de Michael Wadleigh. 1981. U.S.A. 1h54. Avec Albert Finney, Diane Venora, Edward James Olmos, Gregory Hines, Tom Noonan, Dick O'Neill.
Sortie en salles U.S: 24 Juillet 1981. France: 3 Mars 1982
FILMOGRAPHIE: Michael Wadleigh est un directeur de la photographie et réalisateur américain né le 24 septembre 1939. 1970: Woodstock. 1981: Wolfen. 1990: Woodstock: the Lost Performances (vidéo). 1999: Jimi Hendrix: live at Woodtock.
"Dans son arrogance, l'homme ne sait rien de ce qui, sur terre, défie l'imagination. Une vie aussi certaine que notre mort. Une vie qui se nourrit de nous, comme nous nous nourrissons de cette terre".
Onze ans après son documentaire fleuve sur le festival de Woodstock (rassemblement hippie autour d'un concert musical historique), Michael Wadleigh réalise en 1981 son unique long-métrage, Wolfen, tiré du roman de Whitley Strieber. Echec public à sa sortie, faute d'avoir été vendu comme un divertissement d'horreur lucratif, le film séduit toutetois le jury d'Avoriaz qui lui décerne le Prix Spécial du Jury un an après sa sortie.
Le pitch: A New-York, après avoir inauguré la future construction d'un gros projet immobilier, un homme d'affaire, son épouse ainsi que leur chauffeur sont retrouvés sauvagement assassinés. L'inspecteur Dewey est chargé de l'enquête auprès d'une jeune psychologue, spécialiste des profils terroristes. Par le biais d'experts légistes, ils découvrent que des poils d'animal ont été retrouvés sur les corps des victimes. Ils font alors appel à un spécialiste des loups tandis que la population indienne du Bronx est bientôt suspectée des meurtres.
Sorti en pleine frénésie des films de loups-garous, juste après les classiques contemporains Hurlements (1980) et Le Loup-Garou de Londres (1981), Wolfen dupa une partie de son public qui s'attendait sans doute à un nouveau choc visuel en matière d'effets-spéciaux virtuoses et de maquillages révolutionnaires. Que nenni, Wolfen jouant la carte de la suggestion et de la sobriété. La subtilité est de
rigueur si bien que l'argument potentiellement fantastique est devancé d'une intrigue policière à suspense avant de nous orienter vers un sous-texte socio-écolo sur la nature dépréciée de notre civilisation moderne. Notamment la relation spirituelle qu'entretiennent les indiens et les loups, communément exterminés depuis l'arrivée des européens lors d'une époque ancestrale.
Sorti en pleine frénésie des films de loups-garous, juste après les classiques contemporains Hurlements (1980) et Le Loup-Garou de Londres (1981), Wolfen dupa une partie de son public qui s'attendait sans doute à un nouveau choc visuel en matière d'effets-spéciaux virtuoses et de maquillages révolutionnaires. Que nenni, Wolfen jouant la carte de la suggestion et de la sobriété. La subtilité est de
rigueur si bien que l'argument potentiellement fantastique est devancé d'une intrigue policière à suspense avant de nous orienter vers un sous-texte socio-écolo sur la nature dépréciée de notre civilisation moderne. Notamment la relation spirituelle qu'entretiennent les indiens et les loups, communément exterminés depuis l'arrivée des européens lors d'une époque ancestrale.
Le prélude, anxiogène puis fatalement cinglant, nous illustre la virée nocturne d'un notable, sa femme et leur chauffeur, violemment agressés par une présence interlope en interne d'un parc. Mystère diffus, présence hostile tapie dans l'ombre avant qu'une estocade sanglante ne vienne soutirer la vie de ces occupants. Le lendemain, la police dépêchée sur les lieux recrute l'inspecteur Dewey affilié à une jeune psychologue pour tenter de résoudre cette nouvelle affaire criminelle. Après avoir suspecté la nièce de l'entrepreneur Christopher van der Veer, une militante terroriste, le duo s'oriente du côté d'un expert en animalerie, Ferguson, si bien que des poils d'un mammifère sauvage furent retrouvés sur les plaies des victimes.
