vendredi 19 octobre 2012

Vigilante, justice sans sommation !

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site ledrugstore1968.blogspot.com

de William Lustig. 1982. U.S.A. 1h29. Avec Robert Foster, Fred Williamson, Richard Bright, Rutanya Alda, Don Blakely, Joseph Carberry, Willie Colon, Frank Pesce, Carol Lynley, Joe Spinell, Woody Strode.

FILMOGRAPHIE: William Lustig est un réalisateur et producteur américain, né le 1er Février 1955 dans le Bronx à New-York. 1980: Maniac. 1982: Vigilante. 1988: Maniac Cop. 1990: Maniac Cop 2. 1993: Maniac Cop 3. 1997: Uncle Sam.


En tout homme, il y a un justicier qui veille !
Deux ans après son traumatisant Maniac, William Lustig s'entreprend en 1982 d'explorer le polar urbain, ou plus exactement le Vigilante Movie. Un sous-genre inauguré en 1974 par Michael Winner et Charles Bronson dans le célèbre Un Justicier dans la ville. D'une brutalité nauséabonde par sa violence gratuite jusqu'au boutiste (la mort du bambin filmée en contre champ d'une fenêtre résonne encore dans les esprits !), Vigilante reprend le même canevas que bon nombre de film d'auto-défense. A savoir, la vengeance d'un paternel contre les meurtriers de sa famille. Accusé d'outrage et venant de purger 30 jours de prison, ce dernier va accomplir sa propre justice expéditive en décimant un à un ses agresseurs en liberté. Sous ses allures de série B d'action rondement menée, William Lustig insiste néanmoins à démontrer le laxisme du système judiciaire américain quand juges et magistrats sont débordés par une criminalité galopante.


A travers un pitch éculé, le réalisateur tend à véhiculer une certaine réflexion sur la justice individuelle par le portrait d'un prolétaire préalablement légitime car convaincu de l'efficacité de la police et la loyauté juridique. Ce n'est qu'à partir du massacre perpétré sur sa famille et après sa condamnation injustifiée que notre citoyen va endosser le rôle de victime trahie. Par le biais de sa présence vindicative, le film illustre sans concession l'idéologie fasciste d'un gang de citadins irascibles. A savoir, les exactions sordides d'une milice (les propres collègues du justicier travaillant à la même enseigne industrielle !) délibérée à nettoyer les rues malfamées de voyous sans vergogne. D'un pessimisme proprement nihiliste dans sa description d'un New-York livré à la délinquance quotidienne, William Lustig met en exergue l'impuissance d'une population démotivée ne sachant plus à quel saint se vouer pour retrouver la tranquillité dans leur quartier envenimé par la drogue, la prostitution et la criminalité. Quand bien même les flics en service de routine sont dépassés par les évènements et tentent de montrer un signe d'autorité en circulant de manière apathique dans les rues mal fréquentées.


La noirceur du sujet renforcée par l'ambiance nocturne d'une urbanisation en déliquescence évoque une succession de règlements de compte sanglants proprement dérangeants. Car le réalisateur dépeint de façon nihiliste le ras le bol d'une poignée de quidams délibérés à sortir les flingues pour régir leur propre loi. D'ailleurs, le monologue du prélude énoncé par un leader activiste (Fred Williamson engagé dans une idéologie extrémiste) évoque bien la situation de crise dans lequel les habitants sont confrontés. Ce désespoir tangible d'une humanité en chute libre raisonne comme un cri d'alarme pour dénoncer la déroute de nos sociétés laxistes gangrenées par un système judiciaire sectaire. Les séquences d'actions remarquablement filmées résonnent alors comme des fulgurances putassières car sa violence nauséeuse découle de la révolte aliénante de l'honnête citoyen converti en implacable tueur dénué d'éthique. Le score percutant de Jay Chataway va notamment intensifier ce climat d'insécurité où chaque voyou, dealer, mac et violeur agissent de la manière la plus permissive. Enfin, la conviction des interprètes renforce le caractère autoritaire d'une milice intraitable (même si Fred Williamson cabotine parfois dans ses élans acrobatiques d'expert en art martial). En père endeuillé rongé par la révolte, l'excellent Robert Foster magnétise l'écran de sa trogne renfrognée, un regard détaché en régression humaniste. Sa sombre présence doit autant à l'ambiance défaitiste découlant d'une civilisation urbaine livrée à l'anarchie.


Nous sommes armés, nous sommes prêts
Terriblement pessimiste et sans issue de secours, Vigilante joue autant la carte du cinéma d'action d'exploitation que de la réflexion alarmiste sur les effets pervers de l'auto-justice depuis la démission juridique. Dominée par l'interprétation inflexible de Robert Foster entouré d'une poignée de vétérans de seconde zone (les trognes burinées Woody Stroode et Fred Williamson), Vigilante constitue un archétype du film d'auto-défense, au même titre que son comparse Le Droit de Tuer

Dédicace à Denis Soustre De Condat-Rabourdin
*Bruno
19.10.12. 4èx

Eh ! Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je commence à en avoir jusqu'ici.
On en est à 40 meurtres par jour dans nos rues, il y a plus de 2 millions d'armes illégales dans cette ville les mecs ! Il y a de quoi envahir un pays avec cet armement. Il tire sur les flics de cette ville comme sur des soldats de plomb.
Alors merde, vous prenez tous le métro non !? Combien de temps allons-nous supporter qu'on nous agresse ? Combien de verrous allons-nous mettre à nos portes ?
Nous n'avons plus de police. Ni de procureur, ni de prison.
Je veux dire que tout ça c'est fini. Y'a deux poids et 2 mesures. Maintenant on est une statistique.
Alors moi j'vous dis: "quand on n'ose plus descendre acheter un paquet de cigarettes le soir parce qu'on sait que la rue appartient aux loubards et aux voyous dès que la nuit tombe et que les autorités ne peuvent pas nous protéger. 
Voilà ce que je vous dis les mecs ! Vous avez une obligation morale, le droit de préserver vous-même vos vies.
Vous pouvez fuir, vous pouvez vous cacher, ou essayer de vivre à nouveau comme des hommes, c'est notre Waterloo mes amis. 
Si vous voulez retrouver votre ville, il faut la prendre ! Compris ! 
La prendre !!"

mercredi 17 octobre 2012

REVENGE: A LOVE STORY (Fuk Sau che chi sei)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site a2.moovidadb.com

de Wong Ching-Po. 2010. Hong-Kong. 1h35. Avec Chin Siu-Ho, Juno Mak Chun-Lung, Lam Ling-Yuen, Lau Wing, Sora Aoi, Sun Wai-Lin, Tony Ho Wah-Chiu, Wong Shu-Tong.

FILMOGRAPHIE: Wong Ching-Po est un réalisateur, scénariste, acteur, compositeur, monteur et producteur
2002: Fu bo
2004: La Voie du Jiang Hu
2005: Ah sou
2008: Sup Fun chung ching
2010: Revenge: a love story
2011: Bao wei zhan dui zhi chu dong la ! Peng You !
2013: Once Upon a Time in Shangai


Surfant sur les dernières productions asiatiques compromises dans l'action ultra violente toujours plus rugueuse, Revenge: A Love Story débute à la manière d'un thriller sordide pour se confiner vers le revenge movie bicéphale. Un serial-killer commet une série de meurtres crapuleux sur deux femmes enceintes alors qu'un flic est porté disparu. Le criminel âgé de 23 ans et souffrant d'autisme vient à peine de purger une peine de 6 mois de prison pour une condamnation erronée. Sa vengeance implacable ne fait que commencer...
Ca démarre sec avec le meurtre crapuleux de deux femmes enceintes dont le foetus leur sera extirpé (le hors-champ élude le pire !) tandis qu'un sexagénaire est retrouvé mort noyé dans une baignoire. La disparition d'un flic va venir confirmer aux autorités qu'un tueur en série sévi dans le quartier. Rapidement, le suspect est interpellé ! ATTENTION SPOILER !!! Flash back sur son passé romantique avec une jeune fille déficiente suivi de leur calvaire imposé par une bande de flics corrompus. FIN DU SPOILER. On n'en dira pas plus pour ne pas ébruiter cette glauque histoire de vengeance mais un revirement intéressant va venir inverser les rôles impartis. Là où le bourreau se présentait comme une ordure à exterminer de façon sommaire, son passé traumatique va finalement nous dévoiler les clauses véritables qui ont pu pousser cet homme à commettre l'irréparable.


Ultra violent et gore envers certains actes de torture, règlements de comptes au gunfight, confrontations physiques et autres meurtres d'infanticide, les séquences chocs qui émaillent le récit se voient toutefois épargnées d'une complaisance putassière trop souvent présente dans ce genre de production. Son scénario structuré avec dextérité voue son efficacité grâce à la saveur aigre d'une histoire de vengeance hallucinée auquel un autiste s'empresse d'achever sa besogne. En outre, la romance allouée aux deux protagonistes épris de romance véhicule un intérêt constant dans leur cheminement hasardeux jusqu'au fameux drame inconvenu. Une inévitable empathie nous ait donc accordée pour ces amants déchus, d'autant plus que l'administration policière conçue pour protéger le citoyen est ici reléguée au rang de tortionnaires véreux. La mise en scène inventive et inspirée dans ces angles de vue géométriques multiplie ses fulgurances en adoptant parfois le principe du slow motion. En prime, une certaine poésie découle parfois d'une nature clairsemée étrangement sereine ou d'une nuit féerique quand d'immenses poupées gonflables animées ravivent les coeurs (le cadeau de Kit à sa dulcinée Wing). Jusqu'ici tout va bien dans ce scénario interlope utilisant avec une efficience probable action vindicative compromise par des règlements de compte singuliers (certaines séquences brutales surprennent par leur tonalité insolite).
Seulement voilà, le dernier quart d'heure maladroit dans sa thématique de la rémission tributaire d'une repentance religieuse va accumuler les lourdeurs pour tenter de nous convaincre qu'un leader préalablement licencieux a subitement trouvé la voie de la rédemption. Pire encore, son épilogue ridicule et équivoque se vautre dans une forme de mysticisme fumeux pour harmoniser des retrouvailles spirituelles.


Hormis certaines invraisemblances ou facilités (notamment toute la partie furtivement expédiée, centrée autour de l'hôpital quand notre tueur accoutré d'une blouse blanche va échapper à tout le personnel) et son point d'orgue équivoque, Revenge: A Love Story est un thriller suffisamment bien troussé, haletant et intense pour contenter l'amateur de thriller stylisé ultra violent. D'autant plus que l'interprétation d'ensemble renforce son capital crédule avec une mention probante pour le jeu dense du tueur impassible et mutique. A découvrir.

P.S: A éviter la VF exécrable !

Dédicace à Jenny Winter
17.10.12
Bruno Matéï

mardi 16 octobre 2012

Le Nom de la Rose / The Name of the Rose. César du Meilleur Film Etranger, 1987.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site thezinfidel.com

de Jean Jacques Annaud. 1986. Italie/France/Allemagne de l'Ouest. 2h11. Avec Sean Connery, Christian Slater, Dwight Weist, Helmut Qualtinger, Elya Baskin, Michale Lonsdale, F. Murray Abraham, Volker Prechtel, Feodor Chaliapin Jr.

Sortie salles France: 17 Décembre 1986. U.S: 24 Septembre 1986. Italie: 17 Octobre 1986

FILMOGRAPHIE: Jean Jacques Annaud est un réalisateur, scénariste et producteur français, né le 1er Octobre 1943 à Juvisy-sur-Orge (Essonne). 1976: La Victoire en chantant. 1979: Coup de Tête. 1981: La Guerre du Feu. 1986: Le Nom de la Rose. 1988: l'Ours. 1992: l'Amant. 1995: Guillaumet, les ailes du courage. 1997: Sept ans au Tibet. 2001: Stalingrad. 2004: Deux Frères. 2007: Sa Majesté Minor. 2011: Or Noir.


5 ans après le césarisé La Guerre du Feu, Jean Jacques Annaud se voit attribuer la même récompense du Meilleur Film (Etranger) pour le Nom de La rose, d'après le livre d'Umberto Eco. Thriller gothique, aventure, suspense, romance et vérité historique sont agencés afin de transcender une intrigue criminelle à l'aura médiévale imprégnée de mystère. Le franciscain Frère Guillaume ainsi que son jeune disciple Adso de Melk sont chargés d'élucider une affaire de morts suspectes au sein d'une abbaye du nord de l'Italie en 1327. Accidents, suicides et meurtres s'enchaînent de manière récurrente parmi l'assemblée de moines bénédictins. Rapidement, Guillaume de Baskerville relève un indice éloquent sur les corps martyrisés. Une tâche noire est imprimée sur la langue et l'un des pouces des sinistrés. En prime, la communauté religieuse est régie par une autorité sectaire sous la hiérarchie de Jorge de Burgos, un prêtre leur interdisant la liberté d'expression du ricanement. Un livre proclamant l'autonomie des bienfaits du rire serait à l'origine de cette vague de crimes morbides. Dans une superbe photo naturelle en clair-obscur, le Nom de la Rose est d'abord une réussite formelle engagée vers un style gothique en interne d'un séminaire diaphane et au delà des plaines étendues. En franciscain des baskerville, notre briscard Sean Connery érige son enquête avec un instinct perspicace dans la peau d'un détective indéfectible. 


