jeudi 3 mars 2011

REMEMBER ME

                       

de Allen Coulter. 2010. U.S.A. 1H53. Avec Robert Pattinson, Emilie de Ravin, Pierce Brosnan, Martha Plimpton, Chris Cooper, Lena Olin, Peyton List, Ruby Jerins, Amy Rosoff, Meghan Markle...

BIO: Allen Coulter est un réalisateur et producteur, notamment envers diverses séries TV (X Files, Millenium, Rose, Six Feet Under, Damage, Rubicon, les Sopranos, Nurse Jackie). Son premier long-métrage, Hollywoodland est sorti en 2007.

L'ARGUMENT:  Tyler est un jeune américain de 22 ans en rébellion contre sa famille, en particulier envers son patriarche à cause d'un drame suicidaire familial.
A la suite d'une altercation avec un chef de police, Tyler décide de se venger en draguant la fille de ce dernier.
Cette histoire naissante d'un véritable amour fusionnel marquera à jamais chaque protagoniste.

                    

Au vu de la trame convenue mise au service du jeune premierRobert Pattinson qui aura traumatisé toutes les adolescentes du monde entier avec la  saga Twilight (dans le rôle du docile vampire amoureux), Remember me pourrait rebuter au vu du sujet avec ces doux airs de bluette sirupeuse façon Roméo et Juliette. Sans compter le ton niais, pour ne pas dire fleur bleue d'une affiche faussement transparente pour la promise romance reçue.
Il n'en est rien ! Ce drame passionnel raconte avant tout avec une vraie personnalité l'histoire d'un père et son fils en guerre contre leur autorité, leur esprit de rancune tenace, en quête éternelle d'une rédemption salvatrice avant que n'aboutisse un évènement inopiné qui changera à jamais le destin de nos héros réprimandés.

En 1991, une mère et sa fille se font violemment agresser en pleine nuit aux abords d'une rame de métro par deux voyous appâtés par le sac à main. Au dernier moment, l'un des deux agresseurs décide de supprimer la mère d'une balle mortelle.
10 ans plus tard, la fille aujourd'hui âgée d'une vingtaine d'années vit paisiblement avec son père, un officier de police fébrilement aigri, fragilisé par ce drame tendancieux.
A un autre endroit de la ville se profile une violente altercation avec des voyous venus agresser un couple dans une ruelle désertée. Le jeune Tyler, un garçon marginalisé par la perte du suicide de son frère et rendu rebelle contre son père condescendant ira courageusement s'interposer et tenter de sauver les victimes prises à parti.
Mais l'arrivée de la police et le ton audacieux de Tyler envers ce chef de service autoritaire le mènera au fond d'une cellule, en garde à vue avant que son père, un riche businessman new-yorkais paye la caution pour venir le libérer.
Quelques jours plus tard, Tyler décide avec l'influence de son acolyte d'accoster la fille du flic irascible pour la draguer en guise vindicative.
Mais une idylle naissante va alors s'interposer entre les deux amants avant que ne reviennent à l'appel les rancunes et les profondes blessures des âmes endeuillées. Des conflits familiaux pernicieux induits dans la douleur affective, profondément meurtris par un passé douloureusement affecté.

                                

Allen Coulter nous livre avec une sincérité prude sans excès de pathos un portrait écorné, lamenté sur deux familles endeuillées par la perte d'un être cher. A travers le fil conducteur d'une histoire d'amour jamais exacerbée par des procédés artificiels pour noyer la corde sensible, Remember Me traite avant tout avec sobriété d'une poignée de personnages conflictuels, en guerre avec leur colère et la révolte alimentées par une sombre iniquité. Divers destins laminés par le poids du passé qui vont à nouveau renouer avec l'horreur d'un quotidien inopiné mais qui permettra aussi de réparer et ressouder les valeurs fondamentales des liens de l'amour familial.

Robert Pattinson prête son charme habituel et sa présence rebelle pour un rôle délicat dans ses états d'âme livrés dans la rigide rancune, ses tourments et ses plaies douloureuses entaillées par la mort soudaine du suicide de son frère dont il obstruera le poids de la condamnation envers son père austère et trop fier, obnubilé par ses affaires de finance. Un rôle inné de personnage froid que prête l'excellent Pierce Brosnan dans une interprétation parfaitement acquise.
La douce et fragile Emilie de Ravin (apparue dans Lost), charmante blonde aux yeux bleux interprète avec assez de prestance et de tempérance un rôle frivole d'aimante épanouie avant que le paternel, campé par le génial Chris Cooper, ne vienne s'interposer dans une révolte imméritée et amoindrir les relations amoureuses entre les deux amants.

                    

LE NOUVEAU MONDE.
Naturellement photographié dans un style en phase avec la réalité expressive d'une ville New-yorkaise, Remember Me est une étonnante surprise, un beau drame humain poignant enrichi par l'épaisseur psychologique des destins croisés d'une poignée de survivants à jamais marqués par un évènement historique inconcevable. Un final choc halluciné qui met KO le spectateur stupéfait  par cette estocade abrupte, qui trouvera sa moralité dans une énonce significative du personnage historique de Gandhi.
Où l'importance d'une vie se trouve uniquement dans la seconde du temps à venir qui pourrait tout basculer et en modifier les données selon chaque existence à déterminer.
Un nouveau drame éhonté mais exutoire qui permettra aussi de renouer avec les liens familiaux d'un père imbus plus toléré et de l'innocence de sa petite fille, tous deux en quête lamentée d'un amour cathartique.

11.10.10

DEDICACE A SYLVAIN GONZALES.

                               

mercredi 2 mars 2011

Le Cercle Infernal. Grand Prix à Avoriaz 1978.

   

"Full Circle / The Haunting of Julia" de Richard Loncraine. 1977. Canada/Angleterre.1H38. Avec Mia Farrow, Keir Dullea, Tom Conti, Jill Bennett, Robin Gammell, Cathleen Nesbitt, Anna Wing, Edward Hardwicke, Mary Morris, Pauline Jameson, Arthur Howard...

Sortie salles France: 3 Mai 1978

FILMOGRAPHIE: Richard Loncraine est un réalisateur britannique né le 20 Octobre 1946 à Cheltenham du Gloucestershire, Grande Bretagne. 1975: Flame. 1977: Le Cercle Infernal1982: Drôle de missionnaire. Pierre qui brûle. 1995: Richard III. 2004: La Plus belle victoire. 2006: Firewall. 2009: My One and Only


"S'introduire comme un rêve dans l'esprit d'une femme chétive est un art, en sortir est un chef-d'oeuvre."
Sous prétexte d'un cas de demeure hantée habitée d'une présence maléfique, Richard Loncraine aborde en 1978 les thèmes du deuil familial et de la difficulté de surmonter la perte de l'innocence à travers un drame psychologique transplanté dans le cadre de l'épouvante gothique. Possession, Folie, réincarnation, autosuggestion se télescopant dans une prude discrétion. Récompensé du Grand Prix à Avoriazle Cercle Infernal laisse libre court à un au-delà insaisissable à travers l'exutoire d'une mère traumatisée, transie d'amour pour sa défunte fille. Le Pitch: Lors d'un déjeuner matinal, Julia et son époux Magnus sont témoins de l'étouffement de leur fille avec un morceau de pomme. Paniquée, elle lui inflige une trachéotomie avant l'arrivée latente des secours. Deux mois plus tard, après un séjour en hôpital psychiatrique, Julia encore perturbée de la mort de sa fille quitte son mari ainsi que sa demeure familiale pour s'installer dans un vaste pavillon londonien. Inexplicablement, elle ressent de manière intuitive une étrange présence dans les lieux, quand bien même l'arrivée de médiums expérimentés amplifiera son trouble sentiment d'insécurité et de résignation à découvrir l'horrible vérité. 


