BIOGRAPHIE: Georges Ratliff est un réalisateur, scénariste, producteur et monteur américain tributaire de trois longs-métrages: Plutonium Circus (1995), Hell House (2001) et Joshua (2007).
L'ARGUMENT: Une petite famille américaine mène une vie parfaite en plein Manhattan jusqu'à la naissance de leur deuxième enfant. Peu de temps après l'arrivée de la petite Lily, son frère Joshua, 9 ans et surdoué, adopte un comportement tout d'abord étrange et qui va très vite devenir inquiétant.Les parents voient alors leur petite vie parfaite se transformer en cauchemar...
Un an avant la bombe Esther et deux ans après le tétanisant The Children, Georges Ratliff s'était déjà attelé au thème de l'enfance maléfique avec un sens de suggestion payant où la nuance avec les deux films cités auparavant s'affirme par un refus catégorique d'effets chocs démonstratifs, traditionnels à ce genre de métrage. Ici, tout est caractérisé par la tension psychologique progressive de nos personnages, davantage éprouvés, au bord de la crise de nerf, coexistant dans une ambiance perçante d'oppression !
Joshua, le film prend son temps dans sa première partie à faire évoluer nos personnages cloitrés dans un appartement new-yorkais avec l'arrivée de leur second nouveau-né. Une petite fille que Joshua ne pourra jamais accepter et qui décidera à cet instant précis d'annihiler la cellule familiale avec un sens de manipulation aigue du haut de ses neufs ans !
Par petites touches, George Ratliff va installer de manière insinueuse un piège machiavélique autour de cette famille qui était des plus épanouie avant l'arrivée de leur petite fille Lilly. Les premiers signes d'hostilité de Joshua envers ses parents apparaitront en pleine représentation d'un concours de piano infantile livré en spectacle devant une foule parentale attentive face au talent musical de leur petit génie. Avec un esprit de provocation irritant et insolent, Joshua composera un air de piano volontairement destructuré dans ses notes déployées, entre comptine enfantine démotivée et lourd tempo lugubre et sinistre.
L'anxiété des parents va peu à peu s'accentuer quand chaque nuit ils vont être témoin des cris et des pleurs inopinés que Lily exprimera en guise de rancoeur alors que les premières semaines elle n'avait pas manifesté un seul signe d'irritabilité expansive.
C'est dans un premier temps la mère qui perdra pied face à l'ambiance anxiogène qu'il règne dans l'appartement et au vu de l'attitude incompréhensible de sa petite fille assoupie dans la chambre d'à côté, davantage agitée et apeurée durant chaque nouvelle nuit.
Un climat rendu insolent et destabilisant, dérangé par les subtiles provocations de Joshua, jeune enfant surdoué passé maitre dans l'art et la manière de jongler avec ses proies comme le fait d'improviser une partie de cache-cache avec sa maternelle fragilisée. Ce qui aboutira à un accident émis d'avance portant gravement atteinte à l'état de santé dépressif de la mère en situation précaire.
Le ton dérangeant, voir malsain de l'environnement familial va monter d'un cran quand l'un des protagonistes du récit sera victime d'un tragique incident devant un témoin primordial.
C'est cette seconde partie haletante, stressante qui va permettre de monter d'un cran la tension insidieusement établie pour nous soumettre à un rapport de force entre le père et ce jeune bambin diabolisé. Une violente confrontation improbable d'un homme en état de marasme, avoisinant le bord d'un abîme et qui alourdira grandement une potentielle rédemption d'un enfant tendancieux impossible à réhabiliter.
Ce qui frappe et dérange davantage dans Joshua, c'est son réalisme prégnant qui s'impose à l'esprit face au caractère subtil d'un enfant surdoué décidé à mener un enfer lentement établi à sa progéniture.
Ce sentiment d'angoisse persistant et de climat pervers davantage suffocant mise sur le fait que le meurtrier est un enfant de 9 ans. Non pas qu'il est ici un être surnaturel possédé par une entité maléfique mais un simple enfant presque normal, à la différence qu'il se révèle très intelligent, étrangement calme et dénué de moralité. C'est sa jalousie et son manque d'affectivité à son égard qui fera que ce gamin décidera d'accomplir son intolérable rancune vindicative.
Chaque situation du film est d'autant plus perturbante que les rebondissements se révèlent crédibles car ils ne cèdent jamais aux effets faciles ou au grand-guignol. Le récit est austère, méthodique et prodigieusement enrayé dans une ferme tension qui ira en crescendo.
La mère campée par Vera Farmiga est étonnante de fragilité et de détresse dans son caractère maternel en instabilité, laminée par l'insolence et l'attitude imperturbable, tendancieuse de son rejeton audacieux.
C'est le glaçant Jacob Kogan qui interprète le petit Joshua, docilement inquiétant dans un accoutrement vestimentaire austère, son visage terne et blafard et sa vétuste coupe de cheveux volumineuse. Son attitude discrètement pernicieuse, son impassibilité, sa patience réfléchie et son état d'esprit dérangé compromis au mal impressionne et confine lourdement au malaise comme le fait d'assister à ses odieux méfaits face à une vidéo découverte par son père, stupéfait de voir les agissements pervers et sournois de l'irrévérence de son fils martyrisant avec sérénité un nouveau-né !
Sam Rockwell dans le rôle d'un père affirmé, pris dans une spirale irréversible est tout aussi convaincant dans sa trajectoire inopinée. Un homme autoritaire et équilibré qui ne verra pas arriver le piège concocté, jusqu'à y perdre pied face à l'état d'esprit perfide de son fils dénué du moindre sentiment ou de compassion envers ces progéniteurs.
Joshua est un excellent drame horrifique devant tout au caractère psychologique de ces personnages imbriqués dans un cauchemar finaud parfaitement crédible jusqu'à son étonnant final nihiliste que personne n'aura vu venir.
Sans jamais céder aux facilités et effets chocs escomptés, Joshua laisse des traces, intrigue, inquiète et destabilise dans une ambiance malsaine et suffocante subtilement tempérée. A ranger sans complexe aux côtés des brillantes réussites Esther et The Children.
RECOMPENSES: Prix du Meilleur acteur (Sam Rockwell) et Mention spéciale au festival de Sitgès en 2007.
Prix de la Meilleure photographie au festival de Sundance en 2007.
Nominé au Grand prix du jury à Sundance en 2007
31.10.10
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