Avec la complicité juvénile du novice Christian Slater, en disciple attentif et timoré, secrètement amoureux d'une sauvageonne, ils forment à eux deux un tandem inopiné. D'autant plus que l'intrigue charpentée dans une vérité historique fustigeant l'obscurantisme religieux et sa juridiction inquisitrice ne cesse de jongler avec un suspense passionnant pour élucider nombre de  meurtres sordides (tête écrasée sous une pierre, noyade dans une cuve de sang de cochon, crémation, empoisonnement). L'ambiance pesante, renforcée par ses décors gothiques d'un monastère orné de pièces secrètes (le dédale vertigineux de la librairie) envoûte le spectateur par son environnement tangible proche d'une facture horrifique. D'autant plus que la superstition sataniste inculquée par une doctrine intégriste semble suinter au travers des murs de pierre, quand bien même d'horribles tortures sont perpétrées sur des damnés innocents. Le caractère inquiétant du score musical composé par James Horner agrémente discrètement une certaine tension sous jacente pour accompagner la sinistre investigation de nos deux détectives emmitouflés d'une soutane. Avec sa densité narrative vouée à dénoncer le fondamentalisme, Jean Jacques Annaud se permet notamment d'illustrer une magnifique histoire d'amour à travers la romance candide du jeune Adso de Melk, capucin épris d'affection pour une sauvageonne démunie mais finalement séparés par l'ordre de la piété.  


Le rire est le propre de l'homme
D'une richesse thématique et esthétique probante, Jean Jacques Annaud trouve le juste équilibre d'y combiner le divertissement perspicace et la réflexion historique d'une époque médiévale où l'intolérance religieuse fut tributaire d'une inquisition inculte elle même subordonnée aux croyances superstitieuses. Sobrement incarné par deux illustres comédiens mais aussi d'étonnants seconds rôles à la trogne patibulaire, le Nom de la Rose déroge la doctrine catholique, là où rire, sexe et amour tendent à braver ses fondements. Captivant de bout en bout et immersif, chaque genre est justement agencé avec une fluidité déconcertante, sacre d'un chef-d'oeuvre exhaustif. 

*Bruno
16.10.12. 3èx

Récompense: César du Meilleur Film Etranger en 1987
Prix David di Donatello de la Meilleure Direction Artistique, des Meilleurs Costumes et de la Meilleure Photographie, 1987.
Prix du film Allemand du Meilleur Acteur (Sean Connery) et de la Meilleure Direction Artistique, 1987.
Ruban d'Argent de la Meilleure Photographie, des Meilleurs Costumes et de la Meilleure Direction Artistique, 1987.
BAFTA Awards du Meilleur Acteur (Sean Connery) et du Meilleur Maquillage, 1988

lundi 15 octobre 2012

TERMINATOR 2: LE JUGEMENT DERNIER (Terminator 2: The Judgment Day)

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site thomas56220.skyrock.com

de James Cameron. 1991. U.S.A. 2h36 (version longue Director's Cut). Avec Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton, Edward Furlong, Robert Patrick, Joe Morton, Earl Boen, S. Epatha Merkerson, Jenette Goldstein, Xander Berkeley.

FILMOGRAPHIEJames Francis Cameron est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né le 16 Août 1954 à Kapuskasing (Ontario, Canada). 1978: Kenogenis (court-métrage). 1981: Piranhas 2, les Tueurs Volants. 1984: Terminator. 1986: Aliens, le Retour. 1989: Abyss. 1991: Terminator 2. 1994: True Lies. 1997: Titanic. 2003: Les Fantomes du Titanic. 2005: Aliens of the Deep. 2009: Avatar


"L'avenir incertain roule vers nous... Pour la première fois je l'aborde avec un sentiment d'espoir. 
Si une machine, un Terminator, a pu découvrir la valeur de la vie, peut-être le pouvons nous aussi."

Nanti du plus gros budget de l'histoire du cinéma à sa sortie en 1991, Terminator 2 est la continuité de la démesure afin de retranscrire les nouvelles vicissitudes de nos héros pris à parti avec un nouvel antagoniste singulier. Et pour cause, Sarah et son jeune fils John Conor sont confrontés au T-1000. Androïde en métal liquide envoyé dans le passé et capable de prendre n'importe quelle apparence humaine pour arriver à ses fins. Quand au Terminator délétère (le T-800 !) prescrit dans le 1er volet, notre cyborg impassible est aujourd'hui projeté en 1995 pour protéger la destinée du futur sauveur de l'humanité. Avec ses effets spéciaux révolutionnaires de l'époque (le procédé du Morphing pour donner chair au T-1000) et son budget pharaonique, James Cameron décuple l'action destroy entrevue dans le 1er volet avec un sens de l'efficacité toujours aussi imparable. La description prégnante de son climat crépusculaire ainsi que la violence brutale préalablement illustrée sont pour autant ici lénifiés à travers cette séquelle dédiée à l'action homérique quasi ininterrompue.


Par le biais du personnage docile d'un Terminator protecteur, le réalisateur privilégie un humanisme perfectible (non exempt d'humour !) pour mettre en exergue une leçon d'apprentissage entre John Connor voué à humaniser son ange gardien. Quand au personnage maternel de Sarah antécédemment fragile et candide, elle est aujourd'hui devenue une véritable guerrière inflexible engagée à supprimer l'ingénieur responsable du prochain cataclysme. Si le scénario sans surprises aurait gagné à être plus étoffé (si bien que tout avait était décrit dans le 1er volet), James Cameron relance l'intrigue parmi l'apport inédit d'un nouveau personnage inoxydable et d'un enjeu planétaire toujours aussi précaire pour l'avenir de notre humanité déclinante. Tant et si bien que nos héros frondeurs doivent retrouver au sein de l'entreprise Skynet une micro puce ainsi qu'un bras robotisé afin de contrecarrer la prophétie nucléaire. D'un point de vue technique, la virtuosité percutante de sa mise en scène et la qualité novatrice des FX réussissent sans réserve à tenir en haleine le spectateur à bout de souffle ! Qui plus est, sans jamais faire preuve d'esbroufe tapageuse, l'action cinglante déployée de façon démesurée reste tributaire du cheminement narratif. On peut également en dire de même pour l'intelligence de ses effets spéciaux littéralement bluffants de réalisme. Tant au niveau des cascades extrêmement spectaculaires que de la physionomie du T-1000, cyborg d'apparence humaine pour tromper ses alliés mais uniquement constitué de métal liquide. 


Jouissif de par son rythme épique et d'une maîtrise technique ébouriffante, Terminator 2 iconise le  Blockbuster pharaonique avec une humble intelligence. Moins sombre, moins grave et moins violent que son modèle parce que plus orienté vers l'action pure avec une certaine dérision, James Cameron tend vers un récit initiatique (les relations fraternelles entre John et le T-800 puis l'enseignement pédagogique qui s'ensuit) en abordant notamment une réflexion sur l'aliénation guerrière, l'inanité des génocides émanant de notre instinct destructeur et le sens du sacrifice (la destinée du Terminator). Enfin, il s'interroge sur notre soif de progrès technologique lorsque le matérialisme abêti un peu plus chaque citoyen au péril de son humanisme.  

15.10.12. 3èx
Bruno Matéï

jeudi 11 octobre 2012

Terminator / The Terminator. Grand Prix Avoriaz, 1985.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecran large

de James Cameron. 1984. U.S.A. 1h47. Avec Arnold Schwarzenegger, Franco Columbu, Michael Biehn, Linda Hamilton, Paul Winfield, Lance Henriksen, Bess Motta, Earl Boen.

Sortie salles France: 24 Avril 1985. U.S: 26 Octobre 1984

FILMOGRAPHIE: James Francis Cameron est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né le 16 Août 1954 à Kapuskasing (Ontario, Canada). 1978: Kenogenis (court-métrage). 1981: Piranhas 2, les Tueurs Volants. 1984: Terminator. 1986: Aliens, le Retour. 1989: Abyss. 1991: Terminator 2. 1994: True Lies. 1997: Titanic. 2003: Les Fantomes du Titanic. 2005: Aliens of the Deep. 2009: Avatar


Schwarzenegger, littéralement indestructible, explose l'écran sans jamais sombrer dans le ridicule. 
Grand Prix à Avoriaz un an après sa sortie internationale triomphante, Terminator est rapidement devenu un classique du film d'action futuriste alors que son antagoniste principal, nouvel archétype du Mal technologique, facilita la notoriété du néophyte Arnold Schwarzenegger ! (il fut découvert par le public deux ans plus tôt avec Conan). Récit d'anticipation crépusculaire préfigurant les dangers inquiétants de nos technologies modernes, film d'action dantesque mené à un rythme trépidant dans le cadre d'une atmosphère franchement horrifique, le second film de James Cameron traverse sans complexe les décennies de par son efficience implacable, la virtuosité de sa mise en scène, son action fulgurante ultra lisible et l'impact de ses saisissantes images funéraires mais aussi romantiques. Attention, pur film d'ambiance funeste à couper au rasoir au sein d'une cité urbaine de tous les dangers, qui plus est magnifiquement photographié à travers ses teintes nocturnes d'un bleu clair argenté. Une ambiance ensorcelante qu'on ne retrouvera jamais plus dans les opus suivants. Le pitch2029. Le monde est à l'agonie après une apocalypse nucléaire amorcée par les machines. Mais un belligérant du nom de John Connor réussit peu à peu à contrecarrer leur stratégie destructrice. Deux soldats du futur sont alors envoyés dans le passé en 1984 pour tenter de retrouver une serveuse de bar, Sarah Connor. Le Terminator, cyborg ultra perfectionné, est destiné à la supprimer. Kyle, soldat rebelle, sera donc chargé de la protéger pour préserver la destinée de John Connor (son futur fils !). Pour la survie de l'humanité, une guerre sans merci est donc livrée entre eux en plein coeur de Los Angeles. Avec un budget modeste mais beaucoup d'astuces artisanales et un savoir-faire infaillible, James Cameron et son équipe de techniciens Stan Winston, Roger George et Frank DeMarco réussissent à créer un univers anxiogène par l'entremise destructrice de machines terrifiantes conçues pour anéantir notre race.


Son impact visuel à l'aura délétère (les pupilles rouges des Terminator perçants l'obscurité, les charniers de cranes humains écrasés sous le poids des chars high-tech, ou encore les exécutions sommaires des ménagères ayant comme patronyme commun "Sarah Connor") renchérissant notre fascination au gré d'images cauchemardesques héritées de génocides nazis. Afin de retranscrire avec souci de vérité le futur de 2029, l'ambiance nocturne en clair-obscur (sous éclairs de néons azur) met en exergue un cataclysme nucléaire où quelques rares survivants faméliques sont parqués dans des sous-sols afin de se prémunir des éclats de bombes et des faisceaux de lasers. Des séquences terriblement marquantes car réalistes à travers leur tonalité désespérée afin de souligner la détresse des rescapés confinés dans la pénombre, derniers résistants d'une fin de civilisation asservie par des robots imputrescibles. Mais en dépit de la grande efficacité de ces séquences d'anthologie en roue libre, Terminator doit notamment son acuité par la dimension humaine des nos protagonistes en fuite, Kyle et Sarah. Un couple en étreinte voué à se rencontrer pour la sauvegarde d'un rejeton prédestiné à sauver l'avenir de l'humanité. Ainsi, en juxtaposant le thème spatio-temporel et l'anticipation pessimiste d'un holocauste imminent, James Cameron exploite un scénario taillé sur mesure où l'efficacité se renouvelle incessamment lors d'un savant dosage d'action, d'ultra violence, d'intensité dramatique et de suspense en crescendo. Les séquences explosives étant réalisées avec une vigueur estomaquante, quand bien même un contraste s'y établit à d'autres instant plus flegmes et intimes quant aux relations empathiques de Kyle et Sarah en incertitude sur notre postérité. Des apartés romantiques magnifiquement dépeintes auprès de leur confidence à la fois ténue, mélancolique et démunie que le score fragile de Brad Fiedel scande avec une discrétion langoureuse.  


Le seul, l'unique Terminator. 
Epique et fascinant, sombre et angoissant, cafardeux et effrayant, poignant et émouvant, Terminator oscille style bourrin et  densité humaine d'un enjeu planétaire en exposant en filigrane une sombre réflexion sur l'avenir de notre technologie perfectible. Sa violence incisive issue d'offensives et de compétitions de survie (à l'amertume désespérée), sa romance contrariée à la fois fébrile et chétive et enfin l'icone Arnold Chwarzenegger en démon de métal font de ce modèle de série B un pur chef-d'oeuvre mortifère dont les images dures, glaçantes, opaques, foudroyantes, ensorcelantes, resteront à jamais gravées dans notre mémoire collective.

Bruno Matéï
20.05.22. 6èx
11.10.12. 

Apport Technique du Blu-ray: 9/10


mardi 9 octobre 2012

LE COUVENT DE LA BETE SACREE (School of the Holly Beast / Sei Ju Gakuen)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site eiga.wikia.com

de Norifumi Suzuki. 1974. Japon. 1h32. Avec Yumi Takigawa, Fumio Watanabe, Emiko Yamauchi, Maya Takikawa.

FILMOGRAPHIE: Norifumi Suzuki est un réalisateur et scénariste japonais, né le 26 Novembre 1933 à Shizuoka, décédé le 15 Mai 2014. 1971: Girl Boss Blues: Queen Bee's Counterattack. 1972: Girl Boss Blues: Queen Bee's Challenge. 1972: Girl Boss Guerilla. 1973: Girl Boss Revenge: Sukeban. 1973: Sex and Fury. 1973: Le Pensionnat des jeunes filles perverses. 1974: Le Couvent de la Bête Sacrée. 1975: Shaolin Karaté. 1979: Vices et Sévices. 1980: Les Tueurs Noirs de l'Empereur fou. 1982: Le Feu de la Vengeance.


Fleuron de la Nunsploitation, sous-genre inauguré en 1971 avec les Diables de Ken Russel, Le Couvent de la Bête Sacrée brave les interdits de la piété avec un cynisme sarcastique assez extravagant. D'un esthétisme baroque dans sa poésie macabre, cette série B d'exploitation nous emmène au sein d'un séminaire, lieu de débauche véreux auquel une assemblée de religieuses sont incapables de réfréner leurs pulsions sexuelles sous l'effigie de Dieu. Mayumi, jeune fille de 18 ans, pénètre au sein de l'institution dans le but de découvrir qui aurait pu être l'auteur du meurtre de sa mère. Mais derrière cette doctrine religieuse se cache les vices les plus répréhensibles auprès de soeurs endoctrinées sous la hiérarchie de chasteté. Cette abstinence les amenant indubitablement à pratiquer moult relations intimes dans leurs expériences saphiques ou hétéros. En prime, le prêtre particulièrement discret lors de ses visites impromptues est un hérétique délibéré à railler l'impuissance de Dieu. Au milieu de cette débauche où les tortures sont quotidiennement infligées aux nonnes les plus indociles par Mère supérieure, Mayumi se contente d'observer en attendant le moment propice pour accomplir sa vengeance.


Mis en scène avec un brio inspiré et surtout transcendé par la beauté formelle de ces images stylisées, le Couvent de la Bête Sacrée déploie sans modération nombre de séquences érotiques d'une audace blasphématoire. Relations sulfureuses entre lesbiennes douées de pulsions incontrôlées, intrusion illicite de deux marginaux en interne du couvent pour violer l'une d'entre elles, ou encore acte incestueux auprès d'un paternel infidèle. Mais ce libertinage perpétré à l'abri des regards indiscrets est régulièrement épié par des nonnes trop curieuses. En guise de sanction exemplaire d'avoir osé offenser la vertu de chasteté, divers sévices corporels leur sont infligés afin d'exorciser et libérer le démon enfanté ! Ces séquences de tortures épurées sont réalisées avec une élégance singulière pour transcender la beauté macabre d'un érotisme fétichiste. En outre, une séquence de mise à mort pourra rappeler aux amateurs la démesure baroque d'un Argento plutôt inspiré d'avoir sublimé quelques années plus tard un opéra de danse cabalistique. En l'occurrence, le réalisateur préfigure son style novateur avec ce tableau pictural d'un corps suspendu dans le vide par une corde, les jambes ruisselantes de sang aux abords d'une mosaïque décorative !


Etrange film compromis à la tendance fétichiste du Nunsploitation, le Couvent de la Bête Sacrée est un blasphème anti religieux d'une élégance éhontée. Une provocation impudente, un témoignage ironique de l'accoutumance sexuelle innée en chacun de nous et un pied de nez à l'enseignement sectaire du christianisme. D'une sensualité torride et d'une poésie immaculée, cette vendetta en demi-teinte s'obscurcie au fil d'une lourde révélation liée à la filiation parentale. Et l'ange de la vengeance de perpétrer sa douce rancoeur avec une grâce méthodique. 

Dédicace à Nicole Leopoldine Staudigl
09.10.12. 2èx
Bruno Matéï


lundi 8 octobre 2012

APPORTEZ MOI LA TETE D'ALFREDO GARCIA (Bring Me the Head of Alfredo Garcia)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood70.com

de Sam Peckinpah. 1974. U.S.A. 1h52. Avec Warren Oates, Isela Vega, Robert Webber, Gig Young, Kris Kristofferson, Emilio Fernandez, Helmut Dantine.

Sortie salles France: 2 Janvier 1975. U.S: 14 Août 1974

FILMOGRAPHIE: Sam Peckinpah est un scénariste et réalisateur américain, né le 21 Février 1925, décédé le 28 Décembre 1984.
1961: New Mexico, 1962: Coups de feu dans la Sierra. 1965: Major Dundee. 1969: La Horde Sauvage. 1970: Un Nommé Cable Hogue. 1971: Les Chiens de Paille. 1972: Junior Bonner. Guet Apens. 1973: Pat Garrett et Billy le Kid. 1974: Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia. 1975: Tueur d'Elite. 1977: Croix de Fer. 1978: Le Convoi. 1983: Osterman Week-end.


Western moderne consacré à une traque sans rémission, Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia est une marche funèbre vers la désolation. L'odyssée aride la plus nihiliste et désenchantée de la carrière du cinéaste. Un couple se retrouve imbriqué dans une suite de vicissitudes sordides afin de pouvoir s'approprier la tête humaine d'Alfredo Garcia. La raison de ce décret émane de l'idylle sans lendemain entretenue avec ce séducteur et la fille d'un patriarche véreux. C'est en échange d'une somme d'argent considérable offerte par ce dernier que Bennie décide d'entamer cette sale besogne avec l'entremise de sa concubine. Mais l'individu recherché est déjà mort !


Jusqu'au boutiste et d'un désespoir particulièrement éprouvant, Sam Peckinpah nous illustre ici l'interminable chemin de croix d'un voyou en perte de vitesse, partagé entre l'appât d'un gain faramineux et l'idylle sereine avec sa partenaire amoureuse. Le portrait dérisoire d'un individu corrompu par sa condition marginale mais rattrapé par son empathie amoureuse. Par son instinct cupide lié à sa condition sociale miséreuse, il va devoir faire face à sa responsabilité morale, sa culpabilité après avoir braver ses adversaires dans une dérive meurtrière indigne. C'est au sein d'une contrée mexicaine précaire où les laissés pour compte, bandits et mercenaires mesquins tentent d'y survivre que Bennie décide de retrouver une tombe pour exhumer la tête putréfiée d'un cadavre. Baignant dans une atmosphère solaire irrespirable, l'ambiance malsaine qui s'y dégage résulte notamment de l'insolite présence d'une tête en putréfaction, maladroitement enfouie dans un sac rempli de glace. Par une succession d'altercations malchanceuses et le sacrilège d'avoir osé profaner la sépulture d'une ancienne connaissance, la destinée morbide de bennie est inévitablement impartie aux conséquences de l'indécence et du sang de certains innocents. Dans le rôle crépusculaire de Bennie, Warren Oates promène sa dégaine de cow-boy solitaire à la manière d'un fantôme errant. Il traîne sa silhouette sagouine avec une nonchalance amère suivie d'une rancune vindicative aux accents suicidaires. Secondé par la compagne soumise, éprise d'amour pour ce machiste bourru, Isela Vega apporte la touche romanesque avec autant d'aspiration pour son mariage auguré que de regret pour l'obstination intraitable de son amant. 


Traversé d'éclairs de violence crue et d'un nihilisme radical mais inévitable, Apportez moi la tête d'Alfreda Garcia est le western putride dédié au déclin miséreux d'un marginal galvaudé par son entêtement. Le cri de haine désespéré d'un paumé stoïque, en quête de rédemption et rongé par la culpabilité mais finalement exposé à une vengeance aveugle. Sévère constat d'un marginal discrédité, compromis à une hécatombe impitoyable où aucun des participants ne pourra sortir vainqueur. Un chef-d'oeuvre de nihilisme emportant l'empathie du spectateur vers les méandres de l'aigreur.