Dès l'éprouvant prologue inopinément tragique, nous sommes témoins d'un incident domestique des plus cruels. Une scène choc réaliste particulièrement impressionnante de par son marasme imposé auprès d'une fillette agonisante, un morceau de pomme dans le fond de sa gorge. Et le point d'orgue de nous administrer sur celle-ci aussi mourante une trachéotomie infructueuse perpétrée par sa propre mère. La scène suivante se clôt sur le plan fixe du regard blême et hagard de cette dernière, tremblotante devant sa porte d'entrée face aux secouristes médusés ! Sa posture contractée, son absence apathique nous dévoilant ensuite un tablier maculé de sang auquel sa main droite y brandit un couteau de cuisine. Un prologue anthologique au montage adroit afin d'y distiller une intensité éprouvante aussi malaisante 
qu'insupportable. Car quoi de plus innommable que d'observer (sans complaisance) l'agonie d'une fillette condamnée à la fatalité !


Passé ce tragique fardeau aussi tétanisant que poignant, Julia se retrouve 2 mois plus tard sciemment seule dans une demeure poussiéreuse d'aspect gothique. Mais au fil des jours et de son isolement, elle éprouve un sentiment persistant d'inquiétude mêlée de fascination envers cet endroit feutré. Par la suite, ce sentiment irrationnel perdurera pour s'exacerber lors de l'improvisation d'une séance de spiritisme conseillée par la belle soeur de son époux. Ainsi, passée cette dérangeante communication avec les morts le cheminement nébuleux de Julia va prendre un tournant autrement délétère autour d'une énigme des plus sordides. Mais obsédée par des révélations aussi improbables que motivantes, notamment en y établissant un rapprochement avec la mort de sa fille, elle se laissera embarquer dans une enquête consciencieuse afin d'y démystifier son caractère surnaturel et par la même occasion sauver une âme perdue. Des avis de recherche aux révélations interlopes vont profondément heurter sa sensibilité puisque s'identifiant à nouveau vers un autre drame infantile et d'y opposer notamment une analogie avec son expérience vécue. 


A moins que tout cela n'était peut-être que le fruit de son imagination, de sa psyché tourmentée à tenter de se déculpabiliser de la mort accidentelle de sa propre fille, fantôme errant au coeur de sa conscience dépressive ! Motivé par le pouvoir de suggestion afin de préconiser un envoûtement palpable, Richard Loncraine cristallise avec Le Cercle Infernal un drame de la solitude sublimant, sous le pivot d'un suspense aussi lourd que passionnant, une ambiance gothico-funèbre étonnamment indicible. La densité de sa narration diaboliquement sournoise demeurant d'autant plus captivante à travers la quête spirituelle d'une mère aussi démunie qu'hantée par les forces du Mal. Dans le rôle iconique de Julia, Mia Farrow  délivre une fois encore un jeu de fragilité névrotique à travers son doux regard azur mêlé d'appréhension et de curiosité morbide de par son insatiable soif de vérité ! Une composition nuancée toute en sensibilité que son physique fluet et famélique renvoient à sa vulnérabilité morale. Démunie et désorientée mais obsédée par ses convictions, elle se laisse probablement soumettre par l'influence d'une victime démoniale au point de se laisser voguer vers un échappatoire funeste qu'elle ne peut maîtriser. Ainsi, si Le Cercle Infernal dégage un tel pouvoir de fascination ineffable auprès de son suspense en crescendo, il le doit notamment à la cruauté malsaine de sa trame couillue abordant le thème de l'enfant maléfique avec une sensibilité aussi aigue qu'ambigüe. Si bien que rarement ce thème cher au Fantastique n'eut été traité avec autant de suggestion "nécrosée" si j'ose dire. Et ce à travers la teinture sépia d'une splendide photo scope qui ne demande qu'à nous enivrer. 


Elégie maternelle.
Scandé de l'inoubliable mélodie élégiaque de Colin Towns à marquer d'une pierre blanche, Le Cercle Infernal se décline en chef-d'oeuvre diaphane de par sa puissance émotionnelle aussi subtile que dépouillée émanant d'un récit irrésolu. Richard Loncraine illustrant avec tact et pudeur la trajectoire désargentée d'une mère en berne en quête d'une main secourable par le biais des forces de l'au-delà. Sensiblement angoissant et anxiogène à travers un climat ouaté difficilement explicable par les mots, malsain et dérangeant (la séance de spiritisme plutôt glaçante alors qu'elle n'y dévoile rien, Julia brandissant sans raison une tortue ensanglantée dans le parc à enfants, les révélations horrifiantes d'un témoin clef du meurtre d'Olivia mais aussi celles de la mère impotente confinée dans l'asile), Le Cercle Infernal se substitue en poème obsédant auprès de son épilogue capiteux sciemment filandreux et interrogatif. Et ce bien au-delà du générique de fin, le spectateur restant tétanisé par cette image figée profondément mélancolique ! Car un final tragique d'une beauté funèbre sensorielle infiniment hypnotique. Diamant noir (étonnamment) chétif, comparable à la céramique d'une porcelaine, Le Cercle Infernal s'érige en drame maternel singulier au fil (si ténu) d'une acuité émotionnelle aussi obscure que déchue.   

Remerciement immodéré à Ciné-Bis-Art.

*Bruno
16.10.10.  
07.05.21. 4èx

Récompense: GRAND PRIX, Avoriaz 78.

VERSAILLES

                    

de Pierre Schoeller. 2008. France. 1H53. Avec Guillaume Depardieu, Max Baissette de Malglaive, Aure Atika, Judith Chemla, Brigitte Sy, Patrick Descamps.

BIO: Pierre Schoeller est un Réalisateur français, compositeur, scénariste, dialoguiste, adaptateur né en 1961.
Versailles est son second film, réalisé 4 ans après Zéro Défaut et en attendant son prochain projet: l'Exercice de l'état.

L'ARGUMENT: Un SDF et un enfant abandonné vont se lier d'amitié et vivre ensemble une aventure humaine écorchée vive.

                    

Sur le thème délicat de l'exclusion engendrant une marginalité davantage consolidée dans sa conviction déchue, Versailles décrit avec une belle justesse et de réalisme le destin croisé de trois êtres humains démissionnés d'une société individualiste toujours plus ingrate et irrévérencieuse.

Une jeune mère, Nina et son fils Enzo, sans domicile fixe, vivent au jour le jour tant bien que mal dans un état d'esprit où l'insalubrité, l'ennui et le désespoir de survivre coûte que coûte pèseront un peu plus chaque matin négligeable.
Sur leur chemin impromptu ils vont rencontrer Damien, un SDF vivant loin de la civilisation dans une cabane au fond des bois de Versailles.
Un matin, après avoir fait l'amour à cet inconnu, elle part brusquement sans avertir quiconque et abandonne son fils pour le laisser aux bras de Damien.
Les deux vagabonds livrés à eux même vont apprendre à se connaitre et vivre ensemble sans savoir ce que réservera le lendemain dérisoire.

                   

Pierre Schoeller raconte sans pathos ni misérabilisme un douloureux portrait d'un duo brisé par la vie qui ne leur aura jamais fait de cadeau.
Le début nocturne où l'on observe un gosse de 5 ans accompagné de sa mère, trouvant refuge dans un endroit neutre pour sommeiller sur des planches de carton disposées sur un bitume goudronné annonce bien la tonalité morose et aigrie auquel nous allons assister.
La première partie nous oriente dans une leçon de vie que nous n'avons pas coutume de connaitre et vivre malgré les documentaires à la TV que l'on a pu parfois assister, consacrés à ces jeunes désoeuvrés qui ont tout ignoré du jour au lendemain.
C'est l'existence humaine de Damien et d'un petit enfant de 5 ans, Enzo, que nous allons suivre dans un environnement forestier dénué de toute présence humaine en dehors des quelques fidèles amis qui viendront parfois leur rendre visite.
Nos deux SDF uniformisés vont poursuivre d'inlassables nuits mornes monocordes sans étoiles ni espoir, éclairées par un discret feu de camp avant de pouvoir s'endormir communément dans une cabane pour mieux se protéger de l'indifférence et le manque de reconnaissance.
Au fur et à mesure de sa nouvelle vie de bohème avec un "paternel" recomposé pour ce rôle improvisé, Enzo, enfant encouragé par son existence innée d'une blême incertitude et d'une précarité instable va peu à peu s'accommoder, se familiariser, se compléter avec Damien.
La deuxième partie un peu plus harmonieuse et aseptisée renoue avec un mode de vie plus orthodoxe, revigorant avec cette décision parentale pour l'amour infantile et son éthique pédagogique. Un espoir permis et salvateur pour la nouvelle vie du petit Enzo avant que sa mère maternelle ne vienne brusquement refaire surface.

