mercredi 5 octobre 2022

Osterman week-end

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sam Peckinpah. 1983. U.S.A. 1h43. Avec Rutger Hauer, John Hurt, Craig T. Nelson, Dennis Hopper, Chris Sarandon, Meg Foster, Helen Shaver 

Sortie salles France: 18 Avril 1984. U.S: 4 Novembre 1983

FILMOGRAPHIE: Sam Peckinpah est un scénariste et réalisateur américain, né le 21 Février 1925, décédé le 28 Décembre 1984. 1961: New Mexico, 1962: Coups de feu dans la Sierra. 1965: Major Dundee. 1969: La Horde Sauvage. 1970: Un Nommé Cable Hogue. 1971: Les Chiens de Paille. 1972: Junior Bonner. Guet Apens. 1973: Pat Garrett et Billy le Kid. 1974: Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia. 1975: Tueur d'Elite. 1977: Croix de Fer. 1978: Le Convoi. 1983: Osterman Week-end.

Déprécié par le public et la critique à l'époque, même si Starfix le sacralisa "choc du mois" au sein de leur revue, Osterman Week-end est un splendide thriller maudit même si beaucoup mieux considéré aujourd'hui depuis sa sortie Dvd commercialisée chez nous et ailleurs. Fort d'un casting irréprochable (on y croise dans un élan spontané Rutger Hauer, John Hurt, Craig T. Nelson, Dennis Hopper, Chris Sarandon, Meg Foster, Helen Shaver) et d'une mise en scène solide, même si non exempt de couacs, maladresses (lisibilité à désirer pour certaines séquences alors que d'autres restent très impressionnantes) et incohérences (l'imprudence de Fassett / John Hurt à manipuler ses moult caméras de video surveillance perfectibles puis son rendez-vous complaisant en catimini dans le hangar de Tanner), Osterman Week-end empreinte le schéma du survival domestique avec un art consommé de la singularité. Tant auprès de la pluralité des caméras de vidéosurveillance disséminées dans chaque pièce de la demeure de Tanner (véritable précurseur de la télé-réalité que Peckinpah dénonce ouvertement, notamment à travers la manipulation des images) que de son climat nocturne davantage trouble, anxiogène, étrange, inquiétant, pour ne pas dire à la lisière d'un surnaturel horrifique lorsque les tueurs mutiques, planqués derrière les bosquets; entrent en action avec leurs armes infra rouge. 

Peckinpah distillant malaise sous-jacent et tension croissante au fil de la mission de Tanner acceptant d'épingler ses amis lors d'un week-end amical suite au compromis de l'agent de la CIA Fassett lui ayant prouvé plus tôt (via l'entremise de micros et de la vidéosurveillance) qu'ils s'avèrent des agents du KGB. Ainsi donc, face à la présence timidement affable de Tanner (Rutger Hauer, électrisant à travers son regard azur gagné par le doute, l'anxiété puis l'activité) accompagné de son épouse et de son fils en proie à l'interrogation, Osterman Week-end dégage un climat amical davantage insidieux sous l'impulsion de ses potentiels coupables davantage suspicieux du comportement de Tanner inscrit dans la réserve. La seconde partie du récit se transformant en chasse à l'homme alerte à travers ses règlements de compte revanchards superbement coordonnés d'une mise en scène attentionnée et d'un montage parfois en slow motion. Quant au dénouement salvateur dénonçant autant la manipulation politique que les effets pervers des médias et de notre addiction du médium, Osterman Week-end demeure l'avant-garde de notre nouvelle ère fallacieuse bâtie sur l'espionnage, le voyeurisme, le profit, la duperie, le mensonge, la mégalomanie.  

Mené avec le brio qu'on lui connait pour son ultime réalisation, Sam Peckinpah signe ici l'une de ses oeuvres les plus singulières (avec le chef-d'oeuvre nécrosé Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia) au sein d'une mise en forme étrangement riche, foisonnante, fascinante. Avec ce que cela sous entend d'exubérance et de véhémence auprès de l'artillerie lourde des armes à feu et des caméras de surveillance monopolisant constamment l'écran avec une intensité subtilement trouble, gênante, interlope. A revoir absolument donc si bien que les multiples relectures (j'en suis à ma 3è) demeurent aussi fougueuses et passionnantes auprès de son pouvoir de fascination (parfois mélancolique quant au final en forme d'adieu) que Peckinpah imprime de sa présence fantomatique (il décèdera d'ailleurs 1 an après la sortie du film en fustigeant une dernière fois la lâcheté de certains producteurs avec qui il collabora). 

*Bruno 
3èx

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire