jeudi 30 octobre 2014

HALLOWEEN 2. Director's Cut.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site nitehawkcinema.com

de Rob Zolmbie. 2009. U.S.A. 1h59 (Director's Cut). Avec Scout Taylor-Compton, Malcolm McDowell, Tyler Mane, Brad Dourif, Danielle Harris, Sheri Moon Zombie, Brea Grant.

Sortie en Dvd et Blu-ray le 31 Mars 2010. Sortie salles U.S: 28 Août 2009

FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts. 2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


Suite du remake entamé 3 ans au préalable, Halloween 2 joue la carte de l'anticonformisme par le biais d'un Rob Zombie délibéré à démystifier l'icone fantomatique de Michael Myers. Echec public et critique outre-atlantique qui valut à la France de le bannir des écrans pour le sortir directement en Dvd et Blu-ray, ce second opus a de quoi déconcerter les puristes de la franchise tant le réalisateur s'épanche à réinventer le slasher avec audace et brutalité inédite pour le genre. Le pitchDeux ans après les tragiques évènements du précédent épisode, Laurie Strode essaie de se reconstruire de son traumatisme avec l'aide d'une thérapeute. De son côté, le Dr Loomis s'est reconverti en écrivain afin de promouvoir le récit de sa traque sur Michael Myers. Alors que les festivités d'Halloween approchent, le tueur masqué revient faire surface à Haddonfield afin de régler ses comptes auprès de sa soeur logée sous l'enseigne du shérif Brackett. D'une violence hardcore particulièrement acérée, Halloween 2 est loin de renouer avec la suggestion entreprise chez Carpenter dans le premier volet, l'intrigue laissant libre court à une succession de meurtres d'une sauvagerie inouïe ! Baignant dans un climat onirico-macabre (la fête d'Halloween organisée autour d'un concert rock auquel le public s'est affublé de masques issus des monstres de la Universal, les apparitions spectrales de Deborah vêtue de blanc et accompagné du petit Michael, les rêves de Laurie hérités de l'univers macabre de Tim Burton !), Halloween 2 succède au réalisme cru pour mettre en exergue les agissements meurtriers de Michael Myers ! 


Incarnation du Mal absolu, il fait aujourd'hui son retour sous la sinistre apparence d'un clodo barbu, tantôt dévoilé à visage découvert, tantôt camouflé d'un masque morcelé. Déambulant dans la campagne nocturne afin de regagner la contrée d'Haddonfield, il laisse derrière lui nombre de victimes parfois massacrées à mains nues ! Si l'intrigue n'a rien de transcendant dans la requête familiale de Michael Myers, la mise en scène studieuse de Zombie réussit à renouveler l'intérêt par le comportement hostile du tueur à la cruauté éprouvante. Outre l'efficacité redoutable des mises à mort cinglantes et de la tension exercée sur sa diabolique présence, Rob Zombie brosse également le portrait d'une Laurie Stode quasi méconnaissable dans sa fonction de marginale dépressive hantée par les mêmes visions surnaturelles que son frère. Profondément perturbée et sujettes à des névroses psychotiques, son rôle fragile nous insuffle l'empathie dans sa tentative désespérée de se débarrasser de ses démons et de l'acharnement de son frère. Quand à l'illustre Dr Loomis, il est ici recyclé en écrivain cupide afin d'accéder à la notoriété et avant de se racheter une conduite dans un dernier acte révélateur. C'est du moins ce que nous révèle le Director's cut puisque tous ces personnages iconiques font office de détournement au profit d'une idée astucieuse qui va permettre de lever le voile Spoiler ! sur la nouvelle personnalité de Laurie Strode/Angel Myers (l'objet de sa filiation maudite et les raisons impliquant ses visions spirituelles !) et de conclure la saga parmi la cohérence de son état mental. Fin du spoiler


Angoissant et terrifiant de par son climat d'insécurité et la stature bestiale du tueur, éprouvant et cruel par ses éclairs de brutalité (le massacre dans la demeure de Brackett nous laisse les mains moites dans son intensité aride !), Halloween 2 ose la gageure de détourner le mythe parmi la personnalité de son auteur transfigurant un univers onirico-macabre et réaliste. Il y émane une oeuvre formelle impeccablement maîtrisée, à l'instar de son montage vigoureux et du jeu spontané des comédiens particulièrement impliqués dans leur fonction de survie (sans compter les apparitions clins d'oeil de Margot Kidder et de la jeune Danielle Harris déjà entrevue dans Halloween 4 et 5). 