                     

Guillaume Depardieu dans le rôle de Damien est impérial de vérité humaine dans sa composition viscérale d'un personnage miné par sa vie misérable et moribonde. Un marginal endurci dans sa solitude et sa haine vindicative d'une société condescendante qui ira jusqu'à dénigrer, avilir les plus démunis en déversant par exemple du javel dans un vide ordures rempli d'aliments consommables qui n'étaient pas périmés.
Un rôle poignant, une expression animale habitée par la pertinence d'authentifier ce SDF laminé par l'intolérance ainsi que le pouvoir imbus d'un système consulaire endoctriné dans la récurrence de ses lois répressives. Un physique de baroudeur taillé à la serpe par l'oxygène anxiogène de son climat blafard. Une âme dépitée, brimée par la rigidité de longues années vaines mise en cause de sa démission d'insertion dénuée d'espoir.
Mais l'arrivée inopinée d'Enzo lui amènera un regain d'intérêt, une indulgence, une bienfaisance à tenter de reconstruire la vie d'un enfant qui n'avait rien demandé dans un dernier acte optimiste mais néanmoins acerbe et contrarié.
Sachez le, cet immense acteur qu'est Guillaume Depardieu est divin, bouleversant d'amertume accablée et d'acuité humaine affligée.
Il faut tout autant saluer l'incroyable interprétation de Max Baissette de Malglaive, totalement photogénique dans celui de l'enfant inculte, du haut de ces 5 ans offrant une surprenante prestance instinctive, un regard innocent de bambin désincarné, débordant de sensibilité désoeuvrée, d'ignorance dans ses yeux noirs détachés de fougue et d'ardeur. Il se révèle perpétuellement  émouvant, attachant, particulièrement poignant dans sa trajectoire inflexible avant de pouvoir renouer avec un semblant de vie accoutumé.

                         

LES INSOUMIS DE LA PERDITION.
Sur une note musicale hésitante d'un clavier de piano, dans une photographie naturaliste éclairée de décors ternes et aseptisés, Versailles est un drame social existentiel d'une force inévitable dans ses relations introverties et taciturnes, sans niaiserie imposée ni excès de mièvrerie totalement expurgée.
Un témoignage pragmatiste dur et émouvant sur la destinée de deux êtres qui se sont mutuellement sauvés la mise le temps d'un moment opportun avant de réaffecter leur pesante rancoeur avec les liens parentaux.
Il narre tout autant l'histoire précaire d'un homme esseulé définitivement rompu avec la société qui aura préféré sauvegarder l'avenir potentiel d'un enfant vagabond plutôt qu'émanciper sa rédemption individualiste.
Une oeuvre insoumise humble, profondément modeste et prude dans son talent à authentifier les sentiments sans effet de style, qu'il sera difficile d'oublier sitôt la projection clos.

A Guillaume...

DEDICACE à SELENA qui porte Guillaume au plus profond de son coeur.

19.10.10

Le Monstre Attaque / Alien 2 - Sulla Terra / Alien Terror / Alien On Earth

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site ultimomundosalvaje.blogspot.com

de Ciro Ippolito. 1980. Italie. 1h25. Avec Belinda Mayne, Mark Bodin, Robert Barrese, Michele Soavi, Benny Aldrich, Judy Perrin.

BIOCiro Ippolito (né à Naples, Italie, le 27.01.1947) est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur responsable de 8 longs-métrages réalisés entre 1974 et 2004. Le monstre attaque est son second film produit, écrit et réalisé sous le pseudonyme de Sam Cromwell.


The Descent 0.
Créature, Inseminoid, Contamination, Alien la créature des abysses, l'invasion des cocons, Creepozoids... Un poignée de fleurons du cinéma Bis ayant tenté de récupérer le filon d'Alien de  Ridley Scott. Ainsi, un an après celui-ci, voilà que débarque ce Monstre attaque natif de l'Italie dont le titre initial, Alien 2 - Sulla Terra, annonce sans ambages la couleur de ses intentions lucratives.  Le pitchAlors qu'une navette spatiale s'écrase dans l'océan, les deux cosmonautes qui s'y trouvaient ont subitement disparu. Pendant que cet évènement inopiné affole la population, un groupe de 8 spéléologues s'enfoncent dans les souterrains caverneux d'une grotte. Alors que l'un des membres de l'équipe eut offert une mystérieuse pierre bleue à une de ses comparses, de terribles évènements vont survenir dans cet espace clos ou une fois encore, personne ne vous entendra crier !!!!! Ce nouvel ersatz transalpin d'Alien tente donc avec maladresse et économie de moyens à horrifier le spectateur à travers un pitch saugrenu de roche extra-terrestre complètement improbable ! Si bien que cet organisme de couleur bleue que nos astronautes ont repêché tuera un à un les membres de l'équipe confinés dans une grotte. Paradoxalement, la chose hostile quasi invisible décimera sauvagement ses proies, à moins de les posséder à la manière de zombies apathiques. Le début laborieux, totalement vain (une ballade à la plage et une partie de bowling intempestive en compagnie de nos protagonistes) tente de nous attacher à ces personnages gogos.


Passée cette première demi-heure languissante, nos 8 spéléologues affublés de lampiotes et de casque de mineur (sans oublier des bougies et une machine à écrire ! Véridique !!!) s'engouffrent dans l'exploration d'une grotte de tous les dangers. Et ce par la cause de cette mystérieuse pierre bleue dénichée à proximité d'une plage. C'est donc à partir de cette découverte aléatoire que l'action s'amorce tout doucement avec, en intermittence, quelques effets gores plutôt réussis dont nos chers italiens ont si bien le secret. A cet égard, la séquence où l'un des protagonistes se fait arracher lentement la tête par la créature s'avère aussi surprenante que jouissive à travers son outrance dégueulbif. Mais la séquence la plus dérangeante et inopinée restera cette petite fille esseulée assise sur le sable entrain de pleurnicher. Sa mère intriguée, l'observant de dos, s'approchant lentement vers elle pour lui solliciter de se retourner afin de découvrir, horrifiée, un visage laminé ! Cette seconde partie jouant à cache-cache entre le monstre consanguin et nos huit trublions alterne donc perplexité, hilarité involontaire et ennui entre deux scènes chocs pimentées. Surtout que les dialogues hallucinants de non sens ainsi que la partition musicale au tempo lugubre accentuent son côté fauché au charme Bis. Enfin, l'épilogue se déroulant au delà de la grotte souterraine n'est pas non plus en reste à travers son ambiance insolite d'une cité urbaine dénuée de population, qui plus est, épaulée de la surexposition d'une photo psychédélique. Ainsi, un sentiment futile de désolation anxiogène s'y fait ressentir au spectateur plutôt fasciné par cet univers de cauchemar surgit de nulle part.


Atention, ça peut vous arriver aussi !!!
Quelques décennies après sa sortie, Le Monstre attaque reste une curiosité mineure hors norme, le précurseur incongru de The Descent et ne pourra sans doute que contenter les nostalgiques de zéderies italiennes typiquement eighties. L'attrait de scénettes gores assez cracras, la physionomie du monstre organique, la futilité pittoresque de ses dialogues ineptes et ses situations extra-ordinaires (le gars réfugié dans la grotte tapant à la machine à écrire pour ensuite systématiquement brûler à la bougie son texte qui ne veut rien dire !) divertiront encore aujourd'hui l'inconditionnel de nanar.

P.S: ne ratez surtout pas le fameux interlude survenant juste avant le générique final ! Une épitaphe pertinente trouvant tout son sens nihiliste : ATTENTION, CA PEUT AUSSI VOUS ARRIVER !!!

*Bruno
18.03.23. 5èx
22.10.10

L'Exorciste / The Exorcist.Version Originale de 1973.


de William Friedkin. 1973. U.S.A. 2h06. Avec Max von Sydow, Ellen Burstyn, Jason Miller, Linda Blair, Lee J. Cobb.

Sortie salles France: 11 Septembre 1974. U.S: 26 Décembre 1973.

