mercredi 13 juillet 2011

De sang froid (The Boys Next Door)

                                          

de Peneloppe Spheeris. 1984. U.S.A. 1h30. Avec Maxwell Caulfield, Charlie Sheen, Patti d'Arbanville, Hank Garrett, C Dancer Paul, Richard Pachorek, Lesa Lee, Kenneth Cortland.

Sortie en France le 27 Mai 1987 avec mention: Interdit au moins de 18 ans.

FILMOGRAPHIE: Penelope Spheeris est une réalisatrice, scénariste, actrice, productrice, directrice de la photographie et monteuse américaine née le 2 Décembre 1945 à La Nuovelle-Orléans, Louisiane (U.S.A). Penelope Spheeris est la cousine du réalisateur gréco-français Costa-Gavras. 1968: Uncle Tom's Fairy Tales, 1972: I don't know, 1981: The Decline of western civilization, 1984: Suburbia, 1985: De Sang Froid, 1986: Hollywood Vice Squad, 1987: Dudes, 1988: The Decline of western civilization 2, 1990: Thunder and Mud, 1991: UFO Abductions (TV), Prison Stories: women on the inside (TV), 1992: Wayne's World, 1993: Danger Theatre, 1993: Les Allumés de Beverly Hills, 1994: Les Chenapans, 1996: Black Sheep, 1998: The Decline of western civilization 3, The Thing in Bob's Garage, Applewood 911 (TV), Supersens, 1999: Hollywierd, 2000: Dear Doughboy (TV), 2001: Posers, We Sold our souls for Rock'n roll, 2003: The Crooked E: The Unshredded Truth About Enron (TV), 2005: The Kid and I.

                                      

Réalisatrice prolifique de télé-films bon marché et de comédies bonnard (Wayne's World), Penelope Spherris fut signataire en 84 d'une série B glauque et subversive illustrant le portrait sordide de deux jeunes marginaux en chute libre dans leur cheminement meurtrier dénué de mobile. Le pitchRoy et Bo sont deux jeunes adolescents oisifs et paumés, en quête de liberté et d'évasion. Un jour, ils décident de quitter leur contrée pour passer un week-end à Los Angeles. Sous l'influence de Roy, ils se laissent embarquer dans une série de crimes licencieux.

                                     

Dès le générique liminaire inscrit sur fond noir, des portraits d'archive monochrome se succèdent afin d'authentifier le profil iconique d'illustres serial-killers. Sa bande-son musicale bourdonnante instaurant un sentiment anxiogène face aux crimes énoncés par deux voix-off ombrageuses. L'intrigue se focalise ensuite sur deux jeunes marginaux batifolant à dessiner l'empreinte d'un cadavre sur le sol d'une cour de lycée. Après les cours scolaires routiniers, une soirée festive est organisée par des étudiants quand bien même nos deux acolytes s'ennuient ferme et décident de plier bagage pour Los Angeles afin d'escompter une virée festive. Après une violente rixe avec un pompiste tabassé à mort, l'esprit dérangé de Roy va rapidement s'envenimer dans son désir indocile de passer à l'acte criminel. Tandis que Bo semble éprouver un plaisir surestimé à se croire supérieur devant l'autorité belliqueuse de son camarade. Durant leur séjour nocturne, une nouvelle bagarre impromptue est sur le point d'aboutir dans un bar gay. C'est après cet incident mineur que Roy va enfin pouvoir laisser libre cours à ses pulsions morbides pour envisager d'assassiner un homosexuel qui les aura naïvement entraîné dans son appartement. Du côté des forces de l'ordre, l'enquête policière piétine mais parvient néanmoins à rassembler quelques indices fiables, faute des maladresses laissées sur les lieux du crimes par les adolescents.

                                      

A travers une sombre atmosphère davantage horrifique et oppressante, Peneloppe Spheeris dépeint le portrait pathétique et terrifiant de deux délinquants juvéniles, évoluant dans une cité urbaine où la violence quotidienne demeure monnaie courante. Si la narration efficacement conduite n'évoque aucune surprise (en dehors du final cathartique), la manière crue dont la réalisatrice dépeint les exactions de nos criminels renvoie facilement aux ambiances malsaines et poisseuses des plus grands films notoires traitant du même thème. Les scènes chocs percutantes, particulièrement brutales s'avèrent d'autant plus dérangeantes qu'elles mettent en appui l'état d'esprit décervelé de nos protagonistes fascinés par la violence gratuite. Une manière putassière et immorale d'extérioriser leur haine et leur infériorité intellectuelle. Niveau cast, Maxwell Caulfield se révèle plutôt inquiétant et sournoisement cynique sous l'impulsion d'un regard sadique lattent, puis monolithique lorsqu'il se livre à ses penchants meurtriers d'une violence incontrôlée. En jeune ado inculte et infantile (sa fascination puérile face à la diffusion TV d'un manga animé préfigure l'esprit niais d'un enfant de 5 ans), Charlie Sheen livre une sobre prestance pour caractériser un gamin inconséquent finalement dépassé par les évènements morbides que son camarade perfide influence.

                                          

D'un magnétisme perturbant auprès de son atmosphère délétère dénuée de complexe, De Sang Froid créait malaise et fascination pour ce portrait réaliste d'une jeunesse désoeuvrée, métaphore d'une société urbaine désaxée où homophobie et racisme restent ancrés dans cette génération rebelle. La qualité de l'interprétation, sa violence radicale et la solide conduite du récit nous entraînant (de force) dans une spirale criminelle dénuée de mobile. D'où l'intensité de son malaise davantage prégnant au fil d'un récit immoral dépeint sans complaisance ni effet de manche. 

13.07.11.      3.
* Bruno

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