*Bruno
2èx


mercredi 29 octobre 2014

FRANKENSTEIN

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site luxedb.com

de James Whale. 1931. U.S.A. 1h11. Avec Boris Karloff, Colin Clive, Mae Clarke, John Boles, Edward Van Sloan, Dwight Frye.

Sortie salles France: 17 Mars 1932. U.S: 21 Novembre 1931

FILMOGRAPHIE: James Whale est un réalisateur américain, né le 22 Juillet 1889 à Dudley en Angleterre, décédé le 29 Mai 1957 à Hollywood, Los Angeles.
1930 : La Fin du voyage (Journey's End). 1930 : Les Anges de l'enfer. 1931 : Waterloo Bridge.
1931 : Frankenstein. 1932 : Impatient Maiden. 1932 : Une soirée étrange (The Old Dark House)
1933 : The Kiss Before the Mirror. 1933 : The Invisible Man. 1933 : By Candlelight. 1934 : One More River. 1935 : La Fiancée de Frankenstein (Bride of Frankenstein). 1935 : Remember Last Night. 1936 : Show Boat. 1937 : The Road Back. 1937 : Le Grand Garrick (The Great Garrick)
1938 : Port of Seven Seas. 1938 : Sinners in Paradise. 1938 : Wives Under Suspicion. 1939 : L'Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask). 1940 : L'Enfer vert (Green Hell). 1941 : They Dare Not Love. 1942 : Personnel Placement in the Army. 1950 : Hello Out There.


"On dit souvent que la Fiancée de Frankenstein est un meilleur film, mais il y a quelque chose de pur par rapport à l'original. C'est comme explorer un territoire où l'homme n'est jamais allé. L'austérité de la mise en scène et l'absence de musique en font une expérience très onirique. Bien sûr, l'artificialité du film est très prononcée, avec ces studios visibles et une direction artistique évidente, mais je vois une pureté romantique dans son approche de l'horreur. Et bien sûr, la performance de Karloff est phénoménale. Je pense qu'il s'agit de la meilleure version de Frankenstein, même s'il en existe des plus opulentes et des plus complexes. C'est amusant, pendant longtemps, La Fiancée de Frankenstein a été mon épisode favori. Les goûts évoluent, et j'ai fini par embrasser la simplicité de l'original." Joe Dante.

Film mythique s'il en est, inaugurant l'âge d'or de la Universal et tous ces monstres qui prendront le relais, Frankenstein reste le chef-d'oeuvre incontournable du genre sachant qu'aucun cinéaste ni comédien notoire n'ont réussi à le surpasser 80 ans après sa sortie ! Exception faite peut-être avec la série Penny Dreadful transcendant avec souci de réalisme l'intense dramaturgie de la créature réduite au désarroi de la solitude ! Outre l'idée singulière empruntée au roman de Mary Shelley, c'est à dire créer un être vivant à partir de morceaux de corps humains récupérés sur les cadavres de sépulture, Frankenstein puise sa force d'évocation dans l'interprétation de Boris Karloff épaulée des maquillages de Jack Pierce. Pourvu d'une taille imposante, d'une démarche hésitante, d'un front carré et d'un regard abattu, l'acteur se fond dans la carrure du monstre avec une intensité troublante par ses expressions de terreur ou de compassion.