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés aux Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


Mike Oldfield / Linda Blair / Dick Smith / 2 Oscars / 402 500 000 $ de recette dans le monde entier !
1973 est donc une date charnière dans le paysage horrifique, l'Exorciste s'illustrant à la fois comme une épreuve de force cauchemardesque avec le démon qu'un drame psychologique éprouvant de par sa dimension humaine si fragile. Tant auprès de la mère démunie des forces démoniaques qui habitent l'esprit de sa fille que de celle du prêtre dubitatif de sa foi catholique mais en voie de rédemption. Dès le prologue assigné au proche-orient, un climat solaire irakien distille une aura étrangement malsaine parmi les fouilles archéologiques du père Merrin en possession d'une relique démoniaque. Rapidement, des visions et incidents aléatoires vont interférer sur son chemin avant la découverte d'une sculpture beaucoup plus éloquente car incarnant le démon Pazuzu (divinité de la Mésopotamie du 1er millénaire av. J.-C.). En parallèle, à l'autre bout du monde, nous faisons connaissance avec l'actrice de cinéma, Chris MacNeil, en répétition sur un tournage urbain. Au niveau familial, séparée de son amant, elle cohabite avec sa fille Regan parmi la main d'oeuvre de deux domestiques. Un soir, après avoir entendu des bruits inquiétants dans le grenier, Chris investit vainement les lieux éclairée d'une bougie. En alternance, nous suivons la routine du prêtre Damien Karras, davantage dubitatif de ses convictions catholiques puis tourmenté par la santé précaire de sa mère sclérosée. Une autre nuit, Regan rejoint la chambre de sa mère car se plaignant d'un sommeil agité, faute des soubresauts imbitables sur son lit. Mais la tension va monter d'un échelon lorsque sa mère découvre horrifiée les brusques convulsions que sa fille subit sur son matelas. Dès lors, de manière insidieuse et latente, le démon va prendre possession de l'adolescente !


Par le biais de ces évènements improbables aussi déconcertants, ancrés dans la réalité contemporaine du quotidien, l'Exorciste ne pouvait que surprendre et bouleverser les habitudes du spectateur assistant impuissant à un déchaînement de violence satanique ! Car c'est à travers ses croyances religieuses que l'Exorciste déstabilise, dérange et perturbe de manière morale et viscérale. Notamment par le biais de sa réflexion universelle sur l'existence spirituelle, notre combat interne du Bien et du Mal et ses ressorts contradictoires. L'intrigue escarpée est d'autant plus pénible à subir qu'il s'agit d'un cas de possession infligé sur l'innocence d'une gamine de 12 ans (on peut d'ailleurs y déceler une métaphore sur la crise adolescente et la part du Mal innée en chacun de nous !). Mais avant la mise en branle du diable et ses provocations licencieuses, Willliam Friedkin aura pris soin de nous familiariser à l'épanouissement de cette fillette vertueuse débordante d'affection auprès de sa mère lors de moments intimes de quotidienneté. Si en l'occurrence le film continue de choquer et de nous éprouver sans modération, c'est en partie grâce à la progression dramatique des personnages en perdition témoins malgré eux de forces qui les dépassent face au témoignage d'un corps martyrisé !


Tant auprès de la mère désemparée et à bout de nerf que du prêtre Karras rongé par le remord de n'avoir pu assister sa mère moribonde, l'Exorciste aborde les thèmes de l'amour maternel, de la foi catholique et de l'espoir d'une rédemption avec souci d'humanisme à fleur de peau. William friedkin préconisant le drame familial d'une intensité psychologique épineuse lorsque Regan dépend de la volonté du démon parmi des provocations horrifiques jamais vues sur écran de cinéma. Qui peut oublier la posture menaçante de Regan urinant face aux invités, ses spasmes et convulsions sur son lit, sa tête pivotante, le crucifix planté dans son vagin, l'épreuve des radios en clinique et son éprouvante ponction qui s'ensuit, l'agression du psychiatre lors d'une séance d'hypnose, ou encore les séances d'exorcisme d'un réalisme à la limite du soutenable ! Les dix dernières minutes s'avérant d'une violence frénétique exubérante ! Enfin, L'Exorciste, c'est notamment en annexe une forme d'hommage au 7è art que représente le personnage de Chris, actrice exerçant fougueusement son métier, et celui du détective cinéphile plutôt passéiste du cinéma dit classique. Pour parachever, avec l'appui des maquillages impressionnants de Dick Smith, il faut saluer la performance en roue libre de Linda Blair endossant avec un naturel trouble Regan dans une posture en demi-teinte, entre candeur et perversion démoniale. Enlaidie d'un faciès pestilentiel, défigurée par ses stigmates corporels, elle nous ébranle d'effroi lors de ses gouailles démoniaques à proférer de vulgaires insanités auprès de son entourage.


Fer de lance de l'horreur sataniste inspiré d'une histoire vraie, L'Exorciste décuple les évènements cauchemardesques sous l'impulsion d'une acuité émotionnelle proprement dérangeante. Drame humain bouleversant d'une mère et d'un prêtre brimés par les forces surnaturelles, l'Exorciste souhaite aussi nous questionner sur l'existence du Diable que Dieu s'efforce de repousser parmi l'appui de ses pratiquants. Avant-gardiste, l'expérience extrême si décomplexée est également transcendée par l'inoubliable mélodie malingre de Mike Oldfield et par la prestance dépravée de Linda Blair, archétype moderne de l'ange déchu !

* Bruno24.10.10.   6èx

Le point de vue de Peter Hooper;

// Crise de foi //

Comment le récit d’une jeune fille possédée par le démon, vomissant une immonde bouillie verdâtre, éructant avec une voix d’homme les pires insanités en s’enfonçant un crucifix dans le vagin allait devenir un des plus gros succès de l’histoire du cinéma ?
Nous sommes alors dans ces années 70 ou les nouveaux nababs on prit le pouvoir sur les studios. Friedkin fait partie de ces jeunes réalisateurs aux dents longues qui imposent avec intégrité leur style, à contre-courant des dictats du vieil Hollywood. C’est la fameuse génération du New Hollywood, celle de la liberté artistique, incroyablement créatrice et furieusement décomplexée, et il est certain que L’exorciste n’aurait jamais vu le jour en d’autres temps.
Difficile en effet d’imaginer quelques années plus tôt qu’une œuvre estampillée age d’or mette en scène une gamine hurlant à un prêtre « baise moi ! ». Même dans le cinéma actuel un « Ta mère suce des queues en enfer ! » a plus de chance de surgir d’un Scary Movie que des dialogues d’un film mainstream.
La scène d’ouverture dans le désert irakien, ou le père Merrin (Max Von Sydow) découvre la tête de statuette du démon Pazuzu, introduit l’intrigue avec cette esthétique naturaliste typique des productions New Hollywoodiennes. Car Friedkin exige pour L’exorciste, au grand dam de Blatty le scénariste et également auteur du roman éponyme, de conserver une photographie proche du documentaire.
Le chef opérateur Owen Roizman déjà aux manettes de French connection va accomplir le miracle ( !) tant espéré par le réalisateur avec des images délavées et ternes qui installent un réalisme cru. Des pertes de coloration pour montrer comment le mal prend le dessus en éteignant progressivement les « lumières de la vie », avec des prises de vue en plongée et contre plongée vers l’obscurité, les ténèbres. Magistral !
Pour décrire le calvaire de la possédée Friedkin va faire s’agiter un lit, avancer des meubles, claquer des portes, faire léviter la fille les bras en croix avec des stigmates qui apparaissent sur ses poignets et ses chevilles…des effets chocs qui fonctionnent et qui sont alors inédits. Mais il les utilise pour donner du volume à une composante huis clos naturellement étriquée dans cette chambre.
Car les vrais (gros) coups de frousse Friedkin les assènent avec la métamorphose de Regan, son visage comme ses attitudes montrant ce que l’on n’avait encore jamais vu. Sa gorge qui gonflent, ses yeux révulsés, sa langue démesurée, l’apparition des plaies, sa tête qui tourne a 180 °…Dick Smith, un des papes des FX à l’ancienne va donner à Regan cette apparence terrifiante du démon qui a pris sa place, mais sans faire disparaître les traits juvéniles de Linda Blair. L’empathie avec cette pauvre fille est alors totale et son calvaire devient (presque) le notre, accentuant cette sensation de malaise jusqu’à l’insoutenable. Sous son maquillage Linda Blair reste une « jeune fille » tout en incarnant une parfaite possédée.
Une tension paroxysmique qui va exploser dans le dernier acte lors de cet interminable et traumatisante scène de l’exorcisme. Un rite précédé par un des plans les plus mythiques du cinéma d’horreur : devant la maison, la silhouette du prêtre est dessiné par un halo de lumière provenant de la chambre de Regan. Une image qui continue de faire le tour du monde.
Suivi donc de cette demi-heure éprouvante pour nos nerfs, d’une incroyable intensité dramatique, pleine de fureur, de violence psychologique.
L’occasion de LA scène qui continue de me hanter (!) ou Karras (Jason Miller) découvre Merrin mort d’épuisement. Assise dans un coin du lit, Regan le visage démonisé les mains devant la bouche, masque un sourire coquin, dans l’attitude puérile d’un garnement content de sa « bêtise ». Diaboliquement effrayant !
Le père Karras en plein doute sur sa propre foi apporte cette distanciation nécessaire pour démontrer combien la frontière entre le bien et le mal est un fil ténu, alors la médecine et la psychiatrie ont déjà échoué.
Si l’on rajoute le score minimaliste qui n’étouffe jamais l’ambiance, ne fonctionnant jamais comme un « sur effet », on ne peut bien sur ne pas faire impasse sur un des thème les plus parfaitement identifiable du 7e art, le monumental Tubular Bells de Mike oldflied !
J’avais a peu prés 14 ans lorsqu’au début des années 80 j’ai vu ce film et comme beaucoup de personnes, j’ai vraiment flippé ! Plus de 40 ans plus tard je suis toujours fasciné par son audace et surtout par la manière dont Friedkin arrive a prendre le contrôle total de nos émotions. Car au final L’exorciste s’aborde comme une expérience et s’impose à ce titre comme la pierre philosophale du film d’épouvante.