Avec une économie de moyens et l'intelligence d'un scénario charpenté, Wolfen tient à nous sensibiliser sur la condition précaire de la communauté indienne ayant vécu auprès de la fidélité des loups durant plus de 20 000 ans. Une conjonction ancestrale établie en pays Américain avant le massacre planifié des européens. L'intronisation de cette ethnie fut ébranlée par ces étrangers opportunistes avilissant leurs terres sacrées. Mais le loup, demi-dieu au pouvoir singulier, parvint à prendre le maquis pour se réfugier dans les taudis délabrés, à l'abri de leurs bourreaux opportunistes toujours aptes à ériger les grandes mégalopoles. En l'occurrence, ces canidés décidèrent de défendre et réaffecter leur restant de territoire (une église abandonnée, symbole d'havre de paix) pour tenter d'y survivre en sacrifiant les malades incurables ou les laisser pour compte. Ainsi, pour rendre crédible leur présence menaçante constamment à l'affût, Michael Wadleigh utilise un procédé visuel original souvent réalisé en caméra subjective, à la louma mais aussi à la steadycam. Des mouvements de caméra fluides et rapides permettant de suggérer la présence animale en vision thermique. C'est à dire qu'à travers leur regard, les sources de chaleur que dégagent les victimes observées s'y caractérisent de couleurs fluctuantes que le réalisateur réussit efficacement à contraster. Alors que leur déplacement perçu dans un rayon de quelques mètres fait audiblement écho par l'ouïe sensitive des mammifères. En dehors de cette enquête passionnante fertile en anecdotes scientifiques et péripéties inopportunes, on ne manquera pas de citer l'altercation échevelée du film. Un point d'orgue explosif particulièrement intense lorsqu'une meute de loups encercle nos protagonistes en plein centre urbain. D'ailleurs, un effet gore du plus bel effet (que la production décida d'imposer !) rajoute au caractère spectaculaire et brutal de la future estocade. En prime, la manière virtuose dont le cinéaste filme ses splendides mammifères au regard perçant captive le public fasciné par leur silhouette quasi surnaturelle. De splendides séquences esthétisantes à marquer d'une pierre blanche si bien que l'intensité émotionnelle de Wolfen qui imprègne toute l'intrigue émane également de cette fragilité existentielle impartie aux loups et aux indiens en quête de reconnaissance.
Superbement réalisé parmi la contribution musicale du score inquiétant et sensible de James Horner et dominé par le charisme tranquille d'Albert Finney, Wolfen symbolise avec modernité le Fantastique cérébral. Une fable subtile militant pour la cause des loups, canidé au pouvoir mystique. Son message écolo en faveur de la nature et de cette espèce sauvage ainsi que le témoignage poignant imputé au génocide indien y transcendent une oeuvre poétique à la fois sensible et désenchantée mais également fascinante et salutaire. Un chef-d'oeuvre au demeurant dont la génération 80 ne s'est jamais remise de son pouvoir ensorcelant imprégné de poignante mélancolie écolo-humaniste.
Dédicace à Daniel Aprin.