Sur ce dernier point, personne ne peut oublier la séquence intime qui voit le monstre batifoler avec une fillette avant qu'un drame inéluctable ne vienne ternir leur relation amicale. Spoiler ! Persuadé qu'elle puisse flotter à la manière des nénuphars de l'étang, il s'empressera de la jeter dans l'eau sans connaître les conséquences tragiques d'un acte aussi inconscient. Fin du Spoiler. La force dramatique du récit émane justement de sa caractérisation en quête identitaire et de paternité car ne sachant différencier le Bien du Mal depuis sa brutale résurrection. Qui plus est, avec le cerveau d'un ancien criminel, la créature extériorise des pulsions de haine face à l'autorité de l'homme incapable de comprendre son désarroi dans sa position martyrisée ! A travers sa condition d'estropié par la mégalomanie du savant (Colin Clive semble littéralement habité par la folie dans son regard monolithique !), James Whale aborde le sens de la responsabilité parentale et celui de l'éducation lorsque l'innocence se retrouve destituée de soutien et de personnalité. Spoiler ! Pourchassé par les villageois comme un vulgaire criminel depuis la découverte macabre de la fillette, il s'enfuit désespérément dans la forêt, tel un enfant apeuré par la folie vindicative, avant de trouver refuge dans un moulin rapidement incendié. Fin du Spoiler.


Oeuvre charnière pour le genre horrifique, Frankenstein puise sa densité dans l'originalité d'un pitch mettant en exergue la dimension humaine d'une créature livrée à l'intolérance et l'instinct violent de l'homme. Baignant dans un noir et blanc aux éclairages crépusculaires et entièrement dénué de musique, la forme adopte une ambiance baroque que la prestance exceptionnelle de Karloff va renforcer avec symbolisme. 

Bruno Matéï
3èx

mardi 28 octobre 2014

CABAL. Director's Cut. (Nightbreed). Prix Spécial du Jury, Avoriaz 91.

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site geekchunks.com

de Clive Barker. 1990. Angleterre. 2h01 (Director's Cut). Avec Craig Sheffer, Anne Bobby, David Cronenberg, Hugh Quarshie, Charles Haid, Doug Bradley, Oliver Parker, Hugh Ross, Catherine Chevalier.

FILMOGRAPHIE: Clive Barker (né le 5octobre 1952, est un romancier britannique, peintre et cinéaste (réalisateur, scénariste et producteur).
1973: Salome. 1978: The Forbidden. 1987: Hellraiser. 1990: Cabal. 1995: Maître des Illusions (le)

Récompenses:
. Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam 1990.
. Prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1991.


Trois ans après la révélation Hellraiser, Clive Barker transpose à nouveau l'un de ses romans pour transcender la monstrueuse parade d'un bestiaire flamboyant. Echec public et commercial lors de sa sortie, d'autant plus discrédité d'une version tronquée de plus de 20 minutes par les producteurs, Cabal renait aujourd'hui de ses cendres dans une version Director's cut beaucoup plus épique et cohérente. De par l'action encourue lors de son ultime point d'orgue, par le traitement réservé au tueur en série et le cheminement divin de son héros partagé entre l'amour d'une compagne et le devoir de préserver un peuple opprimé. Sur ce dernier point, la caractérisation humaine du couple s'avère d'ailleurs plus romanesque dans leurs sentiments contradictoires à prévaloir l'union conjugale. Perturbé par de récurrents cauchemars auquel il se transpose dans la cité de Midian, refuge de monstres de tous horizons, Boon consulte le psychiatre Decker afin de comprendre les aboutissants de son obsession. Alors qu'un serial-killer sème la mort au sein de la ville, ce jeune patient est rapidement accusé d'en être le coupable, faute du stratagème perfide de son médecin. Abattu par la police lors d'une confrontation musclée, il finit par rejoindre les habitants de la cité de Midian dans sa condition de martyr ! 