Apport technique du Blu-ray: 6,5/10
08.12.12. 3èx
Bruno Matéï 

jeudi 4 octobre 2012

Le Masque de la Mort Rouge / The Masque of the Red Death

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinelounge.org

de Roger Corman. 1964. U.S.A/Angleterre. 1h30. Avec Vincent Price, Hazel Court, Jane Asher, David Weston, Nigel Green, Patrick Magee, Paul Whitsun-Jones, Robert Brown.

Sortie salles France: 8 Octobre 1969. U.S: 24 Juin 1964

FILMOGRAPHIERoger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: Le Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


Les ténèbres, le déclin et la mort rouge étendirent leur empire illimité sur tout. 
Edgar Allan Poe

D'après une histoire d'Edgar Allan Poe, Roger Corman réalise en 1964 l'une de ses plus belles réussites sous la bannière du plus célèbre des romanciers gothiques. Le Masque de la Mort Rouge fait parti de sa septième adaptation, juste avant qu'il ne clôture son cycle Poe avec une dernière pièce maîtresse: la Tombe de Ligeia. Le PitchDans l'Italie du 12è siècle, le prince Prospero sème la terreur auprès des paysans vivants dans des conditions miséreuses. Par la désobéissance de certains d'eux, il décide d'emprisonner le père et l'amant de Francesca dans son château afin de courtiser cette dernière. Pendant ce temps, sous l'apparence d'une silhouette rouge, une étrange épidémie se répand sur la région et contamine un à un les défavorisés. Chef-d'oeuvre du fantastique dans toute sa flamboyance gothique, le Masque de la Mort Rouge est un étrange conte sur la fatalité de la mort. Baignant dans une atmosphère onirique, crépusculaire, pour ne pas dire baroque et atypique, cette cérémonie cynique est avant tout une réussite formelle vouée à l'allégeance macabre d'adorateurs de Satan. 


Ainsi, nous sommes frappés de stupeur face à la scénographie insolite des chambres secrètes du château ayant communément une nuance monochrome bien distincte. Il y a notamment l'extravagance d'un vaste réfectoire prêt à recevoir les nobles invités de Prospéro alors qu'un bal costumé est sur le point d'en célébrer l'agonie. Tandis qu'au sous-sol, des prisonniers parqués dans des cachots rubigineux attendent leur inévitable sort. D'un point de vue graphique, la violence audacieuse (pour l'époque !) de deux séquences surprend encore aujourd'hui par son réalisme cuisant (l'attaque du corbeau sur Juliana et Alfredo embrasé par les flammes). En talent de conteur attentionné et sous couvert d'un récit fantastique imprégné de mystère et de séquences imprévisibles d'une aura à la fois lunaire et sépulcrale (notamment au niveau des réactions hilares des figurants aristos imbibés d'impertinence), Roger Corman confronte la dualité du Bien et du Mal à travers la religion du christianisme et le culte du satanisme. Francesca, jeune paysanne pieuse n'aura de cesse durant son cheminement d'implorer à Prospero son éthique inscrite dans la sagesse car fondée sur les notions de tolérance et respect d'autrui. Mais le prince dénué de vergogne puisque corrompu par le vice, la cupidité et la mégalomanie n'éprouvera qu'indifférence aux regards des plus faibles. Alors que sa vénale assemblée aura droit à un traitement de faveur pour rester au sein du château et ainsi se prémunir de l'épidémie mortelle qui jalonne la campagne. 


Avec une cruelle dérision, le cinéaste met en exergue les effets pervers de l'omnipotence d'une monarchie, de cette autonomie immorale à asservir les plus démunis par cupidité. Il n'hésite pas à ridiculiser ses hôtes voués à accomplir des jeux risibles en communauté par guise d'ennui mais aussi pour divertir la galerie (se comporter tel un animal de compagnie en marchant à quatre pattes ou se déguiser en gorille et gesticuler face à un public hilare dénué de morale !). Et pour iconiser le profil mesquin d'un roi entièrement voué à servir Satan, Vincent Price donne chair à son personnage avec une spontanéité renversante. Car de façon sardonique, en se vautrant dans une triviale désinvolture, il perpétue ses sévices sadiques envers n'importe quel quidam (nobles comme prolétaires) avec une posture impassible particulièrement rogue. Quand à son partenaire Alfredo, tout aussi insidieux et déloyal, c'est Patrick MacGee qui s'y investi avec autant d'égotisme mais aussi d'opportunisme à double tranchant.


Chaque homme se créé son propre dieu, son propre paradis, son propre enfer
D'une beauté picturale rappelant l'esthétisme baroque d'Argento à ses heures de gloire de Suspiria, Le Masque de la Mort Rouge s'agence autour d'un carnaval de damnés fustigés par la maladie, là où la mort rouge reprend naturellement ses droits afin d'y dénoncer la supercherie du Mal. L'interprétation magistrale de Vincent Price d'une cruauté inégalée et la sobriété des seconds rôles renforçant sa vraisemblance occulte sous l'hégémonie d'un cinéaste littéralement au sommet de son art. Tant et si bien que par son parti-pris ambitieux Le Masque de la mort Rouge demeure d'une modernité déconcertante à chaque révision. Tant auprès de sa pléthore de séquences lunaires habilement structurées, de sa violence âpre décomplexée que de sa profondeur psychologique imparties à la théorie du Bien et du Mal. 

*Bruno
31.12.22. 5èx
04.10.12. 

La chronique de la Chute de la maison Usher: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/09/la-chute-de-la-maison-usher-house-of.html
La chronique de La Tombe de Liegia: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/09/la-tombe-de-liegia-tomb-of-ligeia.html

                                     

mercredi 3 octobre 2012

THE THEATRE BIZARRE


de Buddy Giovinazzo, Karim Hussain, David Gregory, Jeremy Kasten, Tom Savini, Douglas Buck, Richard Stanley. 2011. U.S.A. 1h54. Avec Udo Kier, Catriona McColl, Virginia Newcomb, Shane Woodward.

Sortie salles France uniquement en Dvd et Blu-ray: 3 Octobre 2012

Introduction: (Info Allo Ciné)
Attention, ce film peut provoquer des évanouissements… Telle pourrait être la tagline du film The Theâtre Bizarre, compilation de sept courts métrages horrifiques. Présenté dans divers festivals dont celui de Gérardmer, le film provoque de drôles de réactions puisque 4 personnes se sont évanouies et une autre a dû sortir précipitamment de la salle pour vomir. Le court métrage responsable serait Vision Stains du canadien Karim Hussain, qui suit une tueuse accro aux souvenirs visuels d’autres personnes. Pour satisfaire sa dépendance celle-ci insère l’aiguille d’une seringue (filmé en gros plan) dans l’œil de ses victimes puis dans son œil…


Précédé d'une réputation sulfureuse (voir intro ci-dessus !) et toujours inédit en salles en France, The Theâtre Bizarre reprend le concept du film à sketch pour nous illustrer 6 histoires horrifiques particulièrement dérangeantes et hard-gore. Esthétiquement soigné et pourvu d'une ambiance singulière véhiculant un malaise tangible, cette nouvelle anthologie nous propose des récits inégaux sans toutefois laisser le public indifférent grâce à son efficience régulière et l'audace subversive. En l'occurrence, on sent bien que chacun des réalisateurs à souhaité proposer à l'amateur du genre un spectacle déviant où la poésie macabre ou morbide émane de situations fantasmatiques, entre onirisme extravagant et horreur chirurgicale.