Avertissement ! Toutes les infos qui vont suivre sont relayées par le site WIKIPEDIA:

FAIT DIVERS:
L'histoire de ce film se base sur des faits publiés dans l'édition du 20 aout 1949 du Washington Post. En effet, alors que William Peter Blatty n'est encore qu'étudiant, il tombe sur un article relatant un cas d'exorcisme sur un garçon de 14 ans en 1949 dans le Maryland. Il se met alors à écrire sur le sujet. Le livre se vend à 13 millions d'exemplaires seulement aux États-Unis.

RECOMPENSES:
1974 : Oscar du meilleur son pour Robert Knudson et Christopher Newman
1974 : Oscar du meilleur scénario adapté pour William Peter Blatty
1974 : Golden Globe du meilleur film dramatique
1974 : Golden Globe du meilleur réalisateur pour William Friedkin
1974 : Golden Globe du meilleur scénario pour William Peter Blatty
1974 : Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle pour Linda Blair

ANECDOTES: Réticente à laisser une enfant proférer des injures aussi crues, la production décida de confier la voix du démon dont est possédée la petite Regan à l'actrice Mercedes McCambridge, alcoolique repentie. Pour ce doublage, elle s'est beaucoup investie moralement : elle s'est remise à boire et à fumer pour obtenir cette voix très grave. Afin de rentrer dans le personnage de Regan, elle a demandé à être attachée à une chaise. Elle s'est réellement torturée mentalement et physiquement.

BOX-OFFICE: L'Exorciste rapporte 66 300 000 $ lors de sa sortie aux États-Unis et au Canada entre 1973 et 1974. Après plusieurs ressorties, il engrange 89 000 000 $. Il a, à ce jour, remporté 402 500 000 $ dans le monde entier. Il est classé 1er parmi les 20 films les plus regardés de l'année 1973.

VENGEANCE D'OUTRE-TOMBE ("J.D.'s Revenge")

                

de Arthur Marks. 1976. 1H35. U.S.A. Avec Glynn Turman, Louis Gossett Jr., Joan Pringle, Carl W. Crudup, James Watkins, Fred Pinkard, Jo Anne Meredith, Alice Jubert, David Mcknight.

BIO: Arthur Marks est un réalisateur, scénariste et producteur, né le 2 aout 1927 à Los Angeles, California.
On lui doit approximativement 12 longs-métrages de genre divers comme Detroit 9000, The Roommates, Bonnie's Kids, Bucktown, Friday Foster, A Woman for All Men, The Monkey Hustle, Togetherness, Class of '74, Times Like These et Moongames.

L'ARGUMENT: Après avoir acheté le chapeau d'un gangster mort dans les années 40, un chauffeur de taxi se retrouve possédé par un esprit démoniaque...

                    

Vengeance d'outre-tombe est uniquement interprété par des interprètes noirs, réalisé en pleine période de gloire de la Blaxploitation. Des petites bandes d'action de seconde zone et de polars ultra violents réalisées durant la décennie 70 comme Foxy Brown, Coffy, Superfly ou Black Caesar.
Mais les plus célébrés et respectés d'entre tous resteront sans commune mesure ses précurseurs Sweet Sweetback's Baadasssss Song de Melvin Van Peebles et Shatf, les nuits rouge de Harlem de Gordon Parks avec dans le rôle titre le cultissime richard roundtree. Ces deux classiques véhéments seront tournés la même année, c'est à dire en 1971.
 N'oublions pas que ce courant à la mode, en faveur des comédiens noirs aura touché à tous les genres, que ce soit le comique (Uptown Saturday Night), le péplum (The Arena), les arts-martiaux (Black Belt Jones), le western (Boss nigger), l'espionnage (Cléopatra Jones), l'horreur (Blacula, Abby) ou le politique (The spook who sat by the door).

 Vengeance d'outre-tombe n'est pas un polar survitaminé traditionnellement conçu sur fond de Funk and Soul, un ton coutumier à la Blaxploitation mais un curieux petit film d'horreur de série B. Il est à ranger indubitablement dans la catégorie des bons nanars saugrenus comme on les aiment et rien que l'idée de base tirée par les cheveux vaut particulièrement la chandelle pour prendre la peine de s'y attarder, ne serait-ce qu'une vision égayée.

                    

Dès la scène d'introduction nous allons être témoin d'un violent règlement de compte commis dans l'acuité d'un abattoir.
Un homme noir s'engueule avec une jolie femme arrogante et effrontée qui aura l'offense de le faire chanter quand celui-ci, armé d'un rasoir effilé décide de l'égorger !
Un autre protagoniste, témoin indirect de la scène décide de s'interpeller pour venger la mort de celle qu'il aimait.
Mais ce  gangster réputé du nom de J.D Walker périra sous les balles du tueur perfide.
Trente ans plus tard, après avoir acheté un chapeau, un jeune chauffeur de Taxi, Isaac, va être possédé par l'âme du gangster J.D pour se venger du responsable meurtrier d'il y a 30 ans, vivant aujourd'hui paisiblement auprès de son frère, un révérant catholique et de sa fille énigmatique.

Il est clair que l'idée de base de cette trame vindicative ne joue pas la subtilité et tout le métrage se réduit quasiment à une forme latente et récurrente de chassé-croisé entre le chauffeur de taxi possédé malgré lui par une âme diabolisée à la recherche éperdue de ses meurtriers complices. Durant tout le film, ce chauffeur furieusement revanchard et rancunier va tenter de retrouver l'homme de main par qui la mort a frappé 2 fois, trente ans auparavant. Un mafioso de renom à la tête d'une bande de crapules toutes aussi pernicieuses qui ne tarderont pas à menacer le jeune Isaac.