Véritable déclaration d'amour aux Monstres où le droit à la différence s'avère le pivot de l'intrigue, Cabal allie conte mythologique et horreur sanglante sous couvert d'action homérique. C'est tout du moins ce qu'impose sa dernière partie beaucoup échevelée dans ce Director's Cut faisant honneur au lyrisme, quand bien même la visite de Lori dans les catacombes s'avère plus imposante afin de mieux contempler la cohabitation du bestiaire humain. Esthétiquement fulgurant et pourvu de remarquables maquillages afin de parfaire la physionomie des monstres hybrides, Cabal envoûte dans l'authenticité de son univers séculaire exploitant avec originalité mythes et légendes dans un contexte moderne. Quand bien même l'icône du fameux serial-killer renoue avec le slasher dans son accoutrement masqué et la vague de meurtres qu'il commet sans vergogne. Outre son instinct sadique à commettre les exactions sur d'innocentes victimes, il s'avère ici contrarié par l'existence des Freaks confinés dans les sous-sols de Midian. Alors que Lori tente de retrouver les traces de son compagnon, Decker va tenter par orgueil démesuré de tout mettre en oeuvre afin d'éradiquer les monstres parmi le soutien de la police. Avec dérision, Clive Barker ironise dans la caricature allouée au tueur, sachant que derrière le masque se planque un éminent psychiatre atteint de maladie mentale ! (Cronenberg s'auto-parodiant avec cynisme non simulé !). Quand aux forces de l'ordre, elles sont ici réduites à la brutalité et l'intolérance de leurs actes totalitaires, quand bien même un prêtre incrédule préfère se rapprocher auprès de la foi éternelle du Cabal. Sous un déluge de feu et d'action, les rapports antinomiques du Bien (les monstres) et du Mal (les humains) vont amener à se confronter afin d'emporter la mainmise ! 


Freakshow
Oeuvre infortunée depuis sa sortie, et ce malgré son Prix Spécial du Jury décerné à AvoriazCabal brille aujourd'hui de 1000 feux dans sa version finale beaucoup plus cohérente et fastueuse. Illustrant avec ambition un univers mythologique où le morbide côtoie la féerie sous alibi du divertissement, Clive Barker réussit à transposer son roman avec souffle épique et dimension humaine des rebuts d'une société animale.  

Bruno Matéï
28.10.14. 4èx
18.07.11. 

vendredi 24 octobre 2014

L'Impasse aux Violences / The Flesh and the Fiends

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site tvclassik.com

de John Gilling. 1960. Angleterre. 1h37. Avec Peter Cushing, June Laverick, Donald Pleasance, George Rose, Renee Houston, Dermot Walsh, Billie Whitelaw.

Sortie salles Angleterre: 2 Février 1960

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Gilling est un réalisateur et scénariste anglais, né le 29 Mai 2012 à Londres, décédé le 22 Novembre 1984 à Madrid (Espagne).
1957: Pilotes de haut-vol. 1958: Signes particuliers: néant. 1959: L'Impasse aux Violences. 1961: Les Pirates de la Nuit. 1962: L'Attaque de San Cristobal. 1966: L'Invasion des Morts-Vivants. 1966: La Femme Reptile. 1967: Dans les Griffes de la Momie. 1975: La Cruz del diablo.


"Ceci est l'histoire d'hommes et d'âmes damnés. C'est une histoire de vice et de meurtre. Nous n'avons pas d'excuses à faire aux morts. Tout est vrai." 

Seconde adaptation de l'histoire vraie des tueurs en série Burke et Hare ayant sévi dans l'Angleterre du 19è siècle, l'Impasse aux violences retrace leurs exactions criminelles pour le compte d'un éminent médecin, le Dr Knox. Afin de progresser dans sa recherche médicale, ce dernier se motivait à disséquer des cadavres que les lurons exhumèrent des cimetières pour une poignée de guinées. Seulement, plus le corps était fraîchement décédé, plus la récompense augmentait. Les deux malfrats décidèrent donc de passer au meurtre afin de combler les attentes du docteur. Cette histoire sordide soigneusement documentée, John Gilling nous la dépeint avec souci de réalisme et d'intensité dramatique afin de souligner le caractère pathétique d'une telle convoitise. De par la moralité corrompue d'un médecin trop orgueilleux pour se rendre à l'évidence de la gravité des méfaits exercés pour le progrès médical, et par le portrait crapuleux imparti à deux criminels englués dans leur médiocrité.