Avec une économie de moyens et l'intelligence d'un scénario charpenté, Wolfen tient à nous sensibiliser sur la condition précaire de la communauté indienne ayant vécu auprès de la fidélité des loups durant plus de 20 000 ans. Une conjonction ancestrale établie en pays Américain avant le massacre planifié des européens. L'intronisation de cette ethnie fut ébranlée par ces étrangers opportunistes avilissant leurs terres sacrées. Mais le loup, demi-dieu au pouvoir singulier, parvint à prendre le maquis pour se réfugier dans les taudis délabrés, à l'abri de leurs bourreaux opportunistes toujours aptes à ériger les grandes mégalopoles. En l'occurrence, ces canidés décidèrent de défendre et réaffecter leur restant de territoire (une église abandonnée, symbole d'havre de paix) pour tenter d'y survivre en sacrifiant les malades incurables ou les laisser pour compte. Ainsi, pour rendre crédible leur présence menaçante constamment à l'affût, Michael Wadleigh utilise un procédé visuel original souvent réalisé en caméra subjective, à la louma mais aussi à la steadycam. Des mouvements de caméra fluides et rapides permettant de suggérer la présence animale en vision thermique. C'est à dire qu'à travers leur regard, les sources de chaleur que dégagent les victimes observées s'y caractérisent de couleurs fluctuantes que le réalisateur réussit efficacement à contraster. Alors que leur déplacement perçu dans un rayon de quelques mètres fait audiblement écho par l'ouïe sensitive des mammifères. En dehors de cette enquête passionnante fertile en anecdotes scientifiques et péripéties inopportunes, on ne manquera pas de citer l'altercation échevelée du film. Un point d'orgue explosif particulièrement intense lorsqu'une meute de loups encercle nos protagonistes en plein centre urbain. D'ailleurs, un effet gore du plus bel effet (que la production décida d'imposer !) rajoute au caractère spectaculaire et brutal de la future estocade. En prime, la manière virtuose dont le cinéaste filme ses splendides mammifères au regard perçant captive le public fasciné par leur silhouette quasi surnaturelle. De splendides séquences esthétisantes à marquer d'une pierre blanche si bien que l'intensité émotionnelle de Wolfen qui imprègne toute l'intrigue émane également de cette fragilité existentielle impartie aux loups et aux indiens en quête de reconnaissance.
Superbement réalisé parmi la contribution musicale du score inquiétant et sensible de James Horner et dominé par le charisme tranquille d'Albert Finney, Wolfen symbolise avec modernité le Fantastique cérébral. Une fable subtile militant pour la cause des loups, canidé au pouvoir mystique. Son message écolo en faveur de la nature et de cette espèce sauvage ainsi que le témoignage poignant imputé au génocide indien y transcendent une oeuvre poétique à la fois sensible et désenchantée mais également fascinante et salutaire. Un chef-d'oeuvre au demeurant dont la génération 80 ne s'est jamais remise de son pouvoir ensorcelant imprégné de poignante mélancolie écolo-humaniste.
Dédicace à Daniel Aprin.
*Bruno
31.12.19
27.07.11
31.12.19
27.07.11
Vu en salle, dès sa sortie ...
RépondreSupprimerJ'attends toujours un dvd ou blu-ray de qualité pour ce film !
RépondreSupprimermagnifique!!! un de mes grands coups de cœur.vu 2, 3 lieux de tournage . La scène où Albert finney se retrouve dans le bar entouré par les amérindiens en train d'imiter les bruits d'animaux me fout des frissons à chaque visionnage........ De plus la ville de new York est vraiment très bien filmé et la musique de Horner est excellente.
RépondreSupprimerC'est également un de mes films préférés. J'avais déjà fantasmé à l'époque sur sa sublime affiche !
RépondreSupprimerIncontestablement un de mes films de chevet depuis un peu plus de 30 ans et de lire cette chronique ça me donne envie de le revoir .
RépondreSupprimerContent de voir que d'autres que moi aiment ce film , j'ai plus souvent rencontré des gens qui le dénigraient plutôt que l'encenser.
Et quelle affiche !!! magnifique ! Au temps des VHS on reconnaissait Wolfen de loin et on n'avait pas besoin de le chercher longtemps .
Joli discours Sonny, merci ! Et bienvenue au club des aficionados de Wolfen ! ^^
RépondreSupprimerPour ma part je recommande aussi la lecture du roman a l'origine du film, le ton est different mais si vous aimez le film vous ne serez pas decus.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ta recommandation, je note.
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