vendredi 24 octobre 2014

L'Impasse aux Violences / The Flesh and the Fiends

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site tvclassik.com

de John Gilling. 1960. Angleterre. 1h37. Avec Peter Cushing, June Laverick, Donald Pleasance, George Rose, Renee Houston, Dermot Walsh, Billie Whitelaw.

Sortie salles Angleterre: 2 Février 1960

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Gilling est un réalisateur et scénariste anglais, né le 29 Mai 2012 à Londres, décédé le 22 Novembre 1984 à Madrid (Espagne).
1957: Pilotes de haut-vol. 1958: Signes particuliers: néant. 1959: L'Impasse aux Violences. 1961: Les Pirates de la Nuit. 1962: L'Attaque de San Cristobal. 1966: L'Invasion des Morts-Vivants. 1966: La Femme Reptile. 1967: Dans les Griffes de la Momie. 1975: La Cruz del diablo.


"Ceci est l'histoire d'hommes et d'âmes damnés. C'est une histoire de vice et de meurtre. Nous n'avons pas d'excuses à faire aux morts. Tout est vrai." 
 
L’impasse aux violences — Anatomie d’une conscience déchue
Seconde adaptation de l’histoire vraie des tueurs en série Burke et Hare, ayant sévi dans l’Angleterre du XIXe siècle, L’Impasse aux violences retrace leurs exactions criminelles au profit d’un éminent médecin, le Dr Knox. Dans sa soif de progrès scientifique, ce dernier s’obstine à disséquer des cadavres que les deux acolytes vont d’abord exhumer des cimetières, contre une poignée de guinées. Mais plus les corps sont frais, plus la récompense est généreuse. Alors, sans scrupule, les deux malfrats passent au meurtre, pour satisfaire les exigences du savant. De cette histoire sordide et méticuleusement documentée, John Gilling livre une mise en scène réaliste et tendue, où transparaît le pathétique d’une convoitise déshumanisante. À travers l’orgueil aveugle d’un médecin qui nie la gravité de ses compromis, et la bassesse crapuleuse de deux criminels englués dans leur propre médiocrité, le film trace les contours d’une déchéance morale sans appel.

Les interprétations glaçantes de June Laverick et Donald Pleasence, tortionnaires cupides et lubriques, nous ébranlent dans leur nihilisme poisseux. En les suivant dans leurs dérives putassières, dans les pubs saturés de poivrots et de prostituées, Gilling peint en creux la misère sociale du vieux Édimbourg, gangrené par la faim, le vice et la survie. Loin de se contenter du seul choc des meurtres froidement exécutés, le film suscite l’émotion par le biais d’une histoire d’amour impossible entre un jeune apprenti médecin et une prostituée — fragile esquisse d’espoir vite broyée par le désespoir social. Entre les corps vendus à la science, les menaces des confrères jaloux et les cris silencieux des damnés, le Dr Knox s’enfonce dans une logique amorale, tout en ignorant qu’une fillette croisera bientôt son regard pour lui ouvrir enfin les yeux — sur l’humanité, la dignité, le respect des morts et la fragilité des vivants.

Conspué par une foule enragée malgré son acquittement — car la justice aussi a ses hiérarchies — le médecin, rongé de l’intérieur, finit par affronter sa propre culpabilité. Et dans ce rôle crépusculaire, Peter Cushing incarne avec une intensité bouleversante ce savant en guerre avec lui-même, écartelé entre la dévotion professionnelle et l’éveil tardif d’une conscience trop longtemps anesthésiée.


 "Le Médecin et les Damnés".
D’une puissance émotionnelle aussi rigoureuse que dérangeante, à l’image de sa violence parfois insupportable (interdit aux moins de 18 ans à sa sortie !), L’Impasse aux violences transcende son vernis de film d’horreur pour s’imposer comme un drame humain d’une rare densité. Mis en scène avec brio, transcendé par des dialogues ciselés, ce chef-d’œuvre lucide doit autant à la gravité de son histoire vraie qu’à l’excellence habitée de ses interprètes : June Laverick, Donald Pleasence, et un Peter Cushing au sommet de sa vérité.

*Bruno
3èx
24/10/14
09/04/02

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