A ce titre, les interprétations de June Laverick et Donald Pleasance nous ébranlent dans leur cynisme à se fondre dans la peau de tortionnaires cupides vautrés dans le sadisme et la perversité. A travers leur dérive putassière déambulant dans les pubs bondés de poivrots et de prostituées, le réalisateur met en évidence la misère sociale qui affluait dans le Edimburg du 19è siècle. Outre l'aspect choquant des meurtres froidement exécutés, l'intrigue suscite d'autant plus la compassion pour les victimes lâchement exécutées qu'elle s'attarde notamment sur l'impossible histoire d'amour allouée entre un apprenti médecin et une jeune prostituée. Une autre manière de nous rappeler le constat de la déchéance humaine issue du désespoir et de la pauvreté, le fossé séparant la classe bourgeoise et celle des prolétaires dans leur mode de vie contradictoire. Autour de ces amants en crise identitaire et des prochains crimes à venir, le Dr Knox perpétue ses travaux malgré le chantage de certains chirurgiens délibérés à le poursuivre en justice pour ces méthodes marginales, et malgré l'affluence de cadavres qu'on lui ramène dans des conditions fructueuses. Par le biais du cheminement crapuleux de ces tueurs en série à la montée en puissance dramatique, John Gilling en profite pour brosser l'introspection morale d'un médecin obsédé par son métier mais perdant peu à peu pied avec l'éthique de ces aspirations personnelles. Jusqu'au jour une fillette va lui ouvrir les yeux pour le rappeler à la raison de l'humanité, du respect d'autrui et de la tolérance. Conspué par la population d'avoir été acquitté (là aussi le système judiciaire est à deux vitesses !), nous retrouvons un homme gagné par la dignité d'avoir enfin pris conscience de ses erreurs professionnelles et de sa culpabilité. Dans ce rôle poignant, Peter Cushing livre un de ses rôles les plus intenses pour endosser l'éminent médecin partagé entre devoir professionnel et éveil de conscience pour la valeur de l'âme et le respect des défunts.


D'une puissance émotionnelle aussi rigoureuse que poignante, à l'instar de sa violence parfois insupportable (interdit au - de 18 ans à l'époque !), L'Impasse aux Violence privilégie le drame humain sous couvert d'une horreur crapuleuse. Mis en scène avec brio et rehaussé de dialogues ciselés, cet authentique chef-d'oeuvre doit autant à la gravité de son histoire véridique qu'aux interprétations hors-pairs de June Laverick, Donald Pleasance et Peter Cushing. 

Bruno Matéï
3èx
24/10/14
09/04/02

jeudi 23 octobre 2014

LA MAISON AUX FENETRES QUI RIENT (La Casa dalle finestre che ridono).

                                                                         Photo scannée appartenant à Bruno Matéï

de Pupi Avati. 1976. Italie. 1h50. Avec Lino Capolicchio, Francesca Marciano, Gianni Cavina, Giulio Pizzirani, Bob Tonelli, Vanna Busoni.

Sortie salles Italie: 16 Août 1976

Récompense: Prix de la Critique au Festival du film fantastique de Paris, 1977.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Pupi Avati est un réalisateur italien, né le 3 Novembre 1938 à Bologne. 1970: Thomas e gli indemoniati. 1970: Balsamus, l'homme de Satan. 1975: La mazurka del barone, della santa e del fico fiorone. 1976: La Cage aux minets. 1976: La Maison aux Fenêtres qui rient. 1977: Tutti defunti... tranne i morti. 1983: Zeder. 1984: Une saison italienne. 1991: Bix. 1992: Fratelli e sorelle. 1993: Magnificat. 1994: L'amico d'infanzia. 1994: Dichiarazioni d'amore. 1996: L'arcano incantatore. 1996: Festival. 1997: Le Témoin du marié. 1999: La via degli angeli. 2001: I cavalieri che fecero l'impresa. 2003: Un coeur ailleurs. 2004: La rivincita di Natale. 2005: Ma quando arrivano le ragazze ? 2005: La Seconda notte di nozze. 2007: La cena per farlu conoscere. 2007: Il Nascondiglio. 2008: Il papa di Giovanna. 2009: Gli amici del bar Margherita. 2010: Il figlio più piccolo. 2010: Una sconfinata giovinezza. 2011: Le Grand coeur des femmes.


"Les couleurs, mes couleurs, elles coulent de mes veines. Elles sont si douces mes couleurs... aussi douces que l'automne, aussi chaudes que le sang. Elles sont lisses comme la pureté. Elles s'introduisent dans le corps des gens. Elles se propagent comme une infection. Mes couleurs..."