Une jeune femme est irrésistiblement attirée par un cinéma abdiqué. A l'intérieur, un automate humain lui énonce 6 histoires à venir. Pour chaque récit narré, un nouveau pantin se dévoile sur la scène de théâtre tandis que la spectatrice semble perdre pied avec la réalité. 


Le 1er récit, The Mother of Toads de Richard Stanley, débouche sur un univers païen vis à vis d'une sorcière réfugiée au fond d'une cabane afin d'appâter un jeune vacancier fasciné par le Necronomicon. Sans surprise mais pourvu d'une certaine efficacité dans la conduite narrative, ce préambule réussit tout de même à nous séduire par son ambiance diaphane et pastel. Sa poésie macabre émanant d'une nature hostile où d'inquiétants crapauds scrutent la forêt afin d'appréhender le quidam égaré. 
I love You de Buddy Giovinazzo nous conte une histoire d'adultère entre un mari jaloux et une amante dissolue. Le thème conjugal traité avec sarcasme puis sans ambages tire sa force par l'ambiguïté psychologique des deux amants antinomiques et débouche sur une conclusion licencieuse où la jalousie confine vers la schizophrénie.   
Wet Dreams de Tom Savini traite notamment d'un conflit matrimonial entre un époux infidèle et sa femme vindicative. Souffrant de terreurs nocturnes liés à la récurrence de songes cauchemardesques,  l'homme décide de consulter un psychanalyste pour tenter de comprendre ses visions horrifiantes de pénis sectionné, cuisiné ensuite par sa propre épouse ! On tient ici l'un des sketchs les plus débridés et erratiques dans cette confusion altérée du personnage asservi, entre sa part de songe et réalité !


The Accident de Douglas Buck se révèle à mes yeux LE sketch le plus stylisé et maîtrisé mais aussi le plus mature vis à vis du ton mélancolique de sa pudeur humaine. Une mère et sa petite fille sont témoins d'un accident mortel de moto. Choquée par l'apparition du cadavre sans vie, la fillette va tenter de comprendre par l'entremise de sa maman pour quelle raison la mort s'accapare sans prévenir de notre existence. Elégie de la mort dans toute sa cruauté et son iniquité, The Accident aborde le tabou avec une émotion sensitive sous le regard candide de l'enfant. Avec une ambition esthétique morbide proche de l'expérimental Aftermath de Nacho Cerda, Douglas Buck établit une réflexion existentielle sur le sens de la mort, sa cruelle lamentation et l'intérêt d'accorder une faveur à l'aubaine de la vie. Sublime et désenchanté mais d'une tendresse infinie pour l'aspiration prochaine du bonheur !
Vision Stains de Karim Hussain est sans doute l'un des segments les plus glauques et extrêmes, mais aussi le plus original pour tenter de percer les mystères de la vie au-delà de la mort. Une tueuse en série s'accapare des souvenirs des miséreux avec l'aide d'une seringue injectée dans la rétine oculaire. Déroutant, poétique et désespéré, l'intrigue dédiée à la réminiscence des souffres-douleurs se clôt sur une ambivalence occulte, aussi nihiliste que salvatrice pour le destin de sa criminelle !
Enfin, Sweets de David Gregory parachève l'anthologie sur la soumission conjugale en traitant du cannibalisme. Forme allégorique de l'amour vampirique voué à la consommation lorsqu'un couple boulimique s'entredévore par dépit amoureux. Visuellement insolite et raffiné pour mettre en exergue une débauche culinaire, Sweets est une impudente farce macabre à l'insolence sardonique. Méfiance tout de même car la nausée risque de provoquer les "haut le coeur" chez les plus sensibles !


Indubitablement inégal mais souvent intrigant et déconcertant, The Theâtre Bizarre est une oeuvre scabreuse baignant dans la corruption avec une autonomie couillue. Formellement gracile, mis en scène avec rigueur et émaillé de séquences gores d'une verdeur viscérale, ce théâtre morbide renouvelle le genre hétéroclite avec une certaine originalité. D'autant plus que l'ambiance hors norme et sa galerie de personnages marginaux risquent d'en dérouter plus d'un ! Ce qu'il convient de le réserver à un public averti pour son réalisme acéré.

03.10.12
Bruno Matéï


mardi 2 octobre 2012

EXPENDABLES 2: Unité Spéciale (The Expendables 2)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site nicetomeetu.fr

de Simon West. 2012. U.S.A. 1h42. Avec Sylvester Stallone, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, Jean-Claude Vandamme, Chuck Norris, Jason Statham, Jet Li, Dolph Lundgren, Novak Djokovic.

Sortie salles France: 22 Août 2012. U.S: 17 Août 2012

FILMOGRAPHIE: Simon West est un réalisateur, producteur et scénariste britannique, né en 1961 à Letchworth (Royaume-Uni).
1997: Les Ailes de l'Enfer
1999: Le Déshonneur d'Elisabeth Campbell
2001: Lara Croft: Tomb Raider
2006: Terreur sur la Ligne (remake)
2011: Le Flingueur
2012: Expendables 2: Unité Spéciale


Deux ans après leurs premiers exploits, les Expendables sont de retour sous la houlette d'un réalisateur lucratif plutôt conventionnel, Simon West (même si l'impayable les Ailes de l'Enfer était sacrément attractif dans son délire revendiqué). Exit donc Stallone derrière la caméra et place aussi à une nouvelle ribambelle de vétérans notoires du cinéma des années 80 ! Chuck Norris et Jean Claude Vandamme mais aussi Arnold Schwarzenegger ainsi que Bruce Willis (dans des apparitions plus éloquentes que leur caméo du 1er volet).


Cette fois-ci, sous l'injonction de Mr Chapelle, les Expendables ont pour mission de parcourir l'Albanie afin de récupérer un coffre dans la carcasse d'un avion. Mais pour ouvrir la boite codée,  Maggie Chang, une experte, participe notamment à la tâche. Sur place, après avoir retrouvé le mystérieux objet, Barney et son équipe sont sur le point de quitter le territoire. Mais un leader terroriste, Jean Vilain, accompagné d'une escouade de militaires (les "sangs"), les en empêchent afin de s'emparer du coffre. S'ensuit une altercation qui tourne mal puisque la nouvelle recrue des Expendables, Billy Timmons, est sauvagement exécuté ! Fou de colère, Barney et son équipe jurent de se venger de leur tortionnaire. En outre, après avoir découvert ce que renfermait le contenu de la boite (une topographie d'un lieu !) par l'entremise de Maggie, ils vont également tenter de retrouver 5 tonnes de plutonium planqués dans une mine albanaise où des paysans molestés sont exploités comme de véritables esclaves.