                   

Là ou le film gagne furtivement des points vient de son climat pervers et malsain alimenté par un meurtre crapuleux qui a eu lieu dans un abattoir. Cette séquence choc excessive interviendra régulièrement en intermittence sous l'apparence récurrente d'un flash-back horrifié car le jeune Isaac va être inlassablement témoin malgré lui de visions dérangeantes et sanglantes. Une scène de cauchemar révélée par l'image nauséeuse d'une vache égorgée, dévoilée en gros plan dans l'environnement malsain d'un glauque abattoir, interposé en filigrane avec la séquence aiguisée d'une jeune fille assassinée,  la gorge tranchée !
La première demi-heure plaisante et intrigante nous entraine dans un curieux cauchemar incongru avec ce héros envouté qui se fera un malin plaisir à brimer sa concubine, en guise de misogynie. A cet égard l'impromptue relation sexuelle de nos deux amants se révèle plutôt corsée en terme de déviance et de maltraitance. Une scène hot plutôt osée où le héros habité par le Mal répètera inlassablement à son idylle: tu aimes te faire baiser par papa ! Alors que sa dulcinée désorientée, soumise et bafouée prendra plaisir à ces revirements soudains et indociles.
D'autres moments valent aussi le détour comme ce spectacle improvisé, une séance d'hypnose éberluée où nos invités choisis au hasard devront se déshabiller devant une foule hilare ! Il y a aussi cette séquence hallucinée où une mémé embarquée dans un taxi roulant à vive allure se verra la tête se cogner contre la vitre éclatée de la voiture, avant d'être éjecté violemment par notre chauffeur déluré !
La suite du récit déboule malheureusement à une routine poussive où l'histoire faiblarde semble tourner en rond, mise en cause par le potentiel narratif réduit en une seule ligne.
Tandis que la dernière demi-heure plus énergisante et délirante renoue avec la frivole folie de sa première partie prometteuse et amusante. Sans compter qu'il renoue avec impertinence dans la crudité d'un viol agressif ou celle, sanglante, d'un homme lardé de coups de rasoirs sur son malheureux corps.
De plus, le final virevoltant dans ses liens parentaux, dernier rebondissement fantasque cède à la drôlerie involontaire exacerbée par la composition sincère de comédiens croyant dur comme fer qu'ils viennent de participer à un film effrayant et dramatiquement pesant.

                     

Nonobstant quelques lenteurs dues à une baisse de régime intervenant à mi parcours, Vengeance d'outre-tombe est une rareté oubliée qui mérite finalement un coup d'oeil amusé par ces quelques excès outranciers, son ambiance parfois malsaine et perverse et d'autres séquences improbables ou débridées qui transcendent la consternation pour créer l'attachement et la drôlerie involontaire.
A découvrir, l'humeur de ton vertueuse.

27.10.10

JOSHUA

de George Ratliff. 2007. U.S.A. 1H44. Avec Sam Rockwell, Vera Farmiga, Celia Weston, Dallas Roberts, Michael McKean, Jacob Kogan, Nancy Giles, Linda Larkin, Alex Draper, Stephanie Roth Haberle...

BIOGRAPHIE: Georges Ratliff est un réalisateur, scénariste, producteur et monteur américain tributaire de trois longs-métrages: Plutonium Circus (1995), Hell House (2001) et Joshua (2007).

L'ARGUMENT: Une petite famille américaine mène une vie parfaite en plein Manhattan jusqu'à la naissance de leur deuxième enfant. Peu de temps après l'arrivée de la petite Lily, son frère Joshua, 9 ans et surdoué, adopte un comportement tout d'abord étrange et qui va très vite devenir inquiétant.Les parents voient alors leur petite vie parfaite se transformer en cauchemar...

Un an avant la bombe Esther et deux ans après le tétanisant The Children, Georges Ratliff   s'était déjà attelé au thème de l'enfance maléfique avec un sens de suggestion payant où la nuance avec les deux films cités auparavant s'affirme par un refus catégorique d'effets chocs démonstratifs, traditionnels à ce genre de métrage. Ici, tout est caractérisé par la tension psychologique progressive de nos personnages, davantage éprouvés, au bord de la crise de nerf, coexistant dans une ambiance perçante d'oppression !

Joshua, le film prend son temps dans sa première partie à faire évoluer nos personnages cloitrés dans un appartement new-yorkais avec l'arrivée de leur second nouveau-né. Une petite fille que Joshua ne pourra jamais accepter et qui décidera à cet instant précis d'annihiler la cellule familiale avec un sens de manipulation aigue du haut de ses neufs ans !
Par petites touches, George Ratliff  va installer de manière insinueuse un piège machiavélique autour de cette famille qui était des plus épanouie avant l'arrivée de leur petite fille Lilly. Les premiers signes d'hostilité de Joshua envers ses parents apparaitront en pleine représentation d'un concours de piano infantile livré en spectacle devant une foule  parentale attentive face au talent musical de leur petit génie. Avec un esprit de provocation irritant et insolent, Joshua composera un air de piano volontairement destructuré dans ses notes déployées, entre comptine enfantine démotivée et lourd tempo lugubre et sinistre.
L'anxiété des parents va peu à peu s'accentuer quand chaque nuit ils vont être témoin des cris et des pleurs inopinés que Lily exprimera en guise de rancoeur alors que les premières semaines elle n'avait pas manifesté un seul signe  d'irritabilité expansive.
C'est dans un premier temps la mère qui perdra pied face à l'ambiance anxiogène qu'il règne dans l'appartement et au vu de l'attitude incompréhensible de sa petite fille assoupie dans la chambre d'à côté, davantage agitée et apeurée durant chaque nouvelle nuit.
Un climat rendu insolent et destabilisant, dérangé par les subtiles provocations de Joshua, jeune enfant surdoué passé maitre dans l'art et la manière de jongler avec ses proies comme le fait d'improviser une partie de cache-cache avec sa maternelle fragilisée. Ce qui aboutira à un accident émis d'avance portant gravement atteinte à l'état de santé dépressif de la mère en situation précaire.
Le ton dérangeant, voir malsain de l'environnement familial va monter d'un cran quand l'un des protagonistes du récit sera victime d'un tragique incident devant un témoin primordial.

C'est cette seconde partie haletante, stressante qui va permettre de monter d'un cran la tension insidieusement établie pour nous soumettre à un rapport de force entre le père et ce jeune bambin diabolisé. Une violente confrontation improbable d'un homme en état de marasme, avoisinant le bord d'un abîme et qui alourdira grandement une potentielle rédemption d'un enfant tendancieux impossible à réhabiliter.

Ce qui frappe et dérange davantage dans Joshua, c'est son réalisme prégnant qui s'impose à l'esprit face au caractère subtil d'un enfant surdoué décidé à mener un enfer lentement établi à sa progéniture. 
Ce sentiment d'angoisse persistant et de climat pervers davantage suffocant mise sur le fait que le meurtrier est un  enfant de 9 ans. Non pas qu'il est ici un être surnaturel possédé par une entité maléfique mais un simple enfant presque normal, à la différence qu'il se révèle très intelligent, étrangement calme et dénué de moralité. C'est sa jalousie et son manque d'affectivité à son égard qui fera que ce gamin décidera d'accomplir son intolérable rancune vindicative.
Chaque situation du film est d'autant plus perturbante que les rebondissements se révèlent crédibles car ils ne cèdent jamais aux effets faciles ou au grand-guignol. Le récit est austère, méthodique et prodigieusement enrayé dans une ferme tension qui ira en crescendo.

La mère campée par Vera Farmiga est étonnante de fragilité et de détresse dans son caractère maternel en instabilité, laminée par l'insolence et l'attitude imperturbable, tendancieuse de son rejeton audacieux.
C'est le glaçant Jacob Kogan qui interprète le petit Joshua, docilement inquiétant dans un accoutrement vestimentaire austère, son visage terne et blafard et sa vétuste coupe de cheveux volumineuse. Son attitude discrètement pernicieuse, son impassibilité, sa patience réfléchie et son état d'esprit dérangé compromis au mal impressionne et confine lourdement au malaise comme le fait d'assister à ses odieux méfaits face à une vidéo découverte par son père, stupéfait de voir les agissements pervers et sournois de l'irrévérence de son fils martyrisant avec sérénité un nouveau-né !
Sam Rockwell dans le rôle d'un père affirmé, pris dans une spirale irréversible est tout aussi convaincant dans sa trajectoire inopinée. Un homme autoritaire et équilibré qui ne verra pas arriver le piège concocté, jusqu'à y perdre pied face à l'état d'esprit perfide de son fils dénué du moindre sentiment ou de compassion envers ces progéniteurs.