Prix de la critique au Festival du film Fantastique de Paris, La Maison aux Fenêtres qui rient n'a pas volé sa réputation de classique horrifique du cinéma transalpin tant Pupi Avati s'est avisé à nous composer un scénario tordu des plus machiavéliques. Si la plupart des spécialistes emploie le terme Giallo afin de le qualifier, j'opterais personnellement pour le thriller Hitchcockien mâtiné d'une aura de souffre davantage malsaine dans l'amoralité du peintre entièrement voué à l'art de l'agonie. Un artiste, Stefano, est convié à rénover une fresque dans l'église d'un petit village où la plupart des citadins semble occulter un lourd secret. 20 ans au préalable, un peintre avait concocté ce dessin représentant le martyr de San Sébastien. Mystérieusement disparu avec ses deux soeurs, il laisse derrière lui cette oeuvre morbide en déliquescence. Logé dans une étrange maison auquel une vieille dame est alitée, Stefano va être le témoin d'évènements étranges et meurtriers. 


Baignant dans une atmosphère d'inquiétude latente, Pupi Avati privilégie ici le suspense en ascension parmi l'investigation de notre héros confronté à une série d'épisodes nébuleux. Qui plus est, avec la participation de témoins aussi sournois qu'équivoques, Stefano est contraint de ne compter que sur lui afin de résoudre ces disparitions inexpliquées (celle du peintre, des soeurs et de certains de ces amis) et surtout tenter de découvrir quel secret pourrait dévoiler la fresque. En empruntant les codes de la demeure hantée (cadavres inhumés sous terre, maison poussiéreuse tapis dans la pénombre, porte grinçante, volets qui claquent) et ceux du thriller (présence invisible épiant le héros, meurtres en série, témoins suspicieux, disparition de preuves), le cinéaste brouille les pistes pour mieux nous perdre dans le dédale d'une intrigue aussi sarcastique que macabre. Emaillé d'indices au compte-goutte et de trouvailles originales (la maison aux "fenêtres qui rient" et son fameux point d'orgue cumulant les twists cinglants), le film prend son temps de distiller une atmosphère anxiogène au fil du cheminement de note héros. Un artiste indécis sévèrement malmené par son entourage où le satanisme semble asservir toute la région, mais trouvant néanmoins soutien avec la romance d'une jeune enseignante. Pourvu d'une photographie soignée oscillant les clair-obscurs d'un environnement nocturne et le cadre solaire d'une campagne abritant des foyers archaïques, Pupi Avati prend également soin de peaufiner une ambiance tantôt attrayante tantôt ombrageuse (voire même parfois onirique dans ces éclairages verts ou azur). Si les dialogues pâtissent d'une certaine maladresse et que certains seconds-rôles ont tendance à surjouer, la force de l'intrigue s'avère si bien ciselée pour distiller poussées d'angoisse et d'effroi qu'on passe outre son manque de crédibilité.  


Atmosphérique par son ambiance typiquement latine et brillamment charpenté dans l'investigation de notre héros opposé à une révélation traumatique, La Maison aux Fenêtres qui rient confronte thriller et épouvante à l'aide d'un onirisme morbide singulier (les couleurs de l'art se mêlant à l'odeur de la mort !). A l'instar de son inoubliable générique introductif en mode sépia illustrant un martyr à l'agonie lardé de coups de couteaux ! Filmé au ralenti afin de schématiser la souffrance de l'homme nu ligoté en hauteur, ce prologue perturbant fait finalement écho au châtiment sardonique de sa conclusion !

Bruno Matéï
3èx

mardi 21 octobre 2014

KISSED. Meilleur Film, Meilleure Actrice, Meilleur Réalisateur, Malaga 98.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site rogerebert.com

de Lynne Stopkewich. 1996. Canada. 1h18. Avec Molly Parker, Peter Outerbridge, Jay Brazeau, James Timmons, Jessie Winter Mudie, Annabel Kershaw.

