de Jean Jacques Annaud. 1986. Italie/France/Allemagne de l'Ouest. 2h13. Avec Sean Connery, Christian Slater, Dwight Weist, Helmut Qualtinger, Elya Baskin, Michale Lonsdale, F. Murray Abraham, Volker Prechtel, Feodor Chaliapin Jr.
Sortie salles France: 17 Décembre 1986. U.S: 24 Septembre 1986. Italie: 17 Octobre 1986
FILMOGRAPHIE: Jean Jacques Annaud est un réalisateur, scénariste et producteur français, né le 1er Octobre 1943 à Juvisy-sur-Orge (Essonne). 1976: La Victoire en chantant. 1979: Coup de Tête. 1981: La Guerre du Feu. 1986: Le Nom de la Rose. 1988: l'Ours. 1992: l'Amant. 1995: Guillaumet, les ailes du courage. 1997: Sept ans au Tibet. 2001: Stalingrad. 2004: Deux Frères. 2007: Sa Majesté Minor. 2011: Or Noir.
Cinq ans après le césarisé La Guerre du Feu, Jean-Jacques Annaud s’attribue une nouvelle fois la récompense du Meilleur Film (Étranger) avec Le Nom de la Rose, d’après le roman d’Umberto Eco. Thriller gothico-horrifique, aventure, suspense, romance et vérité historique s’agencent pour transcender une intrigue criminelle à l’aura médiévale imprégnée de mystère.
Synopsis: Le franciscain Frère Guillaume, accompagné de son jeune disciple Adso de Melk, est chargé d’élucider une série de morts suspectes au sein d’une abbaye du nord de l’Italie, en 1327. Accidents, suicides et meurtres se succèdent parmi l’assemblée de moines bénédictins. Rapidement, Guillaume de Baskerville repère un indice troublant sur les corps martyrisés : une tâche noire imprimée sur la langue et l’un des pouces des sinistrés. En parallèle, la communauté religieuse est soumise à l’autorité sectaire de Jorge de Burgos, un prêtre fanatique interdisant le rire, accusé d’affaiblir la foi. Un livre défendant les bienfaits de l’humour serait à l’origine de cette vague de crimes morbides.
Dans une superbe photo naturelle, en clair-obscur, Le Nom de la Rose s’impose d’abord comme une réussite formelle ancrée dans un gothisme viscéral, au cœur d’un séminaire diaphane perché au-delà des plaines. En franciscain de Baskerville, notre briscard Sean Connery mène l’enquête avec un instinct perspicace, dans la peau d’un détective indéfectible.
Avec la complicité juvénile de Christian Slater, en disciple attentif et timoré, secrètement épris d’une sauvageonne, ils forment un tandem inopiné, aussi passionnant qu’érudit. L’intrigue, solidement charpentée sur une vérité historique, fustige l’obscurantisme religieux et sa juridiction inquisitrice, tout en tressant un suspense rigoureux jalonné de morts sordides : tête broyée sous une pierre, noyade dans une cuve de sang, crémation, empoisonnement… L’ambiance, d’une densité pesante, s’épanouit dans les décors gothiques d’un monastère labyrinthique, orné de pièces secrètes – notamment le dédale vertigineux de la bibliothèque – qui envoûtent par leur tangibilité presque horrifique. La superstition sataniste, inculquée par une doctrine intégriste, suinte des murs de pierre, tandis que d’horribles tortures sont infligées à des innocents damnés. En sourdine, le score inquiétant de James Horner distille une tension diffuse, accompagnant nos deux détectives emmitouflés de leur soutane dans une sinistre investigation.
Avec sa densité narrative consacrée à dénoncer le fondamentalisme, Jean-Jacques Annaud illustre aussi une bouleversante histoire d’amour, à travers la romance candide du jeune Adso, capucin épris d’une sauvageonne démunie, mais séparés par l’ordre de la piété.
D’une richesse thématique et esthétique saisissante, Annaud trouve le juste équilibre entre divertissement intelligent et réflexion historique, dans une époque médiévale gangrenée par l’intolérance et soumise à l’ignorance des dogmes. Sobrement incarné par deux illustres comédiens, mais aussi par d’étonnants seconds rôles à la trogne patibulaire, Le Nom de la Rose écorche la doctrine catholique, là où rire, sexe et amour osent défier ses fondements. Captivant de bout en bout, immersif en diable, chaque genre s’y mêle avec une fluidité confondante. Sacre d’un chef-d’œuvre exhaustif, qu’Annaud marqua une nouvelle fois de son empreinte consciencieuse.
— le cinéphile du cœur noir
Prix David di Donatello de la Meilleure Direction Artistique, des Meilleurs Costumes et de la Meilleure Photographie, 1987.
Prix du film Allemand du Meilleur Acteur (Sean Connery) et de la Meilleure Direction Artistique, 1987.
Ruban d'Argent de la Meilleure Photographie, des Meilleurs Costumes et de la Meilleure Direction Artistique, 1987.
BAFTA Awards du Meilleur Acteur (Sean Connery) et du Meilleur Maquillage, 1988
Ambiance singulière dans des décors qui stigmatiseraient votre fibre religieuse, le meilleur des Annaud avant qu'il ne s'enlise dans la volonté d'éblouir et donc d'en faire trop. Stalingrad reste l'exception.
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