Joshua est un excellent drame horrifique devant tout au caractère psychologique de ces personnages imbriqués dans un cauchemar finaud parfaitement crédible jusqu'à son étonnant final nihiliste que personne n'aura vu venir.
Sans jamais céder aux facilités et effets chocs escomptés, Joshua laisse des traces, intrigue, inquiète et destabilise dans une ambiance malsaine et suffocante subtilement tempérée. A ranger sans complexe aux côtés des brillantes réussites Esther et The Children.

RECOMPENSES: Prix du Meilleur acteur (Sam Rockwell) et Mention spéciale au festival de Sitgès en 2007.
Prix de la Meilleure photographie au festival de Sundance en 2007.
Nominé au Grand prix du jury à Sundance en 2007

31.10.10

                     

Inferno

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

de Dario Argento. 1980. U.S.A. 1h47. Avec Leigh McCloskey, Irene Miracle, Eleonora Giorgi, Daria Nicolodi, Sacha Pitoëff, Alida Valli, Veronica Lazar, Gabriele Lavia, Feodor Chaliapin Jr....

Sortie salles France: 16 Avril 1980

BIOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


"Le style baroque est, pour l'oeuvre d'art, ce que le sang est pour le corps humain ; il le développe, le nourrit, lui donne la force, la santé, la durée."
Trois ans après Suspiria, Dario Argento renoue avec sa flamboyance baroque avec Inferno, séquelle aussi ambitieuse dans sa faculté "alchimiste" d'y transfigurer un univers occulte mâtiné d'onirisme (son prologue anthologique toutefois tourné par Mario Bava). Et ce en dépit d'un cheminement narratif parfois confus se condensant essentiellement à de mini-clips d'une beauté picturale ensorcelante que des investigateurs arpentent à travers leur influence fureteuse. Le PitchFascinée par son roman "Les 3 mères", une jeune femme décide de retrouver les origines et les secrets de l'ouvrage en allant se renseigner auprès du bibliothécaire situé à proximité de son immeuble. Après avoir écouté attentivement ces renseignements, elle se dirige dans la cave de son immeuble pour tenter de déchiffrer le secret des trois mères. Mais suite à la chute de ses clefs dans un gouffre, elle s'y glisse pour les récupérer. C'est alors qu'elle se retrouve subitement au sous-sol d'une salle de bal engloutie par les eaux. Cette séquence magistrale d'une poésie morbide électrisante Spoil ! laisse surgir à l'ultime instant un cadavre remonter furtivement du fond de l'eau pour lutiner l'héroïne en estocade. Paniquée, elle tentera en vain de le repousser ! Fin du Spoil. Morceau de bravoure dans toutes les mémoires; Inferno en regorge de façon métronome de par le truchement d'incidents meurtriers où chaque protagoniste fera les frais de forces démoniaques délibérées à annihiler ceux qui souhaiteraient y percer leur secret.


Ainsi, à travers un jeu de lumières plus froides, douces et limpides qu'auprès de son homologue  Suspiria, Dario Argento innove sans se singer car réfutant le copié-collé à l'emporte pièce. Et ce en nous façonnant avec une ambition suprême un rêve irrationnel basé sur l'alchimie et les sortilèges, une procession lancinante, une danse emphatique avec un spectre ricaneur. Musicalement renversant, la mélodie ténue de Keith Emerson ainsi que les envolées lyriques de Verdi se télescopent afin de sublimer ces séquences virtuoses, à l'instar de l'amphithéâtre situé à Rome où Mark et Sara assistent à un cours musical. Le souffle violent d'un vent échappé d'une fenêtre fouettant le visage de Mark incité à détourner le regard vers la posture charnelle d'une déesse aux yeux persan semblables à son chat angora qu'elle caresse langoureusement ! Il y aussi cette séquence oppressante lorsque Sara réfugiée dans son appartement avec un étranger sera agressée à coup de couteau sous l'impulsion du concerto classique du Nabucco de Verdi que le tueur altère à sa guise en surfant avec le courant électrique. On peut aussi souligner l'improbable offensive des rats sous le climat lunaire d'une étrange éclipse, exaction brutale d'autant plus ironique auprès de sa chute lorsque le coupable en sera châtié ! Quand au final, à la fois envoûtant, majestueux et spectral, il lèvera enfin le voile sur les commanditaires de cette macabre mise en scène. Spoil ! A savoir l'alchimiste, créateur de la construction de la bâtisse et la Mort himself responsable de tous les maux du monde. Fin du SpoilOn avait d'ailleurs beaucoup critiqué à l'époque cette séquence purement théâtrale, représentation supposée grotesque de la mort réduite à un squelette s'échappant des flammes de l'enfer ! Pour autant, je la trouve en adéquation avec le climat emphatique de l'oeuvre baroque puisque s'agissant d'une vision folklorique et latine, une représentation audacieuse de la mort sous son aspect le plus académique et vétuste. Mais outre toutes ses séquences chocs remarquablement chorégraphiées, Argento soigne scrupuleusement la forme avec un sens du détail probant auprès de couloirs, chambres, passages secrets et souterrains que nos protagonistes (masculins et féminins) arpentent avec une curiosité irrépressible.                    


L'Alchimiste
Scandé de mélodies classiques d'une intensité lyrique, Inferno y transcende un nouveau ballet démonial au sein d'un contexte urbain un peu plus contemporain que Suspiria si bien que macabre et onirisme  s'harmonisent à nouveau parmi l'illustration séculaire du conte médiéval. On pardonne ainsi la maladresse de Leigh McCloskeyn, acteur un poil figé et laconique auprès de son expression atone mais bizarrement attachant pour sa fragilité empotée. Le spectateur l'accompagnant dans son cheminement nébuleux avec une attention soutenue. De par la fulgurance de sa mise en scène expérimentale retraçant avec une sensualité infinie un florilège d'images morbides héritées de l'occultisme et du sortilège, Inferno ne ressemble à rien de connu en dépit de son alter-ego susnommé autrement marginal. Imprégné de la personnalité de l'auteur extatique de créativité, Inferno se décline en chef-d'oeuvre du Fantastique latin d'une beauté sépulcrale à damner un saint. Et ce en dépit de nombreuses questions, énigmes, indices et personnages interlopes laissés en suspens, ce qui renforce son indicible pouvoir de séduction qu'aucun cinéaste n'ait parvenu à émuler. Confus, inachevé et imparfait, Inferno laisse en mémoire un souvenir macabre terriblement gracieux et désirable à travers sa fulgurance formelle toute à la fois vétuste et moderne. Une oeuvre d'art addictive, invitation pour l'enfer commanditée par une sorcière gouailleuse intouchable.  

*Eric Binford
10.12.21. 6èx
15.11.10.

BURIED


de Rodrigo Cortés. 2010. Espagne. 1H34. Avec Ryan Reynolds, Robert Paterson, José Luis García Pérez
BIOGRAPHIE: Rodrigo est un réalisateur, scénariste, monteur, producteur exécutif espagnol pour son premier long-métrage Buried.

Synopsis: « Ouvrez les yeux. Vous êtes dans un espace clos, sous 1 tonne de terre irakienne avec 90 minutes d’oxygène et pour seule connexion vers l’extérieur un téléphone portable à moitié rechargé. Tel est le destin de Paul, entrepreneur Américain pris en otage et enfermé dans une boîte. Le temps file et chaque seconde qui passe le rapproche d’une morte certaine… »

Avec un pitch aussi linéaire, comment réussir à maintenir l'intérêt du spectateur durant 1H30 dans l'étroitesse d'un décor unique avec comme seul protagoniste un chauffeur de camion pris en otage de manière peu commune dans un état Irakien ? Silence pesant devant l'écran noir, futile mise en attente avant la révélation suffocante pour quelques secondes plus tard entendre dans le néant la respiration difficile et anxiogène d'un homme inhumé dans un cercueil en bois. L'homme blessé à la tête se réveille difficilement pour réaliser subitement avec l'aide de la flamme de son briquet et la lueur bleutée de son portable qu'il est enfermé au milieu de nulle part dans une boite à faible oxygène. Dans un état de faiblesse davantage précaire, notre protagoniste désorienté va tenter de survivre dans cet endroit de cauchemar. Et tenter d'appeler désespérément diverses administrations américaines, acolytes et membres de sa famille pour demander de l'aide en désespoir de cause. Mais les mises en attente insolentes des interlocuteurs et les questionnements interminables sur l'identité véritable de notre cobaye vont davantage enrayer les minces chances de sa potentielle survie. Surtout que le cadran de sa montre établie à 19H30 lui laissera 1H30 d'espoir à sortir de ce piège pernicieux.

