jeudi 13 décembre 2012

Les Week-end maléfiques du Comte Zaroff / 7 Femmes pour un Sadique. Médaille d'Argent à Sitges, 1977

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedweller.com

de Michel Lemoine (Michel Leblanc). 1976. France. 1h25. Avec Michel Lemoine, Howard Vernon, Joëlle Coeur, Martine Azencot, Sophie Grynholc, Robert Icart, Stéphane Lorry, Patricia Mionet.

                       Classé X, interdit au moins de 18 ans et banni des écrans français

Récompense: Médaille d'Argent au Festival du film Fantastique de Sitges, 1977.

FILMOGRAPHIE: Michel Lemoine (Michel Charles Lemoine) est un acteur et réalisateur français, né le 30 Septembre 1922 à Pantin (Seine-Saint-Denis). 1970: Comme il est court le temps d'aimer (co-réalisateur, non crédité). 1972: Les Désaxés. 1973: Les Chiennes / Le Manoir aux Louves. 1973: Les Confidences Erotiques d'un lit trop accueillant. 1974: Les Petites Saintes y touchent. 1976: Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff. 1978: Excitation au soleil / Viens, je suis chaude. 1978: Cuissardes. 1978: Tire pas sur mon collant. 1978: Langues Profondes. 1979: Viens, je suis chaude. 1980: Contes Pervers / les Filles de madame Claude (co-réalisateur). 1981: l'Amour aux sports divers / Alice... tu glisses. 1982: Desire under the sun. 1983: Ardeurs d'été. 1984: Neige brûlante. 1984: Rosalie se découvre / l'Initiation de Rosalie / Rosalie, ou la débauche d'une adolescente. 1984: La Maison des mille et un plaisirs. 1984: Mobilhome girls. 1985: Je t'offre mon corps. 1985: Marilyn, mon amour. 1986: Echange de femmes pour le week-end / Hot Desire. 1986: l'Eté les petites culottes s'envolent / Prenez moi ! / Flying Skirts. 1986: Le Retour de Marilyn. 1987: l'île des jouissances sauvages / Honeymoon in Paradise / l'île des jouissances perverses / Voluptés aux Canaries. 1987: La Déchaînée / Slips fendus et porte-jaretelles / Forbidden Pleasures. 2010: La Vierge au pays des trolls / String tendus et plaisirs Perdus / Lost Pleasures.


Unique incursion dans le fantastique d'un réalisateur lucratif tributaire de l'érotisme et du porno, Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff n'eut même pas les honneurs d'une exploitation en salles puisqu'il fut purement et simplement interdit de diffusion pour cause d'incitation au meurtre !!! Classifié X, le film sera tout de même distribué en vidéo après sa sortie célébrée à Sitges où il repart avec une médaille d'argent au festival ibérique du film fantastique. Exploité à l'étranger sous le titre Seven Women for Satan et parfois diffusé dans l'hexagone sur les chaines câblées, les amateurs de raretés atypiques ne se sont jamais vraiment remis de cette expérience onirique vaguement influencée par les braconnages du célèbre comte Zaroff.


Le pitch: Boris Zaroff, un châtelain nanti, occupe ses week-ends à kidnapper de jeunes filles égarées sous l'assistance de son majordome, Karl. Hanté par la mort de son ancienne maîtresse, Anne De Boisreyvault, le comte esseulé est quotidiennement victime d'hallucinations et de pulsions meurtrières. De surcroît, le père de Karl semble avoir une emprise diabolique sur le château. Ovni franchouillard honteusement boycotté par le comité de censure de l'époque (on se demande encore pour quelle raison équitable car aucune outrance graphique à l'horizon !), Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff s'avère une denrée incongrue de par son aura fantasmatique prégnante. Ainsi, à travers les délires érotico-morbides d'un châtelain partagé entre ses pulsions délétères et sa hantise d'un amour perdu, l'oeuvre de Michel Lemoine nous entraîne dans une sorte de trip expérimental dénué de raisonnement. 


Un poème charnel où les corps ardents des filles dévêtues se délectent d'apathie quand ils ne sont pas violés, molestés ou torturés par les exactions du comte névrosé. Traversé d'images baroques où l'architecture gothique du manoir insuffle un esthétisme pictural dans son jeu d'ombres et de lumières incandescentes, Michel Lemoine accorde un soin évident à émailler son atmosphère diaphane, accentuée par la paisible beauté de sa campagne isolée et d'une inquiétante nécropole. Si ce poème cynique parfois hilarant (le couple impassible assujetti à la torture de l'amour vaut son pesant de cacahuètes) provoque autant d'enthousiasme chez l'amateur de délire hermétique, il est en prime scandé d'une superbe mélodie entêtante composée par Guy Bonnet. Quand bien même l'aspect amateuriste des comédiennes juvéniles pourvues d'un joli minois insuffle à leur personnage une bonhomie toute naïve. Mais la palme de la prestance impayable en revient à nos deux protagonistes hautains, propriétaires du château maléfique et d'un dog pur-sang. Dans le rôle du majordome interlope, Howard Vernon traîne sa dégaine de manière hagarde et monolithique, quand bien même Michel Lemoine vampirise l'écran par son regard ahuri transi d'émoi dans celui du comte névralgique ! Si Karl correspond un étrange rapport morbide avec son ancêtre et laisse finalement périr un couple en étreinte dans la chambre des tortures, Boris, lui, est plongé dans ses délires lubriques parmi de charmantes inconnues et son fétichisme nécrophile auprès d'Anne !


Fantôme d'Amour
Avec sa narration sporadique dénuée de vraisemblance (ou si peu), ses comédiens excentriques, son érotisme polisson, sa musique psychédélique et ses images étonnamment graciles, Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff constitue un oeuvre saugrenue où la frénésie irréelle s'empare tranquillement de l'esprit du spectateur. Il en ressort de ce rêve onirique l'impression tangible d'avoir assisté à une sorte d'illusion surnaturelle si bien que notre conscience s'est laissé emporté par ce florilège d'images somme toute graciles. A voir absolument pour les amateurs de curiosité atypique inscrite dans la débrouille du système Z. 

*Bruno
17.09.22. 3èx
13.12.12. 


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