lundi 22 décembre 2014

COLD PREY (Fritt Vilt)

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site mazika2day.com

de Roar Uthaug. 2006. Norvège. 1h37. Avec Ingrid Bolso Berdal, Rolf Kristian Larsen, Tomas Alf Larsen, Endre Midtstigen, Viktoria Winge.

Sortie salles France: 5 Janvier 2010 (uniquement en Dvd et Blu-ray). Norvège: 13 Octobre 2006.

FILMOGRAPHIE: Roar Uthaug est un réalisateur, scénariste et producteur norvégien, né le 25 Août 1973 à Lorenskog dans le comté d'Akershus en Norvège.
1994: En aften i det gronne. 1996: DX13036. 1998: A fistful of kebab. 2002: Regjeringen Martin. 2006: Cold Prey. 2009: Le secret de la Montagne Bleue. 2012: Flukt (Dagmar).


Modeste série B venue de Norvège, directement sortie en support numérique chez nous, Cold Prey se réapproprie des codes du psycho-killer dans une narration éculée mais dont la foi des personnages débrouillards relance l'intrigue avec réelle efficacité. Confinant l'action dans le cadre hivernal de montagnes enneigées, puis celui, beaucoup plus restreint, d'un hôtel abandonné, Cold Prey dépeint l'expédition ludique d'un groupe de vacanciers partis skier dans les montagnes de Jotunheinem. Alors que l'un d'eux vient de se blesser grièvement la jambe en dévalant une pente en snowboard, ils réussissent par chance à faire escale dans une station abandonnée. Mais sur place, une menace tapie dans l'ombre les attend, sachant qu'ils vont avoir affaire aux exactions d'un dangereux psychopathe. 


Ce pitch orthodoxe mainte fois traité depuis les modèles Black Christmas et Halloween, ne compte donc que sur l'efficacité des péripéties et rebondissements haletants pour captiver le spectateur immergé autour d'une nature réfrigérante. Mais à contre-courant d'un Vendredi 13 routinier, le film fait preuve d'intelligence pour exploiter les ficelles du "ouh fais moi peur !" dans un concours de circonstances malchanceuses plutôt convaincantes. Exploitant habilement les recoins inquiétants d'un hôtel désaffecté (l'ombre de Shining semble d'ailleurs planer au détour d'une vue d'ensemble !), le film distille d'abord une atmosphère ombrageuse assez séduisante pour attiser l'expectative, quand bien même la spontanéité rafraîchissante des protagonistes nous permet de nous attacher facilement à leurs caractères et de nous identifier à leurs vicissitudes. C'est d'ailleurs une des principales qualités du film d'avoir su "humaniser" ses personnages vigilants, couards ou valeureux par le jeu naturel de comédiens avenants. Les estocades meurtrières s'avérant notamment assez percutantes dans leur effet de brutalité et de stupeur, voires parfois même surprenantes dans les rebondissements aléatoires lorsque nos protagonistes sont appréhendés par surprise ou lorsqu'ils tentent de se défendre avec fraternité. Sur ce dernier point, je pense particulièrement aux deux derniers survivants rivalisant de stratégies de défense afin de ne pas se laisser alpaguer par les coups de pioche du tueur. En prime, une certaine empathie déjà suggérée au préambule est allouée à la cause du meurtrier lorsque l'épilogue nous dévoile ouvertement son visage et qu'un flash-back va lever le voile sur les véritables responsables de sa déficience mentale. Sans esbroufe sanglante et un savoir-faire dans la mise en scène, Roar Uthaug préfère donc se focaliser sur l'atmosphère anxiogène de son décor d'insécurité auquel nos protagonistes tentent de s'y extraire en tirant parti de leur ressource.   


Avec modestie et aucune prétention, Cold Prey souhaite rendre hommage au psycho-killer parmi l'efficacité de situations horrifiques assez tendues et parmi la caractérisation humaine de survivants plein d'audaces et de bravoures pour se défaire de leur déveine. Il en résulte un sympathique survival un plus finaud que la traditionnelle du genre et assez bien géré dans sa réalisation circonspecte.

Bruno Matéï
2èx

vendredi 19 décembre 2014

MORSE (Låt den rätte komma in / Let The Right One in). Grand Prix, Gérardmer, 2009.

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Tomas Alfredson. 2008. Suède. 1h55. Avec Kare Hedebrant, Lina Leandersson, Per Ragnar, Henrik Dahl, Karin Bergquist, Peter Carlberg.

Sortie salles France: 4 Février 2009. Suède: 24 Octobre 2008

FILMOGRAPHIE: Tomas Alfredson est un réalisateur suédois, né le 1er Avril 1965 à Lidingo en Suède. 1994: Bert: The Last Virgin (Bert: Den siste oskulden). 2003: Office Hours (Kontorstid)
2004: Four Shades of Brown (Fyra nyanser av brunt). 2008: Morse (Låt den rätte komma in). 2011: La Taupe (Tinker, Tailor, Soldier, Spy).


Réalisateur suédois inconnu chez nous, Tomas Alfredson s'est fait connaître en 2008 avec Morse, un film fantastique indépendant ovationné à travers le monde par une pléthore de récompenses. Empruntant au mythe du vampire, la trame nous illustre avec pudeur et sensibilité contenues l'amitié naissante d'une fillette vampire de 12 ans avec son voisin d'immeuble, un adolescent timoré du nom d'Oskar. Au fil de leur relation intime, ils vont apprendre à se connaître et s'échanger des confidences en dépit des exactions meurtrières qu'Eli doit commettre afin de survivre. Sur le papier, si ce pitch superficiel semble concourir la carte des bons sentiments dans la mouvance d'un Twilight suédois, Tomas Alfredson a suffisamment d'ambition et de personnalité pour transcender à l'écran un poème macabro-féerique touché par la grâce de ses têtes blondes. 


Ecartant les conventions éculés, ces vampires suédois sont ici marqués par la solitude dans leur comportement criminel et monstrueux, préférant parfois même céder au sacrifice du dernier ressort plutôt que de transmettre la contagion auprès d'un innocent. Outre le soin formel d'une réalisation maîtrisée laissant libre court à l'esthétisme immaculé d'une banlieue enneigée, et auscultant au plus près la pureté des sentiments de nos héros, Morse fait appel à l'émotion prude pour nous interpeller face à leur posture amoureuse difficilement concrétisable. Car prisonnière dans le corps d'une adolescente de 12 ans et affermie par sa maturité, Eli ne peut entamer une relation durable avec le premier venu, spécialement ce jeune Oskar fragilisé par la persécution et la vengeance. En alternant l'horreur d'agressions perpétrées au coeur d'une urbanisation enneigée et l'intimisme de leur frêle relation, Tomas Alfredson déploie un saisissant contraste dans la ténuité sentimentale et la violence viscérale. A travers leurs rapports amicaux davantage bienveillants, c'est une initiation à la révolte et à la mort qu'Oskar doit emprunter en tant qu'auditeur puis témoin afin de s'affirmer aux yeux des autres. En particulier celui de braver les quotidiennes brimades imposées à un trio de camarades délinquants inscrits dans la lâcheté. La démission parentale est également soulignée dans la condition esseulée d'Oskar vivant reclus avec une mère effacée, alors qu'Eli, co-habite avec un paternel corrompu par sa connivence meurtrière. L'identification pour ce jeune couple livré à l'abandon n'en n'est alors que plus empathique dans leur situation démunie d'amants en quête rédemptive. 


Récit initiatique auquel un garçon timoré affronte la cruauté de l'adolescence du point de vue d'une délinquance juvénile et de celle d'une vampire infortunée, Morse insuffle avec originalité et poésie une justesse d'émotion dans le cheminement d'une romance trouble destinée à l'isolement. Leçon de tolérance pour le droit à la différence, on est d'autant plus bouleversé par le score mélancolique de Johan Soderqvist accompagnant cette odyssée prude avec une acuité vertigineuse. Un chef-d'oeuvre d'une pudeur à fleur de peau contrastant avec le stylisme des situations morbides. 

Bruno Matéï

Récompenses:
Meilleur film et meilleur photographie au 31e Festival international du film de Göteborg.
Meilleur film au Festival du film de TriBeCa 2008.
Méliès d'argent au 8e Festival International du film Fantastique de Neuchâtel.
Meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure photographie au festival Fantasia 2008
Meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure photographie aux European Independent Film Critics Awards
Prix de la critique et meilleur réalisateur au 12e festival international du film fantastique de Puchon
Prix de la critique au festival NatFilm 2008
Prix de la critique au Festival international du film de Toronto 2008
Méliès d'or du meilleur film fantastique européen de 2008
Grand prix du festival Fantastic'Arts de Gérardmer en 2009
Prix de la critique au festival Fantastic'Arts de Gérardmer en 2009
Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam en 2009
Meilleur film étranger à la British Independent Film Awards 2009

TOP 14 ET FLOP 13 DES FILMS DE L'ANNEE + TOP 10 DE LA SERIE TV, 2014.