Sortie salles France: 15 Avril 1998. Canada: 7 Septembre 1996

FILMOGRAPHIELynne Stopkewich est une réalisatrice, scénariste et productrice canadienne, née en 1964 à Montréal (Quebec). 1996: Kissed. 2000: Suspicious River. 2004: The Life (télé-film).


Auteur de deux uniques longs-métrages, de quelques séries TV et d'un télé-film, Lynne Stopkewich est une réalisatrice aussi discrète que méconnue du grand public. Sorti dans l'indifférence générale, son premier film, Kissed, s'est pourtant vu attribué de quelques récompenses au sein de son pays initial, quand bien même une poignée de cinéphiles aguerris le désignèrent comme film culte. Production indépendante particulièrement audacieuse dans son anticonformisme d'aborder un sujet aussi sulfureux, Kissed traite de la nécrophilie avec une sensibilité prude quasi sensorielle. A 100 lieux donc des débordements trash du scandaleux Nekromantik, le film épousant la carte de la subtilité pour mettre en exergue l'obsession grandissante d'une nécrophile éprise d'amour avec l'au-delà. Le Pitch: Depuis son enfance, Sandra voue une véritable fascination pour les cadavres d'animaux fraîchement décédés. A l'aube de sa maturité, elle décide de se faire embaucher auprès d'un funérarium afin d'apprendre le rituel de l'embaumement. Toujours plus attirée par la sensualité de la mort, elle passe à l'acte sexuel sur un cadavre masculin. Un jour, elle fait la connaissance de Matt, un étudiant en médecine intrigué par sa beauté et son expérience professionnelle. Vierge avec un être vivant, elle se laisse céder à l'idylle pour tenter avec lui un premier coït. Alors que Matt en tombe littéralement amoureux, Sandra s'en détache, faute de son penchant nécrophile pour la chair morte.



Si à la vue du synopsis, on pouvait craindre la redite ou la complaisance avec un sujet aussi socialement inacceptable, Lynne Stopkewich s'en sort avec les honneurs afin d'y transcender un poème sur la sensualité de la mort et de l'au-delà spirituel. Pourvu d'une atmosphère aussi trouble que charnelle, le film réussit miraculeusement à nous fasciner par la beauté de ses images oniriques et par la posture de son héroïne, jeune enseignante discrète et timorée, tributaire de son amour pour les cadavres. Littéralement transie d'érotisme lorsqu'elle se met à violer un cadavre, Sandra plonge dans une extase si intense qu'elle réussit à percevoir la lumière de l'âme du défunt au-delà de leurs souvenirs intimes. Parmi la présence blême de l'étrange Molly Parker, l'actrice réussit à insuffler une incroyable acuité humaine lors de son trouble mental où la perversité n'a pas lieu d'être. Car dans son désir d'enlacer la mort avec curiosité émotionnelle, Sandra éprouve une affection si pure et viscérale qu'on lui pardonne vite sa déviance morbide. Mais là où l'oeuvre marginale devient toujours plus envoûtante et captivante, c'est également auprès de la romance impossible amorcée entre Sandra et Matt, ce dernier étant littéralement asservi par ses sentiments amoureux. Hormis un cheminement narratif prévisible, l'évolution ambiguë de leur rapport atteindra son apogée Spoiler !!! lorsque Matt décide de se suicider afin de gagner l'amour de Sandra ! Fin du Spoiler.


Danse avec la Mort
D'une beauté sensuelle aussi diaphane qu'ensorcelante, Kissed se décline en poème lyrique sur la plénitude de la mort du point de vue amoureux. L'état de sérénité suprême lorsqu'une nécrophile a puisé les derniers fluides vitaux de son cadavre pour vivre également une expérience avec l'au-delà ! Intimiste, beau et fragile, le film réussit l'exploit de nous séduire en dépit de sa déviance scabreuse pour nous transporter au sein d'un voyage érotique incandescent. A découvrir d'urgence car il s'agit à mon sens du plus beau film jamais traité sur la nécrophilie. Rien que ça. (D'ailleurs il eut l'honneur d'avoir été diffusé sur Canal + si je ne m'abuse dans les années 90).