Le scénario convenu et éculé est évidemment un prétexte afin d'exploiter la bravoure de quelques scènes belliqueuses pétaradantes. Avec son préambule monstrueusement explosif et son final dantesque tout aussi anthologique, The Expendables 2 ne déroge pas à la règle et propose même de mon point de vue une version améliorée du 1er volet ! Néanmoins, nous sommes toujours bien en présence d'un simple plaisir coupable du samedi soir conçu pour ranimer la flamme des actionner d'exploitation qui ont envahi nos écrans durant les années 80. La bonhomie naïve et la complicité de nos héros (plus attachants !) renforcent le caractère sympathique de ce blockbuster jamais avare en loufoquerie. D'autant plus que la verve ironique de certains dialogues font souvent illusion pour amuser le spectateur. En prime, le dépaysement alloué à son décor soviétique d'un village abdiqué ou la scénographie occulte d'une grotte exploitée à des fins délétères ajoutent un certain charme vintage à l'ensemble. On sera aussi étonné de la petite touche gothico-hybride lors d'une altercation en interne d'une chapelle lorsque des moines encapuchonnés vont utiliser l'arme blanche et pratiquer les arts martiaux pour désarmer l'antagoniste ! Mais Simon West n'oublie pas non plus d'accorder une certaine empathie dramatique au début de l'intrigue à propos de l'exécution sommaire pratiquée à l'un des sbires des Expendables par l'ignoble Jean Vilain (Van Damme en lunettes noires jubile dans un rôle tyrannique et cabotine sans modération !). Alors que son épilogue poignant laisse évacuer une certaine mélancolie pour décrire un Stallone émotionné afin de saluer ses deux derniers briscards de la vieille époque (Willis et Schwarzenegger). De les contempler tous les trois réunis dans le même cadre pour tenir lieu d'un "au-revoir" (ou d'un adieu ?) a quelque chose d'émouvant chez le fan trentenaire issu des eighties.


Nanar ludique dédié à la personnalité virile de ces anciennes gloires du cinéma d'action vétuste, The Expendables 2 est difficile à désapprouver chez l'amateur du genre tant nos illustres comédiens (les vétérans comme les nouveaux sex-symbol, Jason Statham en tête !) sont à la fête. Cette seconde mouture aussi puérile qu'attractive sait donc utiliser avec un peu plus d'efficience que son précédent volet action et humour au gré d'une sincérité attendrissante. On est même en droit d'escompter un 3è volet encore plus prometteur...

02.10.12
Bruno Matéï
                                    


lundi 1 octobre 2012

HARD CANDY

Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de David Slade. 2006. U.S.A. 1h43. Avec Ellen Page, Patrick Wilson, Sandra Oh, Jennifer Olmes, Gilbert John.

Sortie salles France: 27 Septembre 2006. U.S: 14 Avril 2006

FILMOGRAPHIE: David Slade est un réalisateur britannique, né le 26 Septembre 1969 au Royaume Uni.
2005: Hard Candy
2007: 30 Jours de Nuit
2010: Twilight - Chapitre 3: Hésitation
2011: R.E.M (TV)
2012: The Last Voyager of Demeter. Daredevil reboot


Pour sa première réalisation, le british David Slade nous confronte à un huis-clos suffocant et tendu pour une variation contemporaine du Petit Chaperon Rouge. Hard Candy nous illustrant de manière éprouvante la confrontation psychologique entre un potentiel pédophile et une gamine vindicative de 14 ans, délibéré à punir un meurtrier d'enfant. Au sein de sa demeure familiale, Jeff Kohlver, photographe notoire, est kidnappé par une adolescente préalablement rencontrée sur le net. Du haut de ses quatorze ans, Hayley Stark va tenter par tous les moyens de faire avouer à ce potentiel tortionnaire le meurtre de la petite Donna Mauer. S'ensuit une sempiternelle confrontation entre les deux sujets, où victime et bourreau vont fusionner pour nous interpeller sur leur véritable motivation.


Atmosphère lourde et feutrée en interne d'un pavillon classieux auquel deux individus vont devoir s'affronter dans une lutte à mort, Hard Candy n'est pas le genre de divertissement docile conçu pour épater le spectateur afin d'alterner rebondissements et suspense oppressant. En effet, même si la notion de suspense est probante, ce thriller psychologique particulièrement malsain et dérangeant privilégie surtout l'ambiguïté, l'interrogation afin de laisser planer le doute au spectateur sur la véritable identité des protagonistes. L'idée judicieuse invoquée dans le film est d'avoir daigné inverser les rôles impartis puisque la victime traditionnelle se révèle en l'occurrence une tortionnaire à la vergogne  douteuse alors que le monstre a cette fois-ci endossé la place du souffre-douleur. La force brutale de Hard Candy, outre son caractère psychologique trouble et déstabilisant renforcé par une réalisation rigoureuse, puise dans le réalisme cru d'un calvaire interminable où la castration tient une place de choix ! Un jeu perfide et masochiste où une ado de 14 ans a décidé d'humilier et punir un éventuel assassin d'enfant. A bout de course, le point d'orgue révélateur ira jusqu'au bout de son ambition vindicative pour démasquer enfin le véritable profil imparti aux protagonistes. Un épilogue glaçant par sa moralité subversive puisque les exactions illicites allouées à une mineur intransigeante (véritable ange de la vengeance des martyrs infantiles !) provoquent le désarroi face à tant de barbarie imposée.
Dans le rôle ambivalent d'une justicière expéditive, la comédienne juvénile Ellen Page se révèle très impressionnante en tyran inflexible alors que son habileté psychologique nous désarçonne pour un si jeune âge. Son jeu outrancier et sadique face aux tortures infligées à son otage impose néanmoins auprès du spectateur une interrogation sur sa potentielle pathologie mentale. Pour la victime molestée, Patrick Wilson inspire de prime abord une impression vertueuse par sa bonhomie, sa prestance élégante et son intelligence érudite. Il insuffle ensuite une empathie inévitable face à son calvaire imposé mais ne cesse de nous questionner sur sa conviction persuasive à supplier son innocence.


Aux confins du marasme par sa claustration imposée et l'intensité qui émane des enjeux, Hard Candy est un thriller psychologique d'une verdeur et d'un réalisme jusqu'au-boutiste pour en sortir indemne. Violent et perturbant mais aucunement complaisant, sa densité psychologique rehaussée par le jeu épidermique des comédiens ne cesse de nous interpeller car la notion de Bien et de Mal est ici à reconsidérer. En résulte une oeuvre choc monolithique qui déroge les lois de la bienséance avec dextérité et refus d'esbroufe. A réserver néanmoins à un public averti et responsable pour son caractère malsain (d'où l'interdiction imposée au moins de 16 ans).

01.10.12. 2èX
Bruno Matéï