Top 1: (ex-aequo)

 

Top 2


Top 3:


Dans le désordre:












Bonus (car n'ayant pas eu l'opportunité de le visionner cette année)


FLOP 2014

Flop 1:


Flop 2:


Flop 3:


Dans le désordre...



















TOP 10, 2014. LE MEILLEUR DE LA SERIE TV:
Top 1:


Top 2:


Top 3:


Top 4:


Top 5:


Dans le désordre:

Homeland, Saison 4







Games of Thrones, Saison 4:



Hannibal Saison 3:
                                              

Walking Dead, Saison 4:


Bates Motel, Saison 2:


mercredi 17 décembre 2014

Gone Girl

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de David Fincher. 2014. U.S.A. 2h29. Avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Carrie Coon, Kim Dickens, Neil Patrick Harris, Tyler Perry, Scoot McNairy, Boyd Holdbrook, Lee Norris.

Sortie salle France: 8 Octobre 2014. U.S: 3 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl.


P.S: Il est préférable d'avoir vu le film avant de lire cet article (surtout auprès de sa conclusion incluant toutefois un avertissement).

Nouvelle pièce maîtresse de Fincher (en jouant aussi sur le "jeu de mots"), Gone Girl s'inspire d'un best-seller de Gillian Flynn pour mettre en exergue l'investigation de longue haleine d'une énigme criminelle redoutablement vénéneuse. Tant auprès de sa satire invoquée à la célébrité, au mariage, à la possessivité, et aux apparences qu'à l'amertume d'un épilogue terriblement pervers, Gone Girl exploite avec beaucoup d'ironie le jeu de massacre d'un échec conjugal, une guerre des sexes qu'un mari et une femme vont se déclarer sous les feux de projecteur des médias avides de potins. Le pitch: Patron de bar et ancien journaliste, Nick rentre chez lui pour retrouver sa femme. Sur place, il s'étonne de son inexplicable absence et s'aperçoit que la table de salon est brisée. Craignant une disparition, il s'empresse d'appeler la police. Après des jours d'enquête infructueuse, Amy reste introuvable. Les soupçons se portent rapidement sur le mari infidèle. 


Que les amateurs de romance à l'eau de rose frelatée se réjouissent, Gone Girl transpire l'iconoclasme à travers son aura perverse redoutablement pernicieuse, quand bien même le caractère ubuesque du pugilat conjugal effleure la parodie (de mauvais goût) de par sa peinture caustique impartie à l'amour possessif. La majorité de l'intrigue se résumant à un affrontement machiste et féministe entre une femme déchue de sa passion amoureuse et un époux meurtri de sa potentielle culpabilité criminelle. Au centre de leurs stratégies de défense, les médias s'emparent de l'affaire tels des reptiles insatiables alors que la police piétine à assembler les puzzle d'une disparition jonchée d'indices ludiques ! Si on imagine rapidement que l'époux ne peut-être l'instigateur de cette machination, la suite s'avère plus retorse pour mettre en évidence l'aspect sournois du faux semblant auquel nous avons coutume de croire parmi la complicité des médias. Comme le disait Nick Carter, la vérité est ailleurs, Gone Girl ne cessant de gratter le vernis de l'Amérique puritaine pour dévoiler au grand jour la face cachée de notre égoïsme et la manipulation des sentiments, notamment notre rapport sournois face à l'échec amoureux et à l'infidélité. Alors que l'opinion public avide de sentiments contradictoires se console dans la réalité factice d'un happy-end imposteur.  


Le Venin de la femme-reptile 
Farce corrosive sur la déontologie du mariage, bijou de perversité macabre dans son dernier tiers aléatoire Spoil ! (notamment cette exaction à retourner l'estomac !) Fin du Spoil, Gone Girl attise l'expectative du dénouement avec une diabolique rigueur tout en distillant une ambiance trouble subtilement malsaine à travers les rapports de sentiments compromis par la rancune, la possessivité et la soumission. L'intrigue ne cessant de jongler avec les états d'âmes insidieux du couple infortuné en quête insoluble de rédemption. Captivant, voir ensorcelant de manière éthérée, ce thriller licencieux n'a en prime aucun scrupule pour nous placer en position de voyeur auprès de ces liens défaitistes d'amour et de sang. 

*Bruno
11.07.22. vf. 2èx
17.12.14