Avec l'habileté d'un montage inventif multipliant les capacités techniques à filmer le décor restreint et unique d'un endroit aussi opaque, Buried nous plaque au fauteuil dès les premières secondes dans son ambiance claustrophobe viscérale. Une atmosphère rugueuse qui va insidieusement imprégner durablement les sens du spectateur, c'est à dire durant 1h30 de suspense exponentiel mis à rude épreuve. Notamment grâce à l'intelligence d'un scénario dénonçant la déshumanisation de la société américaine imbue de ses pouvoirs et dans l'incapacité de prêter main forte aux prisonniers étrangers.
Les nombreuses conversations téléphoniques entretenues entre la victime et les opérateurs rendent davantage oppressant un climat haletant, angoissant, éprouvant pour les nerfs du spectateur. Les divers coups de théâtre infligés et le sens acéré du suspense nous convergeant vers un final aussi caustique que jusqu'au boutiste dont le spectateur hébété sortira KO ! Quant à notre interprète principal, Ryan Reynolds endosse avec une fougue anxiogène et humanisme poignant un otage aussi téméraire que désespéré, car terrifié de sa situation de claustration.

Six Feet Under
En dehors d'une séquence choc spectaculaire dispensable (l'intervention rampante du serpent prend des allures semi-parodiques dans sa mise en scène Hitchcockienne), Buried est un de ces petits métrages jouissifs terriblement immersif dans l'atmosphère claustro d'un huis-clos péniblement r restreint. Une série B finaude bougrement efficace et un tour de force technique réussissant l'exploit de nous captiver parmi un décor et un personnage uniques. Les claustrophobes ne sont donc pas près d'oublier cette épreuve de force singulière à bout de souffle ! (c'est peu de le dire !)

Prix de la critique internationale au festival de Deauville 2010.

13.11.10.
Bruno Matéï

TOY STORY 3

                                                            (avis subjectif d'un puriste amateur)


                                        

de Lee Unkrich. 2010. U.SA. 1H40. Avec Tom Hanks, Tim Allen, Michael Keaton, Joan Cusack, Ned Beatty, Don Rickles, Wallace Shawn.

BIOGRAPHIE: Diplômé de l'école de cinéma de l' USC (University of Southern California) en 1991, Lee Unkrich entame sa carrière dans le cinéma et la télévision en prises de vue réelles, travaillant notamment sur la série Les Dessous de Palm Beach.
Arrivé en 1994 chez Pixar, Lee Unkrich est monteur sur Toy Story (réalisé par John Lasseter) en 1995, puis sur 1001 Pattes en 1998, pour lequel il assure également certaines voix additionnelles.
Coréalisateur, monteur et à nouveau voix additionnelles sur Toy Story 2 en 1999, Lee Unkrich co-signe Monstres & Cie en 2001.
En 2003, il coréalise avec Andrew Stanton Le Monde de Nemo, certifié plus grand succès de l'histoire de l'animation quelques semaines après sa sortie.

L'ARGUMENT: Andy, le héros des deux premières aventures doit rentrer à l'université. C'est ce qu'apprennent à leur dépend le cow-boy Woody, le cosmonaute Buzz et leurs nombreux amis. Au lieu de prendre la direction du grenier (ce qui est toujours mieux que la décharge), ils sont envoyés dans une garderie. Malheureusement pour eux, la jeune clientèle ne leur fait guère attention, et quelqu'un les empêche de retourner au bercail.

                   

On prend les mêmes et on recommence ! Sauf qu'une fois de plus, la série des Toy Story réussit à nouveau l'exploit de se renouveler, de nous émerveiller dans leurs surprenantes aventures débridées. La grande réussite de la série des Toy Story tient surtout en cette incroyable alchimie rendue crédible de réussir à authentifier des jouets doués de vie !
Des objets fantaisistes fabriqués pour amuser et faire rêver l'enfant dans son âge le plus épanoui, dans l'innocence et l'insouciance de son avenir lointain. Où seul le moment présent compte et où les divertissements les plus ludiques et puérils savent faire preuve d'un irrésistible pouvoir d'évasion et de rêverie dans l'esprit fantasque d'un enfant.
Et c'est ce que Toy Story réussit à retranscrire durant 1H43 en nous faisant croire que nos fameux jouets vétustes ont bel et bien une vie quand nous avons à peine le dos tourné !

Mais qu'arrive-t'il quand Andy, le propriétaire de ces fabuleux héros de plastique, est devenu un adolescent en âge d'entrer à l'université ?
Par une maladresse malveillante, nos jouets favoris Woody et ses amis vont se retrouver dans une garderie où des enfants turbulents trop énervés maltraitent inconsciemment leur jouet avec plaisir masochiste
Dans cet environnement festif trop bruyant, il y a également une pièce située juste à côté, un endroit beaucoup plus calme qui est régi par Lotso. Ce leader rancunier est un vieil ours en peluche rose orgueilleux qui décide de mener la vie dure à ces nouveaux locataires.
Il soumet alors de les faire prisonnier en trafiquant les mécanismes de Buzz l'éclair pour mieux soumettre à l'esclavage ces humbles acolytes davantage indignés.
La révolte ne va pas tarder à éclater, en attendant la grande évasion...

                   

Avec une narration aussi amusée et farfelue faisant intervenir deux clans de jouets, les bons et les méchants, Toy Story 3 nous entraine dans une troisième aventure haute en couleurs qui ne connait pas l'essoufflement ou la redite à cause d'une fantasque inventivité dans ses situations les plus folles et grâce à un fructueux dosage entre action survoltée (la longue séquence de la décharge qui se conclue vers la déchetterie est anthologique) et comédie hilarante (le singe gardien est à hurler de rire !).
Sans oublier une véritable tendresse, une étonnante compassion, une incroyable humanité pour chacun de ses protagonistes représentés avec ardeur, force de caractère et personnalité fougueuse.

C'est notre fabuleuse équipée héroïque menée par Woody et Buzz l'éclair qui réussit à nouveau de nous attendrir et  divertir dans leur périlleuse entreprise faisant intervenir une multitude de personnages jubilatoires. On retrouve donc familièrement nos héros que l'on a côtoyé et chéri à travers leurs deux précédentes aventures. Que ce soit bien entendu Woody et Buzz l'éclair, Jessy, la cow-girl éprise d'amour pour Buzz, Mr et Mme Patate, le cochon rose, le dinosaure Rex, les 3 petits hommes verts, la charmante Barbie, le cheval de Woody et le chien à ressort.
Mais d'autres personnages vont tout autant intervenir dans le clan opposé particulièrement hostile, souhaitant dominer et imposer ses règles de conduite aux autres invités dans une hiérarchie dictatoriale.
Nous faisons donc connaissance avec le perfide Lotso, un ours en peluche rose suivi de sa clique téméraire composé de Ken, un don juan présomptueux, deux robots belliqueux, des aliens indociles, un bébé insalubre ainsi qu'un singe sans cervelle qui passe son temps à claquer ses cymbales dès que le moindre prisonnier tentera de s'échapper de la garderie.

                    

Le final particulièrement émouvant et intense semble clôturer une trilogie qui aura su séduire toutes les tranches d'âge, du moins pour ceux qui savent encore se laisser ramener à leur part d'enfance.
Il rappelle aussi à la raison que chaque période de la vie est un moment précieux qu'il faut savoir savourer avant de pouvoir entamer la prochaine étape dans l'âge plus responsabilisé de la maturité.
D'ici là, il restera le souvenir des aventures improbables et ces fidèles amitiés universelles parties vers d'autres tribulations avec un nouveau néophyte rêveur et illusionné.
Toy Story 3 vibre sa corde sensible, rend hommage à l'illusion infantile et renoue avec miracle et émerveillement dans sa nouvelle déclaration d'amour aux jouets de notre enfance.

Dédicace à Virginie Pioffret-Sabourdy et Valentin Dussart.

23.11.10