustement décriée à sa sortie (de mon point de vue affecté).
Esthétiquement sublime et enivrant, Les Nuits rouges du Bourreau de Jade est un exercice de style parfois hésitant, maladroit (le jeu des comédiens français est une fois de trop instinctivement théâtral), mais bourré de bonnes intentions dans son hommage giallesque à tout un pan du cinéma transalpin expatrié dans une culture asiatique florissante. Sa narration aurait peut-être gagnée à être un peu plus dense, ordonnée et ambitieuse mais la puissance érotico-sensuelle de certaines scènes clefs et l'imagerie gore raffinée qui en émanent renvoient aux plus belles heures de gloire d'illustres maîtres comme Dario Argento. Alors que son inopiné final immoral pourra en rebuter plus d'un !
28.07.11
Bruno Matéï.
Esthétiquement sublime et enivrant, Les Nuits rouges du Bourreau de Jade est un exercice de style parfois hésitant, maladroit (le jeu des comédiens français est une fois de trop instinctivement théâtral), mais bourré de bonnes intentions dans son hommage giallesque à tout un pan du cinéma transalpin expatrié dans une culture asiatique florissante. Sa narration aurait peut-être gagnée à être un peu plus dense, ordonnée et ambitieuse mais la puissance érotico-sensuelle de certaines scènes clefs et l'imagerie gore raffinée qui en émanent renvoient aux plus belles heures de gloire d'illustres maîtres comme Dario Argento. Alors que son inopiné final immoral pourra en rebuter plus d'un !
28.07.11
Bruno Matéï.
excellent bruno !!!! la gambas!!!
RépondreSupprimerMerci Picolette, c'est gentil ! ^^
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