vendredi 7 décembre 2012

4 MOUCHES DE VELOURS GRIS (Quatre Mosche di Velluto Grigio)

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

de Dario Argento. 1971. Italie/France. 1h44. Avec Michael Brandon, Mimsy Farmer, Bud Spencer, Jean-Pierre Marielle, Francine Racette, Calisto Calisti.

Sortie salles France: 21 Juin 1973. U.S: 17 Décembre 1971

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D


Entamé la même année que Le Chat à 9 Queues, 4 Mouches de velours est le dernier volet de la trilogie animale amorcée avec l'Oiseau au plumage de Cristal. Longtemps resté invisible en Dvd (faute de problèmes de droit), il n'était jusqu'à présent uniquement accessible sous diverses éditions Vhs au rabais. Enfin disponible sur support numérique, ce giallo mésestimé renaît de plus belle afin de s'offrir une seconde jeunesse. Un mélomane est la cible d'un criminel perfide. Un mystérieux individu masqué est déterminé à lui faire croire qu'il est responsable du meurtre accidentel d'un quidam interlope. Après la nouvelle découverte du cadavre de sa domestique, le musicien décide d'engager un détective pour tenter de démasquer le tueur. Par l'entremise d'une intrigue criminelle impartie au faux semblant d'une mise en scène emphatique et aux meurtres d'un stylisme raffiné,  Dario Argento nous élabore une troisième fois un alibi animalier parmi l'apparence énigmatique de 4 Mouches. C'est d'ailleurs uniquement vers la révélation de son mémorable point d'orgue que notre héros pourra enfin démasquer le fameux assassin par l'entremise des insectes diptères. Une idée de génie astucieusement acheminée par la révolution d'un procédé technique apte à photographier la dernière image que la rétine d'un oeil eut pu mémoriser avant de trépasser.


Mais bien avant l'improvisation de cette divulgation étourdissante, illustrant de surcroît dans la séquence suivante une mise à mort accidentelle en slow motion du plus bel effet (score mélodique en sus !), Dario Argento nous aura vadrouillé au sein d'une investigation indécise parmi l'assistance de protagonistes excentriques (un détective homosexuel malhabile mais pour le coup perspicace, un facteur souffre-douleur et un pêcheur inopportun). Par ailleurs, les diverses interludes pittoresques qui jalonnent l'intrigue ont de quoi décontenancer le spectateur, d'autant plus que l'adultère impartie entre le héros et la cousine de son épouse s'avère dénuée d'éthique. Elles permettent pour autant d'égayer l'intrigue, voir de déstabiliser la suspicion du spectateur tout en accentuant le caractère insolite de ce giallo émaillé de séquences-chocs incisives. A titre éloquent, le meurtre de la domestique dans le jardin s'avère sans doute le moment anxiogène le plus expérimental et suffocant à travers ses ellipses temporelles ! (utilisation soudaine de l'obscurité dans une scénographie tentaculaire). Décors picturaux à l'architecture baroque (le théâtre désaffecté du prélude, le jardin labyrinthique, la vaste demeure du musicien), mise en scène stylisée de par ses cadrages alambiqués et science du suspense latent ne relâchent jamais la pression afin d'émettre une hypothèse sur l'assassin et ses réelles motivations. En prime, Dario Argento fait intervenir à multiples reprises une séquence de rêve particulièrement morbide auprès de la sentence attribuée à un condamné à mort. Une forme de prescience que le héros empli de culpabilité (il est persuadé d'avoir commis un meurtre !) va inconsciemment s'infliger avant de saisir quel en était sa véritable signification (l'épilogue dramatique impliquant un accident mortel).


Inquiétant, angoissant, baroque et accessoirement loufoque, Quatre mouches de velours gris clôt sa trilogie animalière avec la même virtuosité technique et la dextérité de quelques idées étourdissantes (les motivations pathologiques du criminel, le procédé scientifique révélant un indice imbitable !). La prestance attachante des comédiens (le couple Michael Brandon / Mimsy Farmer, mais aussi Bud Spencer et Jean Pierre Marielle dans des rôles farfelus !), le score mélodique de Morricone et son point d'orgue anthologique renforçant le capital séducteur de cet excellent giallo estampillé Argento.

07.12.12. 3èx
Bruno Matéï 

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