*Bruno
2èx

Récompenses: Meilleur long-métrage au Festival de Toronto, 1996
Meilleur nouveau réalisateur de l'Ouest canadien pour Lynne Stopkewich.
Prix Génie: Meilleure Actrice pour Molly Parker
Meilleure Actrice pour Molly Maker, Meilleur Réalisateur pour Lynne Stopkewich, Meilleur Film au Festival de Malaga, 1998.

lundi 20 octobre 2014

HOUSE OF 1000 CORPSES (la maison des 1000 morts)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Rob Zombie. 2003. U.S.A. 1h29. Avec Sid Haig, Bill Moseley, Sheri Moon, Karen Black, Chris Hardwick, Erin Daniels.

Récompense: Prix des Meilleurs Effets-Spéciaux, Fantasporto 2004

    Sorties en France en Dvd le 12 Juillet 2006. U.S: 11 Avril 2003

    FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts.
    2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


    Premier coup de génie du chanteur Rob Zombie derrière la caméra, House of 1000 Corpses se veut un hommage semi-parodique aux oeuvres horrifiques des années 70, particulièrement à l'illustre Massacre à la Tronçonneuse dont il reprend ici la caricature d'une famille dysfonctionnelle éprise de folie meurtrière et de cannibalisme. A travers son intrigue sommaire 1000 fois traitées (après s'être égarés dans une boutique des horreurs, deux jeunes couples se retrouvent piégés dans la demeure d'une famille de psychopathes le soir d'Halloween), Rob Zombie prend donc parti de rendre "hommage" au genre avec beaucoup de dérision afin d'en justifier les conventions. 


    En sale gosse assumé d'autant plus indépendant, il privilégie surtout l'icone d'antagonistes extravagants évoluant dans un environnement aussi fantasque que morbide. Chaque personnage ayant une attitude bien définie dans leur show improvisé alors que d'autres impressionnent par leur attrait physique plutôt inquiétant (Spaulding et ses airs sournois d'aimable clown, Tiny Firefly, le valet de grande taille à la posture dégingandée, ou le leader Otis Driftwood, maître de cérémonie du satanisme et des messes noires). Quand à la compagne du cinéaste, Sheri Moon se taille la dégaine d'une effrontée aguicheuse avec une sensualité perverse ! Redoublant de sadisme, de cruauté et de gouaillerie envers nos otages, leur unique morale n'est donc que glorification au Mal symbolisée ici par la cérémonie du Dr Satan. Conçu comme un véritable train fantôme, House of 1000 Corpses s'édifie en carnaval horrifique parmi leurs exactions crapuleuses et parmi une scénographie funèbre chargée de couleurs flamboyantes. Que ce soit dans leur demeure familiale régie en véritable musée des horreurs, dans le refuge d'un cimetière aux teintes crépusculaires ou dans les recoins d'un souterrain ornée d'ossements humains et de créatures malfaisantes. Jamais avare d'idées délirantes, Rob Zombie exploite également ces situations éculées avec un ton sardonique chargé de références (les victimes déguisées en peluche de lapin, le braquage de l'épicerie façon "Tarantino", la séquence du dîner auquel les hôtes doivent s'affubler d'un masque grotesque pour aborder le dessert, ou celle de l'échappée vers le portail que des épouvantails vont contrecarrer au dernier moment  !). 


    La Petite Boutique des Horreurs
    Bête et méchant, fantaisiste et cruel, malsain et sanguinolent, House of 1000 corpses se porte en étendard parodique de l'horreur craspec parmi les références des Seventies. Totalement décomplexé dans sa liberté de ton vulgaire et grossier, cette immense farce macabre s'édifie en pochette surprise, sorte de Creepshow cartoonesque où Tex Avery aurait investi la peau d'un serial-killer ! Jouissif en diable, surprenant et débordant d'enthousiasme dans les péripéties morbides, House of 1000 Corpses est également une déclaration d'amour au genre horrifique le plus affranchi (ici, seuls les méchants occupent la première place et sortent vainqueurs de leurs exploits meurtriers !). Un petit chef-d'oeuvre d'humour noir rehaussé d'une BO d'enfer ! 

    Bruno Matéï
    2èx